Toute photographie n'est pas une oeuvre d'art

Démarré par marthouret, Octobre 28, 2011, 08:55:19

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JCCU

Citation de: JMS le Décembre 13, 2011, 11:29:06
Je n'ai toujours pas compris si l'accusé a pris la photo et a ajouté des poissons avec Toshop, ou s'il a pris une assiette identique pour photographier un lot plus important de poissons ?

Tungstene devrait le dire et une telle expertise faire foi devant les tribunaux...

http://www.exomakina.fr/eXo_maKina/Tungstene.html

Pour moi, si je lis l'article d'explication, il a pris la photo et rajouté d'autres éléments (avec Toshop ou Gimp) et il ne le conteste pas.


Zouave15

Pour continuer la conversation avec Pierre, et ceux qui le souhaiteraient, je pense tout simplement que le droit d'auteur comporte une faille : le besoin d'originalité. Car en effet, une œuvre peut n'être guère originale, et cependant fort différente. On a le cas dans les concours animaliers : bien des photos sont semblables, mais certaines sont bien mieux que d'autres.

On a eu aussi le cas avec un gagnant du concours jeunes photographes d'Arles (je crois) avec une photo faite depuis un point de vue connu (un croisement de chemins vu d'un château en Alsace). On a vu plein de photos sur internet, donc rien d'original, pourtant celle qui a gagné avait « quelque chose ».

Une autre façon d'aborder les choses que mon post plus haut, auquel Pierre a réagi avec des arguments que j'aurais pu utiliser, serait de demander une reformulation du CPI en donnant la liste des œuvres susceptibles d'être protégées (la liste est déjà fournie) et en ajoutant ET toutes celles qui ont une originalité. On inverse donc le point de vue. Pourrait s'ajouter une liste d'exclusions (par exemple, une photo détourée) si on le souhaite.

AbdSalam

#52
Citation de: B12 le Décembre 13, 2011, 20:34:27
C'est la porte ouverte à toutes les interprétations et dérapages.
Je doute que les juges connaissent bien l'histoire de la photographie et que selon les critères qu'ils établissent beaucoup de photographies du patrimoine passent à la trappe.
On commence par la photo de Gursky 'le Rhin" , le boulot des Becher, les mégots d'Irving Penn, les amas de poussières de Man Ray, la fourchette de Kertész, les façades de W Evans, les victimes apeurées de Weege, les vues de Depardon, j'en passe et des meilleures : rien de bien original.
Et Duchamp un plombier ?
C'est ouvrir la boite de pandore sur des bases plus qu'aventureuses.
Cette boîte est déjà ouverte... et certains se laissent entraîner, dans le sens voulu par les profiteurs !

Je persiste à penser que dans l'esprit du législateur le mot "original" n'avait pas le sens fort que lui donne l'interprétation des transgresseurs, malheureusement suivis par des juges ! au départ, il n'était pas question de mesurer les cm artistiques et de soupeser les grammes d'originalité.

Même si certains prennent au piège volontairement ou non les législateurs à leurs propres mots... comme dans le cas de la loi qui interdit la pub pour le tabac et qui avait amené des excentriques à gommer les cigarettes sur des photo, des tableaux, voir dans les vieux films (par ex, en 2009 : la pipe de Jacques Tati transformé en espèce de petit moulin).

A cette occasion, les élus avaient réagi devant ce détournement de la loi...


JMS

Ce ne sont pas des excentriques qui ont gommé la pipe de "Mon Oncle", c'est la régie publicitaire de la RATP qui a interdit l'affichage bus et métro d'images avec une pipe, nuance de taille, non ?

AbdSalam

#54
Citation de: JMS le Décembre 14, 2011, 13:31:43
Ce ne sont pas des excentriques qui ont gommé la pipe de "Mon Oncle", c'est la régie publicitaire de la RATP qui a interdit l'affichage bus et métro d'images avec une pipe, nuance de taille, non ?

C'est bien ce que je disais, ce sont des excentriques qui ont crû appliquer la loi Evin, alors qu'ils n'ont fait que donner libre cours à leur propre fantaisie.

Et ils n'ont pas été les seuls excentriques à croire qu'ils appliquaient seulement la loi, ou qu'ils se mettaient à l'abri d'une infraction à la loi Evin en s'arrogeant le "droit" de modifier des oeuvres : tableaux, photo', films, etc.

Sur le fond, je pense qu'on s'est compris...

Le principal, c'est que des élus se sont émus de la mauvaise et erronée interprétation de la loi :

Didier Mathus, député, a argumenté que la loi Evin avait été interprétée de "manière extensive" et "caricaturale" aux oeuvres culturelles, ce qui avait "conduit à une véritable autocensure de la part des services juridiques et de communication" de certaines sociétés, "illustrant la crainte injustifiée de poursuites judiciaires".

Nora Berra, députée européenne, assurait que «jamais la loi Evin n'a contesté ni mis en question la préservation du patrimoine culturel» et que «jamais le ministère de la Santé ni d'ailleurs les associations, qui ont le droit d'ester en justice, n'ont attaqué une oeuvre culturelle véhiculant l'image du tabac». Elle a ensuite parlé «d'auto-censure» plutôt que de «censure» dans les exemples mis en avant.

Tout ça pour dire, que parfois, les législateurs sont eux mêmes surpris de ce que l'on fait avec leurs lois, surtout quand ils sont pris au piège de leurs propres mots... quand on joue sur les nuances ou si on mets l'accent sur tel ou tel mot d'un article de loi.

Voilà...