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Boy with June bug, Fort Scott, Kansas, 1963, by Gordon Parks

Boy with June bug, Fort Scott, Kansas, 1963, by Gordon Parks

L’union de la photographie et de la pâte à modeler a produit quelques chefs-d’œuvre du cinéma d’animation, au premier rang desquels les films des studios Aardman (ce documentaire de 2017 en raconte la genèse et l’essor). Mais cette union génère aussi… des copies de chef-d’œuvre. En 2013, alors qu’elle participe à un quiz dans un pub de Brighton, Eleanor Macnair est mise au défi de faire deviner une photo célèbre en la recréant avec de la pâte à modeler. L’idée lui plaît tellement qu’elle se l’approprie et entreprend une série hommage aux photographes qui l’ont marquée. Quelques pots de plasticine, une planche à découper, un scalpel et une bouteille vide en guise de rouleau suffiront pour se lancer. Ses premières recompositions de Diane Arbus, Man Ray, Walker Evans, Gordon Parks ou Malick Sidibé connaissent un succès immédiat sur les réseaux et lui ouvrent en 2017 les portes de la National Portrait Gallery. Dix ans après ses débuts, le temps est venu pour Eleanor Macnair d’un premier bilan, sous la forme d’un livre, Photographs rendered in Play-Doh, que l’on peut acheter ou feuilleter librement.

INTER ALIA
Graziano collectionne les culottes de stars, Alberto les voitures à pédales, Silvia les vêtements anciens, Peter les postes de radio, Marco les sonnettes, Mathilde les coquillages, Karima les masques traditionnels mexicains… Et Aurore ? Eh bien, Aurore (Valade) collectionne les portraits de ces collectionneuses et collectionneurs ! Elle en a même fait un livre, Les Choses, dont on peut voir de larges extraits sur son site. Et dont la présentation par Céline du Chéné fait bigrement envie.

IN MEMORIAM
On peut trouver bizarre, voir déplacé, de photographier une personne décédée sur son lit de mort. La pratique était pourtant courante de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, comme l’a expliqué Laurence Prod’homme, conservatrice au Musée de Bretagne, au magazine gratuit Bikini : « Faire venir un photographe représentait un investissement, cela traduisait donc un profond geste pour le défunt. » (pages 32-37) L’article donne aussi la parole à Stéphane Étienne, photographe professionnel qui s’est récemment prêté à l’exercice du reportage funéraire, avec retenue et en adaptant son matériel à la situation : « Plein de personnes ne sont pas encore prêtes à voir un inconnu photographier ces moments-là. J’ai donc travaillé au téléobjectif pour essayer de capter des scènes. Même sans photographier les visages, tu peux retranscrire des émotions : un bras par-dessus une épaule, des gens qui se serrent… »

PERPETUUM MOBILE
Fan de science-fiction, Dennis Larance aime à citer Blade Runner et Cowboy Bebop parmi ses influences, et ça se voit sur ses images rétrofuturistes. « L’éclairage et la couleur sont mon pain et mon beurre »se plaît-il à dire. Et pour obtenir le rendu qu’il souhaite, le Chicagoan n’hésite pas à se remettre en question. Il est même allé jusqu’à troquer son matériel Sony contre l’équivalent Fuji, juste pour bénéficier des simulations de films vintage.

FAC SIMILE
En 1872, à l’initiative du South Kensington Museum de Londres, a été menée une mission photographique visant l’enregistrement à taille réelle de la Tapisserie de Bayeux. Des 180 plaques de verre réalisées ont été tirées des photographies noir et blanc, contrecollées sur une bande de lin de 68 mètres de long puis colorisées. Parmi les six pièces conçues selon ce procédé, seules trois ont survécu aux affres du temps. L’une d’elles appartenait à Charlie Watts. Suite au décès du batteur des Rolling Stones, elle a été mise aux enchères et a été acquise par le Musée de la Tapisserie de Bayeux. Un joli coup, comme l’a expliqué Antoine Vernet, conservateur des musées de la ville, au Parisien « On a suivi les enchères par curiosité, en pensant qu’elles flamberaient. Mais quand on a vu que la vente ne décollait pas, on a appelé le maire qui était dans le train. Il nous a donné son feu vert et on s’est positionnés. » Cette réplique grandeur nature, à l’intérêt patrimonial évident, sera présentée au grand public à l’horizon 2027. D’ici là, vous pouvez dérouler l’original grâce à ce panorama numérique mis en ligne par le musée durant le confinement.

•INTERLUDE•

En hommage à Paul Auster, un extrait de Smoke, film de 1995 dont il avait écrit le scénario et dans lequel Harvey Keitel incarne le propriétaire du Brooklyn Cigar Company, un commerce qu’il prend chaque matin en photo.

Verbatim : paroles de photographes

Nous sommes submergés par les images et les informations.
On regarde mais on ne voit pas, on entend
mais on n’écoute pas.

Jacques Renoir

(source : Art works !)

La technique photo ça ne m’intéresse pas plus que ça, ce qui m’intéresse c’est mon modèle. Je préfère passer des heures avec un chiffon et une pince à épiler pour le nettoyer, le préparer comme un top-modèle, plutôt que de passer des heures sur Photoshop à enlever les petites pétouilles.

Cédric Pollet

(source : Où est le beau ?)

Aux Etats-Unis,
je me suis perfectionnée dans mes bidouilles photographiques en faisant les portraits d’Ozzy Osbourne et de Lou Reed !

Gaëlle Ghesquière

(source : France 3 Hauts-de-France)

La mention d’intelligence artificielle fait peur
à beaucoup de monde, mais pour « Kush » et mes créations pour cette exposition, j’ai senti
que mes idées et la technologie allaient
de pair. 

Delphine Diallo

(source : RFI)

Quand on est photojournaliste, on travaille avec des signes qui relèvent d’une culture collective commune. Il faut les manipuler avec prudence.

Jean-Claude Coutausse

(source : Arrêt sur Image)

Il n’y a que quelques jours par an où c’est possible de voir la Lune ainsi derrière la falaise. Et quand ça arrive, tout se joue à trois minutes près. Il ne faut pas se louper. Ce jour-là, les planètes se sont alignées.

Clément Brustel

(source : Watson)

Je me pose toujours cette question : comment fabriquer une image qui n’existe pas encore dans l’imaginaire collectif ?

Rémi Besse

(source : Vision(s))

Bien souvent, on imagine les autistes soit comme des génies de type Asperger, très doués avec les chiffres ; soit comme des enfants sauvages, très agressifs et mutiques. Or, il y a autant d’autismes que d’autistes! Et ce n’est pas une maladie, mais un dysfonctionnement du développement neuronal.

Lucie Hodiesne

(source : Polka)

Je fais rarement regarder mes modèles dans l’objectif car je m’imagine comme une petite souris observant une scène, une scène de film qui se déroule sous mes yeux.

Lisa Carletta

(source : Collater.al)

la petite Musique de fin

Artiste plasticien et chanteur, Rob Miles combine ses deux talents dans cette reprise de Chet Baker dont il a réalisé lui-même le clip. Découpage et collage n’ont pas de secret pour lui…

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.