Faut-il protéger mon champ favori ?

Démarré par beaba, Juin 09, 2012, 22:29:23

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coval95

Citation de: Zouave15 le Juin 11, 2012, 19:18:13
Comment ça, réducteur ? Je suis confronté au problème tous les jours sur le terrain (car je fais du terrain tous les jours). Il y a une incommunabilité totale entre orchidophiles et botanistes, c'est d'ailleurs bien connu. Je fais souvent le lien.

Il y a d'ailleurs apparemment une divergence de vue assez profonde au sein même de la SFO entre le Nord et le Sud, et les noms (y compris de genre) adoptés par le Nord ne le sont pas au Sud... Quant à la flore méditerranéenne qui va bientôt sortir, et sera une référence, elle ne suit pas du tout les découpages des orchidophiles pour les sous-espèces. Itou avec la future Flora gallica.

D'ailleurs, que tu considères comme vieillissant l'OFLB qui est sorti en 2005 est révélateur. Bien sûr que la science avance, mais il faut arrêter les délires, assez courants en botanique, et qui font par exemple que plus personne (même botaniste pro de 20 ans d'expérience) ne se risque à mettre un nom sur un Taraxacum ou un Hieracium, et qu'un botaniste chevronné non professionnel est souvent incapable de mettre un nom sur un Rubus, qu'il sort une nouvelle clé des Orobanches tous les ans, etc..

De plus, on parlait de protection. et là, il faut les noms français... ou bien des noms latins déjà anciens, qu'on peut trouver dans une flore classique (Bonnier). Et donc il faut en rester à ce qu'on appelle pudiquement les « bonnes espèces ».

La science et la recherche, c'est bien (je suis le premier intéressé) mais il faut se mettre à la portée des passionnés et des personnes de bonne volonté, qui peinent quand une même plante porte 5 noms ou plus, et en change tous les 5 ans (pour parfois revenir à un ancien nom). Plus profondément, faire des espèces ou des sous-espèces, c'est bien, mais personne ne sait ce qu'est une espèce en botanique...
Si ça continue, chaque orchidée va constituer une espèce à elle toute seule !  ;D Le fait est que certaines sont vraiment bizarres, il y a une grande variabilité individuelle. Je ne sais pas si la génétique permet de séparer clairement des espèces.
Le problème n'existe pas qu'en botanique, il me semble. Par exemple j'ai lu que certaines espèces de cicadettes se distinguent uniquement par leur chant, ce qui est un critère pour qu'il y ait croisement entre un mâle et une femelle. Extérieurement rien ne distingue ces "espèces". Je ne suis pas généticienne mais j'imagine que leurs gènes ne doivent pas être significativement différents (pas plus qu'entre individus). Dans un tel cas, doit-on parler d'espèce ?  ???

Zouave15

La discussion est vaste, et la définition de l'espèce assez précise pour les animaux : populations non interfertiles ET qui n'occupent pas la même niche écologique. Mais la fertilité n'est pas systématiquement vérifiée. Cependant, on fait assez facilement des espèces pour les animaux.

Pour les plantes, la notion d'interfertilité a peu de sens, et celle de niche écologique, pas plus. En clair, il n'y a pas de définition d'une espèce. Selon les périodes, on découpe ou on rassemble...
Pour les orchidées, beaucoup de botanistes disent que les variations sont surtout celles du labelle, et en général liées à un seul gène, donc pas suffisantes.

Mais tout cela est de la querelle d'épicier, il faut simplement admettre qu'une espèce est une convention, et qu'il n'y en a pas de définition. La génétique est supposée être le juge de paix mais on en reviendra, d'ailleurs la génétique utilisée est un peu celle du siècle dernier.

En filigrane, il y a des remises en cause bien plus profondes et difficiles à faire, comme celle de l'échelle des observations du vivant, son appréhension, l'évolution (car au moins chez les plantes les caractères acquis se transmettent), etc.

Il faut simplement accepter qu'une espèce est un découpage artificiel dans un ensemble mouvant et par définition hétérogène (les populations homogènes disparaissent par défaut de diversité), et que selon ses besoins et son niveau, chacun fait passer le découpage à l'endroit qui l'arrange. Quand tu es orchidophile et que tu passes une journée à examiner (et photographier) chaque pied, il est normal que tu aies envie de multiplier les espèces.

Mais on ferait cela avec chaque plante si on les examinait autant. C'est tellement vrai que Jordan est si connu pour avoir découpé (200 sous-espèces pour la seule erophila verna) qu'on parle de jordanons pour les excès de découpage... Voir ici la liste des synonymes en bas à droite qui étaient des sous-espèces, ça donne à réfléchir vu la plante que c'est (5 cm) :
http://www.fleursdusud.fr/index.php/ef/equ-erv/165-erophila-verna--drave-du-printemps--brassicacees--cruciferes-

Zouave15

Merci, je ne savais pas être suivi si assidûment ;D