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Qu’elles sont drôles et attendrissantes ces images où les membres d’une même famille recréent, quelques décennies plus tard, des poses de leur album commun. Sous l’œil de Gustavo Germano, le procédé prend un tour beaucoup plus dramatique. Le photographe a recréé des photos de famille datant d’avant les années de dictature en Argentine. Fatalement, certains membres manquent à l’appel, laissant des trous béants sur les nouveaux clichés qui disent à eux seuls la violence de la répression. Vous trouvez le procédé vertigineux ? Vous n’avez rien vu. Dans le cadre du projet « Breast cancer now », la portraitiste londonienne Jillian Edelstein utilise l’IA pour créer des images d’un événement futur auquel des femmes atteintes d’un cancer métastatique pourraient ne pas assister : la remise de diplôme d’un enfant, un anniversaire, le mariage d’un proche, etc. Quelle place pour ces fictions photographiques dans l’album familial ? 

LA VILLE POSE

Haut-lieu de la photographie toulousaine, la galerie du Château d’Eau a fermé ses portes le 22 avril. Pas définitivement, rassurez-vous, mais pour être rénovée et agrandie. La réouverture n’étant pas prévue avant l’automne 2025, la célébration du cinquantième anniversaire de la galerie fondée par Jean Dieuzaide sera délocalisée aux Abattoirs en octobre prochain. Avant cela, le festival MAP fera un clin d’œil à cette anniversaire en mettant à l’honneur Robert Doisneau, dont les photos avaient été exposées au Château d’Eau pour son inauguration en 1974. Pour mesurer l’attachement de Jean Dieuzaide à Toulouse, on vous conseille de visionner la première partie de cet épisode d’Invitation au voyage consacré au photographe (son goût du scoop et de l’image insolite, ses recherches graphiques autour de l’aéronautique, etc.). La Ville rose aime la photo et affiche cet amour en grand sur ses murs, comme le prouvent cette immense photo d’une ouvrière qui habille le bâtiment en verre des Archives départementales de Toulouse ou encore ce portrait de Claude Nougaro accroché place Saint-Pierre. Le chanteur, qui ne se trouvait pas photogénique, a ici fière allure. Le mérite en revient à Patrick Ullmann, « le mec plus ultra du déclic ».

PAROLE AUX VICTIMES

Le milieu de la photographie n’est pas épargné par les violences en tout genre. Dans une volonté de libérer la parole, deux initiatives ont été lancées sur Instagram ces dernières semaines. Il y a d’abord metoophoto_, un compte à l’origine duquel on trouve des modèles qui en avaient « marre de vivre des violences et d’entendre qu’il fallait se méfier d’untel ». Par souci d’entraide, les victimes de comportements déplacés ou de harcèlements sont invitées à partager leurs mauvaises expériences en tout anonymat. L’anonymat est aussi de rigueur sur  mise_au_point_temoignages, compte lancé fin avril par l’équipe de 9 Lives Magazine dans le but d’éveiller les consciences : « Il est important que ces histoires soient connues, comprendre qu’elles existent, et que l’on ne doit plus fermer les yeux sur certains agissements. »

AU POINT MORT
Dix ans après la disparition de Camille Lepage, les hommages se sont multipliés, notamment à Angers, sa ville natale. Mais l’enquête, elle, patine. « On ne peut pas dire que ça avance beaucoup, déplore la mère de la photojournaliste. C’est plutôt une évolution. L’instruction est à présent aux mains d’un pôle spécialisé sur les crimes contre l’humanité, qui juge des dossiers plus compliqués, plus longs. Cela permettrait peut-être d’avancer un peu plus. Il y a quand même une réserve, puisque les relations entre la France et la Centrafrique ne sont pas bonnes en ce moment. Cela ne favorise pas les recherches complémentaires sur l’embuscade qu’a subie Camille. »

À FOND LA FORME !

Parisiens, Parisiennes, il ne vous reste plus que quelques jours pour découvrir « Bercy Street Workout », projet de Marine Peixoto mené auprès de passionnés de musculation actuellement exposé au BAL. Pour saisir les fils qui sous-tendent cette série au long cours et, plus généralement, la démarche de l’artiste, on vous conseille de visionner cet épisode de L’Atelier A. On y voit les tâtonnements de Marine Peixoto, on y entend surtout quelques réflexions bien senties, comme cette définition de la justesse en photographie : « nettoyer ton pathos de tout ce qui peut être collant pour livrer une vision que d’autres puissent s’accaparer ». À noter que la photographe sera présente le samedi 18 mai de 14h à 18h, au BAL Books, pour une séance signature de l’ouvrage édité dans le cadre de l’expo.

L'INSTANT PROMO

Tous les deux mois, Stéphane Hette et Marcello Pettineo font des étincelles dans les pages de Nat’Images.
Avec leur nouveau projet, L’Afrique à fleur de piste, livre réalisé avec Jean-Éric Fabre, Florent Paci et Jean-Sébastien Steyer,
c’est un véritable feu d’artifice qu’ils nous préparent…

En bref et en vrac...

 Ce samedi 18 mai, dans le cadre de la Nuit européenne des Musées, le Musée Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt organise une rencontre avec Marcelline Delbecq, l’autrice d’Envolée (éditions Sun/Sun).

 Le prochain festival Visa pour l’Image commence à se dévoiler. Pas de reportage sur la guerre Israël-Hamas programmé pour l’instant, mais Jean-François Leroy n’exclut pas de consacrer une soirée projection au sujet.

 Après avoir intenté un procès pour plagiat au peintre Jeff Dieschburg, la photographe américaine Jinga Zhan s’attaque aujourd’hui à un plus gros poisson : Google. Avec d’autres, elle accuse la firme d’avoir entraîné Imagen, son générateur d’images, avec certaines de ses photos.

 Président de France Photobook, Éric Cez a une solution étonnante pour sauver l’édition photographique : la gratuité.

 Comme le CNRS, le Fonds national suisse pour la Science a son concours photo. Et le palmarès de l’édition 2024 brille par la diversité des sujets traités autant que par la variété des techniques de prise de vue mises en œuvre.

La photographe naturaliste Sandrine Booth a lancé un podcast dans lequel elle raconte de façon poétique sa relation au monde sauvage.

Contrecoup des J.O. et des mesures de sécurité prises à cette occasion : le musée du Jeu de Paume sera fermé jusqu’au 27 septembre.

L’exposition « L’Orient en rhapsodie » présentée à la galerie Le Lieu (Lorient) jusqu’au 18 mai s’accompagne d’un épisode de Mirettes dans lequel Denis Dailleux retrace son parcours, de son enfance dans un petit village de l’Anjou jusqu’à sa découverte décisive de l’Égypte.

Pour un « coup de foudre », le texte de Lucie Sol manque d’enthousiasme, mais merci à elle pour la découverte de Claire Luxton, artiste britannique dont les autoportraits font le pont entre peinture classique et retouche numérique.

Quarante ans séparent le Polaroid 600 et le drone FPV, mais c’est pourtant ce curieux attelage qu’a décidé d’utiliser Clark Lupton.

la petite Musique de fin

Pour saluer l’ouverture de PHotoESPAÑA, festival madrilène placé cette année sous le signe du mouvement, on se quitte avec une chanson remuante, interprétée dans la langue d’Isabel Muñoz par les Downtown Boys.
Pour la petite histoire, il s’agit d’une reprise du Fotos y recuerdos chanté en 1994 par Selena Quintanilla, chanson qui elle-même était une adaptation du Back on the chain gang des Pretenders.

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