Documentaire consacré à Dolorès Marat (visible sur le site de France TV jusqu’au 10 novembre), La Vague débute par une scène qui, à elle seule, dit la singularité de la photographe. On est en studio pour un portrait et, à mesure que la lumière diminue, on suit l’échange entre Dolorès Marat et son modèle : 
– Un photographe me verrait faire ça, il me dirait : « Mais elle est folle. » Dans le noir complet, compter jusqu’à 20 secondes…
– Sans pied !
– ah, ah… et avec une 50 ASA !
Et pourtant, c’est en s’affranchissant des règles que la photographe a construit une œuvre à nulle autre pareille, tutoyant les frontières de l’étrange. Entre éclats du quotidien et moments de flottement, ce premier documentaire d’Armelle Sèvre, également photographe, donne à entendre et à voir le parcours tumultueux d’une autodidacte dont le talent s’est révélé sur le tard mais qui a rencontré son public, comme le montre la jolie séquence dans la librairie qui conclut (plus ou moins) le documentaire.

FOCUS SUR KIM PHUC

La paternité de La petite fille au napalm, image symbole de la guerre du Vietnam, a défrayé la chronique ces derniers mois, un documentaire américain (The Stringer) défendant la thèse selon laquelle Nick Ut n’en serait pas l’auteur. L’épisode d’Affaires sensibles du 27 août dernier a choisi de s’éloigner de la polémique pour se recentrer sur le sujet principal de la photographie : Kim Phuc. L’émission retrace sa vie, de sa naissance le 2 avril 1963 à Trảng Bàng à l’asile qu’elle trouva en 1997 au Canada, en s’attardant évidemment sur le bombardement du 8 juin 1972 et sur ses conséquences. Ce faisant, elle souligne un paradoxe : cette photo a été pour Kim Phuc à la fois un bienfait (sa renommée soudaine lui a valu d’être transférée dans une clinique privée américaine où l’on a pu soigner ses graves brûlures) et un fardeau (après la fin de la guerre, le régime d’Hanoï utilisa la jeune fille devenue icône à des fins de propagande). Présent au Vietnam à l’époque des faits, le photojournaliste Patrick Chauvel apporte ses éclairages dans la dernière partie de l’émission.

IMPRESSIONS ESTIVALES

« Je suis la première spectatrice de mes images », confiait récemment Joséphine Vallé Franceschi au magazine Paroles de Corse. Ne voyez pas dans cette déclaration une marque d’immodestie, c’est juste factuel : comme cette adepte de l’argentique pratique la surimpression à la prise de vue, elle doit attendre le développement pour découvrir le résultat. « J’aime bien l’idée de convoquer le hasard dans mon travail, ajoutait-elle. Et que ce soit un subtil mélange entre maîtrise et surprise. Je ne recherche pas la perfection, mais une harmonie que j’entrevois l’espace d’un instant. » Décontrastés et décontractés, ses palimpsestes balnéaires ont l’heureux avantage de prolonger l’été en citant David Hockney et un certain cinéma italien des années 1970.

pose ludique

Double dose cette semaine avec un quiz sur les grands noms de la photographie (classé « difficile » par son auteur mais qui ne devrait pas vous faire trembler) et un autre plus « people » où il s’agit de reconnaître des célébrités à partir d’une photo remontant à leur prime jeunesse.

EN BREF ET EN VRAC

Dans une économie où les commandes de la presse se raréfient, les photojournalistes sont-ils condamnés à devenir leur propre média ? C’est en tout cas la voie qu’a décidé d’emprunter Louis Witter.
Irène Jonas est, à juste titre, remontée contre les prix, bourses et résidences photo dont le règlement ne précise pas qu’une présélection des dossiers (sur quels critères ? mystère) est effectuée avant d’arriver jusqu’au jury.  
La podcasteuse Marine Lefort et le youtubeur Thomas Hammoudi font cause commune le temps d’un* épisode hors-série dans lequel ils inventorient les erreurs à éviter quand on a un projet de livre photo. *pour contenter leurs communautés respectives, l’épisode est en deux parties (d’où des redites)
L’avenir des États-Unis est trouble, tout comme l’image qui ouvre « 25 Trump Street », série en cours d’Ismail Ferdous.
Photo de 1863 dénonçant l’esclavage, « The Scourged Back » (« Le dos flagellé », en français), a été interdite par l’administration Trump.
Le capteur surpixellisé, la sensibilité qui crève le plafond, la 8K, la cadence à 40 i/s… impressionnantes sur le papier, ces caractéristiques comptent-elles vraiment tant que ça ?
Depuis son arrivée à Toronto, il y a dix ans, Brendan MC Neill a vu la ville se développer à vitesse grand V et souvent au mépris de l’architecture victorienne préexistante. Ses photos rendent compte de cette rupture stylistique. 
Le joli projet « Behind photographs » de Tim Mantoani ne date pas d’hier, mais si vous étiez (comme nous) passez à côté, Creapills vous offre une séance de rattrapage.
Compagnon de vingt ans de Jean-Louis Murat, Franck Loriou va consacrer un livre photo au chanteur auvergnat.
Loin des eaux subtropicales, Frédéric Lamothe explore le bassin d’Arcachon pour montrer ses richesses et sa fragilité.
Entamé en 2011, « Inside out », projet collaboratif signé JR, fait halte sous la tour Eiffel. 
Le « burn lines » était tendance sur les plages cet été. Hypothèse : et si Thomas Mailaender était à l’origine de cette drôle de mode ?

verbatim

L’ingérence des autorités iraniennes a été telle sur le sujet du hidjab qu’il en est devenu un sujet de confrontation pour les femmes de ce pays, aussi bien pour celles qui luttent sans relâche contre son imposition que pour celles qui adhèrent à ce qu’il véhicule. Dans ce projet, c’est leur amour de la vie et leur liberté au quotidien que montrent les femmes de mon pays.

Maryam SAEEDPOOR

Moi, je suis un voyeur. J’ai vraiment ce truc-là, de regarder un homme, une femme, cette idée de percevoir des petites choses que d’autres n’auraient pas vues. Alors que non, en fait, c’est juste un égo de photographe. J’aime l’idée de trouver une émotion à l’instant T.
JABE

la petite musique de fin

Esprit curieux s’il en est, Joseph Schiano di Lombo s’est fait connaître en reprenant Mylène Farmer façon Satie et Debussy (Sans contrefaçon, 2020), en murmurant à l’oreille des chiens (Musique de niche, 2021) ou encore en introduisant l’orgue dans la chanson paillarde (L’Orguasme, 2025, avec la complicité de Bonnie Banane). Le 6 mars dernier, à la Fondation Cartier-Bresson, le musicien a présenté Le tact, une œuvre conçue « comme une conversation posthume avec Henri Cartier-Bresson ». Les titres font écho aux propos tenus par le photographe lors de différentes interviews ; et la musique, libre et élégante, évoque les images du maître.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
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