Attention, le concept dérange : forme, ergonomie, utilisation et même résultat ! Le Lytro ne ressemble à rien de ce que nous connaissions jusqu’alors. Simple gadget ou appareil visionnaire ? Découvrons les premiers pas de la photographie plénoptique…
Il était une fois un personnage inconnu dans le monde de la photo mais qui avait une idée un peu folle, s’affranchir de la profondeur de champ. En 2006, à Stanford, Ren Ng exposa son idée dans une thèse de doctorat, dévoilant comment il comptait exploiter la prise de vue “plénoptique”. Au lieu de focaliser l’objectif sur un plan précis du sujet, il allait interposer un filtre à microlentilles entre l’objectif et le capteur, afin d’enregistrer non plus une image plane, mais un champ de lumière provenant de différents points du sujet. En clair, ne plus utiliser toute la surface du capteur pour une seule image, mais en faire une matrice pour enregistrer autant d’images que de microlentilles.
Plus tard, des algorithmes savants permettront de reconstituer la photo en “faisant la mise au point” (comprendre “en focalisant”) sur la zone choisie non par l’opérateur, mais par celui qui regarde l’image.
Le concept est séduisant : plus besoin de faire la mise au point ni de trancher entre premier et arrière plan ou de jouer du diaphragme pour faire varier la profondeur de champ : on fait la photo et on choisit le rendu… plus tard ! Mieux : on pourra, en cliquant sur l’image terminée, “faire le point” là où en a envie ! Quel photographe refuserait un tel confort?
Le concept de la photographie plénoptique n’était pas nouveau mais, pour la première fois, il allait se concrétiser sous la forme d’un appareil accessible à tous les publics : le Lytro était né !
Lors de sa présentation, l’appareil a suscité des commentaires enthousiastes, chacun imaginant ses applications. Mais la société Lytro était bien seule sur un marché qu’elle ne connaissait pas et les délais annoncés ont fait craindre une nouvelle arlésienne, voire un coup de pub comme savent si bien les monter les start-up. Les images montrées en exemple sur le site Lytro n’étaient pas des plus convaincantes et l’appareil, toujours en précommande, tardait à être livré. Pourtant, l’an passé, la commercialisation a démarré : un appareil, décliné en deux versions (seule la capacité mémoire change) et plusieurs couleurs pour 400 à 500 $, uniquement pour le marché américain. Depuis, quelques milliers de pièces ont été vendues, Lytro n’a toujours pas de représentant officiel en France, mais quelques sites internet ont diffusé des lots achetés en direct aux USA ou à Singapour. La commercialisation étant effective, le moment est donc venu pour nous de tenter un test… insolite.
Le test complet de l’appareil Lytro est publié sur quatre vpages dans Chasseur d’Images n°354 (daté juin) qui vient de paraître. On vous propose aussi de jouer avec les quelques images exemples que nous avons mises en ligne. ATtention, ce ne sont pas des chefs d’œuvres: juste les photos spécialement composées pour mettre en avant les possibilités de Lytro… mais qui démontrent ausis qu’avec une résolution finale de 1024×1024, il est bien difficile de s’attaquer au paysage et à d’autres sujets que ceux composés sur trois plans volontairement étagés…
