Pourquoi utiliser des filtres à la prise de vue ?

Démarré par Vazen, Décembre 05, 2017, 09:15:35

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Vazen

Bonjour, certains, particulièrement en photo de paysage, utilisent des filtres à la prise de vue.
Est-ce vraiment utile aujourd'hui, compte tenu de tout de ce qu'on peut faire en post traitement en RAW ?

cali31

Citation de: Vazen le Décembre 05, 2017, 09:15:35
Bonjour, certains, particulièrement en photo de paysage, utilisent des filtres à la prise de vue.
Est-ce vraiment utile aujourd'hui, compte tenu de tout de ce qu'on peut faire en post traitement en RAW ?

Si tu arrive à reproduire l'effet d'un filtre polarisant, en post traitement, c'est que tu es très, très fort....  ;) ;)

Pour les poses longues, c'est sans doute possible en post traitement, mais bonjour le bordel, alors que c'est si simple à faire sur le terrain avec un filtre...

Après effectivement, pour les filtres dégradés, la question se pose, surtout que bien fait, un assemblage de plusieurs vu peut être très naturel...  :)

Vazen

Je ne parlais pas des poses longues, évidemment.

egtegt²

Pour les filtres dégradés, je suis un peu partagé.  Dans la plupart des cas, un bon PT permet effectivement de faire la même chose. Je n'en utilise pas, mais il y a des cas où la dynamique est vraiment forte et où ça serait bien d'en avoir un. Et l'assemblage de plusieurs vues ne répond pas à tous les problèmes.  C'est problématique quand il y a du mouvement, ça se voit en général un peu, et ça prend plus de temps que de visser un filtre.

Il n'y a guère que le polarisant qu'on ne peut vraiment pas remplacer par du PT. Et les filtres ND effectivement.

Tonton-Bruno

Citation de: Vazen le Décembre 05, 2017, 09:48:55
Je ne parlais pas des poses longues, évidemment.
Pourtant, c'est surtout pour des poses longues que les paysagistes utilisent des filtres.

Les filtres ND400 et ND1000 servent justement à obtenir des poses longues en plein jour.

Les filtres dégradés neutres s'utilisent généralement sur des paysages nécessitant des poses assez longues pour le bas de l'image, et c'est pour ça qu'il faut recourir à un filtre dégradé neutre pour que le ciel ne soit pas cramé.
De l'avis de ceux qui pratiquent (je n'en fais pas partie), le résultat est meilleur et plus convaincant que l'assemblage de 2 vues à des temps de pose différents.

Il y a aussi le cas des filtres polarisants, qui permettent de contrôler les reflets à la surface de l'eau, et qui n'ont pas d'équivalent pour cet usage en post-traitement.

psbez

En photo de paysage, les dix (10) combinaisons possibles des deux dégradés gris et des deux dégradés bleus des filtres Cokin permettent de gérer et de résoudre, intelligemment et facilement, A LA PRISE DE VUE, les différentes situations.. Certains autres filtres comme les dégradés tabac, rose, ou Fogs ( brume ) peuvent améliorer, sans forcément modifier, le rendu que l'on veut donner à un paysage... L'usage de ces filtres est beaucoup plus simple, rapide et contrôlable que ceux des logiciels photo très aléatoires et longs à mettre en oeuvre en POST TRAITEMENT

cali31

Pour les poses longues, il est possible avec de multiples courtes expositions assemblées de reproduire l'effet de pose longue. Je n'ai jamais testé, car c'est vraiment se compliquer la vie, mais c'est je pense la même techniques que les filés d'étoiles en multi-exposition (ce qui permet d'éviter la chauffe du capteur)

Un peu de lecture sur le sujet.... http://seblamadon.blogspot.fr/2011/03/le-file-detoiles.html

En paysage, aujourd'hui, je pense que l'on peut obtenir des résultats très convaincant et très naturel avec des multi-expositions... Et pourtant j'ai longtemps était un grand défenseurs des filtres dégradés... J'aime toujours les utiliser car cela demande moins de boulot en post-traitement, mais aujourd'hui je n'hésite pas à faire de la multi-exposition lorsque je pense que cela sera meilleur qu'avec un dégradé... Le tout est de savoir bien placer les curseurs en post-traitement. Les filtres dégradés, ne sont pas non plus à l'abri des effets caricaturaux. Il suffit de se balader sur le net pour voir nombre de ciel "ultra sombres", presque noir à cause d'un empilement excessif de dégradés...  

Voici un exemple où j'ai utilisé la "multi-exposition"...


Et un autre où j'ai utilisé un dégradé...

pichta84

Bon, en résumé, il y a quelques filtres indispensables parce que l'effet n'est pas reproductible avec le post traitement :
- Le polarisant qui élimine certains reflets ou une partie de la lumière déjà polarisée.
- Le gris neutre qui permet d'allonger le temps de pose. Il existe des filtre à intensité variable.
- Le filtre de bokeh qui donne aux points flous une forme autre que celle obtenue par la forme du diaphragme (cœur, étoile, papillon...).

Les baroudeurs peuvent aussi ajouter un filtre protecteur, pour éviter de pourrir la lentille frontale de l'objectif.

emvri85

Un problème très fréquent en photos de paysage, c'est la restitution correcte de la dynamique de la scène photographiée.
En contre-jour ou en lumière déclinante (début/ fin de journée), bien souvent cette dynamique, c'est à dire l'écart de luminosité entre zones les plus claires (le ciel) et les zones les plus sombres (le premier-plan) excède la dynamique du capteur (et cela même avec des capteurs de dernière génération). L'appareil photo ne voit pas comme l'œil humain qui est capable de discerner du détail à la fois dans les zones très sombres et très claires.

Pour y remédier, 3 grandes solutions qui peuvent éventuellement se combiner dans les cas difficiles :

- faire une seule vue et jouer en post-traitement avec les curseurs de récupération des hautes et basses lumières, de manière globale ou locale.
Cette technique ne peut se faire que dans une certaine limite, si la dynamique de la scène n'est pas trop élevée.
Dans tous les cas, à la prise de vue, il est primordial de ne pas cramer de manière irrémédiable les hautes lumières (se servir des alertes de surexposition sur l'écran arrière ou de l'histogramme, et corriger l'exposition au besoin).

- faire plusieurs vues en faisant varier l'exposition (bracketing d'exposition), puis les assembler en post-traitement (HDR, fusion d'exposition de Photoshop ou Lightroom...) comme l'explique Stéphane (Cali)
Inconvénients: pas de maitrise du résultat final à la prise de vue, nécessité du trépied, nécessité de maitriser ces techniques de post-traitement

- utiliser un filtre GND (dégradé gris neutre) à la prise de vue. On place la partie sombre du filtre sur le ciel, ce qui permet de réduire la dynamique de la scène et d'exposer correctement la photo en une seule prise de vue.
L'avantage de cette technique, c'est qu'elle permet d'obtenir un résultat immédiat et un post-traitement réduit au minimum.
Inconvénient : il faut une ligne de démarcation relativement linéaire (problème très relatif en fait, dans ma pratique il est exceptionnel que je ne trouve pas de solution pour filtrer, la très belle photo de l'arche de Cali étant le contre-exemple parfait).

Donc pour répondre à ta question, les filtres dégradés sont très utiles si l'on veut obtenir un résultat immédiat et simplifier le post-traitement, si l'on ne maitrise pas les techniques de fusion d'exposition (ce qui est mon cas !)... et si l'on aime les ciels expressifs.
Dans tous les cas, je suis d'accord avec Cali, quelle que soit la technique utilisée, le résultat n'est pas forcément heureux si elle n'est pas maitrisée.
J'ai aussi tendance à penser que la multi-exposition ne devrait être employée qu'en dernier recours.

Un exemple typique d'utilisation au coucher du soleil, avec une scène très facile à filtrer et un post-traitement extrêmement simple (ici avec un 0.75 hard) :


Quant aux autres filtres :
Le polarisant est très intéressant en photo de paysage pour atténuer ou supprimer les reflets (sur l'eau, la végétation...), et aussi redonner du peps en boostant certaines tonalités chaudes.
En revanche, il ne devrait pas être utilisé pour assombrir un ciel (cela devrait être plutôt considéré comme un effet indésirable).
Son effet ne peut être simulé en post-traitement.
C'est par conséquent un filtre utile, mais attention à l'effet inégal de polarisation qui est encore plus visible en UGA/ GA, à 90° par rapport au soleil, par forte luminosité et avec un ciel sans nuages.
On l'utilisera donc avec discernement : on l'évitera lorsque toutes ces conditions sont réunies, et avec beaucoup de précaution dans toutes les situations intermédiaires.

Le filtre ND (gris neutre) sert à rallonger le temps de pose et obtenir des effets de pose longue.
L'effet ne peut être obtenu en post-traitement, sauf à utiliser des techniques d'assemblage de vues plus courtes. Je n'ai jamais essayé, mais il me semble que le résultat doit être assez aléatoire.
Il est utile si l'on est adepte de ce genre d'images épurées, mais assez irréelles. Personnellement je ne m'en sers quasiment plus, je préfère les compositions plus dynamiques.

Un exemple d'association de dégradé + pola sur cette image faite au coucher du soleil :
- sans filtre, en exposant pour le premier-plan, le ciel est bien inintéressant (il faut vraiment beaucoup tirer sur les curseurs pour obtenir un résultat guère convaincant) :

emvri85

- j'ajoute donc un filtre dégradé (un 0.9 soft) pour réduire les écarts de dynamique et retrouver de la "matière" dans le ciel, ainsi qu'un polarisant pour supprimer un peu de reflet sur l'eau et faire ressortir des tonalités chaudes, l'image est quasiment faite dès la prise de vue :

Nikojorj

#10
Citation de: emvri85 le Décembre 05, 2017, 14:15:20
En contre-jour ou en lumière déclinante (début/ fin de journée), bien souvent cette dynamique, c'est à dire l'écart de luminosité entre zones les plus claires (le ciel) et les zones les plus sombres (le premier-plan) excède la dynamique du capteur (et cela même avec des capteurs de dernière génération). L'appareil photo ne voit pas comme l'œil humain qui est capable de discerner du détail à la fois dans les zones très sombres et très claires.
Pas vraiment d'accord, je tapais souvent dans les limites de la dynamique avec mon vieux 300D, mais récemment avec un E-PL5 (µ4/3 16MP avant-dernière génération) ça m'arrive beaucoup plus rarement.
Et j'aurais tendance à dire que c'est surtout le jpeg boitier qui ne voit pas comme l'oeil... dans le raw il y a la plupart des informations qu'on peut voir à l'œil nu.

CitationDans tous les cas, à la prise de vue, il est primordial de ne pas cramer de manière irrémédiable les hautes lumières (se servir des alertes de surexposition sur l'écran arrière ou de l'histogramme, et corriger l'exposition au besoin).
Ca oui toutafé!

Citation- faire plusieurs vues en faisant varier l'exposition (bracketing d'exposition), puis les assembler en post-traitement (HDR, fusion d'exposition de Photoshop ou Lightroom...) comme l'explique Stéphane (Cali)
Inconvénients: pas de maitrise du résultat final à la prise de vue, nécessité du trépied, nécessité de maitriser ces techniques de post-traitement
J'y ai de temps en temps recours, mais dans la plupart des cas le résultat est indiscernable du traitement d'une seule vue bien exposée (comme dit plus haut).
En pratique, avec LR ou PS et un mode de bracketing rapide (ie qui utilise le mode rafale, la plupart des appareils l'ont je pense), on peut rester à main levée, le logiciel se débrouille bien pour aligner les vues et on ne perd qu'un pouillème de cadrage.
Pour LR ou PS, le mieux est de ne faire que qq images mais avec un gros écart d'exposition (plusieurs diaphs pour que ce soit rentable).

Citation- utiliser un filtre GND (dégradé gris neutre) à la prise de vue. On place la partie sombre du filtre sur le ciel, ce qui permet de réduire la dynamique de la scène et d'exposer correctement la photo en une seule prise de vue.
L'avantage de cette technique, c'est qu'elle permet d'obtenir un résultat immédiat et un post-traitement réduit au minimum.
Inconvénient : il faut une ligne de démarcation relativement linéaire (problème très relatif en fait, dans ma pratique il est exceptionnel que je ne trouve pas de solution pour filtrer, la très belle photo de l'arche de Cali étant le contre-exemple parfait).
Je n'ai jamais été convaincu... corollaire : c'est une technique que je ne maîtrise pas.
Le gros défaut que j'y vois, c'est que quand on en a vraiment besoin parce que les ombres d'une prise de vue unique sont trop bruitées, il faut alors baisser les HL de plusieurs diaphs... et ça, avec un simple dégradé, on se retrouve vite avec des résultats un peu caricaturaux, genre ciel tout sombre et effet de transition bien visible.
Au traitement, on utilise aussi souvent des coups de pinceau, ou filtres ronds (filtre radial de LR) que des dégradés linéaires.
Et quand l'horizon n'est pas droit, par exemple avec une montagne... le dégradé linéaire est encore plus difficile à utiliser.
Enfin, bien faire sur le terrain, avec juste l'écran arrière de l'appareil photo numérique qui n'est pas calibré pour deux sous, ça me semble vraiment difficile.

Un polarisant par contre ça ne se remplace pas, et ton exemple ci-dessus l'illustre bien, surtout pour extraire les nuages du ciel!
Le rôle du dégradé y est suffisamment léger et bien maîtrise pour ne pas produire d'incohérence entre le ciel et son reflet.

ChatOuille

Tout a été dit, mais je vais ajouter de ne pas oublier l'utilité de la fonction DLA lorsque la dynamique de la scène dépasse légèrement celle du capteur. Ce n'est pas une panacée, mais cela peut aider un peu et c'est tellement facile à utiliser sans devoir fouiner dans la boîte à filtres.

Nikojorj

Citation de: ChatOuille le Décembre 05, 2017, 17:45:17
ne pas oublier l'utilité de la fonction DLA lorsque la dynamique de la scène dépasse légèrement celle du capteur.
Objection, Votre Honneur :  le DLA (nikon) ou autre priorité HL (canon), ce n'est jamais qu'une bidouille sur l'exposition avec un traitement du jpeg légèrement différent, ça ne sert à rien si la dynamique du capteur est dépassée (ce dont on se rend compte en tirant fort sur le raw, pas autrement), et c'est en général nettement moins puissant côté dynamique qu'un raw exposé pour les hautes lumières qu'on traite aux petits oignons.

Tonton-Bruno

Citation de: Nikojorj le Décembre 05, 2017, 18:04:24
Objection, Votre Honneur :  le DLA (nikon) ou autre priorité HL (canon), ce n'est jamais qu'une bidouille sur l'exposition avec un traitement du jpeg légèrement différent, ça ne sert à rien si la dynamique du capteur est dépassée (ce dont on se rend compte en tirant fort sur le raw, pas autrement), et c'est en général nettement moins puissant côté dynamique qu'un raw exposé pour les hautes lumières qu'on traite aux petits oignons.
Même avis.
Cela sert à obtenir une image au dos de l'écran plus proche de ce qu'on fera au développement, mais ça ne peut en aucun cas remplacer le moindre filtre.

ChatOuille

Mais je sais tout ça, les amis. Je suis bien d'accord que ce n'est qu'une petite bidouille qu'en aucun cas peut remplacer un filtre. C'est pour ça que j'ai mis un bémol en disant que cette fonction n'aidait qu'un petit peu. Mais en tenant compte que les capteurs actuels encaissent pas mal, c'est une petite aide, très simple qu'il ne faut pas négliger. En cas de ciel très clair, cette fonction peut exposer à –1IL, ce qui peut éviter un ciel cramé. Evidemment on peut aussi corriger manuellement à la prise de vue.

Jean-Claude

Pour les nouveaux capteurs monochrome Leica Phase One Hasselblad l'ensemble des filtres colorés et l'IR sont indispensables 😁

Jean-Claude

D'autres filtres indispensables à la prise de vue sont les gels correcteurs de TC entre éclairages artif et naturel.

Je sais qje Capture One dispose d'outils bien adaptés pour cette correction, mais ce n'est pas toujours très propre, tellement plus facile àlea prise de vue, les gels

*Arnaud*

#17
Pour a part j'utilise les filtres dégradés parce que j'en ai l'habitude depuis une dizaine d'années, avec l'habitude cela ne prends pas trop de temps à installer, et à régler. J'utilise également un filtre contre la pollution nocturne parce que ça m'évite des post traitements que je ne maîtrise pas :)

Les filtres c'est aussi une manière de prendre son temps en faisant des photos, on est obligé de mieux choisir les images à faire, perso je me balade rarement longtemps avec le porte filtre de 150 accroché à l'appareil, et je le range quasiment à chaque fois.

Je fais également beaucoup de panoramiques, et c'est plus simple à gérer avec les filtres dégradés.

J'utilise aussi les filtres car j'aime en faire le plus possible à la prise de vue et je trove que c'est sympa à manipuler, sauf quand il gèle un peu trop...

Je m'essaie aussi désormais à quelques blending, et les résultats se valent.


Jean-Claude

Le grand froid ne présente plus de problème depuis qu'existe le porte filtre de "Wine country camera" (WCC)
J'ai passé mes filtres NISI dans le système WCC et depuis c'est une autre vie:
Filtres en verre protégés
Filtres qui coulissent sans effort et sans contrainte
un pola d'enfer
Manipulations avec des gants et surfaces de contact en résine ou bois
étanchéité totale à la lumière y compris sur la tranche du verre.
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