Réalisation photo Doisneau "Tour Eiffel gondolée"

Démarré par gau, Janvier 27, 2015, 10:25:55

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muadib

Citation de: vernhet le Janvier 30, 2015, 13:56:47
avec juste un facile masquage sur le bas de l'image.  !

Tu as fait beaucoup de tirage dans ta vie ?  ;)

icono

je pense que la solution de 2 négatifs exposés ensemble est la bonne
en tout cas c'est une chouette photo qui à mon avis à du nécessiter
beaucoup d'essais, pour Doisneau mais aussi pour son tireur

Jean-Claude

La tour n'est pas floue partout.

Là où la tour est nette les nuages montrent des détails

Là où la tour est floue les nuages sont estompés

Une fois de plus, le cerveau n'ayant aucune référence précise des nuages il accepte tout, jusqu'à faire dire à çertains que l'ensembles des nuages présente des détails piqués !

Ceci ne signifie pas qu'il n'y a pas eu de double exposition au tirage, elle a pu avoir lieu sur la même ondulation de papier mais avec une map d'agrandisseur différente pour les nuages ceux-ci ne couvrant qu'une partie du papier.

Quand on bidouille au labo, on peut très facilement arriver à des combinaisons les plus loufoques que seul celui qui les a faites peut connaitre.

ASAHI

Bonjour à tous,
Si je peux me permettre de vous apporter quelques précisions.
Si mes souvenirs sont exacts Doisneau utilisait un bricolo consistant en un appareil sur un socle tournant pendant l'obturation !
On peut trouver plus de détails dans le livre de Peter Hamilton : "ROBERT DOISNEAU La vie d'un photographe" (hoëbeke 1996) en page 306 où se trouve la photo de la tour Eiffel :
"La tour Eiffel, montage d'une image déformée à l'aide d'un appareil Speed Graphic 4x5 modifié par Doisneau et d'une photo de nuages, Paris 1965. Exemple du plaisir que prenait Robert Doisneau aux "jeux et bricolages techniques". Il utilisa le Speed Graphic modifié pour un projet de longue durée dans lequel il revint maintes fois à des images de la tour Eiffel, symbole particulièrement fort de Paris. Robert Doisneau souhaitait que ces clichés permettent de réinterpréter  - et même de déconstruire - le rôle iconique de la tour. Il utilisa pour cela des procédés très divers, y compris la destruction partielle de l'image en chauffant l'émulsion de gélatine et en brulant ou traitant chimiquement la pellicule de base. Cette œuvre fut exposée pour la première fois au musée des arts décoratifs de Paris lors de l'exposition collective six photographes et Paris"
On doit pouvoir également avoir plus de précisions en interrogeant Francine Deroudille, sa fille, qui gère l'atelier Robert Doisneau ( www.robert-doisneau.com/fr/) et qui est très sympathique.
Voilà, en espérant vous avoir éclairé, bonne soirée.


Michel

Robert DOISNEAU a également utilisé à bon escient le flash pour simuler le mouvement avec une photo de Danièle DELORME. Voir PHOTOGRAPHY ANNUAL 1969 pages 38 et 177.

Jinx

Citation de: ASAHI le Janvier 30, 2015, 20:06:10
Bonjour à tous,
Si je peux me permettre de vous apporter quelques précisions.
Si mes souvenirs sont exacts Doisneau utilisait un bricolo consistant en un appareil sur un socle tournant pendant l'obturation !
On peut trouver plus de détails dans le livre de Peter Hamilton : "ROBERT DOISNEAU La vie d'un photographe" (hoëbeke 1996) en page 306 où se trouve la photo de la tour Eiffel :
"La tour Eiffel, montage d'une image déformée à l'aide d'un appareil Speed Graphic 4x5 modifié par Doisneau et d'une photo de nuages, Paris 1965. Exemple du plaisir que prenait Robert Doisneau aux "jeux et bricolages techniques". Il utilisa le Speed Graphic modifié pour un projet de longue durée dans lequel il revint maintes fois à des images de la tour Eiffel, symbole particulièrement fort de Paris. Robert Doisneau souhaitait que ces clichés permettent de réinterpréter  - et même de déconstruire - le rôle iconique de la tour. Il utilisa pour cela des procédés très divers, y compris la destruction partielle de l'image en chauffant l'émulsion de gélatine et en brulant ou traitant chimiquement la pellicule de base. Cette œuvre fut exposée pour la première fois au musée des arts décoratifs de Paris lors de l'exposition collective six photographes et Paris"
On doit pouvoir également avoir plus de précisions en interrogeant Francine Deroudille, sa fille, qui gère l'atelier Robert Doisneau ( www.robert-doisneau.com/fr/) et qui est très sympathique.
Voilà, en espérant vous avoir éclairé, bonne soirée.

Et bien voila la réponse qui met tout le monde d'accord  ;D
Il était évident qu'il s'agit d'une double exposition car on voit bien que les nuages n'ont aucune déformation latérale.

gau

Merci beaucoup pour vos recherches à tous, et bravo à ASAHI qui nous apporte je pense la réponse correcte (ok il a triché il l'a recopié d'un livre  ;D  :D).

geargies

Pour répondre à la remarque " impossible à faire en numérique " mise à part l'option toshop :D : mode manuel , pose longue, et bouger le boîtier .. ;) enjoy ..

vernhet

#33
Citation de: muadib le Janvier 30, 2015, 17:18:34
Tu as fait beaucoup de tirage dans ta vie ?  ;)
oui quand même
je n'ai jamais bossé dans un labo à tirer, comme prestataire,  les photos de clients, mais pendant une dz d'années de ma vie , en tirant mes photos pour les journaux, alors en NB, avec lesquels je bossais , je me tirais environ 1500  photos (différentes)  par an....

vernhet

#34
à la lecture de la réponse, irréfutable, apportée par Asahi "La tour Eiffel, montage d'une image déformée à l'aide d'un appareil Speed Graphic 4x5 modifié par Doisneau et d'une photo de nuages, Paris 1965.", je constate avec satisfaction que ma certitude de 2 négas distincts (un de ciel et un de tour) était fondée.  ;)

Jean-Claude

Dans le détail on ne sait toujours pas comment celà a été fait, mais ils y a différentes méthodes possibles pour arriver à un effet similaire, même si pas identique.

Un moment je pensais pour la tour à un reflet dans un bassin dans lequel on a créé une vague......

muadib

Du coup j'imagine un masque et un contre masque sur film lith (juste du noir ou de la transparence), pour exposition séparée de chaque négatif sur le même papier.

Jinx

Citation de: geargies le Février 01, 2015, 12:13:00
Pour répondre à la remarque " impossible à faire en numérique " mise à part l'option toshop :D : mode manuel , pose longue, et bouger le boîtier .. ;) enjoy ..

Ok, on voit que tu connais pas grand chose à la photo  ;D ;D

Jinx

Citation de: Jean-Claude le Février 01, 2015, 19:50:27
Dans le détail on ne sait toujours pas comment celà a été fait, mais ils y a différentes méthodes possibles pour arriver à un effet similaire, même si pas identique.

Un moment je pensais pour la tour à un reflet dans un bassin dans lequel on a créé une vague......

Les nuages auraient été deformés, bis repetita ;)

geargies

C'est sur que toi par contre tu as inventé le Zone system .. Haha ha

Jinx

Citation de: geargies le Février 04, 2015, 11:11:50
C'est sur que toi par contre tu as inventé le Zone system .. Haha ha

Réponse qui n'a aucun rapport, mais bon t'es plus à une ânerie près, hein ?

PS : essayes donc de reproduire le même effet que la Tour Eiffel comme tu l'as dit, en pause longue et en bougeant ton boîtier, puis tu nous montres ça qu'on rigole !

pichta84

Je ne pensais pas que ça ferait autant débat :
Ceux qui ont un agrandisseur, ont certainement plus de moyens à leur disposition. Néanmoins, un vieux projecteur de diapo ou un vidéoprojecteur peut faire l'affaire. Ceux qui pensent qu'il est possible d'obtenir une image similaire de la Tour Eiffel en ondulant le papier (écran) devraient essayer. S'ils réussissent, je veux bien une photo.
Je n'ai jamais été passionné par les "filés" un peu spéciaux qu'on pouvait réaliser en jouant avec le déplacement de l'obturateur rideau, mais je sais très bien comment ça marche. Peut être qu'il faudrait méditer sur la photo de JHL, et les belles explications qu'on trouve ici :
http://www.galerie-photo.com/vitesse-voiture-jacques-henri-lartigue.html
et là :
http://themotorsportarchive.com/2012/08/23/jacques-henri-lartigue/

Bien entendu, c'est comme les tours de magie, il arrive qu'un illusionniste meurt sans avoir transmis son "truc" pour un tour à un confrère, dans ce cas ceux qui réalisent ensuite le même tour disent bien qu'ils n'ont parfois aucune preuve qu'ils utilisent bien la même technique.
Il y a donc peut être une autre technique que celle que j'ai proposé, mais elle marche c'est sûr.

geargies

Haha , oui comme tu dis, vu que la fameuse photo de Lartigue a été obtenue exactement comme ça et accidentellement bien sur .. :D

pichta84

Cet accident a inspiré beaucoup de photographe par la suite. Comme bien d'autres accidents d'ailleurs...

Pour info, la dernière expo de Lucien Clergue fait suite à un accident, la double exposition d'une pellicule entière.
Vu son expérience, on peut supposer qu'il dit vrai.

OldyNikon

Bonjour tout le monde

Je suis lecteur régulier de ce forum depuis fort longtemps, mais jamais inscrit pour y intervenir. Ayant l'occasion de vous donner quelques éléments d'information sur ce sujet, j'ai finalement décidé de m'inscrire sur le forum.

Je crois que cette photo de Doisneau a illustré un cours de photographie au début des années 1970. Il me semble (désolé, ces souvenirs datent de 45 ans) que ce cours s'appelait "Famous Photographers' course". Je crois me souvenir aussi qu'il s'agissait du chapitre qui illustrait la différence entre les 2 types d'obturateurs qui étaient l'objet de la leçon, les obturateurs centraux (qui équipaient les Hasselblad et Rolleiflex bi-objectifs de l'époque) et les obturateurs à rideaux (qui équipaient la plupart des mitraillettes japonaises de l'époque).

Comme dit ASAHI ci-dessus, Doisneau a réalisé cette image en UNE SEULE prise de vue (il ne s'agit pas d'une image composite, hypothèse évoquée au début de ce fil), et il n'y a AUCUNE ASTUCE de labo. Comment a-t-il fait ? Il a tout simplement utilisé judicieusement une caractéristique des obturateurs à rideaux.

Aujourd'hui, la vitesse de translation des obturateurs à rideaux est de plus en plus rapide (ceux qui ont suivi l'évolution des vitesses "synchro X", de + en + rapides, savent ce dont je parle). Autrefois, la vitesse de translation des rideaux (en textile !) était trèèès lente, et les vitesses d'obturation "usuelles" (1/30, 1/60, etc.) étaient obtenues en faisant balayer la surface de l'émulsion par une fente trèèès fine (le 2e rideau étant à très courte distance du 1er rideau).

(NB : c'est toujours ce qui se passe aujourd'hui qd on prend une photo au 1/8000 avec un D4S ultra moderne, sauf que la vitesse de translation des rideaux est infiniment plus rapide)

Doisneau avait remarqué que, sur un appareil de grand format, entre le moment où la "fente d'obturation" commençait à balayer le bord de l'émulsion, et celui où cette "fente d'obturation" atteignait l'autre extrémité, il se passait un temps non négligeable, et qu'il était possible de mettre à profit ce court laps de temps pour créer un effet, en bougeant l'appareil.

Ce laps de temps entre le début de l'obturation (le début du balayage par les rideaux) et la fin de l'obturation, on le constate dans la fameuse photo de Lartigue (comme le remarque geargies) qui montre une voiture de course ayant une roue ovale : dans ce cas ce n'est pas l'appareil qui bouge, mais l'objet de la photo.

Il me semble (mes souvenirs sont plus vagues sur ce point) que Doisneau avait fait modifier son appareil par un horloger pour accentuer le phénomène (un peu comme si on mettait sur un vélo, pour que la roue arrière tourne moins vite, un pignon plus gros et un plateau plus petit).

Avec un obturateur à rideaux ralentis, faire cette image était un jeu d'enfant : il suffisait de bouger l'appareil de droite à gauche puis de gauche à droite pendant la prise de vue... il suffisait d'y penser. Et le coup de génie, c'est d'avoir pris un objet très célèbre (merci Gustave Eiffel) pour illustrer le phénomène.

Je n'ai pas beaucoup d'espoir de retrouver ce vieux cours de photo. Si un lecteur de ce forum l'avait, ce serait intéressant d'en faire un scan, on rirait bien en voyant que les formateurs avaient l'intention de glorifier les obturateurs centraux, au détriment des obturateurs à rideaux porteurs potentiels d'artefacts.
;)

seba

ASAHI indique néanmoins que les nuages proviennent d'une autre photo.

OldyNikon

Citation de: seba le Mars 23, 2015, 11:10:11
ASAHI indique néanmoins que les nuages proviennent d'une autre photo.
En effet, le cours de photo que cette image illustrait n'en parlait pas (ce qui peut s'expliquer car c'était la leçon sur les obturateurs, pas sur les images composites). Il me semble néanmoins qu'il était dit que ce n'était pas un montage (sans aucune certitude). Si des historiens de la photo passent par là...

geargies

Merci oldy nikon! Du coup je vais peut être essayer de reproduire le truc mais ce ne sera pas avec la Tour ;) ... Je pense qu'un arbre pourrait faire l'affaire ;)

vernhet

Citation de: geargies le Mars 28, 2015, 20:11:58
Merci oldy nikon! Du coup je vais peut être essayer de reproduire le truc mais ce ne sera pas avec la Tour ;) ... Je pense qu'un arbre pourrait faire l'affaire ;)
Parmi les appareils (presque)  actuels, le seul, à mon avis, qui te permettrait +/- ça serait un panoramique à tambour tournant style horizon (russkoff) ou son modèle jap (widelux)ou allemand (?) Noblex.
Mais il te faudra toujours rajouter un ciel issu d'une autre photo sinon les nuages aussi seraient tordus...