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Avec le retour de hype de l’argentique, la demande de révision ou de réparation de vieux appareils laissés dans les placards, pour certains pendant des décennies, a explosé. Parfois c’est un miroir qui se bloque en position haute, une « fuite » de courant qui vide la pile, un œilleton constellé de champignons… Autant de menus bobos que les tutos d’Hosto Photo permettent de régler soi-même, pour peu qu’on ait les bons outils et la fibre bricoleuse. Vous noterez que la chaîne YouTube est inactive depuis plus d’un an. Non pas parce que Thibault Alberny (l’homme derrière Hosto Photo) a lâché l’affaire, mais parce qu’il n’a plus le temps de s’en occuper. Ce réparateur professionnel installé à Aix-en-Provence est en effet submergé par la demande et décline 50% des requêtes qu’il reçoit. C’est du moins ce qu’il a expliqué au micro du podcast No Filter. L’épisode est trop long (2h36 !), mais il comporte suffisamment de passages intéressants (sur l’importance d’avoir des sources documentaires fiables, sur les mauvaises pratiques de certains pseudo-réparateurs, sur Camera Rescue…) pour vous en conseiller l’écoute. Et puis, ça vous fera un bon compagnon de route si vous êtes du genre à traverser la France pour écumer les foires photo…

…À PROPOS DE FOIRE PHOTO

Qui dit premier week-end de juin dit Foire de Bièvre. Pour sa soixantième édition, le rendez-vous des iconomécanophiles de France et de Navarre propose, sur deux jours, un marché de l’occasion et des antiquités photographiques, des stands dédiés au matériel neuf, un pôle de services (spécialistes de l’impression, vendeurs de films et produits argentiques, librairie) et un marché des artistes. À cela s’ajoutent un copieux programme de conférences, un concours photo in situ et plusieurs expositions, dont celle du grand Penti Sammallahti (présentation express ici). Anniversaire oblige, quelques animations spéciales sont prévues : sur les stands une mise en avant des appareils photo sortis en 1964 (Pentax Spotmatic à prévoir), une exposition rétrospective, une tombola « 60 ans/60 photos » ou encore la mise en vente de tote-bags reprenant l’affiche originale de la foire.

CHAPUIS : CHAPEAU !

Toute petite déjà, Isabelle Chapuis peignait, dessinait, bricolait de ses mains nues. Aujourd’hui photographe, elle accorde une grande importance aux préparatifs qui entourent ses séances de portrait, utilisant des matières aussi diverses que le coton ou… la barbe à papa ! Un goût pour les matières fragiles que l’on retrouve dans ses collaborations avec le plasticien végétal Dhuy Anh Nhan Duc (Dandelion ou Étamine, par exemple). De ses années d’enfance passées à pratiquer la danse, Isabelle Chapuis a aussi gardé une relation au corps qu’elle explore dans nombre de ses travaux personnels ou de commande, et dont Vivant, le sacre du corps, son dernier livre en date, constitue le point d’orgue. Au micro de Studio Jiminy, la photographe a expliqué les dessous de ces séries marquantes (l’interview commence à 15’37).

COLLECTIONS SENSIBLES
Fondée en 2019, la revue semestrielle Trouble dans les collections s’intéresse à l’histoire « contentieuse et contestée » d’un certain nombre d’institutions et collections muséales en Afrique et en Europe. Le dernier numéro, disponible en ligne (on accède aux articles en cliquant sur les images de la colonne de droite), est consacré à PhotIFAN, projet visant à réévaluer l’importance du patrimoine photographique hérité de l’Institut Français d’Afrique Noire (1936-1960). La longue introduction donne le ton de l’ensemble : c’est avant tout un travail de chercheurs. Pour entrer dans le sujet et comprendre ses enjeux (montrer des images produites en situation coloniale en prenant en compte les relations de domination qui les ont vu naître), on vous conseille de commencer par la vidéo « Les Centrifans à la croisée des archives photographiques et textuelles de l’IFAN ».

UN NUMÉRO CHASSE L’AUTRE

Le n°85 de Nat’Images va bientôt quitter les kiosques pour être remplacé par le n°…86 (ô surprise !). Pour faire le pont entre les deux numéros, on vous invite à regarder deux vidéos en lien direct avec leurs contenus respectifs. Tout d’abord un épisode de « Passe-moi les jumelles » dans lequel Jonathan Rebouillat raconte comment le monde sauvage et le pliage ont donné un équilibre à sa vie. Sans transition, enchaînez ensuite avec cette vidéo du Grand JD qui, accompagné du photographe naturaliste Neil Villard, s’est rendu dans un petit village des Carpates où, la nuit venue, des ours bruns errent dans les rues. Des origamis in vivo au triste destin des ours polonais, du sensible au spectaculaire, toute l’étendue du spectre de la photo nature.

En bref et en vrac...

 La 5e édition du Parlement de la photographie se tiendra les 5 et 6 juin au Palais de Tokyo. L’événement sera accessible en présentiel et en ligne.

 Cartons et silhouettes font bon ménage, comme le prouve cette série supervisée par le photographe slovaque Michal Zahornacky.

 Tenancier du blog Analog.Café, Dmitri Tcherbadji aime expérimenter autour de l’argentique : tester des films et des procédés de développement. Dans un billet du 20 avril, il explique ainsi comment il a utilisé du cannabis comme révélateur. Une première selon Peta Pixel.

France 3 Grand Est a interviewé Benoît Linder, photographe de plateau sur une série mythique de la télé allemande : Tatort.

La Bargehouse gallery de Londres accueille une exposition de la British Press Photographers’ Association. Petit avant-goût en 13 images

La communauté des photographes ambulants ne cesse de s’élargir. Sébastien Bergeron fait mieux que surfer sur la mode, il y contribue en fabriquant des afghan boxes dans son atelier du Morbihan (version longue du reportage ici).

 

On connaissait les photographes du dimanche ; Ben Dorado, lui, se décrit comme « un photographe du samedi », histoire de signifier que le sujet l’intéresse mais qu’il reste annexe dans son travail d’infographiste déjà très demandé (Hamza, Drake, La Fève…).

 Les smartphones sont-ils des appareils photo ? La réponse de Raymond Depardon.

 Selfies et faune sauvage ne font pas bon ménage, quand bien même les photos sont prises par des scientifiques dans le but de sensibiliser le grand public.

 Entre scénarisation et improvisation, l’art de Jeff Wall en cinq images exemplaires.

Le photomaton a près de cent ans et il continue de susciter la curiosité et l’enthousiasme, comme le montre cette déclinaison coréenne nouvellement installée à Paris.

On a un avis assez mitigé sur la BD Vivian Maier claire-obscure (voir chronique dans C.I. n°456), mais cette interview des deux autrices, Émilie Plateau et Marzena Sowa, n’en reste pas moins intéressante.

 Encore un putain de livre photo…

la petite Musique de fin

De passage à Paris pour inaugurer une rétrospective présentée au Musée Maillol, Andres Serrano a accordé une interview à France Culture. L’entretien est décousu et pas franchement intéressant, mais on y apprend que Piss Christ, l’œuvre la plus controversée du photographe américain, a inspiré au groupe australien Bad//Dreems une bombinette du meilleur tonneau.

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