Boris Eldagsen – PSEUDOMNESIA | The Electrician

Le 13 avril dernier, Londres accueillait la cérémonie des Sony World Photography Awards. Vainqueur dans la catégorie « Créativité » de la compétition « Open », Boris Eldagsen s’est invité sur scène non pas pour remercier le jury mais pour refuser son prix, estimant qu’il ne le méritait pas. Et pour cause : l’image récompensée n’a pas été créée par lui mais par une IA. Contrairement à Jonas Bendiksen, qui en son temps avait berné le comité de sélection de Visa pour l’Image avec un faux reportage, Boris Eldagsen n’a pas cherché à tromper son monde. Dès qu’il a appris sa sélection début mars, il a dévoilé la supercherie au jury des SWPA (supercherie qui n’en est pas vraiment une puisque le règlement de la catégorie « Créativité » admet l’utilisation de n’importe quel dispositif – « any device »). L’artiste allemand a mis en ligne sur son site la chronologie détaillée des échanges qu’il a eus avec le comité de sélection des SWPA. On y lit la gêne de ce dernier à mentionner dans ses communiqués de presse le fait que l’image primée avait été générée par une IA. La demande d’Eldagsen de profiter de l’occasion pour organiser un débat public autour de la question des images générées artificiellement est aussi restée lettre morte. Et sur le site du SWPA, on ne trouve plus trace de The Electrician
 
(RE)DÉCOUVRIR ADAMA SYLLA
La fiche Wikipédia d’Adama Sylla tient en une ligne : « Adama Sylla est l’un des précurseurs de la photographie au Sénégal dans les années 1950. » Pour en savoir plus sur l’homme et son œuvre, on vous invite à visiter la double exposition actuellement présentée à Paris (galeries Talmart et La La Lande) et à lire l’interview qu’a donnée au Point Ange-Frédéric Koffy, son commissaire. « [Contrairement à] Malick Sidibé ou Seydou Keïta, confie-t-il, Adama Sylla n’est pas dans cette approche du studio où on va inviter les gens à performer. On est dans une certaine mise en scène, mais son studio est dépouillé. La mise en scène est plus dans les personnages que dans les décors, dans la manière dont les gens vont venir poser, regarder l’objectif, la manière aussi dont il a construit son rapport à l’image, son rapport aux lignes, aux courbes. »
 
BÉBÉ BLOOM
Après les « baby showers » et les « gender reveal parties », une autre tradition anglo-saxonne liée à l’arrivée d’un nouveau-né s’invite sous nos latitudes : le reportage d’accouchement. Parce que le sujet est sensible (pour ne pas dire tabou), il était nécessaire d’établir une charte délimitant le champ d’action des photographes. C’est ce qu’ont vite compris Maxime Faury, Hélène Halgand et Nathanaël Charpentier, les cofondateurs du collectif Carmin, collectif dont l’ambition est de « changer les mentalités sur le reportage d’accouchement ». Deux ans après sa création, le collectif compte déjà 42 photographes opérant dans toute la France.
 
PARCOURS DE BATTANTE
De l’impossibilité d’exercer le métier de photojournaliste en Égypte : témoignage édifiant de Somaya Abdelrahman qui a vu en quelques années sa situation et celle de ses pairs se durcir, et qui, de menaces en arrestations, a fini par quitter son pays. La mort dans l’âme : « J’ai pleuré quand j’ai passé la frontière. Les menaces d’emprisonnement ou de disparition forcée étaient derrière moi. Mais c’était aussi une souffrance, parce que j’ai compris que je ne reverrais plus jamais ma famille et que la vie que j’avais connue s’arrêtait ici, avec tous les souvenirs qu’elle comportait. » Après des passages houleux au Soudan et en Turquie, Somaya Abdelrahman vit aujourd’hui à Hanovre.
 
PRÉCISION ALLEMANDE
Comment les concepteurs des premiers Leica procédaient-ils pour ajuster l’obturateur au millième de seconde près ? Pour le savoir, l’équipe de Smarter Every Day s’est rendue en Finlande, à Tampere, dans l’atelier de Kamerastore où sont remis en état des boîtiers vintage – à l’aide d’outils modernes mais aussi en s’appuyant sur la documentation d’époque et sur un stroboscope datant des années 30. Cette vidéo est aussi l’occasion de mieux comprendre le phénomène de rolling shutter.
 
L’ART DU COLLAGE
Avec son boîtier et sa paire de ciseaux, Laura, alias « La Paranoia », compose des vignettes surréalistes dans une économie de moyens assumée. « Aux prémices de mon processus de créationexplique la Costaricienne, j’ai découvert qu’appliquer la règle d’or « less is more » à mon travail donnait une certaine satisfaction visuelle dont j’avais besoin. » Mais au-delà de l’aspect esthétique, son approche est politique : « Vivant à l’ère du consumérisme et du capitalisme, le minimalisme est un moyen de contrer ce chapitre de la société. »
Si vous trouvez les collages de La Paranoia un peu trop lisses et avenants, penchez-vous sur le travail de Frida Orupabo, artiste norvégienne d’origine nigériane dont les cadavres exquis associent archives coloniales, érotisme vintage et photos prélevées sur Ebay.
 
LES OFFRANDES DU JEUNE WERNER
Lancé en 1938, le Devin Tri-Colour est un appareil utilisant un procédé de trichromie complexe (trois plaques de verre enregistrant chacune une couleur : rouge, vert, bleu) qui demandait donc pas mal de manipulations à ses utilisateurs pour obtenir un tirage. 85 ans plus tard, le processus demeure toujours aussi compliqué, comme a pu le constater Marco Bischof. Le fils du grand Werner a en effet découvert en 2016 dans les archives de son père des centaines de négatifs sur plaques de verre réalisés à l’aide de cette appareil. Et il a dû s’entourer d’une équipe d’experts pour réussir à sortir des images présentables. Au-delà du dilemme technique, un véritable travail d’interprétation.
Une de ces photos est proposée à la vente dans le cadre de l’opération « Square Print Sale » organisée par Magnum jusqu’au 23 avril.
 
UNE PLUIE DE PRIX
• Pouvait-il en être autrement ? Le World Press Photo of the Year a été attribué à Evgeniy Maloletka pour un cliché du siège de Marioupol.
• À quelques jours du lancement du Festival de l’Oiseau, découvrez le palmarès du concours organisé dans le cadre l’événement.
• Partenaire du Prix de la photographie aéronautique Jacques Balsan, Phototrend présente les lauréats de l’édition 2023.
Polka a interviewé Giulio di Sturco, photographe milanais dont la série « Gang Ma » a remporté le 13e Prix Eurazeo.
• Les trois bourses du 1er livre photo reviennent à Katel Delia, Alaa Mansour et Randa Mirza.
• Dans le palmarès du Swiss Press Photo, on retient cette image d’Olivier Vogelsang, mais il y en a bien d’autres à découvrir sur le site de L’Illustré.
• La 13e Birth Photography Image Competition a accouché d’un palmarès plein de vie.
• Le matériel photo aussi a ses prix : les Tipa World Awards, une compétition dont les multiples catégories permettent de récompenser toutes les marques ou presque.
 
MUSIQUE
Click Click baby let me be your Camera Man
Take a quick pic go and post it on your instagram 
 
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.