Né en 1966 à Gaza, Taysir Batniji est parti, contre l’avis de sa famille, étudier l’art en Europe en 1994. L’époque était alors à l’optimisme quant à la résolution du conflit israélo-palestinien. Les accords d’Oslo venaient d’être signés, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin avaient échangé une franche poignée de main à la Maison-Blanche. Mais l’assassinat du Premier ministre israélien en novembre 1995 éteignit l’espoir de paix. De son côté, Taysir Batniji poursuivit ses études à l’École nationale supérieure d’art de Bourges où il obtint son DNSEP en 1997. L’artiste pluridiciplinaire partagea ensuite son temps entre la France et la Palestine, jusqu’en 2006 où l’accès à Gaza fut fermé. Certains de ses cousins ayant émigré en Floride et en Californie, il se rendit auprès d’eux pour réaliser une série photographique documentant leur nouvelle vie : « Home away from home ». Pour voir ses proches restés en Palestine, en revanche, pas d’autres moyens que le smartphone. Mais la connexion reste fragile : souvent le visage de sa mère se fige et les glitchs numériques envahissent l’écran. Conscient que ces ruptures de réseau disent, au-delà de sa situation personnelle d’expatrié involontaire, quelque chose de l’incommunicabilité entre Palestiniens et Israéliens, Taysir Batniji archive ces captures d’écran. Elles sont aujourd’hui réunies dans Disruptions, publié aux éditions Loose Joints. Le livre, nous apprend Kaelen Wilson-Goldie, s’ouvre sur une bouleversante dédicace à sa famille. Au cours du seul mois de novembre, la guerre de représailles d’Israël contre Gaza a en effet causé la mort de cinquante-deux membres de la famille de l’artiste, dont sa sœur et son frère.

CELLE QUI RESTE
Si l’on est orphelin quand on perd ses parents, il n’y a pas de mot dans la langue française pour qualifier celui ou celle qui perd un enfant. Doublement confrontée à ce drame (elle a perdu sa mère et sa fille en l’espace de quelques mois), Juliette Parisot s’est retrouvée dans une situation où « le passé et l’avenir se sont annulés ». Cet état de dénuement extrême a nourri les projets photographiques qui ont suivi, projets dans lesquels, pour la première fois, l’artiste s’est mise en scène. Mariant autoportraits, natures mortes et installations vidéo, ce travail sur le deuil est à découvrir actuellement au Centre Claude Cahun de Nantes. L’exposition « Celle qui reste » voyagera ensuite au Graph de Carcassonne et à la Galerie Le Lieu de Lorient

UNE ENVOLÉE STRATOSPHÉRIQUE
Comment photographier la Terre depuis la stratosphère quand on n’est pas spationaute ? Pour y parvenir, Edouard Janssens a eu l’idée de s’inspirer des ballons-sondes traditionnellement utilisés pour les relevés météorologiques. Oui mais voilà, de l’idée à sa mise en œuvre, il y a un pas (on n’envoie pas un ballon à 33 km d’altitude sans prendre certaines précautions). Matière Grise, l’émission de vulgarisation scientifique de la RTBF, a suivi les différentes étapes de cette drôle d’aventure.

TOUT SUR LA STÉRÉOSCOPIE
La newsletter Bulletin a consacré un numéro hors-série à la stéréoscopie, présentée ni plus moins comme le « Netflix du XIXe siècle ». La comparaison fait sourire, mais elle s’appuie sur quelques arguments, notamment le fait que, non breveté, le stéréoscope est produit par de nombreuses firmes et commercialisé à un prix modique qui le met à portée des classes moyennes. Et les millions de cartes stéréographiques en circulation à l’époque ont de quoi répondre à toutes les envies : des scènes de vie exotiques aux icônes religieuses en passant par les images de la Grande Guerre, les diableries et les clichés licencieux. Bref, un must-read, comme on dit en bon français. Et si le sujet vous passionne, les nombreux liens vers les ressources extérieures devraient contenter votre appétit.

PASSAGE DE RELAIS
Parce que la photo nature est souvent affaire de transmission, Olivier Larrey a eu l’idée d’un documentaire le mettant en scène avec son fils Eliel, 12 ans, dans la campagne héraultaise. La quête du renard sert ici de prétexte à une présentation des us et coutumes de la photographie animalière (les repérages, l’affût, le piégeage photo, etc.). Certaines répliques manquent de naturel, certaines séquences sont un peu téléphonées, mais si vous êtes amateur de belles images de faune sauvage, vous allez être servi.

LE SAVIEZ-VOUS ?

  • Ce qui reste du billet de 500 francs cramé par Serge Gainsbourg il y a 40 ans dans l’émission « 7 sur 7 » trône dans le salon de Michel Giniès.
    • Ingrid Pollard est la 44e récipiendaire du prestigieux Prix de la Fondation Hasselblad.
    • L’acteur Jason Lee, que vous avez peut-être vu dans la série comique My name is Earl, a ouvert un magasin photo à Los Angeles.
    • Dans la saga Harry Potter, le personnage de Colin Creevey ne se sépare jamais de son appareil photo. Cela a donné des idées à Hugh Mitchell, son interprète sur grand écran.
    • N’en déplaise aux galeristes, le mot vernissage est relativement inapproprié pour annoncer l’ouverture d’une expo photo.
    • C’est un ballon de foot (et ses habitants) qui trône en première place des British Wildlife Photography Awards.
    • À l’aise au pied de la scène comme dans la mise en scène, Jill Furmanovsky a reçu un Lifetime Achievement Award saluant ses cinquante années d’activité.
    • Tim McKenna a perdu plus de matos en faisant des shootings de mode aquatiques qu’en photographiant des surfeurs dans les rouleaux de Teahupo’o.
    • Markus Klinko, à qui l’on doit quelques portraits mémorables de David Bowie ou de Paris Hilton, est harpiste de formation.
    • La forme et les dimensions du ballon de football américain n’ont pas changé depuis 100 ans (mais l’usine Wilson qui les fabrique, oui).
    • Les paparazzi Pascal Rostain et Bruno Mouron ont participé à l’émission C’est pas sorcier.
  • Même sur BFM Business, il arrive qu’on parle livre photo (à 2’40).
    • Il n’est pas besoin de prendre des produits hallucinogènes pour voir des éléphants roses.
  • MUSIQUE
    En hommage à Shigeichi Negishi, on se quitte avec une version karaoké du Photograph d’Ed Sheeran.

    Et parce qu’on pense aussi à vos voisins, on vous met la version originale pour vous entraîner.

     

    « Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.