Petit doc intéressant sur le droit à l'image et la photographie de rue

Démarré par samoussa, Janvier 29, 2014, 13:24:26

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carpat

Intéressant.
Je serai curieux d'avoir l'équivalent, en termes d'enquête journalistique et de Droit pour la France, la Belgique, la Suisse... qui ont des lois pouvant différer sur ce point.

P!erre



Yes. Le baiser de l'hôtel de ville de Doisneau : 400'000 exemplaires vendus à ce jour.

Çà a ramené quelques sous à son auteur. Et suscité quelques pensées financières à quelques couples. Monsieur Petit (l'homme au béret, à gauche) n'a, lui, rien demandé.

La liberté de photographier a changé, tout comme notre société, de plus en plus axée sur l'argent. Quoi de plus normal ?
Au bon endroit, au bon moment.

carpat

Citation de: P!erre le Janvier 29, 2014, 19:46:07

Yes. Le baiser de l'hôtel de ville de Doisneau : 400'000 exemplaires vendus à ce jour.

Çà a ramené quelques sous à son auteur. Et suscité quelques pensées financières à quelques couples. Monsieur Petit (l'homme au béret, à gauche) n'a, lui, rien demandé.

La liberté de photographier a changé, tout comme notre société, de plus en plus axée sur l'argent. Quoi de plus normal ?

Je serais sur une image de rue d'un monsieur tel que Doisneau, Ronis, ou d'une dame telle que Troispoux (mais paix à leur âme et respect pour la trace laissée), ou d'un grand encore vivant (lui pourrait me satisfaire ;)), je me contenterais d'un tirage dédicacé... et de son 06, yo ! :)

P!erre

Oui, toi, peut-être. Moi également.

D'un autre côté, il y a des gens sans scrupules qui font de l'argent avec les images des autres (pub, p. exemple). Pour reporter ensuite la faute sur la stagiaire...

C'était éventuellement sympathique dans les années 80.

J'observe aussi que de plus en plus de pros n'ont pas un comportement très professionnel (autant les photographes que les éditeurs, p. ex.). Du coup, la situation se complique pour tout le monde...  :-[
Au bon endroit, au bon moment.

Verso92

Citation de: P!erre le Janvier 29, 2014, 19:46:07
Yes. Le baiser de l'hôtel de ville de Doisneau : 400'000 exemplaires vendus à ce jour.

Çà a ramené quelques sous à son auteur. Et suscité quelques pensées financières à quelques couples. Monsieur Petit (l'homme au béret, à gauche) n'a, lui, rien demandé.

La liberté de photographier a changé, tout comme notre société, de plus en plus axée sur l'argent. Quoi de plus normal ?

C'est sans doute un mauvais exemple : les comédiens avaient été payés pour la PdV...

P!erre

Très bon exemple, j'estime, au contraire.

Car Françoise Bornet, reconnue comme étant effectivement le modèle qui a posé, a, comme d'autres, intenté une action en justice pour exploitation abusive de son image (elle réclamait 100 000 francs de dommages et intérêts ainsi qu'un pourcentage). Elle a perdu, au motif qu'elle n'est pas reconnaissable.

Doisneau lui avait donné un tirage pour la remercier d'avoir posé avec son compagnon de l'époque.

L'a bien gagné sa vie sur cette photo, quand même...
Au bon endroit, au bon moment.

carpat

C'est Depardon qui raconte que lors de son périple pour "La France", un boucher est sorti de sa boutique pour discuter avec lui.
Depardon lui a proposé un tirage, le gars a refusé en disant qu'un membre de la famille avait déjà pris une photo de la devanture...

Raymond, si tu passes par la maison... :D

Verso92


P!erre


Et ? À sa place, j'aurai donné quelques milliers d'€ à Françoise, plutôt que d'aller en procès.

Mais, je ne suis pas à sa place.  :)
Au bon endroit, au bon moment.

carpat

Citation de: P!erre le Janvier 29, 2014, 20:29:43
Et ? À sa place, j'aurai donné quelques milliers d'€ à Françoise, plutôt que d'aller en procès.

Mais, je ne suis pas à sa place.  :)

Précédent et porte ouverte à pas mal d'autres milliers...

Lorsque l'image a été faite, c'était une reconstitution d'un instant déjà vu.
Doisneau entendait bien faire commerce de cette image, avait rémunéré ses modèles en conséquence, mais le succès de l'image n'est dû qu'à son talent et à l'engouement du public.

Je ne pense pas que les modèles ayant posé pour des images ayant fait un bide participent au déficit occasionné, si ? :)

P!erre


OK, d'aucuns trouvent normal de gagner des millions sur une photo, pour laquelle il était convenu que le modèle toucherait un tirage comme unique revenu, et de ne pas revenir sur cet accord.

Le succès est venu après-coup, et il était imprévisible, bien entendu.

Rien n'empêche le photographe de faire un geste quelques décennies plus tard, par simple reconnaissance, sans que cela créé un précédent pour d'autres milliers. Pour moi, c'est normal, d'autant plus que les bons plans n'arrivent pas souvent.

Quant aux autres images de l'auteur, elles n'ont rien à voir, les "contrats" étant séparés.
Au bon endroit, au bon moment.

bruno-v

Citation de: carpat le Janvier 29, 2014, 20:34:44
Je ne pense pas que les modèles ayant posé pour des images ayant fait un bide participent au déficit occasionné, si ? :)
Salut,
C'est effectivement une "série" et seule cette image est devenue "célèbre"
a+
Leave no trace, Take pictures.

carpat

Citation de: P!erre le Janvier 29, 2014, 20:46:55
OK, d'aucuns trouvent normal de gagner des millions sur une photo, pour laquelle il était convenu que le modèle toucherait un tirage comme unique revenu, et de ne pas revenir sur cet accord.

Le succès est venu après-coup, et il était imprévisible, bien entendu.

Rien n'empêche le photographe de faire un geste quelques décennies plus tard, par simple reconnaissance, sans que cela créé un précédent pour d'autres milliers. Pour moi, c'est normal, d'autant plus que les bons plans n'arrivent pas souvent.

Quant aux autres images de l'auteur, elles n'ont rien à voir, les "contrats" étant séparés.


Certes, mais c'est laissé à sa discrétion et on n'a pas à en juger, si le contrat initial a été respecté. Dura lex sed lex et c'est du latex ;)

JCCU

Citation de: carpat le Janvier 29, 2014, 21:23:43
... Dura lex sed lex et c'est du latex ;)

La loi dit aussi que si un contrat n'est pas "équilibré", il n'est pas valable

carpat

Citation de: JCCU le Janvier 30, 2014, 08:50:36
La loi dit aussi que si un contrat n'est pas "équilibré", il n'est pas valable
La part de latex :) la souplesse donnée aux textes par la jurisprudence.

Equilibre : Où est-il, cet équilibre ? Quand, cet équilibre ? Au moment de la signature du contrat, sur 1, 2, 3, 10 ans ou sur plusieurs décennies ?... jurisprudence à voir, c'est pourquoi certains essayent.
Dans le cas cité, ça a été sans succès, il me semble.

P!erre


J'imagine un juge qui devrait statuer sur un photographe qui aurait gagné plusieurs millions en vendant une photo prise en 2012, et dont le modèle aurait reçu un tirage pour toute compensation...

Mais nous parlons d'un photographe très célèbre, apprécié d'un très grand nombre, et d'une photo prise en 1950.

De fait, et pas particulièrement à cause de cet exemple, je suis heureux que le droit ait changé. Certains déséquilibres contractuels me laissent songeur.
Au bon endroit, au bon moment.

KERMOR56

Aucun photographe humaniste n'a fait de photos de rue en pensant faire fortune. Ils aimaient le monde et le photographiaient très souvent avec tendresse et beaucoup de respect. Et leur photos sont aujourd'hui de merveilleux témoignages d'un monde disparu. J'ai moi même beaucoup photographié dans la rue dans entre les années 70 et 80 et c'était un véritable bonheur. Aucune agressivité et le plus souvent des sourires et même des "merci" . Et je regrette de n'avoir pas plus photographié ma Bretagne avec ses marins pêcheurs, ses femmes en coiffes qui donnaient vie à un magnifique décor. Ce droit à l'image bien excessif à tout détruit : il n'y a plus de société humaine mais un ensemble d'individus à l'égo sur dimensionné et c'est vraiment dommage.
Jean-Yves
PS : Willy Ronis n'a été connu qu'à 70 ans ! Guy Le Querrec, alors célèbre, l'ayant "découvert" et célébré.

muadib

Citation de: KERMOR56 le Janvier 30, 2014, 10:52:39

PS : Willy Ronis n'a été connu qu'à 70 ans ! Guy Le Querrec, alors célèbre, l'ayant "découvert" et célébré.

Redécouvert serait plus juste.

KERMOR56

Non, non, isolé à l'Isle sur la Sorgue Willy était parfaitement inconnu du grand public jusque là, et même de la plupart des photographes ! Une anecdote : je m'étais inscrit à un stage avec Le Querrec à l'époque et comme il y avait trop de demandes je m'étais retrouvé avec Ronis . Grosse déception ... Jusqu'au moment de la rencontre avec le photographe et ses photographies. Là ce fut une vraie découverte !
Amicalement,
Jean-Yves

P!erre

Citation de: KERMOR56 le Janvier 30, 2014, 10:52:39
Aucun photographe humaniste n'a fait de photos de rue en pensant faire fortune. Ils aimaient le monde et le photographiaient très souvent avec tendresse et beaucoup de respect. Et leur photos sont aujourd'hui de merveilleux témoignages d'un monde disparu. J'ai moi même beaucoup photographié dans la rue dans entre les années 70 et 80 et c'était un véritable bonheur. Aucune agressivité et le plus souvent des sourires et même des "merci" . Et je regrette de n'avoir pas plus photographié ma Bretagne avec ses marins pêcheurs, ses femmes en coiffes qui donnaient vie à un magnifique décor. Ce droit à l'image bien excessif à tout détruit : il n'y a plus de société humaine mais un ensemble d'individus à l'égo sur dimensionné et c'est vraiment dommage.
Jean-Yves
PS : Willy Ronis n'a été connu qu'à 70 ans ! Guy Le Querrec, alors célèbre, l'ayant "découvert" et célébré.

Commentaire intéressant. Note que je défend pas ceux qui cherchent à exploiter, c'est le mot, les photographes par tous les moyens.

Plein de choses changent, et à mon avis, il est tout-à-fait normal que le rapport avec les photographes change aussi. Je suis comme toi, je me désole que la photo deviennent de plus en plus un terrain de droit inextricable. Quand on souhaite éditer un livre, il faut faire attention à plein de choses. Pour éditer un livre photo, il faut non seulement être bon photographe, bon rédacteur, mais en plus avoir de solides connaissances en droit, qui est très complexe et plein d'incertitudes. Avec toujours un risque de procès pour une raison obscure.

Oui, c'était plus simple avant.

Qui est responsable de cela ?

J'observe que dans tout les domaines, le droit prend une place de plus en plus prépondérante. Par exemple,  les sociétés commerciales se retranchent derrière des conditions générales de plus en plus invraisemblables. Je ne pense pas que le courant proviennent d'individus vindicatifs. Je pense que ces gens calquent leur comportement sur d'autres qu'ils voient, notamment sur ceux qui gagnent beaucoup d'argent facilement (sportifs, vedettes du show-biz, etc.) et ils se disent qu'ils ont droit eux aussi à une part du gâteau. Ils se trompent de cible, faute de connaître le vrai marché économique du photographe...
Au bon endroit, au bon moment.

KERMOR56

Je pense que tu as raison, Pierre, et cela est bien triste car c'était là des photographes vraiment humanistes dont le but premier n'était pas de gagner beaucoup d'argent mais de montrer le monde tel qu'ils le voyaient, tel qu'ils l'aimaient aussi. Un monde qui vivait  dans la dignité. Aujourd'hui ce n'est même pas le droit qui domine mais l'argent qu'il permet de gagner.
Jean-Yves

carpat

Partage des dernier posts. Ronis, Doisneau, Boubat... n'ont pas toujours été célèbres, n'ont pas été des grandes fortunes, n'avaient pas cet objectif dans leur pratique photo.

KERMOR56

Merci de citer Boubat, carpat. Boubat qui se voyait en correspondant de paix !

carpat

Citation de: KERMOR56 le Janvier 30, 2014, 12:52:00
Merci de citer Boubat, carpat. Boubat qui se voyait en correspondant de paix !

Je me suis cantonné aux disparus : ils sont moins procéduriers :) J'ai omis de citer quelques femmes telle Yvette Troispoux, pour la parité