Samedi 3 août, 7 ans et un mois après l'accident de métro à Valencia.

Démarré par hyago, Août 04, 2013, 10:31:57

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hyago

Bonjour les amis,

hier, une fois de plus, comme tous les 3 de chaque mois: Concentration à la place de la Vierge à València en demande de justice. Ce passé mois de juillet on a "fêté" le triste 7e anniversaire de l'accident de métro du 3 juillet 2006: 43 Morts + 47 blessés (très graves) = 0 responsables. Le procureur général de la région a demandé la re-ouverture du cas judiciaire, au vu de nouvelles preuves apparues, mais Mme. le Juge (la même qui boucla l'affaire en un tour de main) est en train d'y réfléchir. Les familles et les valenciens attendent justice.

La sensibilité s'est à nouveau élevé: dans l'esprit de tous, l'accident du train en Galice qui offre une similitude effarante: Un tournant très fermé sur une voie dont le reste est totalement rectiligne. Une éventuelle erreur humaine, mais aussi un manque de signalement cohérent sur la voie, ainsi que le manque d'automatismes de freinage. A València c'est le conducteur qui à joué le rôle de bouc émissaire car il est mort dans l'accident. En Galice, au moins il s'en est tiré. Hier nos chemins de fer ont annoncé la mise en place de signalements et d'automatismes de freinage sur la voie de Galice: Il a fallu 78 morts pour qu'ils le fassent. Ici a Valencia ils ont aussi arrangé ça après, mais a quel prix ???   :'(

Avant de commencer l'acte, la juene Beatriz Garrote (présidente de l'association des victimes) concède des interviews aux médias (elle porte un sac couleur saumon).

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Comme tous les mois, l'amie Ofelia porte un cierge qu'elle allume face aux pancartes: Ce mois ci, on en a deux: Un pour Valencia et un autre por Galicia.

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Les amis des médias ne veulent pas louper "la photo"

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Ofelia porte aussi un cochon en peluche qu'on a surnommé Cotino: C'est le nom de famille du président de notre parlement: le responsable de faire le boulot dans les coulisses pour boucler l'affaire...

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Début de l'acte avec les cierges étiquetés: Valencia + Galicia.

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L'association demande comme d'habitude: 5mn de silence en hommage aux morts de Galice et Valencia.

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Applaudissements à la fin des 5mn de silence, et cris demandant en demande de dimission des responsables.

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Une pancarte écrite en Gallego: Combien de victimes vous faut-il ?

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Toutes ces images au D700 + 14-24mm + 24-70mm. Je mets le reste (portraits) sur le post suivant.  ;)
Un médiocre amateur.

hyago

portraits au D7000 + 85mm.

Elle a perdu son mari dans l'accident.

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Il a perdu sa femme...

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Le fameux teeshirt commémoratif...

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Vieux militant républicain, toujours présent pour appuyer...

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La présidente Beatriz face aux caméras. Elle a perdu sa soeur.

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Au début de l'acte, Beatriz s'adresse au public et parle de l'accident de Galice, elle ne peut s'empêcher de pleurer...

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Elle a perdu son mari...

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Sentiments et larmes...

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Carmen Alborch est là tous les mois. Carmen fut ministre de culture à Madrid sous le gouvernement du PS.

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La vieille dame...

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L'ami Heino Kalis avec son eternelle clope. C'est le correspondant de Reuters à Valencia.

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Pendant que les victimes de l'accident du métro sont là face aux concentrés, plus de 20 volontaires bénévoles de la "protection civile" sont venus pour aider en cas d'évanouissement... les très hautes températures (37º vers 20h) provoquent souvent ce genre de problèmes, et si on y mêle l'émotion tout est possible... 

Une dame déboule car elle voit son pote (ou son mari) qui est de la protection civile et voilà: La tragédie et à la fois la beauté de la vie séparés par 2m de distance....

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Quand l'acte est fini, on s'embrasse on se fait quelques photos avec Ana, Lola, Ruben, etc..  et bien sur le cochonnet... puis on s'en va main dans la main, prendre une bière bien fraîche sur une terrasse, où on se racontera des blagues et on essayera pour un instant d'oublier les morts de Galice et de Valencia. Les gosses sans travail ni futur, le chômage, et toute la misère humaine qui nous entoure...


Il faut bien que la vie continue dans notre Espagne meurtrie... ;)
Un médiocre amateur.

THG

Si je comprends parfaitement le combat de ces gens qui manifestent et se rassemblent, ce que je comprends moins, c'est l'intérêt de toutes ces photos, tous ces portraits à la limite du viol de l'intimité de ces personnes, et en plus des tartines (15 photos dans le dernier post !) en grand format.

hyago

Citation de: THG le Août 04, 2013, 11:23:28
Si je comprends parfaitement le combat de ces gens qui manifestent et se rassemblent, ce que je comprends moins, c'est l'intérêt de toutes ces photos, tous ces portraits à la limite du viol de l'intimité de ces personnes, et en plus des tartines (15 photos dans le dernier post !) en grand format.

Désolé si elles te dérangent: Je ne fais que ce que me demandent ces collectifs. Si tu regardes d'autres images à moi postées ici sur la lutte des handicapés, c'est du pareil au même: Ils m'appellent et veulent ces portraits pour les distribuer et sensibiliser sur leur douleur.

Quand un gouvernement ignore la souffrance de ses citoyens, ceux-ci sont en droit de penser que la meilleure manière de forcer les autorités à agir, est de "déranger" les responsables et ceux qui ne veulent pas voir la vérité.

J'ose espérer que tu me croiras si je te dis que toutes ces personnes veulent que je les prenne en photo telles qu'on les voit. Si j'étais un touriste étranger au drame, je n'oserais jamais faire ce genre d'images. Je les fais car on me convoque pour les faire: c'est ça leur vie depuis plus de 7 ans...  

Vaste débat intéressant: Qu'est-il pertinent de montrer ou pas ? je n'en sais rien: je vais quand on m'appelle et je publie quand on me demande de publier...  :'(

L'Espagne a une particulière relation avec la souffrance et la mort, et je comprends parfaitement que ça choque les français. Cependant en France, on n'est pas toujours choqué par les corridas que je suis incapable de prendre en photo... mais c'est un autre débat...
Un médiocre amateur.

THG

Citation de: hyago le Août 04, 2013, 11:39:24
Désolé si elles te dérangent: Je ne fais que ce que me demandent ces collectifs. Si tu regardes d'autres images à moi postées ici sur la lutte des handicapés, c'est du pareil au même: Ils m'appellent et veulent ces portraits pour les distribuer et sensibiliser sur leur douleur.

Quand un gouvernement ignore la souffrance de ses citoyens, ceux-ci sont en droit de penser que la meilleure manière de forcer les autorités à agir, est de "déranger" les responsables et ceux qui ne veulent pas voir la vérité.

J'ose espérer que tu me croiras si je te dis que toutes ces personnes veulent que je les prenne en photo telles qu'on les voit. Si j'étais un touriste étranger au drame, je n'oserais jamais faire ce genre d'images. Je les fais car on me convoque pour les faire: c'est ça leur vie depuis plus de 7 ans... 

Vaste débat intéressant: Qu'est-il pertinent de montrer ou pas ? je n'en sais rien: je vais quand on m'appelle et je publie quand on me demande de publier...  :'(

L'Espagne a une particulière relation avec la souffrance et la mort, et je comprends parfaitement que ça choque les français. Cependant en France, on n'est pas toujours choqué par les corridas que je suis incapable de prendre en photo... mais c'est un autre débat...

il est hors de question de remettre en cause la qualité de tes photos, je n'ai aucune critique à formuler à ce propos, mais ta démarche est quand même curieuse dans le sens où poster sur un forum de passionnés d'image n'est certainement pas le meilleur endroit pour faire passer un message de ce genre, non ?

ton commentaire sur la souffrance et la mort me rappelle quelque chose qui m'a récemment frappé, et qui démontre à quel point la presse d'information (écrite ou TV) nous prend pour des demeurés... en effet, lors de l'accident de Brétigny, les images diffusées sont restées très sobres, aussi bien dans les quotidiens que sur le Web ou dans le journal télévisé.

par contre, ces mêmes médias ne sont pas privés de montrer des images non censurées de la catastrophe ferroviaire en Espagne.

hyago

Citation de: THG le Août 04, 2013, 11:50:31
il est hors de question de remettre en cause la qualité de tes photos, je n'ai aucune critique à formuler à ce propos, mais ta démarche est quand même curieuse dans le sens où poster sur un forum de passionnés d'image n'est certainement pas le meilleur endroit pour faire passer un message de ce genre, non ?

ton commentaire sur la souffrance et la mort me rappelle quelque chose qui m'a récemment frappé, et qui démontre à quel point la presse d'information (écrite ou TV) nous prend pour des demeurés... en effet, lors de l'accident de Brétigny, les images diffusées sont restées très sobres, aussi bien dans les quotidiens que sur le Web ou dans le journal télévisé.

par contre, ces mêmes médias ne sont pas privés de montrer des images non censurées de la catastrophe ferroviaire en Espagne.

Ben, je ne sais pas si c'est le bon endroit. Pour l'instant je poste mes reportages et pas mal de gens les voient... je répète sans ironie, que je suis désolé si elles dérangent.  :-[

A aucun moment je n'ai perçu en toi la moindre critique sur la qualité des images, ce qui ne m'aurait certes pas dérangé le moins du monde... on est là pour ça.

Tout à fait d'accord avec toi sur la souffrance. Je fais des photos de gens qui souffrent, car tout mon pays souffre et pas qu'un peu. Mais je ne posterais jamais des images d'un mort dans un accident: Ça NON..

Dans le cas de Brétigny, je sais, je connais bien la France et sa discrétion, et je suis convaincu que c'est exactement tel que tu le racontes... Par contre ici tous les médias se sont gavés à poster des photos et des vidéos que je n'aurais jamais saisis: Des corps mutilés qui sortent d'un train: je trouve ça scandaleux, non seulement de par la photo morbide qui n'apporte rien à l'information, sinon par-ce-qu'en plus, la famille de ce cadavre peut le reconnaître par son pull, sa veste, sa robe, etc.. et là je me sens dépassé: Si je perds une personne proche, je n'aimerais pas voir son cadavre  mutilé apparaître sur mon écran TV, et je crois que personne n'aimerait ça.

Ceci-dit il y a eu des protestations à ce sujet de la part des familles des victimes, et je partage leur plainte à 100%.

Par contre, ne prends pas ça comme une justification, mais comme une explication, car il faut se mettre dans le contexte:

Ici, dans ma ville sur une ligne qui est la mienne (dont je me sers habituellement) un accident de métro très grave arrive en juillet 2006. en 3 jours tout est bouclé: Le machiniste est passé a 60Km/h dans un tournant de 90º (le plus dur de toutes les lignes de métro de la ville),  alors qu'il aurait du passer a 30Km/h. Comme il est mort dans l'accident c'est de sa faute. Il n'y avait aucun contrôle automatique dans ce tournant alors que dans d'autres bien moins dangereux le contrôle existait. Les familles de ces morts et blessés attendent encore depuis plus de 7 ans, qu'un membre du gouvernement se daigne les recevoir. On ne leur a rien dit, même pas une explication. On sait  par des employés qui se sont décidés à parler maintenant, que ce train là avait déraillé 3 fois avant l'accident. La boite noire et le livre de route (où sont consignés tous les incidents de ce train) ont miraculeusement disparu lors de l'accident... (effarant mais vrai).

-Juste après l'accident, le train a été totalement détruit pour éviter une quelconque expertise ultérieure.

-On a su que les vitres n'étaient pas de sécurité selon les normes. Quand le convoi a déraillé il est tombé sur un côté. Les passagers sont tombés sur les vitres qui se sont décollé illico et ils ont été broyés entre le train et les rails.

-Juste après l'accident une huile du parti qui gouverne a visité les familles en leur proposant des postes de travail publics, à condition de ne pas porter plainte... (c'est le cochonnet qu'on promène).

Dans ce état de choses, ces citoyens sont plus qu'indignés a juste titre. Ils manifestent leur douleur depuis 85 MOIS...la majorité d'entre eux sont sous traitement psychologique: Ils ont perdu un mari, une femme, un fiston qui rentrait de l'école, ou pire encore: Il y a des personnes qui ont perdu leur conjoint et leur 2 gosses... Et on se fout de leur gueule...  :'( ???

Je sais tout ça car je fais partie du collectif d'appui. La présidente (que je montre en photo) m'a vu hier, et elle est venue de son propre chef m'embrasser et me remercier chaleureusement d'être là une fois de plus pour témoigner de leur lutte. Voilà l'explication que je crois que je dois donner... je sais, ce n'est pas une justification, c'est juste un récit de ce qu'il se passe ici.  :'(
Un médiocre amateur.

kochka

hyago, continue STP. Pour une fois que nous pouvons avoir une info neutre et non instrumentalisée, il faut en profiter.
Technophile Père Siffleur

Konrad

Salut Hyago,
Ça fait longtemps que je regarde tes photos et tes commentaires.
Je dois te dire que j'aime et je suis tes fils comme une info régulière et attendue.
Dans ces accidents, il y a 3 choses insupportables :
- l'accident par lui-même avec ses victimes
- l'indifférence des responsables qui non seulement fuient leurs responsabilités, mais n'ont pas fait ce qu'ils auraient du faire avant, pour que la catastrophe n'aie pas lieu. Et donc pas voie de conséquence, pas de sanctions.
- de voir que les gens qui devraient être là pour gérer notre vie sociale, pas seulement dans les transports, mais la santé, l'emploi, la sécurité alimentaire, etc...ne sont pas là pour ça (d'ailleurs ils n'en n'ont pas souvent les capacités), mais pour gérer leur plan de carrière le plus avantageusement possible. A quand "l'obligation de résultats" pour les politiques, dirigeants techniques, commerciaux,etc..comme cela existe en France par exemple pour un simple garagiste ?
Pour moi, montrer des visages, dignes, dans la souffrance (qui me paraîtrait invivable si j'étais directement impliqué par un proche par exemple), ce n'est pas du voyeurisme, mais du témoignage.
Ici, on est des photographes, pro ou amateur peu importe, mais la photo n'est-ce pas avant tout de l'humain ?
Et moi, quelque part, ça me rassure un peu de voir qu'il y a des gens, dans cette société que l'on qualifie d'égoïsme et d'indifférence, qui sont capables d'éprouver de l'empathie pour les autres,
(et sans sombrer dans le pathos).
Bien sur, il y a les charognards, ceux qui photographient les morts, les corps mutilés...et ceux qui regardent ces photos et achètent les magazines et qui en définitive, ne valent pas mieux !
Mais ici, il ne s'agit pas de cela. Donc tes photos ont bien leur place sur ce forum.
Je souhaite et j'espère que tu continueras.

hyago

Merci de vos commentaires Kochka et Konrad,

J'avoue mes limitations, car je ne conçois pas (pour moi) une autre discipline que la saisie de l'humain en photo. J'ai des amis qui font de l'animalier, du paysage, de l'architecture etc.. et j'admire leur boulot et leur patience, mais je ne me sens pas à l'aise dans ces autres démarches, ce qui bien sur, ne m'empêche pas de les apprécier et respecter. Finalement chacun choisit son chemin, c'est quelque chose de très personnel.

On me dit souvent que je fais de la photo "humaniste" ce qui est un bien grand mot à mon avis... Moi, je crois que dans un pays meurtri et torturé par un système inhumain, on se doit de s'engager si on ne veut pas se sentir complice. Je sais que le terme torture semble une exagération de ma part, mais hélas je le trouve adapté a la situation: Quand on prive les handicapés de leur dû, quand on constate que plus de 28% des enfants souffrent de malnutrition et qu'on n'est pas au Guatemala sinon en Europe, on commence à se sentir concerné.

Je fais mienne cette poésie de Gabriel Celaya: La poésie est une arme chargée de futur. (Paco Ibañez la chantait, vous avez du l'entendre)

Quand plus rien de personnellement exaltant n´est attendu,
Plus on palpite et plus on est proche de la conscience,
Existant comme un fauve, aveuglement affirmé,
comme un pouls qui frappe les ténèbres,

quand on regarde en face
les vertigineux yeux clairs de la mort,
on dit les vérités:
Les barbares, les terribles, les amoureuses cruautés.

On dit les poèmes
qui élargissent les poumons de tous ceux qui, asphyxiés,
demandent à être, demandent du rythme,
demandent des lois pour ce qu´ils éprouvent d´excessif.

Avec la vitesse de l'instinct,
avec l´éclair du prodige,
comme une évidence magique, ce qui est réel nous transforme
en ce qui est identique à lui-même.

Poésie pour le pauvre, poésie nécessaire
comme le pain quotidien,
comme l'air que nous exigeons treize fois par minute,
pour être et tant que nous sommes, dire un OUI qui nous glorifie.

Parce que nous vivons par à-coups, parce que c´est à peine s´ils nous laissent
dire que nous sommes ce que nous sommes,
nos chants ne peuvent être, sans péché, un ornement.
Nous touchons le fond.

Je maudis la poésie conçue comme un luxe
culturel par les neutres,
Qui en se lavant les mains, se désintéressent et s´évadent.
Je maudis la poésie de celui qui ne prend pas parti jusqu'à la souillure.

Je fais miennes les fautes. Je sens en moi ceux qui souffrent
et je chante en respirant.
Je chante, et je chante, et en chantant par delà mes peines
personnelles, je m'élargis.

J´aimerais vous donner vie, provoquer de nouveaux actes,
Et je calcule en conséquence, avec technique, ce que je peux faire.
Je me sens un ingénieur du vers et un ouvrier
qui travaille avec d'autres l'Espagne dans ses aciers.

Telle est ma poésie: poésie-outil
a la fois battement du coeur de l´unanime et aveugle.
Telle est, arme chargée de futur expansif
avec laquelle je vise ta poitrine.

Ce n'est pas une poésie pensée goutte à goutte.
Ce n'est pas un beau produit. Ce n'est pas un fruit parfait.
C´est similaire à l'air que nous respirons tous
et c´est le chant qui donne de l´espace à tout ce nous portons en nous.

Ce sont des mots que nous répétons en les sentant
nôtres, et ils volent. Ils sont plus de ce qu´ils nomment.
Ils sont le plus nécessaire: ce qui n'a pas de nom.
Des cris au ciel, et sur la terre des actes.


C'est comme ça que je vis la photo. ;)
Un médiocre amateur.

Konrad

Je suis en accord avec ce que tu écris. Sans vouloir dire que c'était très utile ou simplement que je serais fier de moi, j'ai fait un peu la même chose que toi, pas dans la photo mais dans l'écrit. J'ai eu cette chance de travailler dans un grand quotidien régional, et bon, à la mesure de mes moyens j'ai souvent dénoncé ces injustices ou mensonges. Est-ce que cela a servi, peut-être un peu, à quelques-uns, mais ça n'a pas changé profondément le cours des choses. Mais en même temps il m'était impossible de ne pas le faire !
Pour la photo, c'est différent, pour moi, j'aurais du mal à le faire, à le faire bien, c'est pourquoi j'apprécie ton travail.
Je dois avouer que ce coté de la nature humaine qui ne peut s'identifier à la souffrance (ou à la joie aussi) des autres me terrifie quelque peu.
J'ai retrouvé cette préface du livre d'Hemingway,"Pour qui sonne le glas", (qui par ailleurs se passe en Espagne, si je ne me trompe pas) et qui à mon avis résume bien le fond du problème :"NUL HOMME N'EST UNE ÎLE COMPLÈTE EN SOI-MÊME; TOUT HOMME EST UN MORCEAU DE CONTINENT, UNE PART DU TOUT; SI UNE PARCELLE DE TERRAIN EST EMPORTÉE PAR LA MER, L'EUROPE EN EST LÉSÉE, TOUT DE MÊME QUE S'IL S'AGISSAIT D'UN PROMONTOIRE, TOUT DE MÊME QU'IL S'AGISSAIT DU MANOIR DE TES AMIS OU DU TIEN PROPRE; LA MORT DE TOUT HOMME ME DIMINUE, PARCE QUE JE SUIS SOLIDAIRE DU GENRE HUMAIN. AINSI DONC, N'ENVOIE JAMAIS DEMANDER: POUR QUI SONNE LE GLAS; IL SONNE POUR TOI."
Bien à toi.

hyago

Citation de: Konrad le Août 05, 2013, 12:34:48
Je suis en accord avec ce que tu écris. Sans vouloir dire que c'était très utile ou simplement que je serais fier de moi, j'ai fait un peu la même chose que toi, pas dans la photo mais dans l'écrit. J'ai eu cette chance de travailler dans un grand quotidien régional, et bon, à la mesure de mes moyens j'ai souvent dénoncé ces injustices ou mensonges. Est-ce que cela a servi, peut-être un peu, à quelques-uns, mais ça n'a pas changé profondément le cours des choses. Mais en même temps il m'était impossible de ne pas le faire !
Pour la photo, c'est différent, pour moi, j'aurais du mal à le faire, à le faire bien, c'est pourquoi j'apprécie ton travail.
Je dois avouer que ce coté de la nature humaine qui ne peut s'identifier à la souffrance (ou à la joie aussi) des autres me terrifie quelque peu.
J'ai retrouvé cette préface du livre d'Hemingway,"Pour qui sonne le glas", (qui par ailleurs se passe en Espagne, si je ne me trompe pas) et qui à mon avis résume bien le fond du problème :"NUL HOMME N'EST UNE ÎLE COMPLÈTE EN SOI-MÊME; TOUT HOMME EST UN MORCEAU DE CONTINENT, UNE PART DU TOUT; SI UNE PARCELLE DE TERRAIN EST EMPORTÉE PAR LA MER, L'EUROPE EN EST LÉSÉE, TOUT DE MÊME QUE S'IL S'AGISSAIT D'UN PROMONTOIRE, TOUT DE MÊME QU'IL S'AGISSAIT DU MANOIR DE TES AMIS OU DU TIEN PROPRE; LA MORT DE TOUT HOMME ME DIMINUE, PARCE QUE JE SUIS SOLIDAIRE DU GENRE HUMAIN. AINSI DONC, N'ENVOIE JAMAIS DEMANDER: POUR QUI SONNE LE GLAS; IL SONNE POUR TOI."
Bien à toi.

Merci de tes paroles Konrad,

certes il n'est pas facile ni plaisant de faire ce genre d'images, je déteste les trucs morbides, mais quand on est dans le bain, ça fait partie des choses qu'on se doit de faire AMHA. Désolé pour mon retard a te répondre j'ai eu pas mal de trucs à faire ces jours ci.  ::)

Tu sais, j'ai passé 15 jours au Guatemala avec une ONG médicale espagnole spécialisée en Urologie, et j'en étais le témoin graphique ainsi que d'écriture. J'ai fait quelques articles illustrés de photos. Bien sur, j'ai du me taper des séances de salle d'opération (la première fois de ma vie que je faisais ça), ce qui n'est pas facile du tout, mais on s'y fait (pas d'autre alternative). J'ai suivi des malades dès leur entrée à l'hôpital, jusqu'à leur sortie... je les ai ramené chez eux dans la misère des quartiers pauvres (et dangereux), car au Guatemala soit tu as de sous, sois tu n'es rien: la sécu n'existe pas, les pensions non plus, donc les gosses bossent depuis l'âge de 5 ans, et meurent de vieillesse en bossant sans arrêt: Ils ne savent même pas ce qu'est toucher une retraite. Donc, en quelque sorte, faire les images de ce fil en Espagne n'est pas si fort que ça. J'avoue que ça peut sembler dur, mais j'en ai vu des bien plus dures, et je continuerai de les voir... Je me refuse à faire le touriste, c'est mon choix et j'y tiens.

On peut bien sur aller au Guatemala en tant que touriste en ne rien voir de tout cela, c'est bien plus commode et on peut revenir avec de belles images, mais moi j'y suis allé pour aider et bosser. Je ne critique pas le tourisme, mais je ne voyage pas pour ça (en général)...

Bien sur, tu ne te trompes pas: "Pour qui sonne le glas" se passe en Espagne, et bien sur aussi, je souscris pleinement les magnifiques paroles d'Hemingway que tu cites.  ;)

Bien a toi.

Helio Yago.
Un médiocre amateur.

Konrad

Hello Hyago,

Pas de soucis  pour la réponse, j'étais parti aussi pour 2 jours et je rentre à l'instant.
Bon, la misère est partout. Je me souviens des articles que j'ai fait il y a quelques années avec des réfugiés de Bosnie : assez terrible, des gens qu'on tue en pleine des rues, on débarque chez toi et on te laisse 10mn pour prendre tes affaires, enfin ce que tu peux emporter, on te demande de partir, vite, camps de réfugiés et la suite...
Le pire ce serait de s'y habituer.
Quand je pense qu'il faudrait simplement un peu de volonté politique pour que tous ces drames disparaissent, mais non, cela se passe et rien ne se fait !
J'espère toujours, une grande prise de conscience générale où la souffrance des hommes deviendrait insupportable au plus grand nombre..
On pourrait en parler longtemps, mais là, à la longue, on serait forcement hors sujet....

Bien à toi,

MBe

Hyago, j'apprécie ton témoignage photographique qui retranscrit toute l'émotion du sujet, Merci. Les mots et les phrases sont, peuvent être, complémentaires, mais tes images se suffisent à elles mêmes.

A bientôt pour de nouvelles photos comme tu sais les faire.