pourcentage sur édition d'un livre

Démarré par junochen, Novembre 15, 2008, 12:56:25

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junochen

Bonjour,
J'ai un projet de livre et ai trouvé un éditeur intéressé, en Suisse.
Il s'agit d'un ouvrage de photographies avec de courts textes de présentation.
Auriez-vous des indications sur la rémunération accordée au photographe ?
Le tirage initial serait d'env. 5'000 ex., env. 60 images.
Merci !

junochen


Zouave15

En France, ça va de 4 à 8 % du prix public HT pour un ouvrage type art, jusqu'à 10-12 % si ouvrage local à fort potentiel ou si tu es « bankable ». Ça dépend aussi de qui fait les textes. Et les pourcentages ont tendance à baisser chaque année.

Mais à vérifier que la législation sur le contrat d'édition est la même, ce qui est loin d'être évident.

Attention aux clauses de préférence : il est ABSOLUMENT impossible d'en sortir sauf improbable accord.

Note : un éditeur qui semble cool sur le taux des droits d'auteur est :
• soit riche
• soit ne compte faire aucune promotion
• soit est un arnaqueur

Pour comprendre, il faut multiplier tes droits par 3 pour savoir quel part de la marge de l'éditeur ça représente. Donc, quand un éditeur te discute 2 %, ça te paraît peu mais pour lui c'est 6 % de sa marge

junochen

Merci ! Au fait, qu'est-ce qu'une clause de préférence ?

Zouave15

Toutes les infos sont ici, à vraiment prendre au sérieux : Le droit de préférence

Autre chose également est la durée contrat. Les clauses sont en général prévues pour qu'on ne puisse jamais en sortir. Essaye de négocier une durée, 5 ans ou un peu plus (surtout pas un nombre d'exemplaires)

Anne-Laure

Pour les données de pourcentage qu'a donné Zouave, ça me semble à peu près dans cette fourchette en effet.
Si tu écris les textes également, tu es l'auteur du livre à 100%, dont tu dois pouvoir toucher entre 6 et 10 % de droits d'auteurs je pense.
Si quelqu'un d'autre écrit les textes, il faut considérer quelle est la part de travail de chacun. Si l'éditeur a prévu 8% de droits par exemple, il peut faire une répartition 6% pour toi et 2% pour l'auteur des textes s'ils sont courts et peu nombreux ...

Pense aussi à négocier une avance sur droits.
C'est à dire que tu peux demander à toucher une partie des droits d'auteur avant que le livre sorte.
Par ex (je ne sais pas si c'est utile ou si j'enfonce des portes ouvertes), admettons que tu touches 8% sur un livre destiné à être vendu 40€ HT (attention, généralement le pourcentage ne se calcule pas sur le prix de vente TTC). Tu touches donc 3,20€ par livre vendu.
Tu peux demander à toucher une avance sur droits, par exemple sur les 1000 premiers exemplaires vendus, soit 3200€.
Ensuite quand les ventes commenceront, tu ne toucheras rien sur les premiers exemplaires, puis quand ils vendront le 1001ème livre ils recommenceront à comptabiliser tes droits.

Voilà voilà ... pas toujours évident à comprendre je trouve, j'espère que ces quelques infos pourront t'aider.  :) 

jm_gw

Citation de: junochen le Novembre 15, 2008, 12:56:25
Bonjour,
J'ai un projet de livre et ai trouvé un éditeur intéressé, en Suisse.
Il s'agit d'un ouvrage de photographies avec de courts textes de présentation.
Auriez-vous des indications sur la rémunération accordée au photographe ?
Le tirage initial serait d'env. 5'000 ex., env. 60 images.
Merci !


env 10% à se 'partager' entre textes & photos

contre .... 30% ou plus pour le libraire

et attention : durée de vie d' un livre bientôt courte qu' une DLC de yaourt ...

junochen

Tout d'abord, un grand merci pour vos réponses.
"Mon" éditeur semble très enthousiaste, ça ne me rassure pas... Non, je plaisante, mais nous devons effectivement parler sous la prochaine fois.
Je ne connaissais pas du tout ces clauses, merci pour le site de Luigi Castelli, très intéressant. Je suppose que je peux transposer ces informations pour la Suisse, dumoins en partie. Je ne suis pas prêt en effet à ne pas étudier un autre livre après. D'un autre côté, bien entendu, si tout se passe bien il n'y a pas non plus de raisons de changer d'éditeur.
Pour les % je m'attendais plutôt à env. 10% pour le photographe. C'est vrai qu'il reste peu par rapport au boulot réalisé, qui m'a coûté pas mal en termes de trajets / hébergement, matériel et temps (mais ça c'est autre chose que je ne compte heureusement pas...). J'aurais aimé rentabiliser un peu, au moins pour les images à faire encore (achat quasi obligé d'une caravane ou autre, marre de dormir dans la voiture, surtout à l'approche de l'hiver!).
Merci encore !

Zouave15

Citation de: junochen le Novembre 17, 2008, 19:44:19
Tout d'abord, un grand merci pour vos réponses.
"Mon" éditeur semble très enthousiaste, ça ne me rassure pas... Non, je plaisante, mais nous devons effectivement parler sous la prochaine fois.
Je ne connaissais pas du tout ces clauses, merci pour le site de Luigi Castelli, très intéressant. Je suppose que je peux transposer ces informations pour la Suisse, dumoins en partie. Je ne suis pas prêt en effet à ne pas étudier un autre livre après. D'un autre côté, bien entendu, si tout se passe bien il n'y a pas non plus de raisons de changer d'éditeur.
Pour les % je m'attendais plutôt à env. 10% pour le photographe. C'est vrai qu'il reste peu par rapport au boulot réalisé, qui m'a coûté pas mal en termes de trajets / hébergement, matériel et temps (mais ça c'est autre chose que je ne compte heureusement pas...). J'aurais aimé rentabiliser un peu, au moins pour les images à faire encore (achat quasi obligé d'une caravane ou autre, marre de dormir dans la voiture, surtout à l'approche de l'hiver!).
Merci encore !

Les articles des éditions, c'est moi qui les ai écrits en fait. Disons que je connais assez bien le sujet. Je suis loin d'être sûr que les contrats suisses sont les mêmes. J'avais failli signer avec un éditeur suisse, et le contrat était bien plus court que les contrats français, ce que je n'ai pas trouvé spécialement rassurant (mais ce n'est pas pour ça que je n'ai pas donné suite).

Pour qu'un auteur gagne de l'argent, il faut un succès terrible. Avant de payer ses frais d'essence (principal poste du photographe de nature)...

On gagne souvent davantage avec les à-côtés : livres gratos qu'on vend soi-même (illégal mais si on compte le faire, négocier à la hausse le nombre d'exemplaires gratuits), livres achetés à 40% qu'on revend (légal si hors-circuit commercial et si Urssaf), les tirages qu'on vend sur des salons (suppose qu'on cotise Urssaf si on veut dépasser 30 exemplaires, ce qui s'atteint vite sur une photo qui se trouve également dans le livre).

Sinon, pour les pourcentages, comme je sais que les auteurs ne comprennent pas en général, voici les chiffres habituels de l'édition :
30-40 % remise libraire
12-15 % commission diffuseur
12-15 % commission distributeur
10-15 % marge brute éditeur
10-20 % coût imprimeur
4-16 % droits d'auteur

Ce qui est incompressible, c'est le coût de mise en librairie (3 premiers postes). Donc, pour arriver à 100 %, il faut jongler avec le reste.

Actuellement, c'est en gros 65 % pour la mise en librairie (distributeur + diffuseur + libraire) MAIS les retours sont facturés par le diffuseur (15 % en général), ce qui peut coûter très cher.

La marge brute de l'éditeur est de 35 %, dont se déduisent l'impression et les droits d'auteur. Il faut que l'ensemble auteur-imprimeur ne dépasse pas 20 % du prix HT du livre. C'est pour ça que les % en édition photo (plus cher à imprimer) sont inférieurs, sauf exception.

Il ne faut pas se leurrer : toutes les ventes ne sont pas déclarées à l'auteur, surtout chez les éditeurs qui ne discutent pas trop le pourcentage. Je me fonde sur des expériences diverses, et sur une réalité : une journaliste a fait une enquête. Résultat : un écart de 40 % entre les chiffres déclarés par les libraires et ceux déclarés par les éditeurs. Et sur une autre réalité également : il est strictement impossible de contrôler le nombre d'exemplaires vendus, même en obtenant une analyse de la compta (prévue dans le CPI mais jamais ordonnée).

En conclusion, y croire est important. Ensuite, préférer un éditeur apparemment rigide car pour lui, 1% d''écart sur les droits d'auteurs, c'est énorme. S'il est coulant, soit il a été auteur (ça arrive souvent), soit il est incompétent ou il « s'arrange ».

Zouave15

Ah j'oubliais : le système ne tient que parce qu'il y de la vente directe, et c'est vrai même pour de grands éditeurs. Méfiance avec ceux qui n'en font pas, sauf si ce sont des éditeurs régionaux. Au fait : régional n'est pas un jugement négatif de ma part, bien au contraire : là sont les meilleures ventes.

junochen

CitationLes articles des éditions, c'est moi qui les ai écrits en fait. Disons que je connais assez bien le sujet.

J'avais bien compris... site très utile pour mes questions du moment ! Les marges du libraire, je connais, c'est l'un de mes gagne-pains. En fait, il faudrait que je réfléchisse aussi à l'auto-édition. Bien sûr, ce n'est pas simple non plus (notamment financièrement) et la plupart des auteurs qui s'auto-éditent ont peut-être étés rejetés par les éditeurs, souvent avec raison (c'est un peu méchant, mais je l'ai constaté à plusieurs reprises...). Le rôle de ceux-ci est important, notamment comme garde-fou. En effet, l'auteur est parfois trop content de son propre travail, mais ne le voit pas avec le recul nécessaire. C'est un piège... l'éditeur remet en principe tout cela en place.

Anne-Laure

On peut prendre ça comme ça, comme un gage de qualité, mais je crois qu'ils'agit surtout de marketting !

L'éditeur ne publie pas un livre parce qu'il trouve ça bien mais parce qu'il pense que cela peut se vendre ! (parfois ça va de pair...! ;D)
En conclusion les livres autoédités peuvent être de mauvaise qualité, c'est vrai, mais peuvent aussi émaner de personnes qui n'osent pas proposer leur travail aux éditeurs, ou qui font un travail de qualité mais pas vendeur pour le pékin lambda ... un ouvrage qui ne convient qu'à quelques uns, donc pas assez vendeur pour l'éditeur. 

GLaG

 Le résumé de Zouave est évidemment très bien fait..
Je rajouterai, ayant pratiqué à la fois l'auto-édition et l'édition (un livre chez Luigi Castelli d'ailleurs, et un qui sort tout bientôt chez un autre éditeur) que le sujet est réellement à étudier, et que les paramètres sont nombreux pour choisir..
Un livre refusé par un éditeur peut très bien marcher (c'était le cas de mon premier ouvrage) mais le risque est là (et pour un livre qui ne se vend pas l'auteur peut perdre quelques milliers d'euros...alors que chez un éditeur il aurait quand même tranquillement touché une avance non remboursable). Et dans le calcul de rentabilité il faut voir ce que l'on compte : la marge brute de 10-15% comprend entre autre le travail d'édition, la maquette, les discussions avec les intermédiaires (imprimeur, diffuseur, libraires...entre autres), et il est normalement plus efficace qu'un auteur débutant pour cela. Ramené en nombre d'heures de travail, on voit vite que la marge chute : si c'est un plaisir de faire le travail seul de A à Z, tant mieux. Sinon...
La diffusion est un gros souci aussi : un livre régional est relativement facile à diffuser, un livre sur un sujet moins local, c'est tout autre chose. Il est bien plus facile de placer "artisanalement" 30 livres dans les 30 librairies de la région concernée que 2 ou 3 chez l'ensemble des libraires de France...

Concernant le résultat, je dirai que les livres d'auteurs sont souvent imparfaits (on ne s'improvise pas éditeur, maquettiste, technicien des couleurs, ...) mais aussi plus originaux, et c'est sur cet aspect qu'ils peuvent trouver leur public : "ah, c'est des images qu'on n'a pas l'habitude de voir". Un éditeur (surtout pour un livre photo, cher à réaliser) n'a pas forcément envie de prendre des risques avec un point de vue original de la part d'un auteur inconnu...
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