170 ans séparent la mort de Rembrandt de la naissance de la photographie, mais cette dernière doit beaucoup au peintre néerlandais. En premier lieu, il a donné son nom à une technique d’éclairage en studio (caractérisée par la formation d’un triangle de lumière sur la pommette du modèle). Ses tableaux servent aussi parfois d’arrière-plan, comme on l’a vu il y a quelques semaines avec le Grand Prix de la photographie politique décerné à Ludovic Marin pour une image réalisée au sein du Rijksmuseum d’Amsterdam. Ce musée abrite de nombreuses œuvres de Rembrandt, dont La Ronde de nuit qui, depuis un an, détient le record de la reproduction photographique la plus résolue au monde : 717 milliards de pixels ! On peut se perdre dans les craquelures de cette image ultradéfinie ou bien apprécier le tableau de façon indirecte, comme nous le propose Rineke Dijkstra dans Night Watching, installation vidéo qui se focalise sur les réactions de groupes de spectateurs confrontés à La Ronde de nuit. « Ce qui m’a intriguée, a expliqué la photographe et vidéaste à Metal Magazine, c’est d’observer comment chaque individu voit et interprète l’œuvre en partant de son point de vue personnel ou de son expérience. »
Fondatrice de l’association « La Rue Tourne », Agy fait des maraudes dans Paris depuis une dizaine d’années dans le but d’apporter un peu de lien social aux personnes sans-abri qu’elle croise. Ces rencontres, elle a choisi d’en garder la trace par la photographie. Avec talent, même si « ce n’est pas juste pour la beauté de l’art ». De l’autre côté de l’Atlantique, Elisabeth Dekasongo mène un projet en tout point comparable. Depuis l’été dernier, elle sillonne les rues d’Ottawa pour changer le regard des gens sur celles et ceux qu’on appelle les itinérants. « La photo, dit la Canadienne, n’est pas une fin mais un commencement. »
EN BREF…
• Comment fait le Père-Noël pour remplir sa mission en une seule nuit ? Il se démultiplie, comme le montre ce reportage de Dina Litovsky réalisé en juillet à Branson, Missouri.
• Pour Valerio Minato, les étoiles étaient alignées le 15 décembre dernier… enfin, en l’occurrence, la basilique de Superga, le mont Viso et la Lune.
• Parce que le monde de la photo nature n’est pas peuplé que de tricheurs, Reporterre a demandé à sept photographes de raconter un de leurs clichés.
• Avec un atterrissage toutes les trois minutes, l’aéroport de Toulouse est le paradis des plane spotters.
• Cet article de Clément Thiery nous souffle une question : est-ce parce qu’il est complexé par sa petite taille que Jean-Paul Goude a allongé artificiellement le corps de ses modèles ?
Si vous êtes fans des Beatles, le nom d’Angus McBean ne vous est peut-être pas étranger. C’est à lui que l’on doit les fameuses photos de couverture des compilations rouge et bleue (vous savez, celles où on voit les Fab Four poser dans la cage d’escalier de l’immeuble des studios EMI, à six ans de distance). Son nom apparaît aussi dans les notes de pochettes de disques de Cliff Richard ou Maria Callas. Pour autant, on aurait tort de réduire le photographe gallois à ces portraits de commande. Dans l’entre-deux guerres, il s’était illustré par ses collages discrètement surréalistes. On pense, par exemple, à cette photo réalisée en 1938, mettant en scène l’actrice Flora Robson. C’est en la découvrant que David Sylvian eut l’idée, en 1984, de s’en inspirer pour le clip de son premier simple, Red guitar. Mieux, il invita Angus McBean, alors âgé de 80 ans, à faire une apparition dans la vidéo (dirigée par Anton Corbijn, excusez du peu).