"Sauvons la photographie" et mélange des genres

Démarré par Bobiet, Mars 27, 2009, 23:38:28

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Bobiet

Je suis un peu surpris par le manifeste "Sauvons la photographie" qui, à mon sens, ne pose pas les bonnes questions.

Nous sommes sur un marché d'offre et de demande : l'offre étant ce qu'elle est et des millions de photographes amateurs faisant d'aussi bonnes photos que les pros, que veut-on qu'ils fassent ?

- qu'ils les gardent pour eux, en leur interdisant de photographier ?

- qu'ils les vendent aux mêmes conditions que des pros, sans voir leurs frais, donc sans aucune raison de vendre aussi cher ?
Il est là le vrai malaise !
Il est aussi dans les microstocks, qui sont alimentés par des tonnes de photos venant des pays de l'Est.
Faut-il leur interdire de prospecter chez nous et fermer nos frontières ?

Faut-il mettre une taxe ou des quotas sur leur production, comme on en met sur les tee-shirts chinois ?
Les photographes, en cherchant des boucs émissaires faciles, ne posent pas les vraies données du problème, qui sont des barèmes obsolètes et le fait que la rémunération tient compte du tirage du mag et non pas de la qualité du reportage.
Si une loi tombe là dessus, elle aura pour seul résultat d'interdire l'accès de la profession aux amateurs. C'est ce que veulent les pros, à mots couverts. Protectionnisme n'a jamais été solution


adfar

Citation de: Bobiet le Mars 27, 2009, 23:38:28
Si une loi tombe là dessus, elle aura pour seul résultat d'interdire l'accès de la profession aux amateurs. C'est ce que veulent les pros, à mots couverts. Protectionnisme n'a jamais été solution
En même temps, la situation actuelle n'est pas normale : Moyennant l'achat d'un appareil photo, n'importe quel clampin devient photographe
alors que si on veut devenir coiffeur, il ne suffit pas d'acheter une paire de ciseaux : il faut une formation, un CAP, etc ! Je suis sidéré de voir des gens qui sont salariés d'une entreprise  et qui rentabilisent leur passion photo  en vendant leurs images  et en revendiquant les mêmes droits que des pros ! Imaginez un salarié qui, une fois fini son travail,  irait réaliser de la plomberie, de la peinture ou du placo chez d'autres moyennant finances  ...   ca s'appelle du travail noir!

Il y a des photographes qui sont dans cette situation, avec un bon job  rémunérateur, la sécu et tout le reste et qui font la photo en plus en gagne pain. Il y en a même qui font des photos pendant leur job  et qui les vendent perso en dehors des heures, d'où double escroquerie  :  J'EN AI VU PARMI LES SIGNATAIRES DE LA PETITION UPC !   Des gens qui ont un job de jour qui n'a rien à voir avec la photographie, et qui signent le manifeste des photographes parce qu'ils se sentent pros (mais sans aucune charge à ce titre) parce qu'une agence diffuse bien leurs images

Je ne suis pas certain que  ca subsiste si une loi passe.  regardez ce qui est arrivé aux photo modèles qui ne peuvent plus poser moyennant paiement, sans être déclarées comme salariés. !

Ecureuilbleu

#2
Je ne pense pas que ce soit le but de cette pétition (pour moi le problème vient plutôt des tarifs trop bas, donc des diffuseurs et non pas d'une catégorie d'auteurs, et ce seraient plutôt les diffuseurs qui seraient visés par la pétition. Comme vous dîtes, Bobiet, je pense que c'est plutôt un problème de barême). Mais effectivement ce serait bien que l'UPC précise sa position (je ne sais pas s'ils lisent ce forum), et peut-être, qu'ils publient une mise au point sur leur site.  En tout cas, merci d'avoir posé la question.  ;)

stougard

Citation de: adfar le Mars 27, 2009, 23:54:21
J'EN AI VU PARMI LES SIGNATAIRES DE LA PETITION UPC !   Des gens qui ont un job de jour qui n'a rien à voir avec la photographie, et qui signent le manifeste des photographes parce qu'ils se sentent pros

Ils peuvent aussi se sentir solidaires des photographes. Apres tout, si les bouchers charcutiers faisaient une petition contre les grandes surfaces, j'irais sans doute la signer ... je ne suis pas boucher charcutier pour autant (mais j'aime pas les grandes surfaces).

Ecureuilbleu

CitationIls peuvent aussi se sentir solidaires des photographes.

Là, je suis d'accord avec Stougard !  8)

stougard

Citation de: jackes68 le Mars 28, 2009, 02:14:57
ah enfin un disciple ;)

Alors mon jackouye, ca te fait quoi de voir quelqu'un qui ne reagit pas de facon epidermique mais en utilisant son cerveau ? ca doit te changer, non ?

Ecureuilbleu

Bon,les gars, ne sortez pas les gants de boxe,  s'il vous plaît, on discute bien gentiment ! Je vous ressers une bonne tisane ?

laurent.f

Citation de: stougard le Mars 28, 2009, 01:26:32
Ils peuvent aussi se sentir solidaires des photographes. Apres tout, si les bouchers charcutiers faisaient une petition contre les grandes surfaces, j'irais sans doute la signer ... je ne suis pas boucher charcutier pour autant (mais j'aime pas les grandes surfaces).
Mince je trouve également que Stougard a eu une bonne réflexion là ! ;D Mais il dit pas s'il se sent solidaire des photographes mais nous savons déjà de son boucher charcutier  :D

stougard

Citation de: laurent.f le Mars 28, 2009, 06:54:51
Mince je trouve également que Stougard a eu une bonne réflexion là ! ;D Mais il dit pas s'il se sent solidaire des photographes mais nous savons déjà de son boucher charcutier  :D

http://www.unices.org/blog/2009/03/26/sauvons-la-photographie-et-le-porte-monnaie-des-photographes/

Powerdoc

Citation de: Argos le Mars 28, 2009, 08:57:08
Pour continuer cette comparaison  absurde, quand les  grandes surfaces proposeront le kilo  de steak à un  euro et le foie gras  à  deux, je  ne signerai  pas la pétition des petits commerçants  en train de crever mais je m'en mettrai  plein l'estomac.

Effectivement confondre vente de biens de consommation et vente d'oeuvre de creation, est totalement stupide.

VincentM


sphma

La création a bon dos !

Peut-être que l'UPC aurait mins d'adhérents si tous ses membres devaient vraiment être des CREATEURS

Il faut arrêter d'insulter ce mot en mettant n'importe quoi dessus. Bon nombre de photos ne sont rien d'autre qu'une reproduction d'un endroit, justement sans aucune création. Appuyer un déclencheur c'est à la portée de tous.

Les photographes hurlent contre les microstocks, mais on n'y trouve que de la photo alimentaire. Leurs photos sont à l'art et à la création ce que les Nuggets de poulet sont à la gastronomie.

Un peu facile de se réfugier derrière le nom d'AUTEUR pour défendre ca.  Le problème c'est qu'aves les fameux barèmes les photographes ont tiré un fric fou de ces merdes, même quand ils les sortaient d'un vieux tiroir. Aujourd'hui, la poule aux oeufs d'or ne pond pus et ils veulent légiférer.  Ils n'avaient qu'à être un peu plus responsables quand il le fallait : ils ont fait leur malheur eux mêmes.

Je serais aussi curieux de savoir combien, parmi les plus virulents, ont un autre boulot bien pépère, et font la photo en +, au black, en exigeant un statut d'auteur!  L'exemple du coiffeur lu plus haut est excellent : tu achètes un reflex, tu deviens photographe auteur-créateur ... mais si t'achètes des ciseaux, tu n'as pas le droit de t'installer comme coiffeur.  Si des ETATS GENERAUX de la PHOTOGRAPHIE ont lieu, il faudra que ça aussi ce soit dit !

stougard


Henri34

Ce que je lis sur ce fil me ferait rigoler si ce n'était pas dramatique.

Juger la valeur commerciale d'une photo selon sa valeur esthétique est une des pires conneries que j'ai jamais entendu. C'est bobiet qui va faire partie du Conseil Superieur du Bon Goût Photographique ? ;D
Plus sérieusement, j'imagines très bien le service photo d'un magazine expliquant : Ecoutes Coco, tes photos, c''est vraiment de la daube, alors on les publie parce qu'on est gentil, mais on te donne des cacahuètes.
C'est vraiment du grand n'importe quoi. Si un mag, une agence de pub ou une entreprise utilisent une photo et pas une autre, c'est qu'ils en ont besoin, donc ils payent.
Et plus ils l'utilisent, c'est que plus elle leur rapporte, donc plus ils payent.

La rémunération proportionnelle est-elle remise en cause pour l'auteur d'un "roman à l'eau de rose" par rapport à celui d'un "grand auteur" : jamais ! Pourquoi donc ce critère de jugement s'appliquerait-il aux seules photographies ? Il n'y a qu'un critère qui prévale pour qualifier une oeuvre : est-elle diffusée ou ne l'est-elle pas ? Si elle est diffusée elle ouvre des droits à une rémunération proportionnelle : que l'oeuvre plaise à Untel ou pas n'a pas lieu d'être.

Cedric_g

Mouaif.

Dites-vous bien que des photographes vivent avec de la photo "alimentaire" ! La tendance dans les microstocks est justement d'étendre leur champs d'action sur des spécialités de plus en plus nombreuses, autrefois réservées à de vrais spécialistes.

Par ailleurs, vous me faites doucement rigoler quand vous parlez de ceux qui ont un boulot pépère "et qui font de la photo en + [au black]" ; les pluriactifs devraient-ils être interdits ??? J'ai 4 activités professionnelles (oui, 4, évidemment déclarées, mais aucune à temps plein) et je m'en porte très bien ! Celui qui aujourd'hui veut se lancer dans la photo d'illustration ne peut que difficilement vivre "que" de ça : c'est une réalité. Il est donc un peu facile de cracher sur ceux qui le font à temps partiel.

Par ailleurs, ce que vous écrivez sur les artisans, en tout cas concernant les professions non réglementées (maçon, plombier, et bien d'autres !) est faux avec le nouveau statut d'auto-entrepreneur (ou comment exercer légalement en activité secondaire à moindre frais...) ; les photographes auteurs ne sont pas les seuls vilains petits canards sur le marché !

Les faits ! Seulement les faits ! Est-ce parce qu'on exerce à temps partiel ou seulement au travers d'une agence que nous devons vendre moins cher ???

Jolie façon de respecter la profession !

smithore

#15
Ok, mais il ne faut pas tout mélanger: dans les microstocks par exemple, depuis les années 70 on ne trouve que le même type de photos: nourriture, homme et femmes d'affaires, objets sur fond blanc etc. Ce n'est pas un lieu pour vendre de la photo d'art, un citron vert sur fond blanc se vendra des centaines de fois alors qu'une superbe photo de paysage ou un portrait expressif ne se vendra presque pas (à de rares exceptions près).
Il y a des agences spécialisées pour la photo d'art, de voyage etc. et les tarifs ne sont pas du tout les mêmes!

Mais il se passe depuis quelques mois un phénomène très inquiétant: énormément de pros et d'amateurs se mettent à vendre des photos de haute qualité et même artistiques dans les microstocks, le marché va être rapidement dévoré par les microstocks dans les années qui suivent.
Getty annonce une baisse importante des tarifs et va proposer des tarifs proche des microstocks, Alamy pense proposer des abonnements et tente aussi le microstock... :-\

capcomfoto

Bonjour, j'ai l'impression que la photo prend le même chemin que la musique avec l'arrivée d'Internet, du numérique et du MP3. Le coche a été raté, personne a voulu d'adapter ou trop tard, changer son fusil d'épaule, proposer de nouvelles choses, et maintenant on va légiférer pour çà !

Combien de personnes se disent "informaticien" et réparateur parce qu'ils ont réussit à mettre un logiciel sur leur PC ou éradiquer un virus et proposent leur "service" au black à tout le monde?
Combien de garagiste du dimanche ont dépanné la voiture de tonton Maurice le dimanche ?
Combien de DJ "amateur" sous prétexte qu'ils ont 2 lecteurs CD et une table de mixage ont fait des soirées pour animer des mariages ou des fêtes de village, sous les yeux des "pros" qui payent leur charges ?

Va t'on arrêter de vendre des ordinateurs pour éviter que les gens les dépannent ? Va t'on vérouiller les capots des voitures pour pas qu'on y mettent le nez dedans ?
Va t'on interdire la vente d'APN pour laisser le marché à ce qui en vivent ? 
Il y a pourtant des lois qui régissent ces métiers là, mais cela n'empêche pas ces personnes de travailler en toutes illégalité.

Peut on définir l'art, la création ? Non parce que dans ce cas là, plus de 90% des oeuvres serait à mettre à la poubelle !
La photo doit elle servir uniquement à titiller l'imagination d'un créateur ou reporduire un moment de vie ?
Didier capdevila

Ecureuilbleu

#17
Bon, j'ai pas eu le temps de tout lire, mais l'intervention de Cédric me paraît frappée au coin du bon sens.

Qu'est-ce qui vous dit, d'abord, que les personnes ayant une activité en plus de la photo ne déclarent pas scrupuleusement leurs revenus issus de la photo et ne payent pas dessus les impôts, taxes... etc ?

Par ailleurs, ces personnes attendent souvent de pouvoir avoir des revenus un peu plus stables en photo pour "lâcher" leur autre activité souvent alimentaire. En général, elles ne bradent pas leurs photos (elles n'y ont pas intérêt), et ce ne sont donc pas elles qui risquent de "tuer" le marché.

Par ailleurs, certaines de ces personnes exercent à côté un métier très particulier qui nourrit leur travail photographique et que d'autres (même bons photographes) ne pourraient pas amha faire à leur place. C'est le cas, par exemple, des médecins/chirurgiens/biologistes qui se servent de la photo au bloc opératoire ou dans des travaux de recherche pour leurs étudiants ou pour publier un travail scientifique complémentaire de leur activité principale et qui finissent par être reconnus dans leur domaine en tant que photographes. Ils publient régulièrement dans des revues plus ou moins spécialisées en plus de leur boulot et personne ne pourrait le faire à leur place. Bon, c'est l'exemple qui me vient à l'esprit, mais j'imagine que plein de professions sont dans ce cas (et bien sûr des personnes ayant une activité photo genre "prof d'art plastique le jour, photographe plasticien la nuit").

Enfin, l'inverse existe aussi : les photographes "à temps plein" qui traversent une mauvaise passe financière et sont obligés de prendre un deuxième boulot (voire une troisième activité, des fois) pour faire vivre leur famille. Et tu voudrais les empêcher de travailler pour payer leur loyer ? Pas très altruiste, comme décision. Tu imagines l'épée de Damoclès au dessus de leur tête : "si vous faites moins d'un certain chiffre d'affaire lié à la photo tous les mois, et que vous survivez grâce à un autre boulot, vous perdez le droit d'être photographe et vous devez vous cantonner à votre nouveau deuxième boulot alimentaire. Mais si vous désirez rester dans la photo, c'est possible, à condition de ne jamais tenter d'arrondir vos fins de mois par un deuxième boulot". Donc, dans la pratique, expulsion de l'appart et "restos du coeur" direct. Gloups ! Sympathique idée !

Par ailleurs, il me semble, quand on lit des interviews des grands photographes, qu'un très grand nombre d'entre eux (la majorité ?) ont commencé en faisant deux boulots, parfois pendant plusieurs années d'affilée, avant de pouvoir vivre uniquement de la photo. Souvent, c'était des professions formatrices en photo genre laborantin, assistant, tireur, retoucheur, vendeur de matériel, maquettiste ou iconographe dans des journaux. Mais, parfois, c'était des professions qui n'avaient rien à voir, genre taxi.

Je pense notamment à l'un des plus grands photoreporters de France, l'excellent Serge Assier, et qui a commencé de façon tout à fait autodidacte, en étant berger, puis apprenti mécanicien dans l'automobile, puis photographe le jour et taxi la nuit, et ce, pendant plusieurs années, jusqu'à ce que ses finances puissent s'équilibrer. Ensuite, Serge Assier a pu réaliser la belle carrière qu'on lui connaît (Gamma, VSD, La Provence, et de splendides expositions), et je serai très choquée que le Manifeste actuel aboutisse à interdire l'éclosion d'un futur Serge Assier, alors qu'un reporter comme lui apporte amha énormément à la photo et à la libre expression en France (sans doute, d'ailleurs, plus que d'autres photographes sortis d'école de photo et qui ont toujours été à temps plein, mais qui font des photos moins nourries par "l'école de la vie").

Dans un autre registre, il me semble bien qu'Ellen Von Unwerth a longtemps combiné les professions de mannequin (son premier métier) et de photographe, le temps de s'aguerrir et de progresser. Qui, aujourd'hui, pourrait contester le talent et l'apport à la photo de mode d'Ellen Von Unwerth ? Pourrait-on comprendre qu'on l'ait freinée dans sa vocation par un règlement tâtillon et absurde ? Ce serait surréaliste...

Bref, Adfar, je comprends tout à fait votre colère, mais vos arguments me semblent à la fois irréalistes, utopistes, et surtout, ne prennent pas en compte les réalités individuelles ni les multiples formes de la photo aujourd'hui...

Cordialement,


Henri34

Serge Assier est un des premiers signataires de la pétition  :D

Encore une fois, le but de cet appel n'est ABSOLUMENT PAS de créer une séparation entre amateurs et professionnels. C'est un faux débat.

jmd2

hello

je signe pour la liberté d'exercer plusieurs métiers, sans obligation de diplôme si les métiers ne présentent pas de risque pour la santé du client*, et à condition de payer cotisations sociales et impôts.
Et pour que chacun soit libre de pratiquer les prix qu'il veut.

*c'est le cas de la photo.

*****

ademi

Citation de: jmd2 le Mars 28, 2009, 15:41:05
hello

je signe pour la liberté d'exercer plusieurs métiers, sans obligation de diplôme si les métiers ne présentent pas de risque pour la santé du client*, et à condition de payer cotisations sociales et impôts.
Et pour que chacun soit libre de pratiquer les prix qu'il veut.

*c'est le cas de la photo.

*****
Tout à fait d'accord. Nous sommes dans un monde où le mot qualité a été remplacé par celui de prix. De partout on propose de la merde à bon marché, alors il faut tout libéraliser, casser les prix, pour nous crevions (comme l'explosion des chiottes dans le film "la grande bouffe") sous un flot de merde.

Stéphane Hette

Citation de: Bobiet le Mars 27, 2009, 23:38:28
Je suis un peu surpris par le manifeste "Sauvons la photographie" qui, à mon sens, ne pose pas les bonnes questions.

Nous sommes sur un marché d'offre et de demande : l'offre étant ce qu'elle est et des millions de photographes amateurs faisant d'aussi bonnes photos que les pros, que veut-on qu'ils fassent ?...
Heu je ne suis pas sûr de la véracité de de cette première affirmation ;)

Ecureuilbleu

CitationSerge Assier est un des premiers signataires de la pétition 

Encore une fois, le but de cet appel n'est ABSOLUMENT PAS de créer une séparation entre amateurs et professionnels. C'est un faux débat.

Bien !  ;) Ce serait peut-être pas mal que l'UPC l'explique "officiellement" sur son site, non ? Faites-vous parti de l'UPC ? (si non, comment le savez-vous ?)

Merci et bonne journée !  :)

laurent.f

Pour le moment, l'UPC comme les deux autres organisations Freelens et Saif, collectent le maximum de signatures pour aller vers l'organisation de ces Etats généraux où nous pourrons poser les bonnes questions, en débattre, imaginer différents scénarios et alternatives pour enfin sortir du marasme dans lequel la photographie dans toutes ses expressions (illustration, portrait, pub...) s'enfonce. Nulle envie comme l'ont dit Henri34 et d'autres, d'opposer amateurs et professionnels car nous sommes tous des gens d'images avec simplement quelques fois des quotidiens différents. Chacun à y gagner et je ne m'attarde pas sur des propos isolés comme ceux de Stougard qui par sa méconnaissance de la photographie professionnelle et la pauvreté de sa culture photographique, nous assène des contre-vérités et des schémas sortis de son esprit étroit concentré sur sa seule personne. C'est dommage mais nous ne pouvons rien à sa place. Quelqu'un qui dit mépriser les photographes professionnels, les structures comme l'UPC ou d'autres, ne mérite aucune attention.

Will à l ouest

CitationSi une loi tombe là dessus, elle aura pour seul résultat d'interdire l'accès de la profession aux amateurs. C'est ce que veulent les pros, à mots couverts.
C'est ce qu'on remarque à la façon dont certains s'expriment sur ce forum.

Dans un topic où je demandais des conseils pour améliorer les photos d'enceintes audio que je prends pour illustrer mes articles, le poète jackes68 a répondu "prend un vrai photographe pour les faire".
Bon, je sais bien que cette caricature n'est pas forcément un exemple, mais on sent cet état d'esprit agacé derrière les propos de certains pros sur ce forum. On dirait qu'ils paniquent de voir leur profession grignotée et qu'ils passent donc leur temps à essayer de dégouter des amateurs de s'améliorer, voire de continuer à pratiquer.

Au passage, je signale que je ne suis pas plus ou moins payé selon la qualité et la quantité de photos que je rends pour illustrer mes articles. La valeur des photos est donc de zéro. Si, comme certain de mes collègues, je photographiait les produits posées sur le sol de mon salon avec un compact, ça ne changerait rien. On est payé pour ce qu'on écrit. Si je soigne mes photos, c'est parce que j'aime ça et que je trouve que ça rentre dans la qualité globale de mes articles.

Je suis sidéré que certains soient tentés de règlementer la pratique de la photo commerciale (plus qu'elle ne l'est). Le jour où vous aurez un conseil de l'ordre des photographes, vous allez vous marrer les mecs !

Ce qui est clair, c'est que comme dans (pratiquement) tous les domaines, le travail au noir n'est pas tolérable. Pour le reste, à partir du moment où la législation est respectée, c'est à chaque professionnel de se fournir une qualité et un style de photo qui ne puisse être concurrencés par les amateurs.
Des discours genre "il faut avoir son CAP et une boutique photo pour avoir le droit de vendre", j'avoue que je pige pas trop.

Je comprends que les gens qui vivent de la photo d'illustration aient mal au c** que les microstocks leurs cassent le marché. Si j'étais à leur place, ça me ferait tout aussi mal. Mais plutôt que de vouloir interdire, légiférer, etc. ils feraient mieux de faire simplement respecter la loi et de chercher les moyens de continuer à assurer leur avenir de photographe plutôt que de récriminer contre une évolution qui ne sera pas arrêtable.

Au passage, personne ne semble se poser la question des bienfaits pour la photo en général et éventuellement pour les professionnels de la photo de ces évolutions. Après tout, que la photo qui était un peu tombée en désuétude soit redevenue avec le numérique une pratique populaire devrait réjouir ceux qui l'aiment passionnément.

Will à l ouest

CitationPour le moment, l'UPC comme les deux autres organisations Freelens et Saif, collectent le maximum de signatures pour aller vers l'organisation de ces Etats généraux où nous pourrons poser les bonnes questions, en débattre, imaginer différents scénarios et alternatives pour enfin sortir du marasme dans lequel la photographie dans toutes ses expressions (illustration, portrait, pub...) s'enfonce. Nulle envie comme l'ont dit Henri34 et d'autres, d'opposer amateurs et professionnels car nous sommes tous des gens d'images avec simplement quelques fois des quotidiens différents.
Ce n'est pourtant pas ce qu'indique le texte de l'appel qui ne parle pas de réflexion, mais dénonce déjà un état de fait et demande à ce qu'il soit remédié.
Je ne signerai pas cet appel car je ne veux pas cautionner cette approche.

Au passage, je précise qu'il est pour moi hors de question de vendre une de mes photos (dans l'hypothèse ou une en vaudrait la peine :D) à un micro-stock ou quoi que ce soit. D'une part parce que je me refuse à porter atteinte aux photographes qui en vivent pour gagner des clopinettes, d'autre part parce que si un jour mes photos ont une quelconque valeur commerciale, j'estime qu'elles devront être rétribuées à cette valeur. Sinon, tant pis.

laurent.f

 quand je parle de "réflexion" c'est de faire la synthèse et de rassembler le maximum d'états de faits, de situations, d'idées... La réflexion a précédé le constat de l'état de fait, se poursuit pendant l'appel et continuera bien au delà. Donc tu peux signer sans difficulté car effectivement l'idée est bien d'agir sans trop tarder mais il appartient à ce que l'action soit la plus globale en réunissant tous les acteurs du monde de la photographie pour que les réponses soient le plus "réfléchies" possible sans pour autant perdre de temps ;)

Zouave15

Citation de: capcomfoto le Mars 28, 2009, 14:35:13
Bonjour, j'ai l'impression que la photo prend le même chemin que la musique avec l'arrivée d'Internet, du numérique et du MP3. Le coche a été raté, personne a voulu d'adapter ou trop tard, changer son fusil d'épaule, proposer de nouvelles choses, et maintenant on va légiférer pour çà !

Combien de personnes se disent "informaticien" et réparateur parce qu'ils ont réussit à mettre un logiciel sur leur PC ou éradiquer un virus et proposent leur "service" au black à tout le monde?
Combien de garagiste du dimanche ont dépanné la voiture de tonton Maurice le dimanche ?
Combien de DJ "amateur" sous prétexte qu'ils ont 2 lecteurs CD et une table de mixage ont fait des soirées pour animer des mariages ou des fêtes de village, sous les yeux des "pros" qui payent leur charges ?

Va t'on arrêter de vendre des ordinateurs pour éviter que les gens les dépannent ? Va t'on vérouiller les capots des voitures pour pas qu'on y mettent le nez dedans ?
Va t'on interdire la vente d'APN pour laisser le marché à ce qui en vivent ? 
Il y a pourtant des lois qui régissent ces métiers là, mais cela n'empêche pas ces personnes de travailler en toutes illégalité.

Peut on définir l'art, la création ? Non parce que dans ce cas là, plus de 90% des oeuvres serait à mettre à la poubelle !
La photo doit elle servir uniquement à titiller l'imagination d'un créateur ou reporduire un moment de vie ?


ben non, rien à voir avec la musique car il s'agit des ventes de photos à des fins commerciales. essaye-donc d'acheter des morceaux de musique à 1 euro, de les compiler dans un CD et de les revendre, et tu verras où tu finiras !

En photo, c'est mieux que la musique : si tu veux en utiliser une pour toi, ce n'est pas un euro la chanson, c'est gratos !

stougard

Citation de: Henri34 le Mars 28, 2009, 15:24:41
Serge Assier est un des premiers signataires de la pétition  :D

Encore une fois, le but de cet appel n'est ABSOLUMENT PAS de créer une séparation entre amateurs et professionnels. C'est un faux débat.

Il n'y a rien a creer. Il y a une difference fondamentale entre un pro et un amateur : le premier gagne de l'argent avec la photographie, le second en depense. De la forcement, le pro doit "vendre" sa creation alors que l'amateur peut simplement la donner (il peut peut etre faire des ventes exceptionnelles, mais si c'est regulier, par definition, il devient pro).

Hors, rien n'interdit a un amateur aussi de vouloir diffuser son oeuvre et de vouloir etre reconnu en tant que photographe. C'est a dire qu'il doit pouvoir diffuser regulierement SANS devenir pro ... comprendre sans vendre (voire en donnant).

Bref, ce n'est pas un faux debat, c'est meme exactement le contraire. Et la seule facon d'interdire a un amateur de donner une photo qui pourrait faire concurrence a un pro, c'est interdire l'utilisation d'images qui ne viendraient pas d'un pro declare par les clients potentiels. Et ca, c'est du corporatisme au plus haut niveau.

muadib

C'est un peu la grande confusion  là, quelques définitions:
Amateur/Pro
Un professionnel c'est quelqu'un qui vit (ou qui essaie de vivre...) de la photographie. Ca ne l'empêche pas nécessairement d'être passionné par son métier  :)
Un amateur c'est quelqu'un qui pratique la photographie par passion.
Le fait d'appartenir à l'une ou l'autre de ces catégories n'a donc rien à voir avec les qualités esthétiques respectives de leurs oeuvres.

Le droit d'Auteur:
L'auteur d'une création détient deux types de droits sur son oeuvre:
Un droit moral;
Un droit patrimonial.
Le droit moral s'inscrit dans une vision idéologique de l'auteur qui veut que son oeuvre soit un prolongement de sa personnalité. A ce titre il est attaché à la personne même de l'auteur (il n'est donc pas cessible) et lui permet d'exiger le respect de son nom, de sa qualité, de son œuvre. Je ne vais pas développer cet aspect du droit qui n'est guère évoqué dans le débat actuel.
Le droit patrimonial lui est issue de notre histoire et de ce que fût la condition sociale des artistes dans le passé et s'inscrit dans une vision idéologique qui considère que les auteurs d'oeuvres de l'esprit ont besoin d'une protection spécifique de leurs intérêts économiques et qu'ils doivent être associés au succès économique de leurs oeuvres.

Le droit d'auteur n'est pas attaché à la notoriété de l'auteur, ou aux mérite supposés de l'oeuvre.
Il concerne toutes les œuvres de l'esprit, quels qu'en soient le genre, la forme d'expression, le mérite ou la destination
Ce n'est donc ni la notoriété, ni la reconnaissance, par la société ou par ses pairs qui légitime le droit d'auteur. Cette approche européenne du droit d'auteur s'inscrit dans notre histoire de l'art. Il y a eu des peintres acclamés et encensés de leur vivant, qui 50 ans après leur mort étaient considérés au mieux comme des "petits maîtres" et inversement un peintre comme Van Gogh, n'a pas vendu une toile de son vivant. (Tiens d'ailleurs c'était un amateur qui n'a jamais travaillé à autre chose que ses toiles ou un pro de la peinture qui n'a jamais rien vendu Van Gogh ?  :) )
Il n'y a pas non plus de "petites" et de grandes "oeuvres". Dès lors que l'on est en présence d'une oeuvre de l'esprit présentant un caractère "d'originalité" (je reviendrai plus loin sur cette notion), toutes les oeuvres sont protégées de la même manière. Un dessin griffonné sur le coin d'une nappe en papier par Picasso est protégeable et protégé par le droit d'Auteur au même titre et de la même manière que sa toile Guernica. Ce n'est pas parce qu'une photo a été faite pendant les vacances, à l'instinct, qu'elle serait moins protégeable ou protégée qu'une prise de vue en studio qui se serait étalée sur deux jours et aurait mis en jeux énormément de temps et d'argent.

Le caractère d'originalité de l'oeuvre photographique
La condition pour qu'une oeuvre de l'esprit soit protégée par le droit d'auteur, c'est qu'elle présente un caractère d'originalité. On comprend bien pourquoi le législateur a introduit cette condition, si l'oeuvre ne présente pas de caractère d'originalité, il n'y pas de raison de la protéger, mais en même temps cette disposition fait rentrer par la fenêtre le discours social sur l'oeuvre et l'artiste que l'on avait cru évacuer en stipulant que toutes les oeuvres devaient être protégées "quels qu'en soient le genre, la forme d'expression, le mérite ou la destination". C'est ce qui fait qu'aujourd'hui tout procès au titre du droit d'auteur par un photographe relève un peu de la roulette russe, car le résultat est indissociable de l'idée que le juge se fait de la photographie en tant qu'art. Le discours de la société sur l'originalité ou non de l'oeuvre photographique a beaucoup évolué au cours de sa brêve histoire. Si le sujet vous intéresse http://www.photographie.com/?pubid=104960&pag=1&secid=2&rubid=9
Constatons simplement que contrairement à la peinture où le caractère d'originalité de l'oeuvre n'est qu'exceptionnellement remis en cause par les tribunaux, la photo doit sans cesse apporter cette preuve, et les décisions contradictoires en la matière s'expliquent non pas tant par la qualité des avocats, que par le rapport du magistrat à l'art en général, et à la photographie en particulier.

muadib

Pour en revenir au fil, les différentes interventions mélangent un peu tout et en particulier des discours qui se veulent économiques et des considérations sur le droit d'auteur.

Amateur/Professionnel: ça n'a rien à voir avec un débat sur le droit d'auteur. Tout le monde a le droit a être associé au succès économique de son oeuvre.

Petite photo/Grandes photo, c'est plus subtil. Si on examine bien les discours sur le sujet, un certain nombres de photographes (amateurs ou pro d'ailleurs) ont intégré l'idée que leurs images n'avaient pas de caractère d'originalité. C'est à la fois le reflet de l'idéologie dominante et l'exteriorisation d'un complexe d'infériorité.
La Société englobante associe l'art à la rareté et à la notoriété de l'auteur. Ces 2 notions n'ont rien à voir avec le droit d'auteur, mais l'explosion des ventes d'appareil numérique et les millions de photographies des plateformes de partage virtuelles telles que flickr met actuellement à rude épreuve la perception de la photographie par le société englobante. Et les photographes font également partie de la société englobante.
La photographie est un mode d'expression qui suppose une relative maîtrise technique. Souvent chez les amateurs, le sentiment de ne pas maîtriser totalement cette technique est à l'origine d'une disqualification de leurs oeuvres. Ce n'est pas la technique qui qualifie l'oeuvre, mais son caractère d'originalité.
Chez les pros (et certains amateurs), c'est souvent le sujet de la prise de vue qui va être à l'origine de cette disqualification. Il n'y a pas de bons ou de mauvais sujets qui qualifieraient ou non une photographie au titre du droit d'auteur; même si socialement vous bénéficierez d'une plus grande considération en réalisant des portraits d'Adjani plutôt que des portraits de Madame votre épouse.  ;D

muadib

Le vague discours économique:
Je ne reviendrais pas sur les fantasmes genre "les photographes se sont goinfrés pendant des années, et maintenant c'est bien fait pour leur pomme s'ils en chient à leur tour." Notre profession est un grand objet de fantasme depuis les années 60, rien d'étonnant si les gens s'aigrissent en découvrant que dans la vraie vie c'est pas comme dans Blow-up. Mais bon c'est pareil pour les malheureuses qui rêvent de devenir mannequin ou tous ceux et celles qui font la queue pour participer à Fréquence Star.

"Les petits jeunes poussent pour entrer sur le marché, ça fait pression sur les prix, ça a toujours existé." C'est vrai, mais là on ne peut plus parler de pression sur les prix. A un euro la cession tout droit, on est pas en présence d'un professionnel qui réduit sa marge ou vend à perte, mais d'un renoncement à toute rétribution sur son oeuvre.
Prétendre que l'on gagne de l'argent ou que l'on est dans une logique commerciale en vendant à un microstock, n'est pas sérieux. Rien qu'en ne prenant en compte que le temps que suppose le référencement d'une image à 1 euro, la prestation du photographe ramenée à un tarif horaire doit être rémunérée à quoi 0,01% du smig ?

Dans le même registre "la photographie ne s'est jamais aussi bien portée, la preuve on a jamais vendu autant d'appareil et les gens n'ont jamais fait autant de photo." La photographie oui, les photographes non. Que l'UPC fasse du corporatisme en voulant protéger les photographes, c'est certain, mais c'est une organisation professionnelle. Elle est dans sa fonction.

Est-ce que cette défense d'une profession est exclusivement corporatiste et ne profiterait qu'à quelques (ex)privilégiés ?
J'ai du mal à imaginer les conséquences en termes de représentation du Monde, d'un système où ne subsiterait plus qu'une poignée de professionnels, mais où à l'inverse tout les individus ou presque seront photographes. On aura un nombre beaucoup plus importants d'oeuvres, mais un individu qui a consacré sa vie à la photographie, c'est une oeuvre, un regard. Et ça, ça va aussi disparaître.

Internet est en train d'enlever toute valeur économique aux oeuvres virtuelles. La "gratuité" du modèle Internet, c'est un large conscensus social qui accepte de payer le hard, de payer les tuyaux (les connexions), mais refuse d'accorder la moinde valeur aux contenus virtuels (musique, cinéma, photo, articles etc.). Mais sur Internet on est encore que dans la copie privé pour tout ce qui n'est pas la photographie.
La photographie est en "avance" malheureusement sur les autres modes d'expression en ce sens qu'aujourd'hui une entreprise qui veut utiliser une musique repérée sur Internet est encore prête à payer des droits d'auteur pour son utilisation commerciale par exemple. Pour combien de temps ?

Le paradoxe de la cession à 1 euro, c'est que ceux-là mêmes qui nous expliquent que leurs photos n'ont pas de valeur économique parce que ce ne sont pas des oeuvres d'art mais du travail d'amateur, ou de la production en volume sans prétention artistique, crèvent tellement d'envie de bénéficier d'une reconnaissance sociale en tant que photographe, qu'ils sont prêts à céder gratuitement leurs oeuvres à des diffuseurs dont la préoccupation est exclusivement économique. Leur image ne leur est payée qu'un euro, mais si elle a été choisi par le diffuseur, c'est pour générer des flux financiers, car lui est dans une démarche économique. A l'inverse, le pseudo discours économique, des photographes, n'est là que pour rationaliser un problème d'ordre psychologique.

Alors maintenant est-ce qu'il y a une solution au problème ? C'est une autre affaire...

BertrandG

Merci muadib pour ces trois interventions remarquables.

stougard

Citation de: muadib le Mars 29, 2009, 11:44:39
Prétendre que l'on gagne de l'argent ou que l'on est dans une logique commerciale en vendant à un microstock, n'est pas sérieux. Rien qu'en ne prenant en compte que le temps que suppose le référencement d'une image à 1 euro, la prestation du photographe ramenée à un tarif horaire doit être rémunérée à quoi 0,01% du smig ?

Il a deja ete donne ici meme des liens vers des statistiques officielles de IStock sur leur top 50. On y a vu clairement que les meilleurs revenus allaient jusqu'a 400 US$ par jour sur ce seul microstock pour descendre a un peu moins de 100 US$ par jour a la cinquantieme position.

Je ne suis ni pour ni contre et loin de moi de defendre une opinion a ce sujet. Mais le fait est que des studios vivent et ont un chiffre d'affaire consequent en vendant des images entre 1 et 10 USD via des agences dites "microstock". C'est un fait et ce n'est pas en affirmant qu'un photographe fait, au mieux, 0.01% du smig via ce biais que cela est vrai.

Citation de: muadib le Mars 29, 2009, 11:44:39
Est-ce que cette défense d'une profession est exclusivement corporatiste et ne profiterait qu'à quelques (ex)privilégiés ?
J'ai du mal à imaginer les conséquences en termes de représentation du Monde, d'un système où ne subsiterait plus qu'une poignée de professionnels, mais où à l'inverse tout les individus ou presque seront photographes. On aura un nombre beaucoup plus importants d'oeuvres, mais un individu qui a consacré sa vie à la photographie, c'est une oeuvre, un regard. Et ça, ça va aussi disparaître.

La encore, je ne fais aucun rapprochement entre la quantite de photographes et la demarche de l'un d'entres eux sur le long terme. Un travail photographique est une oeuvre personnelle qui n'a pas a etre influencee particulierement par le fait qu'on est pas tout seul a le faire.

Citation de: muadib le Mars 29, 2009, 11:44:39
Le paradoxe de la cession à 1 euro, c'est que ceux-là mêmes qui nous expliquent que leurs photos n'ont pas de valeur économique parce que ce ne sont pas des oeuvres d'art mais du travail d'amateur, ou de la production en volume sans prétention artistique, crèvent tellement d'envie de bénéficier d'une reconnaissance sociale en tant que photographe, qu'ils sont prêts à céder gratuitement leurs oeuvres à des diffuseurs dont la préoccupation est exclusivement économique. Leur image ne leur est payée qu'un euro, mais si elle a été choisi par le diffuseur, c'est pour générer des flux financiers, car lui est dans une démarche économique. A l'inverse, le pseudo discours économique, des photographes, n'est là que pour rationaliser un problème d'ordre psychologique.

Au dela de la photo a 1 Euro, c'est la recherche de la reconnaissance au quel tu fais reference. Pour cette recherche, un amateur est pret a ceder gratuitement une oeuvre qui va pourtant generer un flux financier derriere. Ca choque les pros qui ne sont pas habitues a cette facon de proceder, un client fait de l'argent avec une oeuvre, il paye cette oeuvre. Mais l'amateur n'a pas forcement de motivation financiere, mais il a presque toujours une motivation de reconnaissance.

On connait bien ce modele dans l'informatique puisqu'il est en partie responsable de toute l'economie du logiciel Libre (et ca represente une tres grosse partie des flux financiers lies a l'informatique). Dans le monde de la photo, pour comprendre ce mouvement, ce n'est pas tant vers les microstocks qu'il faut se tourner, les microstocks vivent principalement grace a 5% de pro qui ne font que ca, les amateurs amenent de la masse, mais peu de qualite. C'est plutot sur des sites comme Wikipedia ou Wikimedia qu'on retrouve cette mentalite, cette recherche de notoriete qui va generer des flux financiers mais qui ne vont avoir aucune retombee economique direct sur les auteurs.

Pourtant, si je reviens dans l'informatique Libre. Il n'est pas un nom connu et reconnu du logiciel Libre qui n'ai pas, a terme, tire une reconnaissance financiere indirecte de son travail pour les logiciels Libres. En fait, je pense que quelle que soit la facon de proceder, la reconnaissance entraine systematiquement une retombee financiere a un moment.

BertrandG

Citationla reconnaissance entraine systematiquement une retombee financiere a un moment.

Bof, ici tout le monde serait près à te reconnaître meilleur troll du forum et pourtant je ne pense pas que tu puisses en retirer une retombée financière a aucun moment.

muadib

CitationJe ne suis ni pour ni contre et loin de moi de defendre une opinion a ce sujet. Mais le fait est que des studios vivent et ont un chiffre d'affaire consequent en vendant des images entre 1 et 10 USD via des agences dites "microstock". C'est un fait et ce n'est pas en affirmant qu'un photographe fait, au mieux, 0.01% du smig via ce biais que cela est vrai.
Je constate simplement que le temps investi dans la seule indexation des images en anglais est réumnéré très en dessous du smig. A 10 euros de l'heure (et je suis au-dessus du smig malheureusement à ce tarif), ça te fait 1 euro les 6' de boulot. Difficile d'indexer suffisamment proprement une image en 6'. Et c'est l'indexation qui est déterminante dans les chances d'une photo de satisfaire à une recherche. Et là, on ne parle que de la recherche, pas du temps consacré aux prises de vue, des frais de déplacement, de l'investissement dans le matériel etc.
Alors maintenant qu'un photographe suffisamment déprimé pour mettre plusieurs années de ses archives en microstock, après avoir consacré plusieurs mois à l'indexation, puisse gagner quelques centaines d'euro pendant quelques mois, je n'en doute pas. :'(


Powerdoc

bravo muadib : très belle analyse.

Une question si muadib, en fremen, veux dire petite souris du desert, que veux dire Stougard ?  ;D

muadib

Ca m'ennuie un peu, parce que Stougard ça sonne comme Stilgar, un autre Fremen  ;D

Zouave15

Vive muadib ! Bravo. Tu devrais en faire un article, que ça reste !

Cedric_g

+1 pour Muadib

Au passage, je n'ai lu nul part ni compris aucunement que la pétition était là pour "réglementer" la photographie ni opposer définitivement amateurs et professionnels. Il s'agit simplement de faire appliquer la loi, me semble-t-il ! Ce serait déjà un GRAND PROGRÈS !!! Il y en a vraiment ici qui ont une drôle de manière d'amener le débat en leur sens...

stougard

Citation de: muadib le Mars 29, 2009, 17:07:41
Je constate simplement que le temps investi dans la seule indexation des images en anglais est réumnéré très en dessous du smig. A 10 euros de l'heure (et je suis au-dessus du smig malheureusement à ce tarif), ça te fait 1 euro les 6' de boulot.

Je ne comprends pas ta facon de calculer. Une bonne photo en microstock, c'est 3 a 15 ventes par jour pdt plusieurs semaines, puis ca se stabilise avec le temps (mais une bonne image se vend toujours).

C'est idiot d'associer la quantite de travail a fournir avec le prix de vente tarifaire d'une image. L'image se vend de tres nombreuses fois (certains microstock peuvent vendre une exclu sur une image, le tarif de base est de 350USD, mais le prix est fixe librement par le photographe de toutes facons).

Qui plus est, tu parles d'indexation alors que, de plus en plus, le photographe ne la prend pas en charge et laisse l'agence s'en occuper (c'est en tous cas ainsi sur le seul microstock que j'utilise encore de temps en temps).


stougard

Citation de: Cedric_g le Mars 29, 2009, 21:43:05
Au passage, je n'ai lu nul part ni compris aucunement que la pétition était là pour "réglementer" la photographie ni opposer définitivement amateurs et professionnels. Il s'agit simplement de faire appliquer la loi, me semble-t-il ! Ce serait déjà un GRAND PROGRÈS !!! Il y en a vraiment ici qui ont une drôle de manière d'amener le débat en leur sens...

Tu nous expliqueras ou la loi dit clairement qu'il est interdit de distribuer de facon gratuite ou payante des images libres de droits.

Henri34

Je vois qu'il y a des fans de " Dune".
Me too  :D

Cedric_g

Article L131-3 du Code de la Propriété Intellectuelle...

Je te laisse en rechercher le texte, j'en ai marre de devoir me justifier à chaque fois. Et tu m'expliqueras aussi comment un photographe peut maîtriser la diffusion de ses photos quand les acheteurs peuvent être n'importe qui et peuvent en faire n'importe quoi. Une photo diffusée en microstock est une photo ingérable, et donc perdue en matière de gestion de sa diffusion.

vincent_g

En France, il existe des lois qui s'appliquent à tous les citoyens. Comme il y a un code pour la route, il y a un code qui encadre les publications, c'est le Code de la Propriété Intellectuelle (Première partie - Livre premier).
Les photos sont bien sûr concernées car considérées comme œuvres de l'esprit (L112-2).
Le CPI confère des droits aux auteurs (les "droits d'auteur").
D'une part, l'auteur dispose d'un droit moral (respect du nom et intégrité de l'œuvre) qui est perpétuel, inaliénable et imprescriptible (L121-1).
D'autre part, il dispose de droits patrimoniaux (série du chapitre II) qu'il cède contre rémunération à un tiers qui souhaite publier la photo.
La rémunération est proportionnelle à l'exploitation (L131-4).
Une cession de droits doit être expressément notifiée sur un acte qui précise les types de droits cédés et dans quelles limites (étendue, destination, lieu, durée) (L131-3).
La jurisprudence 2338 de la cour de cassation du 12 juillet 2006 le rappelle très clairement : http://www.courdecassation.fr/publications_cour_26/bulletin_information_cour_cassation_27/bulletins_information_2006_28/no_651_2221/jurisprudence_2223/cour_cassation_2225/titres_sommaires_arrets_9607.html#c2338

Donc "libre de droit" est un non-sens juridique en France.

L'article 122-7 précise que la cession peut se faire à titre gratuit. Mais les dispositions évoquées ci-dessus s'appliquent toujours, la jurisprudence précisant qu'elle doit être non ambigüe et expressément consentie.

Ne pas faire d'acte de cession en bonne forme place l'utilisateur d'image dans une insécurité juridique pouvant s'avérer fort dommageable, l'auteur pouvant toujours faire valoir ses droits.

Il y a de rares exceptions au droit d'auteur (L122-5) : par exemple lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut empêcher les représentations privées et gratuites dans le cercle privé et familial (c'est la "copie privée").

Une œuvre tombe dans le champ public 70 ans après la mort de l'auteur (L123-1) et chacun peut alors exploiter l'oeuvre librement et sans contrepartie (Mozart, Popeye...).

Vulgarisation là :
http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/20/1321-les-droits-d-auteur-pour-les-nuls

BertrandG


Cedric_g


VincentM

Muadib merci. Belle plume.
Sinon il y a un type qui veut nous faire appliquer le droit chinois en France? Avec ou sans supplice des cent morceaux?


stougard

Citation de: vincent_g le Mars 30, 2009, 11:37:06
Donc "libre de droit" est un non-sens juridique en France.

L'important, c'est d'y croire. En effet, rien n'interdit de definir "explicitement" l'ensemble des droits associes a une image tout en faisant en sorte que la liste des droits soient assimilables a une notion similaire. C'est d'ailleurs ce que font les licences CC (par exemple) qui definissent l'ensemble des droits lies a une images de facon explicite. Certains type de licence CC interdisent pas exemple certains mode d'exploitations commerciales.

Lorsque je lis les licences d'utilisation des microstocks (en tous cas, ceux que je connais), elles definissent egalement de face tres ... explicite ce que les clients peuvent faire avec les dites images. Par contre, en aucun cas je n'ai vu de liaison entre les revenu de l'utilisateur et ceux du photographe (mais d'apres la loi, c'est authorise, puisque ces droits peuvent etre cedes a titre gratuits).

L'expression "libre de droit" n'etant qu'un raccourci pour definir un type de licence, ou de contrat d'exploitation d'une oeuvre de l'esprit.

vincent_g

Le texte de la version française des Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/legalcode), entre deux mises en garde, rappelle d'ailleurs bien que, au final, quoi qu'il arrive, le droit français s'applique (8-f).

Pour cerner la philosophie de ces licences et leurs limites, une spécialiste s'exprime là :
http://www.legalbiznext.com/droit/Les-Licences-Creative-Commons-par,1338