Les J.O. d’hiver de Pékin touchent à leur fin, mais quelques images resteront, comme cette photo de Quentin Fillon Maillet prise le 5 février par Tobias Schwarz. Un instantané percutant après lequel le photographe allemand courait depuis très longtemps : « Je couvre des Coupes du monde de biathlon depuis près de 15 ans et depuis que j’ai commencé j’essaie de prendre une photo qui inclut la balle d’un athlète. »
Collègue de Tobias Schwarz à l’AFP, Andy Buchanan s’est pour sa part rendu à Ailsa Craig, petite île écossaise qui a la particularité d’être la pourvoyeuse exclusive des pierres de curling olympiques depuis 1924. Mieux valait effectivement rester en Écosse car, côté compétition, la Grande Bretagne n’a pas brillé

Comment dit-on « photographie » en wukchumni, en inupiaq, en alutiiq, en kawaiisu ? Demandez à Marie Wilcox, Mammie Oxereok, Florence Pestrikoff ou Lucille Hicks, dernières personnes à pratiquer ses dialectes nord-américains. À défaut de pouvoir sauver ces langues de leur disparition inéluctable (leurs pratiquants et pratiquantes sont au minimum septuagénaires), Paul Adams et Jordan Layton ont décidé de rendre hommage à leurs derniers locuteurs à travers une série de portraits au collodion humide. Le procédé est techniquement délicat, mais le plus compliqué finalement pour les deux auteurs canadiens fut de gagner la confiance des personnes qu’ils photographiaient : « Trop souvent, des voix blanches ont cherché à contrôler et à coopter l’histoire des autochtones dans notre pays. Nous avons eu l’honneur d’être invités dans les maisons des gardiens de ces langues. En nous asseyant avec eux tout au long du long processus de création des photographies, nous avons eu l’occasion d’entendre leurs histoires et d’en apprendre davantage sur leur rôle d’aînés. »


Il y a des points communs évidents entre le projet « Last speakers » que l’on vient d’évoquer et le travail de Tomas van Houtryve. Même procédé photographique, même continent. Sauf qu’ici la mise sous silence a déjà eu lieu. Avec « Far West, l’histoire oublié », le documentariste belge est en effet parti à la rencontre de descendants des Mexicains des origines, dont l’histoire officielle américaine a consciencieusement effacé la trace. Ici les portraits sur plaques de verre ne relèvent donc pas d’un travail, ils constituent « l’archive d’un passé à reconquérir ».
D’un front patrimonial à l’autre, Tomas van Houtryve signe aussi les photos illustrant un long sujet de National Geographic sur la réfection de Notre-Dame de Paris. Il s’est même fait un petit plaisir en photographiant les chimères qui ornent la cathédrale (à ne pas confondre avec les gargouilles) à l’aide d’une chambre photographique datant du XIXe siècle. On vous conseille aussi d’aller faire un tour sur le site de l’auteur pour découvrir les coulisses de ces prises de vues.


L’exposition annuelle organisée dans les rues de la cité médiévale de Saillon (Valais suisse) arrive bientôt à son terme, mais les organisateurs vous proposent d’en conserver un souvenir en mettant aux enchères les tirages.


Qui mieux qu’un top-model des années 1990 peut dire comment travaillaient les grands photographes de mode de l’époque ? Dans cette interview donnée à Metal, Claudia Schiffer livre les coulisses des shootings auxquels elle a participé durant sa carrière : ses premiers pas sous l’objectif de sa compatriote Ellen von Unwerth, sa couverture de Vogue UK par Herb Ritts, sa relation au long cours avec Karl Lagerfeld ou ses séances avec l’exigeant Richard Avedon : « Pour la campagne Versace, il avait embauché un chorégraphe pour nous apprendre à bouger. »


EN BREF…

• Vincent Trujillo, le directeur et fondateur du Monde de la Photo, a annoncé samedi dernier la fin du magazine. Soutien à toute la rédaction.
• Selon sa fille Rosalie, il reste des milliers de photos d’Agnès Varda à découvrir.
• August Sander + Diane Arbus ? Jacques Sonck.
• Les grandes heures du festival de Montreux et du Paléo à travers l’objectif de la géniale Dany Gignoux.
• Quelques trucs pour repérer les portraits générés par des I.A.
• En avant-première, la critique de La Famille Asada, film qui sortira sur nos écrans l’été prochain.
• Quand Charles Brooks révèle l’âme des instruments de musique…
• Pas de jaloux : un lien pour les admirateurs de Sebastião Salgado et un lien pour ses détracteurs.
• L’exposition « Hip Hop 360 » en cinq clichés emblématiques.
• Un peu de photo nature pour nos lecteurs et lectrices alsacophones.
• Chema Madoz ou le surréalisme en toute simplicité.
• De Chris Burkard à Laure Métairie, six photographes de sport de plein air à suivre.
• Comment un photographe de National Geographic fait-il l’éditing de ses images ? Exemple avec Steve Winter.
• Quinze minutes pour (re)découvrir le travail de Catherine Opie, portraitiste américaine à l’engagement viscéral.


L’exposition « L’invention d’une histoire vraie » présentée à GwinZegal est close depuis quelques jours, mais sur le site du centre d’art on peut réécouter Nelly Monnier et Eric Tabuchi défendre leur ambitieux Atlas des régions naturelles. Si vous manquez de temps (la vidéo dure près de deux heures), le journal d’Arte a consacré deux minutes au duo qui résument bien leur projet. 


LensCulture a eu la bonne idée de ressortir de ses archives une interview de Lucy Conticello dans laquelle la directrice photo de M, Le Monde parle de son parcours, de son travail au sein du magazine et de sa conception d’un bon portrait : « Une photo capable de créer une émotion chez le spectateur, bien composée, magnifiquement éclairée, visuellement épurée, et avec un sentiment persistant d’être suspendue, quelque peu irrésolue. »


 

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Photo d’ouverture : Quentin Fillon Maillet lors du relais mixte des JO 2022 © Tobias Schwarz / AFP