Expo Andreas Gursky

Démarré par Zouave15, Novembre 11, 2012, 11:30:55

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PENDER

 Merci pour la référence, je ne connaissais pas cette facette de Matisse. En effet étonnant. Je ne me rappelle rien non plus de Pissaro qui ressemble à ça. On peut voir ? Vingtguiou nous autres de la campagne, on peut pas tout découvrir  à la capitale... je pensais plus à Rothko ou au mouvement "hard edge" (Diller par ex-)  C'est évidemment beaucoup plus tardif.
Pour Ronis, j'espère que "Le péniche de Ronis" n'est qu'une faute de frappe. Si c'est bien ce dont je me souviens, les deux gamins en plongée sur la Seine n'ont , en effet, que peu à voir avec Gursky, mais tout avec l'anecdote.

Zouave15

Fort intéressant et éclairant. Donc, si je comprends bien, Gursky se situerait dans la lignée qui consiste à exploiter le medium pour lui-même, en explorant ses possibilités, plutôt que de vouloir représenter quelque chose, que cette chose soit concrète ou abstraite.

On retrouve une idée de Cézanne, qui expliquait rester sur le motif non pas pour représenter quelque chose mais comme base de travail pour explorer les possibilités de la peinture (il ne l'a pas dit exactement comme ça), et c'est ce que Picasso a particulièrement relevé dans l'œuvre de Cézanne.

Silbad

Il me semble plutôt que Gursky s'inscrit davantage dans la filiation de la "nouvelle objectivité" qui est citée à la fin du documentaire, filiation que l'on retrouve également dans la démarche des Becher.

http://www.arte.tv/fr/la-nouvelle-objectivite-allemande/7002460.html

geargies

 8) je reviens sur mes péniches, hahaha: la péniche de Doisneau est celle où les enfants courent (sur la Seine) et lA péniche de Ronis est celle où, à quai, on voit une femme montrer son bébé qui rit à son mai, le marinier.. je ne parlerait pas d'anecdote car elles sont tellement emblématiques qu'elles sont devenues mythiques... et par ailleurs il ne s'agit pas seulement de travailler le médium pour lui même seulement; il y a toujours encore un rapport à une recherche de représentation de la réalité.. (on n'est pas chez des performeurs autrichiens  ;D

Silbad

Citation de: B12 le Décembre 04, 2012, 20:31:57
Il y a des deux. Peut être plus l'héritier d'une histoire que membre d'une école, fusse t-elle de Düsseldorf.  ;)

A moins de me tromper dans la compréhension de cette "nouvelle objectivité", je crois que Gursky y est assez conforme dans ce qu'elle suppose de vision du monde qui s'oppose à la "nouvelle vision" ainsi qu'au "Surréalisme" aux accents plus poétique. Gursky, même s'il joue de la réalité et de nos représentations, ce n'est pas pour nous proposer une autre vision du monde, mais bien pour nous conforter dans celle qui domine. Il en pointe certaines caractéristiques par une forme de distance critique tout en conservant une neutralité, tant dans le fond que dans la forme. Il n'y pas de dépassement vers une autre vision du monde. C'est une sorte d'art du désenchantement...

Zouave15

Intéressant... Tu peux développer (chacune des phrases) ?

PENDER

"A moins de me tromper dans la compréhension de cette "nouvelle objectivité", je crois que Gursky y est assez conforme dans ce qu'elle suppose de vision du monde qui s'oppose à la "nouvelle vision" ainsi qu'au "Surréalisme" aux accents plus poétiques"

Je suis à peu près d'accord avec cette analyse."

"Il y a des deux. Peut être plus l'héritier d'une histoire que membre d'une école, fusse t-elle de Düsseldorf."

Avec celle-là aussi.  C'est l'héritier de Sander .... et de W Evans. N'ayons pas peur des contradictions.

Pour geargies, je ne connais que celle-ci. Ca ne doit pas être la bonne.
http://www.fluvialnet.com/murmures-actualites-la-peniche-de-willy-ronis-est-orpheline/5901

Silbad

Sur le plan de l'exploration du médium, je suis assez d'accord mais pas sur les finalités et la vision qu'elle sous-tend. Certes on n'est plus dans la confrontation frontale comme les Becher, mais par le détournement du réel qu'il opère il oblige le spectateur à se confronter dans une vision du monde dominante et ses contradictions. La neutralité est dans la posture et non pas dans l'acte photographique où, je pense, la relativité de l'objectivité photographique est un acquis. Et là, je rejoins le propos de F. Soulage qui parle d'une réalité insaisissable.
L'art de Gusky est l'expression d'un désenchantement du monde (hypothèse), d'une modernité qui n'est plus (qui offrait les possibilités d'une nouvelle vision) et d'une post-modernité qui ne se définit que par ses contradictions (comme-ci elle n'avait pas de dépassement). Et c'est en cela qu'elle persiste à être une photographie documentaire, non pas à la surface de l'image dont on sait que l'objectivité est partiellement illusoire mais par la réflexion à laquelle, elle doit nous mener. C'est une démarche plus conceptuelle qui, à certains égard, se veut proche de la neutralité axiologique en sciences humaines.
Ce n'est là qu'un point de vue discutable, bien évidemment !