Les Reflex 24x36 français

Démarré par Gér@rd, Septembre 23, 2010, 17:51:17

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Gér@rd

Si on me demandais combien il y a eu de Reflex 24x36 dans le monde, je serais bien en peine de répondre, même un ordre de grandeur (je suppose que ça doit se chiffrer en plusieurs centaines).

Si maintenant on me demande combien il y a pu y avoir de Reflex 24x36 FRANÇAIS c'est déjà nettement plus simple. Stricto senso (on parle bien de 24x36 et on exclut les 24x24 comme l'Alsaflex... ;D), il y a eu 2 fabriquants français avec des usines françaises et des artisans, ouvriers et ingénieurs français qui ont créé et fabriqué des Reflex 24x36. Il s'agit de la société SITO et de la société OPL.



OPL (Optique de Levallois) est connue pour ses FOCA qu'il n'est pas nécessaire de présenter ici pas plus que le Focaflex (cf le fil Foca). Disons quand même qu'il y a eu trois modèles de Focaflex fabriqués : le Focaflex tout court (le plus esthétique amha), suivi du Focaflex II à objectifs interchangeables et ça se terminera avec le Focaflex automatique (dans les catalogues de l'époque, on trouve vers la fin, les 3 modèles en vente simultanément).

La société SITO (Société Industrielle de Technique Optique) a été fondée et dirigée par René Royer, qui, après avoir créé pas mal de folding à son nom puis des TLR 6x6 (les Royflex) est passé au 24x36 ce qui nous a valu les Savoy et les Savoyflex (qui étaient des Reflex "économiques", contrairement aux Focaflex). Là aussi il y a eu 3 modèles : le Savoyflex, le Savoyflex II (identique au premier modèle mais avec "double mise au point" possible, hélicoïdale ET frontale) et enfin le Savoyflex automatique. Ce dernier a l'honneur d'être le premier Reflex automatique au monde (cocorico !) avant même que Zeiss sorte son Contaflex auto (soyons honnête, c'était pas très longtemps avant, mais quand même...).

Les Savoyflex et Focaflex font parti de la famille des SLR à obturateur central. Le Focaflex, outre son esthétique racée et sa visée atypique est agréable à utiliser. On ne peut guère en dire autant du Savoyflex. Déjà l'esthétique est assez lourdaude et on sent bien l'assemblage postérieur d'une cage reflex sur un châssis existant. Mais c'est un appareil sympa à prendre en main. Où ça se gâte, c'est la visée... Royer a cru bon de garder à tout prix la possibilité de viser sans avoir à armer. Et comme le miroir éclair n'existait pas encore c'est à l'index que revenait la tâche de relever le miroir au fur et à mesure qu'on appuyait sur un déclencheur à la course démesurée ! Bon, c'était pas nouveau (c'était déjà comme ça sur les Rectaflex ou les Korelle 6x6). Mais en plus ça actionnait une lamelle latérale qui venait masquer (à moitié malheureusement) la remontée du miroir pendant ce temps là....

Mais toujours est-il que grâce à ses appareils la France peut s'enorgueillir de faire parti du club des créateurs de Reflex 24x36 !







Krg

Désolé, tu as oublié le troisième  ;D
Son histoire vaut d'être lue: 14 pages...   :o
http://www.collection-appareils.fr/phpBB3/viewtopic.php?f=37&t=6946&st=0&sk=t&sd=a&hilit=dmflex

Et lui, s'est donné la peine de l'équiper d'un obturateur à rideaux.  ::)

Pentax & Werra

Gér@rd


Citation de: Krg le Septembre 23, 2010, 18:13:41"
Désolé, tu as oublié le troisième  ;D. Son histoire vaut d'être lue: 14 pages...   :o. Et lui, s'est donné la peine de l'équiper d'un obturateur à rideaux.  ::)"

Bon, c'est ma faute, c''est vrai que j'aurais dû préciser :  Reflex 24x36 français "commercialisés"  ;D

Mais ne manquons pas l'occasion de rendre un hommage mérité au DM Flex, cette réalisation individuelle (et française ) incroyable à notre époque industrielle ! Je dois dire que j'admire beaucoup tout ceux qui (comme lui) ont du talent, mais surtout une ténacité incroyable pour concrétiser leur rêve (je me souviens d'un petit reportage télé sur un gars qui construisait tout seul un avion dans son petit appartement !).

seba

Il y a eu le Malik, pas commercialisé mais bien développé et construit.

http://www.collection-appareils.fr/Couffin/html/Reflex.php

Gér@rd

Merci pour cette info, autant j'avais déjà connaissance du DM Flex autant je ne savais pas que Malik avait eu l'intention de fabriquerun Reflex et avait même été jusqu'à faire un proto (je connaissais Malik surtout pour ses projecteurs)...

C'est vraiment dommage qu'il n'aient pas pu aller jusqu'au bout et faire une industrialisation en règle ! Ceci dit, je suppose qu'il y a certainement eu d'autres réalisations qui n'ont pas abouti (même chez OPL il y a eu un proto de Focaflex avec obturateur à rideaux). Et je suppose aussi qu'il y a eu sans doute un certain nombre de réalisations individuelles qui ont abouti à un proto isolé mais sans commercialisation (passage à une fabrication en série).

seba

Citation de: Gér [at] rd le Septembre 24, 2010, 08:53:03
Merci pour cette info, autant j'avais déjà connaissance du DM Flex autant je ne savais pas que Malik avait eu l'intention de fabriquerun Reflex et avait même été jusqu'à faire un proto (je connaissais Malik surtout pour ses projecteurs)...

J'en ai même vu un en vente à Bièvres, il y a quelques années.

cyclope35

Il est dommage que les constructeurs français aient choisi la formule avec obturateur central car j'ai eu dans les mains un prototype de reflex avec obturateur à rideaux Foca (présenté dans le livre de JL Princelle et D Auzeloux "FOCAgraphie"). Cette erreur de choix technologique est d'autant plus regrettable qu'OPL maitrisait bien la fabrication des obturateurs à rideaux.

Ci-dessous, le prototype du Focaflex II à objectifs interchangeables présenté sur www.foca-collection.fr


foutografe

Exact Seba, il a fait la page de titre du Cyclope de mars-avril 1997 N°31. C'est une rareté.

Le Savoyflex IIIe est mon premier reflex. Le déclencheur était dur, le miroir claquait sèchement mais il n'était pas nécessaire de réarmer pour retrouver la visée pas si mauvaise que ça, avec un stigmomètre à 45° bien pratique et l'objectif pas terrible, rendu terne et froid, mais map à 35cm.

Avec son sac en 1961 il valait 1 100 F en France mais je l'ai eu à 645 F par un militaire en AFN. Lycéen de 17 ans j'économisais depuis 4 ans pour m'acheter un kayak  malgré l'opposition de mes parents. En fait à 13 ans je n'avais pas prévu ma passion pour la photo : ils se sont fait un plaisir de m'avancer le solde, que j'ai remboursé en 2 ans malgré la revente de mon Brownie Flash. Exit le kayak que je n'aurais pas pu loger dans la maison.

C'est en voyant un, abordable et en parfait état, y compris l'automatisme, il y a une douzaine d'année que j'ai commencé à collectionner les appareils photos.

Alain

foutografe

A propos Cyclope 35, le "Foca" que j'ai le plus utilisé est un microscope électronique en transmission OPL de 1958, il occupait plusieurs m2 au sol dépassait les 2 m de hauteur et pesait au moins une tonne.

C'était en 1968, il était dévolu aux chercheurs débutants, et ne dépassait pas 100kV. Les chercheurs confirmés avaient droit au super Philips EM 200 de 1967 qui montait à 120 kV.

Mais en micro diffraction des électrons sur lames métalliques ultra amincies, avec une giga dose d'acharnement, l'OPL permettait d'obtenir des clichés irréalisables sur les microscopes les plus récents et je l'ai utilisé jusqu'en 1970.

D'accord en imagerie normale il était quand même largué.

Malheureusement je n'ai pas de photos de l'engin, il faudra que je numérise des plaques verre 6,5x9 de clichés de micro diffraction, il m'en reste de spectaculaires, à condition d'être bien atteint.

Alain


Gér@rd


Gér@rd


foutografe

Oui je crois, merci beaucoup Gérard.

Mais en plus nous devions avoir une grosse armoire électrique à côté et un groupe à vide (pompe primaire à palettes + pompe secondaire à diffusion de vapeur d'huile) car la colonne, la chambre d'observation et les plaques photo étaient sous vide poussé  (pression de 0,000 001 mm de mercure) et il valait mieux attendre que le vide soit bon pour faire durer le filament du canon à électrons tout en haut de la colonne, pas drôle à changer et surtout qu'après il fallait rerégler le faisceau.

Pour la photo nous avions 18 plaques en verre, le levier de changement de plaque est visible sous le pupitre. Il n'y avait pas intérêt à rater les photos ou tomber à court de plaques dans une zone intéressante car elle ne faisait que quelques microns il était pratiquement impossible de la retrouver à la remise en route avec le nouveau chargeur.

Bien entendu pas de cellule et des contrastes imbuvables en imagerie, même en tirages contact sur papier chlorure et révélateur trafiqué, d'où gros travail de masquage sous l'agrandisseur.

Ma passion pour la photo m'a été bien utile, mais dans tous les cas si pas acharné s'abstenir.

Les autres chercheurs faisaient la queue pour les microscopes plus modernes meilleurs en imagerie mais moins performants en microdiffraction et je me suis éclaté avec l'OPL.

Le confort et la productivité des microscopes actuels nous aurait paru surréaliste sans compter une résolution bien supérieure.
Alain

cyclope35

Bonjour

Vos souvenirs sont très intéressants à recueillir car il est probablement impossible aujourd'hui d'espérer trouver une telle machine (la remettre en service serait encore autre chose!). Cette pièce fait un peu dinosaure quand on voit le matériel actuel!
Mais il est certain que, comme un photographe d'aujourd'hui ne se souviendra pas aussi bien de son appareil photo que son père ou grand-père de son Foca de 1950, un chercheur n'aura pas de souvenir aussi précis de son équipement actuel que vous pour cet OPL!

G Delahaye

geargies

Zone microscopique de quoi vous photographiez?

foutografe

Bonjour Gilles,

Nous sommes bien d'accord.

Ces engins devaient se mériter car ils n'étaient pas faciles à apprivoiser mais ils étaient encore à dimension humaine et bien que leur électronique soit à lampes, à part les changements fréquents et fastidieux de consommables (filaments et plaques photo), les pannes étaient rares.

Il y a une quinzaine d'année j'ai vu un microscope électronique pas informatisé dans un grand centre de recherche équipé de plusieurs microscopes électroniques récents : ce microscope était réservé aux nouveaux utilisateurs pour qu'ils comprennent mieux ce qu'ils feraient sur les appareils informatisés dont les réglages sont encadrés +/- subrepticement par les programmes. Et c'est moins évident qu'en photo numérique.

D'ailleurs sans l'évolution des appareils photo vers le tout électronique je n'aurais jamais collectionné les appareils mécaniques dont l'inventivité de leur concepteur est palpable et parlante.

Alain

foutografe

Geargies,

Il s'agissait d'alliages contenant des phases ordonnées dont certaines contenaient des antiphases périodiques.

Attention il s'agissait de clichés de microdiffraction où l'on ne photographie pas le métal de la zone traversée par le faisceau d'électrons mais
une représentation des réseaux cristallins présents dans la zone traversée par les électrons : sur les photos il n'y a que des points +/- lumineux, cela n'a rien à voir avec une image agrandie de cette zone.

Ce peut être joli quand la disposition des points est géométrique, j'ai quelque part des dias de mes exposés je devrais les retrouver et les poster après notre déménagement.

Alain

geargies

 ;D j'ai bien fait de poser la question.... Attentons de voir les tofs...