Définir le prix d'un reportage ???

[tony64]

Voila, je suis un jeune artisan photographe (régime micro) qui essai de vivre de la photo mais qui débute dans le monde professionnel. J'ai fait un reportage photo de l'inauguration d'une gigantesque cabane dans une MJC . J'ai par la suite diffusé les photos sur le web pour qu'ils les voient. Elles leurs ont beaucoup plus et ils me demande de leurs faire un devis pour pouvoir exploiter les 90 photos (une utilisation globale, pas de première page etc...), ainsi que les droits de reproduction d'une photo pour 1000 cartes postales. Ils me demandent aussi  de revenir photographier la cabane à chaque saison avec le même point de vue et de leur faire un quadriptique décoratif.

Je suis un peu perdu pour calculer le prix de tout ça. J'aimerais vos avis.

[laurent.f]

Cher voisin,
je n'ai pas tout compris, tu as quel statut ? Car tu dis artisan puis régime micro

[tony64]

J'ai une entreprise individuelle au micro régime.

[tony64]

Sachant que e n'était pas commandité pour le reportage mais que je l'ai fait de moi même, j'ai pensé : 300€ pour l'utilisation libre des 90 photos (com interne, brochures, galerie web ...), 240 € pour les 4 prises de vue supplémentaire de la cabane (4 saisons) , et 150 € pour le droit d'utilisation d'une photo pour 1000 cartes postales.

Ça vous parait correct ?

[LyonDag]

Si tu comptes en vivre, j'espère que tu as un loyer pas trop cher

Plus sérieusement, il y a une grille de tarifs UPP, qui peuvent servir de bonne référence pour se donner une idée du prix d'une image d'un auteur (tu sembles plutôt auteur qu'artisan a priori).

[tony64]

Je crois aussi que financièrement de prime abord tu as intérêt à passer ça en droits d'auteur.

Comment ça ?
J'avoue avoir beaucoup de mal à trouver le prix d'une photo. Je peu faire des notes d'auteur avec le statut d'artisan ?
J'ai jamais fait de notes d'auteurs... 
Je sais pas comment tout ça vas finir ! 

ps J'ai la grille de tarifs UPP mais ça me parait cher, j'ai peur de faire fuir le client et je ne trouve jamais de grille pour mes cas de figure.

[LyonDag]

Oui les tarifs UPP sont chers, mais ça donne une idée du tarif "idéal"

L'intérêt de déclarer des droits d'auteurs (en passant par l'agessa), c'est que tu payes assez peu de charges (environ 10%, versés par ton diffuseurs/client à l'agessa) jusqu'à un certain seuil, et pas d'impôts dessus.

[tony64]

Il faut vraiment que je prenne des cours de marketing et relation clients spécialisé dans la photo.
Je pense que je vais gonfler un peu les prix que j'ai énoncés plus bas mais rester "cool". Je bosse pas pour des grandes marque mais pour des mjc de quartier lol.
Merci beaucoup pour vos retours et vos conseils.

[XavFoto]

Dans les barèmes UPP il y a aussi des précisions pour les clients dits institutionnels et associatifs, non commerciaux, je crois.

[Vbloc]

je ne trouve jamais de grille pour mes cas de figure.

Inutile de chercher, cette grille n'existe pas. J'avoue que parfois ce genre de grille pourrait être utile pour des photographes artisans. Attention ! l'UPC parle de barême, pas de tarif. Mais, si celui-ci n'est pas toujours commode à appliquer hors du monde de la communication, il indique des notions importantes qui interviennent dans la définition d'un prix : dimension des photos, tirage, support de diffusion, oeuvres de commande et existantes ... Appliquer de barême d'UPC à une MJC ressemble, de mon point de vue, à une provocation. Tu dois bien détailler les usages, mais y aller doucement sur les prix.

Le prix, c'est toujours l'objet d'une négociation.  Tu peux définir des bornes et en particulier le minimum en-dessous duquel tu ne descendras pas. Ce minimum, c'est ce qu'il te faut pour vivre : loyer + charges + impôt + emprunts + bouffe + divers. Et tu divises ce minimum par le nombre de reportages par mois.
Tu peux lire un certain nombre d'arguments qui te seront servis lors de ta carrière pour te faire bosser à l'oeil : http://www.mariejulien.com/?post/2007/08/22/Top-10-des-bobards-racontes-aux-infographistes-naifs
Voilà pour le minimum. Tu dois bien comprendre que ce sont des prix que tu peux maintenir durant quelques mois, mais qui sont très dangereux. Et aussi un peu déprimant, car, à ces prix-là, tu seras traité comme un misérable.

Ce minimum varie beaucoup, surtout lorsque tu commences à bien travailler. Par exemple, si tu as beaucoup travaillé durant trois mois et qu'on te propose un boulot qui ne te branches pas spécialement, tu vas annoncer un tarif nettement plus élevé. Si le client refuse, tu n'auras pas de regrets et si le client accepte, tu comprends que tu peux vendre ton travail à un meilleur prix. C'est cette logique qu'il faut comprendre et mettre en pratique rapidement. C'est pourquoi je conseille aux photographes qui se lancent de retarder le plus possible l'achat de matériel. Car en suivant cette tendance naturelle de notre métier, tu perds ces chances d'augmenter tes prix. Et penser qu'on trouvera des clients parce qu'on a changé de boîtier est un illusion qu'il faut perdre très vite.

De l'autre côté, tu as le prix que le client est près à mettre. En d'autres termes, c'est la valeur de ton travail estimée par ton client, donc le prix maximum qu'il est près à y mettre. Tu l'ignores souvent. Et la négociation consiste à trouver un compromis entre ton prix mini et leur prix maximum. Mais il vaut mieux annoncer un prix un peu au-dessus de leur maximum et de lâcher un peu que d'annoncer un prix très en-dessous de ce qu'il attendent. Surtout s'ils ont aimé ton travail.

L'autre danger, lorsqu'on travaille pour quelqu'un pour la première fois, c'est que ces prix annoncés vont devenir le tarif officiel. Tu ne pourras pas vendre 1.000 ce que tu vendais 500 quelques mois avant. Et comme une clientèle se constitue par bouche à oreille, le tarif que tu appliques à un client, tu devras l'appliquer aux autres.

Tu as également des usages. Si ton client a l'habitude d'acheter des reportages, il a une idée du prix. Si tu t'entends bien avec lui, il suffit de lui demander. Cela ne peut être utile qu'en cas de bonne connaissance par ton client des prix pratiqués, sinon tu vas avoir le droit au tarif Fotolia, c'est-à-dire la photo à 1 € donc le RMI pour 70 h de travail par semaine.

Tu as d'autres modes de calcul d'un tarif, en particulier lorsque les photos n'ont pas vocation à être beaucoup diffusées, c'est un tarif horaire, beaucoup utilisé par les artisans. Les garagistes, les plombiers, les coiffeurs ... facturent une partie de leurs prestations au temps passé. Il suffit de se renseigner pour avoir une idée.

Une autre source d'information, ce sont les confrères. Mais tout le monde ment. Et les prix qu'on t'annoncera sont souvent les plus hauts prix jamais pratiqués tout au long de leur carrière. Il faut donc les prendre avec précaution.

[LyonDag]

Vbloc speaks the truth.
(Vbloc parle la vérité.)

[tony64]

Ok merci pour toutes ces précisions et de me faire part de votre expérience.
Donc je vais faire ça au "feeling" en essayant de ne pas me dévaloriser.
Je leur ai déjà demandé combien ils prennent habituellement pour ce type de prestation, ils m'ont répondu qu'en général ils payent un forfait quand ils commandent le reportage. Mais ils ne m'ont pas donné de fourchette de prix.
Merci encore !

[xav]

Des tarfis sont quand même bas.
- 3€ la photo en utilisation libre, c'est quand même vraiment pas cher !
- 240€ pour 4 dépacements (avec la logistique, chaque photo va bien te prendre 1/2 journée, donc 60€/0.5 jour, vraiment pas beaucoup).

Sans tomber dans un excès inverse, probable que ton travail vaille un peu plus que cela.

[Vbloc]

Si tu veux avoir des fourchettes.

L'heure de photographe en reportage simple (un boîtier + des objectifs) se vend, entre 50 et 150 € HT.

Voici les éléments qui poussent le curseur dans un sens ou dans l'autre :

A la hausse :
- compétence,
- nécessité d'aller reconnaître les lieux,
- travail hors des heures habituelles,
- déplacement de matériel (studio, ordis, imprimantes),
- la livraison urgente de fichiers,
- la nécessité de partir la veille / revenir le lendemain,
- un reportage très court (parfois quelques minutes).
- proposer un reportage de ta propre initiative, car il faut faire payer ton risque (*).

A la baisse :
- un reportage sur plusieurs jours,
- un shooting très répétitif.

Comme le dit Xav, c'est pas avec 240 € pour 4 déplacements que tu vas vivre. Il va falloir apprendre à compter ou changer rapidement de métier.

(*) les photographes qui prennent le risque de couvrir un sujet pour ensuite le proposer à des clients sont devenus très rares. Quand ils ont pris deux ou trois gamelles, ils se calment. Il convient donc d'être très prudent.

[XavFoto]

Une solution pour pouvoir leurs proposer un prix accessible c'est de diminuer le nombre de photos dont tu cèdes les droits... Parce que là t'es loin des barèmes... Ou alors négocie un partenariat qui te permette de développer ta pratique professionnelle, par exemple un engagement minimum sur d'autres reportages sur leurs évènements (sur commande donc), le financement d'une expo avec un article à la clé dans la PQR... un pack qui te soit profitable sur du plus long terme et qui compense un tarif "amical", sans trop te brader. Sur ta note tu peux faire figurer le tarif "normal" et la ristourne consentie (négociée), ça permet de bien situer les choses.
A titre d'information :

[Vbloc]

Sur ta note tu peux faire figurer le tarif "normal" et la ristourne consentie (négociée), ça permet de bien situer les choses.

+1
Et il est bien plus facile de faire disparaître une ristourne au fur et à mesure (-50% puis -25% puis 0) que d'augmenter tes prix.

Tu ne dois jamais oublier non plus qu'annoncer un premier prix, ce n'est pas seulement te faire payer pour un travail, mais c'est aussi négocier tes revenus pour de longues année ... et influer sur le revenu de tous tes confrères. C'est donc tout, sauf un acte anodin. Et c'est la raison pour laquelle je préfère nettement ne pas vendre que brader.

[tony64]

Si je respecte les tarifs upp je facture 1800 € juste pour 1 ans de diffusion internet et pour un site qui as à mon avis moins de 2000 vues par mois ...

"Sur ta note tu peux faire figurer le tarif "normal" et la ristourne consentie (négociée), ça permet de bien situer les choses.
+1
Et il est bien plus facile de faire disparaître une ristourne au fur et à mesure (-50% puis -25% puis 0) que d'augmenter tes prix."

C'est une très bonne idée je croi bien que je vais m'en servir.

Merci encore.

[XavFoto]

Vois aussi si vraiment ils ont besoin de 90 photos. Ne serait-ce aussi que pour t'assurer que c'est le meilleur de ta production qui soit "mis en avant". Allège là où eux-même ne feront pas vraiment de fric, et gratte là où ils peuvent en faire, les cartes postales, ils vont les vendre je suppose, donc là tu restes au tarif normal, ou tu prend un petit intéressement sur les ventes, mais c'est aléatoire pour le coup vaut peut-être mieux du sonnant et trébuchant de suite quand même. L'idée de négocier un partenariat me semble intéressante aussi : peut-être pas un gros budget à chaque fois, mais s'il te commande plusieurs reportages sur l'année, avec un exclusivité, ça peut être intéressant, surtout si tu limites les frais et que tu t'organises pour y passer le moins de temps possible (en restant sur une prestation de qualité). Ça fait un peu de fric qui rentre avec régularité et un petit coup de comm' à chaque fois. Une expo financée ça peut être vraiment un bon coup de lumière sur ton travail, et qui peut tourner en s'appuyant sur le réseau MJC/associations. Je pense que même sans faire un gros coup de pognon, ça semble une opportunité de valoriser et faire connaître ton travail en allant chercher toutes les "failles" possibles dans lesquelles t'incruster. Ne néglige aucune des rencontres que tu peux faire à cette occasion. Si tu as un vrai talent, si ton nom circule, certaines occasions qui semblent de prime abord modestes peuvent être de réelles rampe de lancement, sans parler d'un monstrueux et immédiat feu d'artifice, mais un vrai début, solide.
Enfin moi j'ai souvent un vision volontariste et enthousiaste des choses, mais c'est une énergie non négligeable...

[Reflexnumerick]

pour ajouter dans ce flot de conseils dans lequel le principal a été dit je pense :

les m.j.c bien que pas très riches vivent avec des subventions, ton travail peut être subventionné et donc payé au tarif normal.
les indications de l'upp est un barême très fiable et utilisé par beaucoup de photographes.
si tu demarre en photos, tu sembles démarrer aussi dans la vie active en tout cas dans le "commerce" : vendre est un métier même si c'est sa propre production. Faire des prix bas est un non sens qui dévalue ton boulot et risque de servir le prochain qui passera par cette mjc.
annonce le VRAI prix et négocie, rien n'est gratuit ni bon marché ! tout le monde sait que le "pas cher" c'est pas bon, les boutiques "tout à 2€" achète leur marchandise quelques centimes d'€ et font de très fortes marges !
calcul ton prix de revient réel
boitiers
objos
ordi
logiciel
deplacements
temps "perdu" (discut' , erreurs ...)...

Et bon courage, mais ne dévalue pas 

[pphilippe]

Discussion trés intéressante et trés pertinante.
Bon courage Tony.

Philippe

[oliv-B]

pour rajouter un grain de sel,
je viens de lire une petite anecdote sur le blog d'un photographe qui m'a fait beaucoup rire et qui je pense permet de voir le coté "tarif" d'un autre oeuil 

et ouvrir une reflexion sur la question du pourquoi toujours trop cher ?

Fake ou réalité, je ne sais pas, mais tout à fait plausible, le cas : Un photographe est sollicité par une boite, importante, pour un devis de leur prochain shooting destinés à alimenter leur com annuel, presse, site web, catalogue, ca represente quelques jours de travail, le gars pas trop habitué à travailler avec ce type de client tourne un peu le truc, regarde les tarifs moyens, c'est une grosse boite, il propose 8000 e,
(j'en vois déja crier au scandale, il est fou il y a des photos à un euros  )

la responsable marketing de la boite rappel le photographe, desolé mais ca ne va pas etre possible, le photographe se dit mince trop cher zut, on peu discuter le prix madame ?
euh...non ....zut rezut un futur client perdu....
je vous explique, en fait le probleme c'est que l'année dernière le photographe avait facturé 35000 e...alors vous comprenez si cette année je le fait avec vous pour 8000 e, l'année prochaine je vais etre en difficulté pour négocier et obtenir mon budget marketing avec les actionnaires ....

fin de la petite histoire,
la conclusion de cette anecdote, un prix n'est jamais trop cher, si il correspond au budget du client  ...

pour élargir une reflexion, on a tendance à sombrer dans une psychose du prix quelque soit le secteur mais peu etre encore plus dans le domaine de la photographie, les microstocks, les images libres, les auto entrepreneurs, les amateurs, les artisans, les auteurs, la fin des photographes programmé, j'ai lu un article sur le blog d'un autre photographe hyper pessimiste, sur ce theme de grosso modo photographes la corde au cou,
ca fait un peu peur, mais c'est je trouve, regarder par le trou de la serrure, il ne faut pas oublier que certaines entreprises dépensent des millions d'euros en budget communication, pour certains besoins en terme d'images rien ne remplacera jamais le travail d'un spécialiste ou d'une équipe de spécialistes,

pour le fun, parce que c'est énorme !
ce n'est pas un shooting photo mais presque et pas mal de canon 7D et 5D sur le coup, un clip publicitaire de 90 s,
pas moins de 1 millions de dollards de budget...


je me suis un petit peu égarer par rapport au sujet de la Mjc qui bien sur n'a certainement pas 1 M  de budget mais sur le fond,

Histoire de changer un peu de point de vu et alimenter un brain d'optimisme dans ce monde de brutes 

[tony64]

Rhalala ! Tan d'intelligence et de talent pour alimenter cette connerie qu'est la publicité !
En tout cas merci pour cette vidéo impressionnante et bien sympathique.