Il me semble en tout cas que pour profiter du L*, un écran avec calibration hardware est nécessaire. Car à ce niveau de précision, il me semble illusoire de penser qu'on pourra obtenir mieux que la courbe gamma 2.2 en utilisant un écran classique dont la calibration se fait en 8 bits avec la carte vidéo.
En cas de calibration par la carte vidéo, les résultats risquent bien d'être moins bons en L* qu'en gamma 2.2 à cause des sauts de quantification induits par le 8 bits, l'écran étant certainement nativement plûtot réglé en usine sur un gamma proche de 2.2. Donc tenter de changer ses courbes gamma natives par une calibration externe en 8 bits risque de causer plus de dégâts qu'autre chose car il faudra triturer les courbes natives par des coefficients externes 8 bits.
D'ailleurs les logiciels récents évitent de toucher à la partie basse de la courbe de calibration lorsqu'ils opèrent une calibration par la carte vidéo. Car toucher à cette partie de la courbe introduit le plus souvent des sérieux problèmes, surtout que c'est la zone où la précision des spectros et colorimètres est la plus mauvaise. Je l'ai souvent remarqué en calibrant des écrans avec d'anciens logiciels, la zone des bas niveaux de la calibration était souvent désastreuse.
Sachant qu'une liaison vidéo 8 bits est déjà insuffisante pour représenter correctement un dégradé de gris sans banding, je vous laisse imaginer ce qu'il se passe lorsqu'on triture en plus les courbes gamma en 8 bits par calibration externe, par rapport à un écran plutôt calibré en usine sur un gamma 2.2.
Donc Eizo ou Nec obligatoire avec table de calibration 14 bits pour voir des différences qui correspondent à une vrai réalité physique au niveau calibration en L*, et non des artifacts liés à des sauts de quantifications provenant d'une calibration par carte vidéo en 8 bits.
J'ajouterais même que pour travailler sur certaines images une liaison 30 bits avec l'écran est avantageuse. Sinon banding possible sur certains dégradés monochromes. Dans la pratique ce type d'image est quand même rare. Mais le 30 bits deviendra de plus en plus important à mesure qu'on utilisera des espaces couleurs plus grands, à l'écran comme à l'impression. En 4K, avec le nouvel espace couleur REC 2020, le 30 bits est prévu dans les normes, même pour l'utilisation en fin de chaine par l'utilisateur final.
Sur mon Eizo j'utilise du gamma 2.2, j'avais un temps regardé quelques discussions sur le L*, pour me dire que finalement le L* n'était pas quelque chose de primordial et pouvant même causer plus de problèmes que d'améliorations, sachant que tout tourne autour du gamma 2.2 aujourd'hui.
Il est certainement beaucoup plus important de porter un soin particulier aux éclairages de la pièce plutôt que de se prendre la tête avec le L*. Et bien sur un bon écran stable qui ne bouge pas trop entre les calibrations.
L'intensité de l'éclairage pièce (32 à 64 lux au niveau de l'écran), la température de couleur, l'indice CRI, l'homogénéité et la stabilité sont importants. Dans le but d'éviter des réflexions dans l'écran et pour avoir une dalle bien éclairée de façon homogène. Cela évitera une perception différente des niveaux de noir selon les zones de la dalle. Mais aussi une bonne perception des couleurs écran (à condition aussi d'avoir un environnement homogène en terme de couleurs, du gris moyen neutre de préférence autour du plan de travail).
Idem pour la lightbooth qui doit fournir la bonne température de couleur et la bonne intensité pour pouvoir contrôler les tirages avec une bonne concordance écran. Un modèle réglable est préférable bien sur. Le logiciel Eizo Colornavigator est d'ailleurs capable de régler la lightbooth pour l'adapter à la calibration écran.
Donc du bon matériel, des bons logiciels récents, et un minimum de bon sens pour des bons résultats. Il y a beaucoup de croyances et de choses qui marchent pas en gestion de la couleur, y compris du coté des développeurs qui ne comprennent pas toujours les tenants et les aboutissants tellement la couleur est quelque chose de complexe.
On le voit bien dans l'évolution des logiciels de calibration. aucun ne donne des résultats identiques en utilisant pourtant le même spectro. Et même des spectros / colorimètres haut de gamme donnent des différences DeltaE importantes selon le fabricant du matériel et sa date de fabrication

Ca progresse, lentement mais surement...