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Selon l’Insee, l’année 1964 a vu la naissance de 12956 Valérie en France. Deux d’entre elles se sont fait un nom dans la photographie d’ici. Native de Boulogne-Billancourt, Valérie Belin est passée par l’école nationale supérieure d’art de Bourges où elle a affiné son goût pour le minimalisme et l’art conceptuel, deux influences qui, les années passant, tendent à disparaître de ses œuvres, comme le montre « Les visions silencieuses », rétrospective à venir au Musée des Beaux-arts de Bordeaux. La néo-Académicienne y présentera cinq pièces issues de « Lady Stardust », dernière série en date qui, en multipliant les couches et les références (aux comics notamment), vogue très loin des portraits éthérés de ses débuts. Pour sa part originaire de la région stéphanoise, Valérie Jouve a mené des études d’anthropologie avant d’apprendre la photographie à l’ENSP d’Arles. Ce cursus initial a sans aucun doute une influence sur sa production, laquelle fait la part belle aux corps et à leur inscription dans le paysage. À l’occasion d’une exposition à Paris, la lauréate 2013 du Prix Niépce était l’invitée des Midis de Culture. Émission où elle a pu détailler son modus operandi (entre fidélité à la chambre et aspiration du numérique) et sa façon de « chanter » le monde. Pour en savoir plus sur sa pratique, rendez-vous le jeudi 25 avril à 19h au BAL

DANS LA TÊTE DE JULIEN MAGRE
Le temps de lecture indiqué en début d’article (23 minutes) sera rédhibitoire pour certains, mais vous auriez tort de vous priver de ce papier d’Antoine Zabajewski sur Julien Magre, photographe du quotidien dans ce qu’il a de moins spectaculaire. Dans ce qu’il comporte aussi d’ordinaire tragique. Depuis sa rencontre avec Caroline aux Arts Déco, Julien Magre a en effet décidé de faire de son couple, puis de sa famille son sujet principal. Et ça lui/nous convient très bien : « Je photographie la vie, l’amour, mes enfants. Ma vie, semblable à un plan séquence, est une succession de moments où la réalité me surprend constamment.«  Ce qui n’empêche pas le lauréat 2022 du Prix Niépce de faire parfois des pas de côté, comme le montre « La male bête », série réalisé pour la Grande commande du photojournalisme de la BnF qui l’a vu chasser le loup, ou du moins son fantôme, en terres limousines.

LA REINE DU FAKE
L’affaire du vrai-faux portrait de famille de Kate Middleton a fait ressurgir sur les réseaux des images réalisées par celle qui, bien avant la démocratisation de Photoshop et l’émergence des IA, a érigé le faux au rang d’art : Alison Jackson. Dès la fin des années 1990, la Britannique, formée au Chelsea College of Art and Design, a produit des simili-paparazzades mettant en scène des sosies de Lady Di, George W. Bush ou David Beckham dans des positions incongrues voire scabreuses. Ces « Mental images », comme elle les appelle, interrogent notre voyeurisme mais aussi le jeu malsain qu’entretiennent la presse tabloïd et les grands de ce monde. « Quitte à nourrir la désinformation ? », demande Vulture. « Les photos que je réalise, répond Alison Jackson, sont faites pour sembler réelles pendant une nanoseconde. Et puis après, le spectateur se rend compte du subterfuge. L’idée est de sensibiliser le public à ne pas croire tout ce qu’il voit. »

FEUILLETAGE
Depuis plus de deux décennies, Alessandra Sanguinetti documente le lien qui unit Guille et Belinda, deux cousines argentines dont elle a photographié les jeux d’enfants, les affres de l’adolescence et la vie d’adulte. Mouvant et émouvant, ce travail est éminemment photographique car il fait du temps qui passe son personnage principal. Dans le cadre de l’exposition qui y est actuellement présentée, la Fondation Henri Cartier-Bresson a accueilli le temps d’une soirée les trois protagonistes de ce projet au long cours pour un feuilletage du catalogue. Sur le papier, le concept du feuilletage filmé peut sembler ennuyeux, mais le résultat, grâce à l’implication et à la gaieté de Guille et Belinda, s’avère très vivant.

IL ÉTAIT UNE FOIS
Créée en 1978 par Albert Barillé, la série animée « Il était une fois… » a contribué à l’éducation de plusieurs générations d’enfants en les familiarisant avec l’histoire de l’humanité, l’espace, l’anatomie ou les grandes découvertes. Quinze ans après la mort de son créateur et sous l’impulsion de son épouse Hélène, la série connaît une nouvelle déclinaison autour des objets. Et, évidemment, l’appareil photo est au menu. La voix de Roger Carel nous manque, mais ne boudons pas notre plaisir de retrouver Maestro et ses compères.

La loi des nombres

80

C’est le nombre de places disponibles pour « Clic-Clac ! », le marathon photo organisé à Strasbourg le 27 avril prochain.

250

C’est le nombre de cartes photo rassemblées par Luce Lebart (à 34’33) au sein de l’exposition « Will write soon », visible actuellement à GwinZegal.

595

C’est, en secondes, la durée du tuto d’Okoo-koo pour fabriquer un mini-album photo. De quoi occuper vos enfants ce week-end.

1876

C’est l’année où a été réalisé le portrait d’un jeune homme ressemblant à Arthur Rimbaud. De là à penser qu’il s’agit bien de l’auteur du Bateau ivre

2210

C’est le numéro de Télérama dans lequel est parue l’interview de Robert Doisneau exhumée des archives du magazine pour commémorer le trentième anniversaire de sa mort.

3000

C‘est, en dollars, la somme remportée par Yajun Hu, le grand vainqueur des 13e Mobile Phone Awards (pour les lauréats des différentes catégories, voir ici).

10000

C’est, en euros, la somme versée au lauréat ou à la lauréate de la Bourse SAIF / Benoît Schaeffer pour l’édition photographique.

20000

C’est, en euros, l’objectif fixé pour financer « Nos petits héros du quotidien », exposition sonore et visuelle conçue par Émilie Laroche.

21000

C’est le nombre de photographes ayant participé au Concrete in Life 2023, un concours photo organisé par la Global Cement and Concrete Association et logiquement axé sur le bâti.

26000

C’est le nombre d’ours polaires vivant actuellement dans le Grand Nord. Un « animal totem et géopolitique » que connaît bien Rémy Marion.

40000

C’est, en euros, le prix de départ d’un Leica M4 emballé et signé par Christo qui sera mis aux enchères en octobre prochain lors des traditionnelles Wetzlar Camera Auctions.

300000

C’est le nombre de personnes qui, chaque année, visitent le village martyr d’Oradour-sur-Glane. Parmi elles, Yannick Cormier.

la petite Musique de fin

Concluons, une fois n’est pas coutume, sur quelques notes de smooth jazz avec ce récent et enveloppant « Pictures » du trompettiste américain Keyon Harrold.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.