Orchidées et autres fleurs en Aveyron 2019

Démarré par Caloux, Juin 22, 2019, 18:14:02

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Caloux

Bonjour à tous !
J'avais ouvert un fil l'an passé sur le même sujet. Toutes les vues que je présenterai ici seront nouvelles sauf exception : suite au crash de l'an passé sur le forum, toutes les vues du premier fil ont disparu et je pourrai y recourir si cela a du sens au niveau des explications.

L'Aveyron (ancien Rouergue), comme beaucoup de départements du sud de la France est une terre riche en orchidées. Le calcaire affleure dans les grands Causses (environs de Millau), dépôt issu d'une ancienne mer (entre - 200 M et - 145 M d'années). Une majorité d'orchidées préfère les terrains calcaires (sédimentaires), plutôt secs, mais les exceptions sont nombreuses car des orchidées s'adaptent et peuvent pousser sur des formations plus anciennes, basaltiques ou granitiques (et roches métamorphiques anciennes). Les Ophrys préfèrent les terrains secs alors que certaines orchidées particulièrement adaptatives (Dactylorhiza) vivent pour quelques unes les racines dans l'eau. 
La terre est parfois pauvre car la couche fertile mince mais pour ceux qui ont traversé récemment le Larzac, de nombreux champs cultivés sont apparus en place de prairies à moutons. L'image du berger caussenard élevant chèvres et moutons laisse parfois la place à un corps de ferme où stationnent tracteurs et moissonneuses  :(  Il peut s'agir d'anciens champs abandonnés lors de la déprise agricole des siècles derniers et un temps recolonisés par la forêt ou de champs plus récents patiemment débarrassés des pierres calcaires.   

La région présente des paysages variés : plaine des Causses, vallées plus ombrées et encaissées. L'altitude et l'ensoleillement varient donc fortement ce qui permet à une même espèce d'orchidée d'être présente d'Avril à mi Juin en différentes locations. Dans une région homogène en altitude, l'amplitude de floraison d'une espèce d'orchidée est souvent d'un mois seulement. Tout chercheur d'orchidées sera donc plus enclin à visiter ce type de région ou département car qu'elle que soit la période de visite choisie, il sera certain d'y rencontrer un maximum d'espèces à différents stades de floraison.
L'autre intérêt d'une région riche en espèces réside dans les hybridations possibles : plus il y a d'espèces, plus ces possibilités sont nombreuses, ce qui accroît les découvertes originales. Cette faculté pour l'hybridation bien que commune à d'autres plantes à fleurs (tulipes, roses etc...) est particulièrement développée chez les orchidées. Ce peut être lié à la "jeunesse" des ces plantes : entre 60 et 80 M d'années (les premières plantes à fleurs ont largement plus de 100 M d'années) ou être génétique. Une aptitude qui a permis de recenser environ 1000 genres et 20 000 espèces différentes d'orchidées ! Tous les continents (sauf l'antarctique) ont des orchidées sur leur sol même si certaines régions tropicales en sont parfois dépourvues : le paradoxe d'Hawaï où sont cultivées nombres d'orchidées exotiques en raison d'un climat favorable mais qui n'héberge que 3 espèces indigènes !     
Amitiés. Pascal

Caloux

#1
Après cette longue introduction, passons au sujet principal, l'objectif étant de présenter des photos !  :)
Pardonnez moi cependant certains travers ou écueils : je soigne au maximum mes prises de vues privilégiant pour certaines l'esthétisme au descriptif mais parfois, si la fleur est exceptionnelle, la vue pourra être imparfaite. En effet, lorsque j'ai le choix et le temps, je sélectionne soigneusement le sujet parmi plusieurs candidates mais lorsqu'il s'agit d'hybrides, le choix est alors limité au seul individu présent. Selon le milieu, le fond végétal, l'éclairage, l'orientation de la fleur, le résultat sera parfois perfectible.

Une orchidée commune dans le sud de la France mais qui peut varier légèrement en forme et beaucoup en coloration 
1 Ophrys scolopax  Ophrys bécasse

La fleur plus bas est moins colorée mais probablement plus fraichement éclose. Néanmoins, on ne se pose pas de question, ce sont bien les mêmes fleurs.
Amitiés. Pascal

Caloux

#2
Mais que dire de ces deux fleurs poussant sur la même tige mais on ne peut plus dissemblables en dehors de la coloration.

Chez les orchidées comme chez toute autre plante à fleur, ces fleurs sont semblables normalement sur une même pied mais il se peut qu'une fleur diffère fortement chez les orchidées. Pour les orchidées hybrides, la même règle s'applique avec des fleurs hybrides semblables...ou pas.

2 Ophrys hybride dont un parent est l'Ophrys scolopax.
Amitiés. Pascal

Caloux

3 Ophrys scolopax 
La forme oblongue du labelle reste caractéristique de l'espèce, la coloration (dessins sur le labelle) varie mais c'est si fréquent chez les orchidées et spécialement les Ophrys qu'il ne faut pas s'en laisser distraire quand on est en phase d'identification.
Amitiés. Pascal

SPOTMATIK

Citation de: Caloux le Juin 22, 2019, 18:31:21
Selon le milieu, le fond végétal, l'éclairage, l'orientation de la fleur, le résultat sera parfois perfectible.
..... et aussi à cause des petites rafales de vent .... imprévisibles ......
je pressens un important "défilé" d'images agréables .....

ChrisC06

Voilà, un nouveau fil qui s'annonce agréable et instructif...  ;)
Je m'abonne !
Chris

Caloux

 ;)
Citation de: SPOTMATIK le Juin 22, 2019, 19:01:18
..... et aussi à cause des petites rafales de vent .... imprévisibles ......
je pressens un important "défilé" d'images agréables .....

Et oui, la PDC doit être gérée avec des compromis lorsqu'on a affaire à des fleurs de 1 cm de long mais presque toujours légèrement inclinées vers le ciel. Il faut photographier un "cube" de 1 cm de haut et de largeur sur 1 cm de profondeur. Impossible d'avoir tout net sans obtenir un fond des plus disgracieux.
Je travaille généralement en dessous de F.8 et le moindre souffle de vent me fait perdre la netteté sur le premier plan (le labelle) ou les sépales du fond. 

J'espère que ces vues vous seront agréables quand même. 

Une suite toujours avec l'Ophrys scolopax dans une coloration peu fréquente

4 Ophrys scolopax
Amitiés. Pascal

Caloux

Merci Chris et Spotmatik !

Une dernière pour ce jour de la même espèce, toujours en variation subtile de coloration.

5 Ophrys scolopax
Amitiés. Pascal

Caloux

Les Ophrys me font parfois penser à ces collections de vaches peintes par des artistes différents : la même forme mais une touche de personnalité propre à chaque individu.
Amitiés. Pascal

Caloux

Comme indiqué, ce fil n'est pas consacré entièrement aux orchidées, laissant la place à diverses rencontres. Plantes communes pour certains d'entre vous mais découvertes souvent pour moi.

Voici une graminée basse qui colonise les terres mises à nu, formant un tapis éphémère vers la fin du printemps. Sa présence est essentiellement méridionale.

6 Egilops ovale  Aegilops ovata
Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Caloux

8 Pimprenelle et Zygène de l'esparcette ou Zygène cendrée Zygaena rhadamanthus . Présence méridionale.
Amitiés. Pascal

Caloux

Voici un scarabée amateur d'orchidées. Oxythyrea funesta ou Cétoine grise peut bien consommer quelques fleurs de l'Orchis pyramidal, c'est une orchidée fort prolifique presque partout en France.

9
Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Un fil auquel je m'abandonne, sûr d'y trouver des informations intéressantes et de belles images. Petite préférence pour la 4 et la 7 dans cette première série.
Etre simple pour être vrai

urka

Je sens qu'on va encore en prendre plein la vue! Etonnantes et belles ces Ophrys scolopax!
Mais le reste n'est pas désagréable du tout!  ;)
André.

ChrisC06

Beaucoup de délicatesse dans cette série...  ;)
Je retiens 7 et 8... mais les autres ne sont pas loin !
Chris

Aubertin

Belles images de l'ophrys mais 8 et 10 sont belles aussi

Clic-Clac 51

C'est bien joli tout cela
Voila un fil qui nous promet, une fois de plus, d'être instructif et plaisant a suivre
Bravo Pascal
Denis ;)

Caloux

Bonsoir à tous !
Merci aussi aux "fidèles" Roland, Denis, Chris, Aubertin, André.

Un des objectifs de cette semaine en Aveyron etait la recherche de l'Ophrys de l'Aveyron. Quasi endémique du département et visible sur peu de stations, il peut être abondant certaines années tout en restant fragile et sous protection.
L'espèce est récente, entendez décrite récemment ! Parce que bien entendu, elle peut avoir plusieurs millions d'années ou pour le moins des centaines de milliers. On la rattache originalement à l'Ophrys sphegodes ou Ophrys araignée. Considérée comme une variation colorée de celle-ci ou comme un hybride peut être, elle n'a pas fait l'objet d'une description et diagnose latine avant semble t-il 1960 par le professeur Aymonin. Mais son nom et dépôt date de 1983 par JJ Woods. Il fallait se lancer et l'élever au rang d'espèce et l'inventeur n'est pas forcément celui qui la découvre ou publie sur le sujet en premier.
Les années 80 et 90 ont été parmi les plus prolifiques en terme de taxonomie, je citerai Ophrys massiliensis 1999, Ophrys provincialis 1988, Ophrys argensonensis 1998, Ophrys passionis 1994, Ophrys majellensis 1996, Ophrys occidentalis 2000, Ophrys panormita 1983, Ophrys splendida 1980 parmi les Ophrys de la section Aranifera. Les diagnoses ont beau être tout ce qu'il y a de plus descriptives et complétées par des éléments statistiques, on a affaire à des espèces très proches physiquement... mais séparées géographiquement. On peut s'insurger de cette débauche ou s'en amuser. Cela en tout cas fait vendre des guides assez mal illustrés d'ailleurs car il faut plusieurs vues pour valider une identification chez beaucoup d'espèces d'orchidées.
Les photos qui vont suivre de l'Ophrys aveyronensis comme celles présentées au début de ce fil de l'Ophrys scolopax sont assez démonstratives de la variabilité des Ophrys.
Amitiés. Pascal

Caloux

11  Ophrys de l'Aveyron  Ophrys aveyronensis

Il existe deux "spots" assez réputés et très fréquentés pour cette espèce mais je suis assez content de l'avoir aussi trouvé pour ma part l'an passé dans un lieu peut être déjà connu mais pas signalé. "Ma" station était l'année dernière modeste avec une dizaine de pieds et j'ai eu le plaisir d'en découvrir cette année une trentaine. Mais cela reste fragile car toutes les fleurs sauf une poussent exactement au même endroit sur une bande d'un mètre de large qui fait la limite entre un coteau calcaire pierreux et une petite prairie de fauche : que celle ci soit fauchée trop tôt plusieurs années de suite et adieu les Ophrys ! Je ne parle pas non plus de collectionneurs irresponsables et ignares : replanter une orchidée hors de son biotope est dans 99 % des cas voué à l'échec : impossible de reproduire son biotope, l'ensoleillement, d'avoir chez soi les insectes butineurs inféodés à l'espèce. Elle fera comme la quasi totalité des orchidées transplantées et au mieux fleurira très mal l'année suivante pour totalement disparaître au bout de 2 ans...

Amitiés. Pascal

Caloux

12 Ophrys de l'Aveyron  Ophrys aveyronensis

Cette orchidée comme la majorité des Ophrys préfère la lumière mais l'ombre lui sied bien aussi.
Amitiés. Pascal

Caloux

13 Ophrys de l'Aveyron  Ophrys aveyronensis

La forme du labelle est ronde, celui ci est de couleur caramel, bordé de poils. On dirait un cuir fauve.
Les sépales et pétales sont rose clair à foncé. Cette teinte "vieux rose" est celle que je préfère pour ma part.
Amitiés. Pascal

Caloux

Une variante d'éclairage, profitant du passage d'un nuage.

14
Amitiés. Pascal

Caloux

#24
15. Face visible et face cachée des labelles.

Cette vue illustre bien que les labelles en "bosse" des Ophrys ne sont que des pétales mis en forme de masque, soigneusement peints par des gnomes sur la face visible et dénués de pigmentation en dessous. Ces artistes comme tous artisans qu'ils sont ne reproduisent jamais le même dessin, peignant difficilement à la lumière blafarde de la lune, chacune de leurs œuvres reste unique. 
Amitiés. Pascal