La photographie aérienne pendant la première guerre mondiale

Démarré par webvince18, Mai 25, 2014, 15:18:26

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webvince18

Alors que je lis un magazine sur l'aviation pendant la première guerre mondiale, une question me vient : où en était la photo à cette époque ?
Car pour prendre des photos aérienne exploitables, il fallait du matériel un rien plus avancé que les grosses boites en bois dont on a tous l'image aux débuts de la photo, avec des temps de pose de plusieurs minutes qui effacaient les gens des photos de rues, nous faisant croire aujourd'hui à des villes sous-peuplées...  ;D
Bref, j'en appelle aux historiens du forum : à quoi ressemblait un appareil de 1914 ? Quels étaient les derniers perfectionnements ? Et cerise sur le gâteau, les appareils de prise de vue embarqués ?

narval

Il y avait aussi des ballons captifs, donc plus lent  voir immobile.


Andhi

Bonjour,

Il existait de grosses boîtes en bois dont l'obturateur à plan focal grimpait jusqu'au 1/1000 (et même plus pour d'autres), comme ce Graflex 3A, un réflex au format US "postcard"  3,25 X 5,5" (~8,5 X 14 cm), qui pouvait s'utiliser à main levée.

titisteph

CitationCar pour prendre des photos aérienne exploitables, il fallait du matériel un rien plus avancé que les grosses boites en bois dont on a tous l'image aux débuts de la photo, avec des temps de pose de plusieurs minutes qui effacaient les gens des photos de rues, nous faisant croire aujourd'hui à des villes sous-peuplées...

Ca, c'était en août 1839, du temps du daguerréotype sensibilisé à l'iode seul. Dès fin 1839, on a trouvé le moyen de multiplier par 60 la sensibilité de la plaque, grâce aux vapeurs de brome. Les villes ont commencé à se repeupler!
Ensuite, la sensibilité n'a cessé d'augmenter après le daguerréotype.

En 1914, la photo avait déjà 75 ans d'existence, c'était déjà très bien maîtrisé. Sans aller jusqu'aux sensibilités auxquelles on est habitué aujourd'hui, la photo était faisable à main levée avec des appareils format 6X9 au moins.

Après, le domaine spécifique de la photo aérienne avait les contraintes suivantes : temps de pose suffisamment court pour figer le mouvement de l'avion (au moins 125e ou 250e), plaque suffisamment grande pour avoir les fins détails lisibles, et optique à la fois suffisamment lumineuse et piquée pour permettre tout ça. Pas évident en 1914, et il est clair que ça frisait les limites de la technologie de l'époque. Mais faisable, et les photos produites le prouvent.

Je laisse le soin à ceux qui en savent plus de nous indiquer les sensibilités ISO qui étaient possibles à l'époque, et de nous décrire les appareils de photo aérienne qui existaient. Ca m'intéresse aussi!

Nikojorj

Sur le géoportail de l'IGN, j'ai déjà trouvé des photos aériennes verticales de 1927 (vallée de l'Arve), et ils disent qu'ils en ont à partir de 1920.
Comme dit, la photo aérienne était déjà utilisée pendant la 1ere guerre mondiale à des fins de reconnaissances militaires - et l'IGN à l'époque s'appelait d'ailleurs Service Géographique des Armées (qui a été démilitarisé en urgence en 1940 pour éviter que tout ce qui s'y trouve ne tombe aux mains des armées allemandes).

phil650sv

Bonjour,
C'est Nadar "l'inventeur" de la photo aérienne. Il était aussi un pionnier aérostier.
Il faisait donc des daguerréotypes depuis son ballon vers 1870. Il a eu quelques déconvenues qu'il relate (toujours avec humour) dans son livre "Quand j'étais photographe". Livre indispensable, à mon sens...
Phil


titisteph

CitationIl faisait donc des daguerréotypes depuis son ballon vers 1870. Il a eu quelques déconvenues qu'il relate (toujours avec humour) dans son livre "Quand j'étais photographe". Livre indispensable, à mon sens...

Pas des daguerréotypes. En 1870, on n'en faisait plus depuis 15 ans en France.
La vogue du daguerréotype a duré environ 10 ans, de 1839 à 1850. Mais les Américains ont continué sa pratique pendant 15 ans de plus.
Il a été détrôné par d'autres procédés plus rapides, mais pas moins pratiques, comme le collodion humide.

webvince18

Dans le magazine dont je parle (hors série "Fana de l'Aviation" pour ne pas le citer  ;D) ils disent en effet que les photos aériennes étaient utilisées pour dessiner des cartes (des tranchées et autres positions ennemies), notamment via des dispositifs de vision "stéréoscopiques"  ???

Il y a une ou 2 photos d'avions équipés d'appareils constitués de grand tubes carrés de plus d'1m de long... Ressemblant à ceux qu'on voit dans les liens donnés par Valain.

OK, je n'imaginais pas que les appareils de l'époque soient déjà aussi sophistiqués qu'ils permettaient des vitesses d'obturation de l'ordre du 1/1000 !

stratojs


titisteph

CitationOK, je n'imaginais pas que les appareils de l'époque soient déjà aussi sophistiqués qu'ils permettaient des vitesses d'obturation de l'ordre du 1/1000 !
Cette valeur de vitesse a été obtenue assez rapidement dans l'histoire de la photo. Bien avant 1914. Le problème, c'est que les films n'avaient pas la sensibilité suffisante pour pouvoir l'utiliser facilement.

FredEspagne

La sensibilité des films/plaques de l'époque devait culminer à 25 ASAs.
35 ans de film et labo argentique , 21 de numérique

jaric

J'ai eu la curiosité de regarder dans un catalogue Kodak de 1913 sur les produits & appareils, et je n'ai trouvé aucune valeur de sensibilité!
Voici la seule description, qualitative mais non quantitative.

jaric

Edit post précédent :
Hurter and Driffield ont inventé un système d'estimation de l'exposition, mais si quelqu'un connaît la correspondance de 400 degrés de leur sensitomètre (si correspondance il y a!) avec l'échelle ASA...



Citation Wikipedia :
Another early practical system for measuring the sensitivity of an emulsion was that of Hurter and Driffield (H&D), originally described in 1890, by the Swiss-born Ferdinand Hurter (1844–1898) and British Vero Charles Driffield (1848–1915). In their system, speed numbers were inversely proportional to the exposure required. For example, an emulsion rated at 250 H&D would require ten times the exposure of an emulsion rated at 2500 H&D.[5]
The methods to determine the sensitivity were later modified in 1925 (in regard to the light source used) and in 1928 (regarding light source, developer and proportional factor)—this later variant was sometimes called "H&D 10". The H&D system was officially[6] accepted as a standard in the former Soviet Union from 1928 until September 1951, when it was superseded by GOST 2817-50.

Andhi

Bonsoir,

Voilà un tableau de correspondance.
Cela donne une idée ; sur d'autres documents, il y a quelques différences, minimes toutefois.


FredEspagne

Ce qui fait 12 ASA pour les plaques supersensibles Eastman, j'étais encore optimiste en disant 25 ASA. Merci Andhi pour le tableau.
Mine de rien, on a multiplié la sensibilité par 34 000 en un siècle!
35 ans de film et labo argentique , 21 de numérique

jaric

Citation de: FredEspagne le Mai 26, 2014, 20:07:23
Mine de rien, on a multiplié la sensibilité par 34 000 en un siècle!

On ne peux tout de même pas comparer une émulsion chimique avec un capteur à semi-conducteurs. Les films ont plafonné à 1600 ISO (un peu plus en développement poussé), donc le rapport n'est que de 1 à 130! :D

12 ASA max, surtout avec des objectifs ouverts à f/6.3 au mieux, on comprend pourquoi dans tous les portraits de l'époque, les gens s'appuyaient sur un meuble pour poser (instantanés ultra-rapides ki disaient  :D :D). Alors dans un avion...

FredEspagne

Citation de: jaric le Mai 26, 2014, 20:59:30
On ne peux tout de même pas comparer une émulsion chimique avec un capteur à semi-conducteurs. Les films ont plafonné à 1600 ISO (un peu plus en développement poussé), donc le rapport n'est que de 1 à 130! :D

12 ASA max, surtout avec des objectifs ouverts à f/6.3 au mieux, on comprend pourquoi dans tous les portraits de l'époque, les gens s'appuyaient sur un meuble pour poser (instantanés ultra-rapides ki disaient  :D :D). Alors dans un avion...

Si on peut comparer: les 2 donnent une image. Je pars de la plus haute sensibilité de 1913 : 12 ASA (ISOs) jusqu'aux 409 000 de cette année. Pour ton information, il y avait un film N&B Kodak Recording de 3200 ISOs pour ceux qui aimaient la purée de pois cassés visible sur un tirage 13 x18. En plus son support extra-fin et très élastique le rendait pénible à manipuler dans le noir.
35 ans de film et labo argentique , 21 de numérique

titisteph

Citation12 ASA max, surtout avec des objectifs ouverts à f/6.3 au mieux

En fait, en 1914, l'industrie optique était plus avancée qu'on l'imagine. Je ne sais pas exactement quel était le record de cette époque, mais songez que dès 1841, Joseph Petzval avait déjà breveté son fameux objectif de 150mm ouvert à F-3,6. Ceci, combiné à la sensibilisation des plaques daguerriennes au brome, a permis l'essor du marché du portrait.
A noter que la plaque daguerrienne faisait, même sensibilisée de la sorte, seulement l'équivalent de 0,1 ISO! Cela donne du 2s à 5,6 en plein soleil.

Mais c'est déjà bien mieux que du 5mn en plein soleil à 5,6 avec l'iode seul!

phil650sv

Bonjour,
Désolé, je me suis trompé d'une dizaine d'années. Les photos aériennes de Nadar, c'était plutôt vers 1860 et à cette époque, il faisait encore des Daguerréotypes (Portrait d'Alexandre Dumas en 1859 par exemple).

En 1870, il utilisait son ballon pour passer les lignes prussiennes qui encerclaient Paris.

Dans son livre, il parle bien du procédé "daguerréotype" et des difficultés qu'il a rencontrées pour sensibiliser les plaques (Interaction des fuites d'hydrogène du ballon avec la chimie de préparation des plaques).

La photo aérienne a donc existé une cinquantaine d'années avant la première guerre mondiale.

Phil

titisteph

CitationEn 1870, il utilisait son ballon pour passer les lignes prussiennes qui encerclaient Paris.

Dans son livre, il parle bien du procédé "daguerréotype" et des difficultés qu'il a rencontrées pour sensibiliser les plaques (Interaction des fuites d'hydrogène du ballon avec la chimie de préparation des plaques).

Oui, le livre "Quand j'étais photographe". A conseiller, d'ailleurs, très intéressant!
Je me souviens de l'épisode des plaques qui ne donnaient rien à cause des fuites de gaz de son ballon, mais je ne me souvenais plus que c'était du daguerréotype. C'est d'ailleurs curieux qu'il en soit resté à cette technique en 1860, compte tenu du fait qu'il existait déjà d'autres supports plus sensibles. (collodion humide dès 1851)

luistappa

Nikon F6/D500/Z5 - Sony A7II

JMS

En 1900 le Sigrist montait au 1/1000 et était doté d'un Planar f/3,8 pour des images de format 9 x 12 cm.

titisteph

CitationUne photo assez connue d'une rue de New-york prise en 1900.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/67/Mulberry_Street_NYC_c1900_LOC_3g04637u_edit.jpg
Loin d'être vide et je doute qu'ils posent tous.

Extraordinaire, cette photo, mais elle est trompeuse, car c'est du noir et blanc colorisé.

cipete

Bonsoir,

Nous avons aussi le cerf volant porteur d'un appareil photo et utilisé pendant la première guerre à des fins d'observation

Amicalement,
P.