Lycoses de mon potager...

Démarré par coval95, Novembre 14, 2016, 16:47:06

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coval95

Bonjour

J'observe souvent par beau temps de nombreuses petites araignées qui courent très vite sur la terre nue du potager (terre à tendance argileuse). Au printemps on voit des femelles qui transportent leur cocon.

Je pense que ce sont des lycoses, peut-être du genre Trochosa ou plutôt Pardosa ? Peut-on espérer connaître l'espèce ?

Les 3 photos suivantes ont été prises à la mi-octobre dans mon potager (Val d'Oise). Ce sont probablement 3 individus différents.

La première donne une idée de la taille par rapport à une jeune pousse de renoncule. Peut-être 1 cm à 1,5 cm avec les pattes ?

N° 1.

coval95

La seconde est une vue de dessus (crop 100%).

N° 2.

coval95

La troisième est une vue de profil (crop 100% également).

Merci d'avance pour votre aide !

N° 3.

Richard du nord

Pour moi plutôt Pardosa sp. avec une préférence pour P. amentata mais aucune certitude !!  ;)

coval95

Merci Richard !  :)

J'espère que marray viendra également donner son avis.

marray

#5
Citation de: coval95 le Novembre 15, 2016, 00:38:57
J'espère que marray viendra également donner son avis.
C'est exactement le même que celui de Richard dont je suppose qu'il s'est basé, pour le genre, sur la position des yeux latéraux postérieurs  très "au bord" de la zone céphalique et, pour sa suggestion de l'espèce, sur le motif du céphalothorax et la quasi absence de franges visibles au bord de ce dernier, le reste de la coloration et des motifs de l'abdomen et des pattes n'écartant pas cette possibilité. Mais, comme il le rappelle, ce n'est qu'une suggestion et non une certitude. Il y a en France plus de cent espèces de Lycosidae et très peu peuvent être reconnues jusqu'à l'espèce sans examen des genitalia. Et parfois, comme justement chez les Trochosa évoquées par Coval95, ce n'est pas simple. (Ah, j'allais oublier, c'est bien de donner la nature du sol dans beaucoup de cas mais, et c'est justement la difficulté pour utiliser des outils comme Corine ou Eunis pour relier une espèce à son habitat, les araignées, à part de rares cas,  ne sont pas sensibles au PH du substrat et, pour ce qui est de la végétation, c'est plutôt la "structure" -herbacée, buissonnante, arbustive - plutôt que les espèces, et surtout l'hygrométrie et l'exposition qui conditionnent  leur présence).

coval95

Merci marray pour cette réponse détaillée.  :)

Citation de: marray le Novembre 15, 2016, 09:00:37
C'est exactement le même que celui de Richard dont je suppose qu'il s'est basé, pour le genre, sur la position des yeux latéraux postérieurs  très "au bord" de la zone céphalique et, pour sa suggestion de l'espèce, sur le motif du céphalothorax et la quasi absence de franges visibles au bord de ce dernier, le reste de la coloration et des motifs de l'abdomen et des pattes n'écartant pas cette possibilité. Mais, comme il le rappelle, ce n'est qu'une suggestion et non une certitude. Il y a en France plus de cent espèces de Lycosidae et très peu peuvent être reconnues jusqu'à l'espèce sans examen des genitalia.
Juste pour info, je (re)précise qu'elles sont très abondantes dans mon potager (donc ça doit être une espèce répandue, mon jardin n'étant pas a priori un biotope particulièrement riche) et visibles du printemps à l'automne (si ça peut aider à confirmer). Mais je suppose que tu en as déjà tenu compte dans ta réponse.  ;)

Citation de: marray le Novembre 15, 2016, 09:00:37
Et parfois, comme justement chez les Trochosa évoquées par Coval95, ce n'est pas simple. (Ah, j'allais oublier, c'est bien de donner la nature du sol dans beaucoup de cas mais, et c'est justement la difficulté pour utiliser des outils comme Corine
Mince alors ! Je ne savais pas que j'étais un outil !!!  :o ;D
(Déjà qu'il y a une famille d'araignées nommée "Corinnidae"...  ;D).

J'avais précisé "terre à tendance argileuse" car j'avais vu sur le Bellmann pour une espèce de Trochosa (T. robusta) qu'elle affectionnait les pelouses calcicoles exposées au sud. Donc j'avais supposé que le type de terre pouvait être un critère). Mais effectivement, c'était le côté "chaud et sec" plutôt que le côté "calcaire" qui était important dans cette description.

Citation de: marray le Novembre 15, 2016, 09:00:37
ou Eunis pour relier une espèce à son habitat, les araignées, à part de rares cas,  ne sont pas sensibles au PH du substrat et, pour ce qui est de la végétation, c'est plutôt la "structure" -herbacée, buissonnante, arbustive - plutôt que les espèces, et surtout l'hygrométrie et l'exposition qui conditionnent  leur présence).
En l'occurrence elles courent souvent sur la terre nue (parce que bêchée) du potager, à découvert, donc.

Richard du nord

Citation de: marray le Novembre 15, 2016, 09:00:37
C'est exactement le même que celui de Richard dont je suppose qu'il s'est basé, pour le genre, sur la position des yeux latéraux postérieurs  très "au bord" de la zone céphalique et, pour sa suggestion de l'espèce, sur le motif du céphalothorax et la quasi absence de franges visibles au bord de ce dernier, le reste de la coloration et des motifs de l'abdomen et des pattes n'écartant pas cette possibilité. Mais, comme il le rappelle, ce n'est qu'une suggestion et non une certitude. Il y a en France plus de cent espèces de Lycosidae et très peu peuvent être reconnues jusqu'à l'espèce sans examen des genitalia. Et parfois, comme justement chez les Trochosa évoquées par Coval95, ce n'est pas simple. (Ah, j'allais oublier, c'est bien de donner la nature du sol dans beaucoup de cas mais, et c'est justement la difficulté pour utiliser des outils comme Corine ou Eunis pour relier une espèce à son habitat, les araignées, à part de rares cas,  ne sont pas sensibles au PH du substrat et, pour ce qui est de la végétation, c'est plutôt la "structure" -herbacée, buissonnante, arbustive - plutôt que les espèces, et surtout l'hygrométrie et l'exposition qui conditionnent  leur présence).

Ben non... Je n'ai pas ton bagage scientifique... je ne suis qu'un homme de terrain !  ;)
Effectivement, dans les jardins, les Pardosa amentata sont les plus fréquentes, enfin, chez moi...

Voilà ce que m'en disait mon mentor, Koen Van Keer :
"In the field", chez P. amentata, c'est surtout les marques noires sur l'abdomen (dont souvent deux plus grandes) qui sont remarquées (mais il faut souvent de la distance pour qu'elles se dessinent). Les petites marques en formes de points clairs, sont souvent moins visibles... Les critères d'habitus ne sont néanmoins jamais fiable à 100% pour être capable de distinguer P. amentata de -par exemple- P. agricola. P. hortensis peut aussi ressembler beaucoup P. amentata. Au plan habitus, il s'agit donc le plus souvent de critères relatifs. Le fait que le dessin clair sur le céphalothorax soit moins prononcé/marqué, parait être un caractère d'amentata. La bande médiane a souvent une partie plus étroite avant de se terminer vers la tête dans un "trident" plus ou moins vague (mais certainement pas toujours).
P. hortensis a aussi souvent un dessin pareil mais qui est plus prononcé/marqué. L'espèce est souvent d'une couleur plus grise. En plus elle est plus petite qu'amentata.
Le dessin clair chez P. agricola ressemble parfois aussi cette forme, mais est toujours plus prononcé. Elle n'est presque jamais trouvée dans des jardins. Bête typique des rives silicieuses et parfois des dunes.
Ceci n'a aucune prétention scientifique, juste quelques clefs à tester sur le terrain ("In the field")."

Petite question... Existe-t-il un groupe où sont incorporées les P. amentata ?
Pour les Trochosa, j'en ai aussi chez moi, mais je ne les confonds plus, une bonne macro peut aider à les différencier (taches sombres sur le céphalo, plus lourdaudes ou moins graciles, c'est selon, pattes moins fines...) Voilà  ;)

marray

Citation de: coval95 le Novembre 15, 2016, 15:17:50
Mince alors ! Je ne savais pas que j'étais un outil !!!  :o ;D
Tu le savais sûrement ! "COrdination de la Recherche en INformation de l'Environnement" ce qui explique la perte d'un de tes "n" que les Corinnidae avaient su conserver...
Citation de: coval95 le Novembre 15, 2016, 15:17:50
(Déjà qu'il y a une famille d'araignées nommée "Corinnidae"...  ;D).
Pas de chance, ma pauvre Corinne. La famille existe toujours mais n'apparaît plus en Europe faute de représentants. Ils ont tous été ventilés entre les Trachelidae et les Phrurolithidae...jusqu'à la prochaine révision... ;)

Citation de: coval95 le Novembre 15, 2016, 15:17:50
j'avais supposé que le type de terre pouvait être un critère). Mais effectivement, c'était le côté "chaud et sec" plutôt que le côté "calcaire" qui était important dans cette description.
T'as tout compris. Cette interprétation qui consiste à attribuer à la nature du sol ce qui revient au degré d'hygrométrie est fréquente et se reporte durablement dans les documents. Ce n'est pas l'informatique qui a inventé le "copier-coller". Elle n'a fait que le banaliser. 

coval95

Citation de: marray le Novembre 16, 2016, 12:08:44
Tu le savais sûrement ! "COrdination de la Recherche en INformation de l'Environnement" ce qui explique la perte d'un de tes "n" que les Corinnidae avaient su conserver...
Euh, je ne crois pas avoir le plaisir de connaître cette CORINE...

Citation de: marray le Novembre 16, 2016, 12:08:44
Pas de chance, ma pauvre Corinne. La famille existe toujours mais n'apparaît plus en Europe faute de représentants. Ils ont tous été ventilés entre les Trachelidae et les Phrurolithidae...jusqu'à la prochaine révision... ;)
Je vais me sentir seule alors.  ;)

Citation de: marray le Novembre 16, 2016, 12:08:44
T'as tout compris. Cette interprétation qui consiste à attribuer à la nature du sol ce qui revient au degré d'hygrométrie est fréquente et se reporte durablement dans les documents. Ce n'est pas l'informatique qui a inventé le "copier-coller". Elle n'a fait que le banaliser. 
Il faut quand même préciser qu'il était question (dans le Bellmann) de pelouses calcicoles exposées au sud. Et dans le Val d'Oise (pour prendre un exemple que je connais un peu), les pelouses calcicoles (bien exposées) abritent des espèces quasiment méditerranéennes, je n'ai pas connaissance que ce soit possible dans d'autres milieux. Donc même si ce n'est pas synonyme, il n'est pas étonnant qu'un certain amalgame soit fait entre pelouse calcicole et milieu chaud et sec.

Mais j'ai lu il y a quelques années que sur les falaises calcaires de la vallée de la Seine, selon l'exposition, on peut voir à quelques kilomètres de distance, certaines plantes qui poussent près du pôle Nord et d'autres qui poussent en région méditerranéenne !