Imaginerait-on une radio généraliste française recevoir pendant trois heures un photographe, qui plus est spécialisé dans la musique ? C’est pourtant ce qu’a fait la RTS le 5 mars dernier en accueillant Richard Bellia dans les studios du « Grand Soir ». L’émission, découpée en trois parties, s’écoute gentiment : la première heure est la plus décousue (les nombreux extraits musicaux et les points sur le trafic routier n’aident pas) ; la seconde est bien plus intéressante, notamment grâce à l’intervention de Véronique Goncerut, la commissaire de « Pure Gignoux », exposition dont on vous avait parlé dans un précédent « Clique Clac » ; la troisième est essentiellement marquée par l’interview téléphonique du groupe Cats on Trees. Et Richard Bellia dans tout ça ? Eh bien, on peut dire qu’il est fidèle à lui-même : détendu, plutôt disert sur sa pratique du portrait (« ce qu’il faut, c’est chercher la fulgurance ») et pas avare d’anecdotes (saviez-vous qu’il a déposé la marque Rock and Roll à l’INPI ?), mais aussi capable de monter dans les tours à tout moment (il faut l’entendre s’insurger quand sont prononcés les mots « photographie numérique »). Après cette halte suisse, le natif de Longwy a poussé jusqu’à Düsseldorf où il présente jusqu’au 10 avril une large rétrospective de son travail. Là-bas l’attendait une équipe de la WDR. Nul n’est prophète en son pays…

Mieux vaut tard que jamais. Après le coup de gueule de la profession relayé ici-même la semaine dernière, le ministère de la Culture a enfin publié le rapport Franceschini sur l’état de la photographie en France et sur les mesures à prendre pour améliorer le sort des acteurs et actrices du secteur. Le rapport et ses annexes sont à télécharger ici.


Les Journées Européennes des Métiers d’Art (JEMA) reviennent pour une 16e édition du 28 mars au 3 avril. Pour l’occasion, près de 6000 événements (dont une triple exposition photo en gares de Nancy, Strasbourg et Troyes) sont programmés partout en France et en Europe dans des ateliers, manufactures, musées, institutions ou centres de formation. Cette fête de l’artisanat d’art offre autant d’opportunités photographiques à saisir pour celles et ceux qui voudraient participer au Défi 440 de Chasseur d’Images. 


Maintenant que le président Macron est devenu candidat, quel est le statut de Soazig de la Moissonnière, la photographe officielle de l’Élysée ? Éléments de réponse.


SOME INTERESTING READINGS FOR THE ENGLISH SPEAKERS
(quelques lectures intéressantes pour les anglophones)

• Derniers journalistes étrangers restés à Marioupol, Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka font le récit glaçant de ce qu’ils ont vu et laissé derrière eux. (attention, certaines photos sont choquantes)
• Julia Gergely nous raconte l’histoire méconnue d’Emile Bocian, fils d’immigrants juifs polonais qui passa sa vie à photographier le quotidien de Chinatown.
• The Guardian se souvient de Sumaya Sadurni Carrasco, photojournaliste hispano-mexicaine décédée le 7 mars dernier en Ouganda dans un accident de la circulation.
• Comment les appareils photo des iPhones de dernière génération plient la réalité à leurs « désirs algorithmiques ». (par Kyle Chayka)
• Marc Levoy parle de son travail d’ingénieur spécialisé dans la « photographie computationnelle » (on lui doit notamment les innovations logicielles des Google Pixel).
• « Mon cousin Bill », une interview vintage de William Eggleston par sa cousine et (un temps) assistante Maude Schuyler Clay.
• Wired a interrogé six photographes afro-américaines sur leur pratique et leurs aspirations (une lecture à compléter par la visite de la plateforme Black Women Photographers).
• À la découverte d’Iké Udé, l’homme qui a photographié le tout Nollywood.
• On peut avoir été marqué par la pop culture (Beyoncé, Tumblr, etc.) et faire preuve de classicisme dans son travail. Démonstration avec Micaiah Carter.
• Comment les femmes photographes ont changé notre façon de voir le monde… et poussé d’autres femmes à embrasser le métier de photojournaliste.

De Besançon à Caracas, d’Agadir à Daegu, l’exposition « Infinités plurielles » a beaucoup voyagé depuis sa création en 2013. Inventée par Marie-Hélène Le Ny, cette série de portraits sur fond blanc met en lumière des femmes scientifiques (tous domaines confondues, de la chimie à l’astrophysique en passant par les mathématiques, la sociologie, l’informatique, la biologie). Chaque photo s’accompagne d’un témoignage sonore où chacune décrit son parcours. « Les images et les mots, explique la photographe, s’enrichissent mutuellement pour nous inviter à traverser les apparences et à nous interroger sur nos fabriques d’images, nos modes de représentation de l’altérité – en particulier des femmes – et les lectures que nous en faisons… » Une vingtaine de ces portraits sonores est exposée actuellement au Campus Condorcet (Paris – Aubervilliers). L’intégralité de la série est visible sur le site de Marie-Hélène Le Ny.


Pas de Barrobjectif en 2022. L’équipe organisatrice de l’épatant festival charentais dédié au photojournalisme fait une pause et lance un appel à celles et ceux qui voudraient la rejoindre.


Pour soutenir financièrement le Centre Athénas, association de sauvegarde de la faune sauvage basée en Franche-Comté, Gil Gautier met en vente quelques-unes de ses photos de renardeaux. L’opération se termine le 31 mars.


On peut trouver ses tableaux photographiques grandiloquents et leur message un rien simpliste, mais on ne peut pas enlever à Gérard Rancinan son sens de la mise en scène, sa capacité à digérer l’époque… et sa faconde ! L’entretien audio qu’il a accordé à Michel Puech (en trois parties : 123), à l’occasion de sa nouvelle exposition à la Villa Tamaris, en offre un bel exemple. 


Pour faire plaisir à Richard Bellia (qui nous lit forcément), on se quitte avec « Red light », une chanson de Siouxsie Sioux (qu’il a croisée au moins une fois) dont le texte (lire ci-dessous) est truffé de références photographiques.

 

She falls into frame
With a professional pout
But the Polaroid’s ignite
Upon seeing their subject
 
And the aperture shuts
Too much exposure
Voyeur sucks into focus
Floodlit the glossy kiss-pit
 
But as emulsion drips down – down
The aperture shuts
Too much exposure
Come into this room
 
Come into this gloom
See the red light rinsing
Another shutterslut wincing
The sagging half wit sister
 
Pretty, pretty picture
Of an ancient nipple shrinking
That kodak whore winking
‘Til the aperture shuts
 

Too much exposure

 

 
« Clique clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
Photo d’ouverture : capture d’écran de l’interview de Richard Bellia par la WDR