Tendance en photographie contemporaine plasticienne

Démarré par PHOTOGOGUE, Juin 21, 2015, 22:21:50

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Nikolaï Gay Ге, Николай Николаевич, peintre russe (mouvement dit des Ambulants) est à l'origine d'une tendance photographique : l'ambivalence de deux personnages. Le photographe plasticien suggère, insinue, laisse penser. Les liens entre deux personnes apparaissent étranges, bizarres, troublants.

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Gregory Crewdson USA né en 1962

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Jeff Wall né en 1946 Canadien

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le peintre Edward Hopper 1882 - 1967

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le photographe Erwin Olaf, né en 1959

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Julia Fullerton-Batten né en 1970 Allemagne

pandragon61


langagil

Moi également................même si je connaissais déjà ces protagonistes..........................excepté le premier qui semblerait effectivement être source d'inspiration.
Je rêve du livre consacré à Gregory Crewdson: http://www.editionsdelamartiniere.fr/ouvrage/gregory-crewdson/9782732460192  dès que j'ai les 130€ à lui consacrer......................ainsi que la place dans ma bibliothèque  :P
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J-L Vertut

je crois que tous les photographes cités ici s'inspirent de Hopper, bien plus que du peintre russe Gay :

Hopper (imitant l'ambiance photographique et travaillant souvent d'après photographie) crée avec ses personnages une relation de vide, une séparation, une "absence de dialogue qui est un dialogue négatif", mais ils n'entrent jamais en contact visuel l'un avec l'autre, ce que l'on retrouve dans tous les exemples cités (le cas de Wall étant limite) , mais pas chez Gay.
(la modèle de Crewdson ressemblant même à l'épouse de Hopper, son modèle favori)

"faire du Hopper" est quasiment devenu un style photographique, en particulier étatsunien et nordique, exprimant l'isolement des individus dans la société
cela me parait, Hopper bien entendu mis à part, un exercice de style un peu surfait (50 ans après), lorsqu'il sort de la citation-hommage à Hopper ( ce qui est le cas de la photo de Jeff Wall qui est un auto-portrait) pour devenir un fond de commerce : c'est le serpent qui se mord la queue

Gilala

Merci Photogogue pour cette mise en regard intéressante. 
J'apprécie ce style en effet très particulier de mise en scène qui semble souvent un moment figé d'un film.

J-L Vertut

#10
figé est bien le terme :

Autant Olaf que Fullerton-Batten ont transformé (photoshop?) leurs personnages en modèles de cire : on se croirait au musée Grévin...

Hopper avait une toute autre dimension dramatique, qui dépasse largement cet aspect anecdotique exacerbé :
pour moi, seul Wall, par sa présence et sa captation de l'instant arrive à tirer son épingle du jeu (à donner un caractère personnel à sa vision des choses) par la circulation des regards :
le photographe regarde le personnage féminin qui regarde le spectateur,
une accroche du regard très rare chez Hopper (Nighthawks, auto-portraits...)

B_M

La photo de Jeff Wall fait référence également à d'autres chefs-d'œuvre de la peinture.
Le jeu consiste à trouver comment il a réalisé cette photo.
BM
B_M

muadib


Edouard de Blay

CitationLa photo de Jeff Wall fait référence également à d'autres chefs-d'œuvre de la peinture.
Le jeu consiste à trouver comment il a réalisé cette photo.
BM
je dirais qu'il nous fait croire a un miroir , en raison des 2 trépieds // , mais c'est un autre appareil photo qui déclenche, un assistant en face
Cordialement, Mister Pola

Franciscus Corvinus

Bonne observation. En effet je me demande comment il aurait pu éclairer la scene avec un miroir dans le chemin. Mais mon cerveau fait des noeuds dans la géométrie 3D

Georges G.

je ne pense pas que la photographie de JW ait sa place ici ni même soit inspiré par Hopper. Le dialogue a tout un autre sens, et JW n avait pas de volonté de reproduire une scene de cinema, malgré son attirance pour le geste en mouvement.

LA photo de JW est inspiré par deux tableau, la serveuse de manet et l'atelier de courbet.

L'image a bien été pris par JW, d'ailleur on voit le déclencheur dans ses mains.
Son but était de montrerla différence entre la peinture et la photographie et de placer la photographie dans la continuité de l'art, notamment par son interpretation de l'autoportrait.

Dans la serveuse de Manet, la serveuse se tient debout avec une attitude différente de ce qu'elle exprime, regardant le "regardeur". Cette peinture dérangeait le spectateur car le reflet de la serveuse dans le miroir, n'était selon certains, impossible optiquement. Ici Jeff Wall joue sur cela en montrant que la photo est une réalité, le médium jouant le role d'un miroir refletant les apparence et non pas l'esprit du peintre comme en peinture.

On peut remarquer aussi que JW place l'autoportrait dans le systeme de l'art contemporain avec cette volonté de faire passer le sepctateur comme le faiseur d'image, ainsi il l intégre dans son oeuvre.

La composition est aussi un clin d'oeil au tableau de courbet l'atelier, divisant la scene en trois partie, la femme, la chambre, et lui meme. La place de la chambre est au milieu car il y a une volonté de la mettre en premier plan, d'ailleur le titre, avec sa référence à la femme n'est pas pour la femme, qui ne correspond pas au dictat de la féminité du moment, mais il fait bien référence à la chambre, matrice d'un monde de réflection.

J-L Vertut

même si on peut discuter à l'infini sur le travail de Jeff Wall et sur cette photo en particulier (ce qui est le propre des grandes œuvres ;))
il est évident que l'on est face à un travail inspiré (au sens premier : qui a du souffle)
comme l'est par ailleurs le travail de Hopper

les autres sentent la référence et l'affectation, les "codes" établis
(un artiste crée toujours ses propres codes et finit par les imposer)

et, pour moi, même si je ne connait pas le secret de fabrication de cette image, il me parait évident que c'est un auto-portrait devant un miroir, face à la chambre, personnage à part entière de la photographie, donc je suis  tout à fait en phase avec Georges :)

(et si je trouve la référence à la serveuse de Manet est bien vue, je suis plus dubitatif pour l'atelier de Courbet, car, pour moi, Courbet a peint là un tableau-manifeste du réalisme : le corps comme paysage et l'atelier de l'artiste comme creuset des idées nouvelles, avec tous ses amis présents pour accompagner son acte créateur)

Georges G.

il y a une espèce de jeu sur l'anoblissement de la photographie qui rapelle l'atelier de Courbet, courbet rendant au rang d'art les différent style de peinture representait. Il fait d ailleur un jeu, courbet se trouvant au centre pour marquer l importance du createur, wall place la caméra pour montrer l' importance de la caméra, et d'ailleur se considérer plus comme un outil de cette création. Dans le tableau de courbet, sur notre gauche, les gens du peuples, et su la gauche les gens qui l'aident actionnaire, ecrivains etc.. d'ailleurs ils sont aux nombre de douze je crois (montre l importance pour courbet), il se place lui meme sur notre droite  et se presente comme actionnaire, celui qui influence, alors que le modèle est placé sur la gauche mélangeant la place du modèle et du spectateur. Jeu qui est accentué par le regard de l demoiselle.

Pour revenir à l autoprotrait, c'est sur que ca en est un, parce qu'en fait malgré que l'on puisse voir que le modele nous regarde, si l on recompose ll image, en fait le modèle regarde Jeff wal qui lul regarde le modèle, c'est un vrai volonté du photographe de casser la profondeur de champs lié à la photographie et de ramener le spectateur à la surface de l'image et pour cela en utilisant la reflection du miroir

J-L Vertut

oui, je comprends ton point de vue,
quant à lui, Wall cite explicitement le tableau de Manet comme inspiration de sa photo

pour revenir au sujet du fil, cette photo de Wall date de 1979, et l'on ne peut pas dire que c'est une tendance de la photographie contemporaine, puisqu'elle a maintenant plus de 35 ans, et qu'il s'est passé beaucoup de choses en photo depuis
elle fait plutôt partie de l'histoire de l'art

la photo de Crewdson, elle me fait penser à une installation d'un américain dont je ne me rappelle plus le nom, au musée d'art contemporain de Barcelone, qui représente un intérieur (new-yorkais ?) de la fin des années '50, avec la même ambiance, et avec en musique de fond, un 78 tours rayé qui tourne inlassablement
Crewdson d'ailleurs reconstitue des pièces entières en studio pour les photographier : on est bien dans une toute autre démarche, une photo comme constat d'une mise en scène hopperienne
une dé-fiction, en quelque sorte, comme peut l'être le cinéma d'Hollywwod
je n'y suis pour ma part pas très sensible, cela fait un peu "queue de comète"
(Much a-do about nothing, selon Shakespeare)

Gilala

Le travail de Crewdson est loin d'être une simple revisite esthétique du travail d'Hopper.
Il y intègre une dimension beaucoup plus incisive sur le rêve américain là où Hopper est plus doux, plus contemplatif.
Il y a dans ses personnages qui déambulent, hagards dans des décors de middle class banlieusarde, tout le malaise psychologique de ces américains qui croyaient trouver le salut dans la consommation.
Tout cette analyse n'est pas chez Hopper.

J-L Vertut

c'est pourquoi je citais cette installation de Barcelone... (maudite mémoire des noms !)

mais je ne suis pas d'accord avec toi, là où Hopper initie quelque chose, le fait avec une sorte de légèreté "européenne" (peut-être issue de ses voyages en Europe), une évocation subtile, douce et profondément mélancolique,
pour dire une chose très similaire (la solitude des consommateurs dans une société où la marchandise est reine) Crewdson utilise les énormes moyens (studio de cinéma, décors de cinéma, éclairages de cinéma, etc...) hollywoodiens pour une production hollywoodienne à grand spectacle où l'on trouve bien sur beaucoup de subtilité, mais dans les interstices de grandes flaques d'évidences

personnellement, je préfère ce que je ressens à ce que l'on me fourre sous les yeux, lmais, j'en conviens, c'est une affaire de goût

Gilala

Citation de: J-L Vertut le Juin 23, 2015, 19:14:31
personnellement, je préfère ce que je ressens à ce que l'on me fourre sous les yeux, lmais, j'en conviens, c'est une affaire de goût

Réaction assez symptomatique d'une vision "google images" de son oeuvre.
Tu en es resté à une lecture superficielle.
Je te conseille d'essayer de croiser un de ces livres, ou mieux un de ces tirages pour te rendre compte que s'il travaille à la chambre ce n'est pas gratuit, et idem pour les "éclairage de cinéma" qui ne sont pas là pour focaliser artificiellement sur le sujet et ainsi permettre de "fourrer sous les yeux" mais au contraire de ciseler l'arrière plan dans ses détails qui servent l'histoire.
Il faut quand même arrêter de caricaturer les américains. S'il y a parfois débauche de moyens c'est souvent pour un résultat précis que peu d'européens atteignent.
Mais malgré tout j'en conviens, l'intérêt que l'on peut porter à toute cette subtilité narrative du décor est avant tout une affaire de goût.

J-L Vertut

si tu dis que j'en suis resté à une lecture superficielle "google images" (un truc que je n'utilise jamais ;))
c'est que tu sais mieux que moi ce que je vois, ce que je ressens et ce que je pense...
il m'est donc inutile de l'exprimer :)

Edouard de Blay

J'adore l'argument " il prend la photo, la preuve, il a le declencheur dans la main" ok, alors pourquoi l'obturateur est  fermé?
Cordialement, Mister Pola

Gilala

La NSA était dans le coin ce jour à et apparemment l'obtu est ouvert ;)
Cela dit j'ai toujours entendu de cette photo que c'était un "simple" autoportrait sans équivoque.