Capture d’écran issue du « Dessous des images » / Arte
Situé à l’entrée du golfe d’Ajaccio, l’archipel des Sanguinaires est prisé des amateurs de coucher de soleil. Mais en cette matinée du 18 août 2022, c’est à un phénomène autrement moins idyllique qu’assiste Pierre-Mathieu Paolini : un arcus gigantesque annonce l’arrivée imminente d’un terrible orage. Celui-ci frappera quelques minutes plus tard, causant la mort de cinq personnes. L’émission « Le dessous des images » a interrogé le photographe sur les circonstances de cette prise de vue et le philosophe Rémi Beau sur les effets dépolitisants de l’esthétique du sublime. Et comme d’habitude, c’est super intéressant.
ÉGALITÉ
La parité photojournalistique reste encore à construire, comme le montre cet article de TV5 Monde où se mêlent les témoignages de Françoise Huguier et de deux de ses jeunes consœurs, la Vénézuélienne Ana Maria Arévalo Gosen et la Libanaise Tamara Saadé. Cet état de fait rend d’autant plus importants les prix récompensant le travail de femmes photographes, à l’image du Prix Françoise Demulder remis récemment à Adrienne Surprenant et Nanna Heitmann.
MUSICALITÉ
Depuis 2011, Kai Schäfer photographie les pressages vinyles originaux des albums emblématiques de l’histoire de la musique. Mais pour corser l’affaire, il a choisi de les photographier sur les platines où ils auraient d’abord été joués. Un travail d’esthète qui lui a valu les félicitation de Peter Hook en personne.
SEXUALITÉ
Parce qu’elle a grandi dans un monde où les représentations homosexuelles, dans la littérature ou dans les arts, étaient soit inexistantes, soit teintées de lesbophobie, Bérangère Fromont a décidé de s’emparer du sujet avec « L’amour seul brisera nos cœurs », série vibrante dont elle mesure cependant les limites : « J’ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour toutes les personnes se reconnaissant comme gouines. J’ai photographié tout le monde. Néanmoins, l’appel sur les réseaux a comme problème qu’il s’adresse à un cercle forcément restreint et je regrette donc que le projet ne soit pas plus diversifié. »
UKRAINE, UN AN APRÈS
• « J’espérais que la guerre n’éclate pas, mais, quand le 24 février est arrivé, j’y étais préparé. Je ne suis pas photographe de guerre par choix. Je le suis devenu par obligation. Moi qui m’intéresse à l’histoire et à la mémoire, je ne pouvais pas passer à côté de cet épisode. »Maxim Dondyuk
• Pour photographier la guerre qui depuis un an embrase l’Ukraine, le pays de ses grands-pères, Edward Kaprov a voulu renouer avec le collodion humide, procédé grâce auquel Roger Fenton avait couvert la guerre de Crimée il y a 170 ans. Il a ensuite acheté un van en Allemagne, l’a aménagé pour en faire un studio mobile et a roulé jusqu’à la ligne de front. De son périple il a fait un documentaireoù son émotion s’accorde à celle des civils qu’il a croisés : « La photographie me donne une excuse pour rester près de ces gens et de tout faire pour les aider. »
• Ne pas confondre Ukraine : un photographe dans la guerre d’Edward Kaprov, avec Ukraine, des photographes dans la guerre, documentaire rediffusé cette semaine par LCP dont on vous avait parlé enjuin dernier.
• Créé par Kateryna Radchenko, Christopher Nunn et Donald Weber, TheInformation Front est un journal dont le contenu est exclusivement fourni par des photojournalistes ukrainiens, aguerris ou non. Le Financial Times nous présente dix d’entre eux.
• Du bombardement de Chuchuiv à la bataille de Soledar, les douze derniers mois en douze instantanés.
• À Kharkiv où il réside, Vladyslav Krasnoshchok cherche à montrer comment sa ville a changé depuis l’invasion russe. Pas de chambre ni de trépied ici, mais un Olympus Pen argentique chargé en noir et blanc. Ce choix donne à ses images un air de fin du monde, dont l’auteur est bien conscient : « Elles m’évoquent les clichés post-apocalyptiques de Tchernobyl ou Detroit. »
• Ce jeudi à 20h est organisée au Mémorial de Caen une conférence sur l’Ukraine, suivie d’une conversation avec le photojournaliste Patrick Chauvel.
• La tradition en Ukraine veut que les tombes dans les cimetières soient ornées d’un portrait photographique du défunt, que ses proches renouvellent avant qu’il se dégrade. La situation actuelle rend impossible l’entretien des tombes, si bien que les visages sur les photos sont rongés par la moisissure. La puissance symbolique de ce lent effacement n’a pas échappé à l’objectif d’Emilio Morenatti, correspondant d’Associated Press à Irpin.
• Pour Le Pèlerin,Nicolas Cleuet a embarqué à bord du train n°102 qui relie la ville de Kiev et à celle de Kherson, libérée en novembre dernier. Mais derrière les sourires des usagers et des employés, l’auteur ne manque pas de rappeler que l’Ukrzaliznytsya, la compagnie ferroviaire nationale, a payé un lourd tribut à la guerre.
• Le dossier pédagogique de la « Semaine de la presse et des médias dans l’école » (du 27 mars au 1er avril) s’appuie cette année sur une photo de Sergei Chuzavkov montrant une jeune fille regardant son smartphone devant des immeubles partiellement détruits de la ville d’Irpin.
• Une année de combats, d’exils, de larmes et de deuils à travers les yeux des photographes du Los Angeles Times et du Monde(accès payant).
• Et puis parfois une seule image suffit pour dire le drame qui se joue à quelque 2400 km d’ici : deux exemples avec Guillaume Herbautet Lucas Barioulet.
• On boucle la boucle avec ce récent épisode du « Dessous des images » autour d’un portrait de Glib, gamin de Kherson pas forcément ravi par sa notoriété soudaine.
MUSIQUE
Cigarettes after Sex a décidément un crush pour les photographes français. Après Philippe Bréson et Cyrille Druart, le groupe new-yorkais d’ambient pop a fait appel à Stéphane Charpentier pour illustrer la pochette de son nouveau simple, « Pistol ». La photo est extraite d’un corpus intitulé « The Eclipse » qui a fait l’objet d’un livre aux éditions Sun/Sun et est actuellement exposé à la galerie Françoise Besson de Lyon.
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.