Influence de l'éclairage ambiant sur la luminance écran. Formule de calcul.

Démarré par olivier1010, Octobre 16, 2015, 03:54:57

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olivier1010


Un sujet rarement abordé en détail est celui de l'influence de la lumière ambiante sur la précision de l'affichage écran.

En effet, une source de lumière ambiante va créer à la surface de la dalle d'un écran une source de lumière secondaire par réflexion, qui va augmenter la luminance émanant de la dalle, et donc modifier la luminance perçue de l'écran, principalement dans les noirs et les ombres.

Les deux effets principaux de l'éclairage ambiant sont donc une diminution du contraste écran et une perte de précision en luminance dans les bas niveaux.

Je me suis donc posé la question de savoir comment calculer ce niveau d'éclairage ambiant, afin d'éviter une trop forte influence sur l'écran.

En partant du principe que les réflexions sur la dalle sont principalement diffuses si l'environnement de travail est conçu selon les recommandations ISO pour l'épreuvage (écran mat, sources lumineuses ambiantes diffuses), la réflectance de la dalle de l'écran est principalement caractérisée par un coefficient de réflexion diffuse, Rd, en cd/m²/lux.

Ce coefficient Rd varie pour les dalles LCD entre 0.02 cd/m²/lux pour un écran LCD bureautique mat, et 0.005 cd/m²/lux pour les dalles haut de gamme les plus immunes aux réflexions.

En multipliant ce coefficient Rd par l'intensité de l'éclairage ambiant en lux au niveau de la dalle, on obtient l'intensité en luminance de la réflexion diffuse, en cd/m². Cette luminance vient s'ajouter à celle produite par la dalle LCD et son éclairage interne, et va donc relever la valeur en cd/m² des bas niveaux de la dalle.

Pour une bonne modulation du contraste dans les bas niveaux de luminance écran, il est recommandé que la luminance des réflexions induites par l'éclairage ambiant soit inférieure à 25 % de la luminance minimum de l'écran. (recommandation pour les affichages de haute fidélité en imagerie médicale par exemple).

Prenons le cas courant d'un écran calibré avec une luminance mini (Lmin) déduite du contraste recommandé ISO PCS (287:1) soit pour une luminance maxi de 120 cd/m² Lmin = environ 0.4 cd/m², les réflexions induites sur la dalle par l'éclairage ambiant ne devraient donc pas dépasser 25% de Lmin soit 0.4 * 25 / 100 = 0.1 cd/m².

On pense souvent que cette valeur de contraste PCS est conseillée pour reproduire les contrastes assez faibles des tirages imprimés, mais je pense que ce n'est pas la principale raison (surtout que les logiciels actuels permettent de simuler une épreuve non seulement au niveau de l'espace couleur mais aussi au niveau du papier et de l'encre, même si l'écran est étalonné sur un contraste natif de 900:1 par exemple).
En imagerie médicale, un contraste écran de 250:1 (donc assez proche de 287:1) est conseillé pour des raisons attenantes à la perception des contrastes par la vision humaine.

Enfin un contraste écran assez faible est moins risqué en pratique en évitant un recouvrement trop important entre les valeurs de luminance des réflexions diffuses et les valeurs de luminance des premiers niveaux de l'écran.

A partir de cette valeur de luminance en réflexion diffuse à ne pas dépasser de 0.1 cd/m², on peut calculer l'intensité maximum recommandée pour l'éclairage ambiant.

Soit :

- Rd le coefficient de réflexion diffuse, en cd/m²/lux

- Lamb l'intensité lumineuse de l'éclairage ambiant en Lux au niveau de la dalle

Rd x Lamb = intensité des réflexions diffuses induites sur la dalle par l'éclairage ambiant en cd/m²
on doit donc respecter (pour un écran haut de gamme très peu sensible aux réflexions avec Rd = 0.005) :

Rd x Lamb < 0.1

et donc

Lamb < 0.1 / 0.005
Ce qui donne une intensité maximum d''éclairage ambiant très faible de 20 Lux recommandé pour un affichage de haute précision par exemple en imagerie médicale.
Si l'écran est étalonnée avec une luminance mini de 0.2 cd/m², alors l'éclairage ambiant maxi recommandé mesuré au niveau de la dalle serait de 10 Lux.

Si l'écran est un modèle bureautique avec une dalle plus réfléchissante, alors une valeur d'éclairage de 5 lux pourrait être préférable...
L'ISO dans sa norme pour l'affichage d'épreuve sur écran est plus laxiste et recommande 32 Lux maxi pour l'éclairage ambiant mesuré au niveau de la dalle. Mais rien n'empêche de descendre plus bas, en fonction du coefficient Rd de sa dalle et de la précision requise dans la perception des bas niveaux de luminance.

Évidement, plus l'écran sera étalonné avec une luminance minimum basse, plus l'intensité de l'éclairage ambiant devra être abaissée pour maintenir une bonne modulation du contraste dans les faibles niveaux de luminance écran. Un éclairage ambiant très faible ayant pour conséquence une fatigue visuelle plus importante, de ce point de vue je pense qu'il n'est pas recommandé d'étalonner son écran sur un point noir natif car cela occasionne une intensité d'éclairage ambiant très faible si l'on veut conserver une bonne modulation des faibles niveaux.

MBe

Tes informations sont toujours aussi intéressantes...

Quelques commentaires :

Un rayon lumineux en direction d'une dalle d'écran est réfléchi en partie, l'autre partie pénètre dans la dalle, avec la possibilité de nouvelles réflexions suivant la constitution de la dalle (indice de réfraction des différents milieux rencontrés par le rayon lumineux). Ta démonstration est tout à fait cohérente, par contre j'ai un peu plus de difficulté a évaluer les grandeurs physiques de Rd  et de l'éclairage en Lux du poste de travail.

5 lux correspond à un peu moins que l'éclairage d'une bougie , 90 000 lux l'éclairage du soleil sur le sol terrestre (puissance lumineuse reçue par une surface par rapport à la surface éclairée), 32 lux correspond à un éclairage faible ( cf. les exemples donnés dans https://fr.wikipedia.org/wiki/Lux_%28unit%C3%A9%29)

A noter également que dans de nombreux cas l'éclairage d'un poste de travail est perpendiculaire à l'axe de l'écran (éclairage au plafond) , cela doit bien arranger la situation et le problème des réflexions évoqués, de plus l'usage d'une "casquette" d'écran améliore encore ce bilan.

pour
Citation de: olivier1010 le Octobre 16, 2015, 03:54:57

Évidement, plus l'écran sera étalonné avec une luminance minimum basse, plus l'intensité de l'éclairage ambiant devra être abaissée pour maintenir une bonne modulation du contraste dans les faibles niveaux de luminance écran. Un éclairage ambiant très faible ayant pour conséquence une fatigue visuelle plus importante, de ce point de vue je pense qu'il n'est pas recommandé d'étalonner son écran sur un point noir natif car cela occasionne une intensité d'éclairage ambiant très faible si l'on veut conserver une bonne modulation des faibles niveaux.


Mon ressenti et expériences réalisées sont moins tranchés, notamment avec le test Drycreekphoto (excellent) que tu proposes, que je sois dans le noir complet ou avec mon éclairage habituel, en L* je perçois tous les niveaux, c'est naturellement un peu plus facile dans le noir complet, mais j'ai l'impression que la casquette est très efficace et que l'écran avec sa caractérisation/calibration L* rend facile la lecture des premiers niveaux.
j'ai refait des essais avec une valeur cible en noir natif et avec une dynamique d'environ 250:1 ( ~0,3cd/m²), là aussi je donne l'avantage au noir natif, mais c'est une impression subjective qui se confirme avec le test de Drycreekphoto. J'ai l'impression que la vision humaine s'adapte à son environnement dans des limites raisonnables et qu'elle prend aussi ses "habitudes" bonnes ou mauvaises?.


olivier1010

Citation de: MBe le Octobre 17, 2015, 01:06:43
Tes informations sont toujours aussi intéressantes...

Quelques commentaires :

Un rayon lumineux en direction d'une dalle d'écran est réfléchi en partie, l'autre partie pénètre dans la dalle, avec la possibilité de nouvelles réflexions suivant la constitution de la dalle (indice de réfraction des différents milieux rencontrés par le rayon lumineux). Ta démonstration est tout à fait cohérente, par contre j'ai un peu plus de difficulté a évaluer les grandeurs physiques de Rd  et de l'éclairage en Lux du poste de travail.

5 lux correspond à un peu moins que l'éclairage d'une bougie , 90 000 lux l'éclairage du soleil sur le sol terrestre (puissance lumineuse reçue par une surface par rapport à la surface éclairée), 32 lux correspond à un éclairage faible ( cf. les exemples donnés dans https://fr.wikipedia.org/wiki/Lux_%28unit%C3%A9%29)

A noter également que dans de nombreux cas l'éclairage d'un poste de travail est perpendiculaire à l'axe de l'écran (éclairage au plafond) , cela doit bien arranger la situation et le problème des réflexions évoqués, de plus l'usage d'une "casquette" d'écran améliore encore ce bilan.

pour
Mon ressenti et expériences réalisées sont moins tranchés, notamment avec le test Drycreekphoto (excellent) que tu proposes, que je sois dans le noir complet ou avec mon éclairage habituel, en L* je perçois tous les niveaux, c'est naturellement un peu plus facile dans le noir complet, mais j'ai l'impression que la casquette est très efficace et que l'écran avec sa caractérisation/calibration L* rend facile la lecture des premiers niveaux.
j'ai refait des essais avec une valeur cible en noir natif et avec une dynamique d'environ 250:1 ( ~0,3cd/m²), là aussi je donne l'avantage au noir natif, mais c'est une impression subjective qui se confirme avec le test de Drycreekphoto. J'ai l'impression que la vision humaine s'adapte à son environnement dans des limites raisonnables et qu'elle prend aussi ses "habitudes" bonnes ou mauvaises?.
Oui il est certain qu'on s'habitue à une méthode de travail, bonne ou mauvaise :)

On a aussi vite fait de prendre des mauvaises habitudes, qui deviennent difficiles à changer. :(

En ce qui concerne les casquettes, elles peuvent aussi dessiner des ombres marquées sur la dalle, situation pas très réjouissante en terme d'homogénéité.

Je préfère rechercher un éclairage diffus, avec absence de sources ou objets réfléchissants devant l'écran.
L'éclairage en Lux peut se mesurer avec PatchToool par exemple et une sonde X-rite. Ou un luxmètre de qualité convenable. J'utilise un Minolta T-1 qui peut descendre à 0.01 Lux. C'est plus rapide et plus simple à utiliser qu'une sonde.
Concernant les coefficients de réflexion, le sujet est complexe et je suppose seulement maîtrisé par les fabricants de dalles. J'ai légèrement revu ma copie après diverses lectures, mais les résultats changent peu. Voir ci-dessous.

J'ai inclus la feuille de calcul Excel dans le fichier .png. Peut se récupérer en ouvrant le fichier .png avec 7zip par exemple.


olivier1010

Une illustration de la pollution par l'éclairage ambiant. Le graphe montre la réduction de contraste dans les bas niveaux en fonction de la luminance mini de l'écran, pour un éclairage ambiant de 10 lux mesuré au niveau de la dalle.

Le coefficient de réflexion utilisé dans le calcul est celui d'une dalle avec un traitement anti-reflet haut de gamme.



MBe

Citation de: olivier1010 le Octobre 17, 2015, 02:32:24
Une illustration de la pollution par l'éclairage ambiant. Le graphe montre la réduction de contraste dans les bas niveaux en fonction de la luminance mini de l'écran, pour un éclairage ambiant de 10 lux mesuré au niveau de la dalle.

Le coefficient de réflexion utilisé dans le calcul est celui d'une dalle avec un traitement anti-reflet haut de gamme.

Je ne suis pas surpris par tes courbes, pour valider avec un éclairage ambiant, tu pourrais probablement tenter une calibration/caractérisation avec l'I1 Display Pro dans un pseudo mode "vidéo projecteur" (probablement sans l'optique dédié au vidéo projecteur) à une distance d'environ 10/20 cm de la dalle, il faut simplement soigner l'alignement optique en faisant une auto collimation, mais à 20 cm, même un peu de parallaxe ne devrait pas être trop pénalisant, l'essentiel est d'avoir le meilleur parallélisme entre colorimètre et dalle.

BasICColor dans le manuel de Discus parle de cette méthode et de ses avantages. (la Discus intègre un petit laser pour réaliser l'alignement)

olivier1010

Citation de: MBe le Octobre 20, 2015, 23:16:54
Je ne suis pas surpris par tes courbes, pour valider avec un éclairage ambiant, tu pourrais probablement tenter une calibration/caractérisation avec l'I1 Display Pro dans un pseudo mode "vidéo projecteur" (probablement sans l'optique dédié au vidéo projecteur) à une distance d'environ 10/20 cm de la dalle, il faut simplement soigner l'alignement optique en faisant une auto collimation, mais à 20 cm, même un peu de parallaxe ne devrait pas être trop pénalisant, l'essentiel est d'avoir le meilleur parallélisme entre colorimètre et dalle.

BasICColor dans le manuel de Discus parle de cette méthode et de ses avantages. (la Discus intègre un petit laser pour réaliser l'alignement)

Oui, le problème de l'étalonnage à distance, c'est qu'il faut s'assurer que l'éclairage ambiant ne porte pas d'ombres ou n'induise pas des réflexions spéculaires sur l'écran qui pourraient largement fausser la mesure avec un résultat moins bon qu'une mesure traditionnelle. Je ne savais pas que la sonde Discus pouvait effectuer ce type de mesure. En tout cas il me semble que les sondes qui peuvent le faire sont toutes des sondes très haut de gamme vendues à des prix difficilement compatibles avec les arts graphiques et la photo.

Mais en théorie c'est la méthode à employer, et c'est d'ailleurs mentionné dans le standard DICOM.

En pratique les logiciels d'étalonnage proposent une compensation mathématique, comme le flare-correct de chez Xrite :

https://www.xrite.com/i1profiler-i1publish/support/kb5485

La méthode me semble valide, à condition que l'éclairage ambiant soit homogène, c'est à dire qu'il induise une réflexion homogène sur toute la surface de la dalle. La casquette peut d'ailleurs faire plus de mal que de bien je pense lorsqu'on recherche une bonne homogénéité des réflexions induites par l'éclairage ambiant.
Etant donné que la vision humaine a tendance à gommer perceptuellement les réflexions, il est difficile d'être certain que l'éclairage de la dalle est homogène. Une solution serait de faire une photo de la dalle avec le moniteur éteint pour s'en assurer.
La meilleure solution consiste de toutes façons à réduire l'éclairage ambiant, pour l'épreuvage écran tout du moins, afin de limiter la réduction du contraste global et du contraste local dans les bas niveaux.

J'aurais tendance à conseiller un maximum de 20 Lux pour obtenir un contraste suffisant dans les bas niveaux par rapport aux calculs que j'ai effectué. Il est possible que l'ISO prenne en compte un autre paramètre pour arriver à un résultat de 32 Lux maximum. Leur méthode de calcul n'est pas documentée dans la norme à ma connaissance.

Avec une luminance mini à 0.3 et une luminance maxi à 100 cd/m², valeurs que j'aurais tendance à recommander, on obtient sur un écran qualité graphique :

- à 20 Lux : une réduction de contraste local dans les bas niveaux de 28 %

- à 32 Lux : une réduction de contraste local dans les bas niveaux de 38 %
En terme de contraste global réel (gamme dynamique ou différence entre la luminance perçue du point noir et celle du point blanc), on obtient dans les mêmes conditions :

- à 20 Lux : un contraste global réel de 240:1

- à 32 Lux : un contraste global réel de 205:1

Pour un contraste théorique (sans tenir compte de la pollution par l'éclairage ambiant) de 333:1

Une remarque concernant la valeur de contraste recommandée PCS ICC de 287:1 : je pense que c'est une valeur de contraste théorique (qu'on peut obtenir par un étalonnage classique par sonde posée sur l'écran), c'est sans doute pour cela qu'elle est assez élevée pour tenir compte plus ou moins de la diminution de contraste induite par l'éclairage ambiant. Ce qui au final produit un contraste réel entre 200 et 250 plus en accord avec les taux de contraste d'une épreuve papier.
Dans ces deux cas, 20 ou 32 lux, la réduction de contraste dans les bas niveaux n'est pas négligeable, et au dessus des 20 % que recommande la norme DICOM pour l'imagerie médicale.
Pour arriver à 20 %, il faut descendre à 12 Lux, ce qui donne, toujours avec une luminance mini à 0.3 et une luminance maxi à 100 cd/m² :

-une réduction de contraste local dans les bas niveaux de 19 %

- un contraste global réel de 270:1
C'est cette valeur d'intensité d'éclairage que j'ai choisie pour ma pièce, (en D50) avec un étalonnage DICOM ou sRGB par sonde posée sur l'écran. A ce niveau d'éclairage, la compensation de flare à effectuer étant faible, je pense qu'elle n'est pas indispensable.

J'ai légèrement modifié les valeurs de luminance obtenues par réflexion de l'éclairage sur l'écran par rapport aux premières courbes que j'ai publiées dans ce fil, (prise en compte de la constante PI pour les réflexions diffuses), ce qui abaisse sensiblement le niveau des réflexions. Voici les nouvelles courbes, avec une présentation un peu plus intuitive :

Il faut bien noter également que toutes ces remarques s'appliquent à une situation d'épreuvage écran pour la correspondance avec un tirage papier, où la recherche d'une bonne précision dans les bas niveaux de luminance est importante.

Lorsque la destination finale des images est Internet ou une diffusion sur écran, il peut être plus intéressant de choisir un éclairage pièce plus en accord avec l'intensité courante de l'éclairage d'un bureau ou d'une maison, peut être 50 à 150 Lux.


olivier1010


Ci-dessous un graphique représentant les valeurs de luminance minimums du point noir écran pour contenir la réduction de contraste dans les bas niveaux à une valeur inférieure à 20 % pour la courbe en vert, et 40 % pour la courbe en jaune.

20 % de réduction de contraste est la valeur maximum conseillée dans le standard DICOM pour l'imagerie médicale.

L' ISO adopte une valeur plus tolérante (non documentée) dans sa norme 12646:2004 pour l'épreuvage sur écran qui serait d'environ 39 % si l'on se base sur le coefficient de réflexion d'un écran haut de gamme arts graphiques. (valeur que j'ai trouvé dans des spécifications constructeur et aussi vérifiée par mesure en réflectance au spectrophotomètre sur la dalle de mon écran Eizo).

39 % de réduction de contraste dans les bas niveaux est ce qu'on obtient avec un éclairage ambiant à 32 Lux et un point noir à 0.3 cd/m². Cette situation n'est pas idéale je pense lorsqu'on recherche un maximum de précision dans les bas niveaux, c'est bien pour cela certainement que l'ISO recommande la valeur de 32 Lux non pas comme une cible à atteindre mais comme une valeur maximum.

Augmenter le niveau du point noir écran n'est pas raisonnable non plus, à 32 Lux il faudrait l'augmenter à 0.8 cd/m2 pour limiter la réduction de contraste à 20 %. Ce qui occasionnerait un point blanc à 230 cd/m² pour maintenir le contraste global théorique à 287:1. Le contraste global réel serait alors de 233:1. Cette valeur de 230 cd/m² serait fatigante pour les yeux et de toutes façons impossible à atteindre pour un écran de type arts graphiques.
La situation la plus favorable me semble, pour un bon compromis contraste global, contraste dans les bas niveaux, discernement dans la perception des niveaux de luminance, fatigue visuelle :

- éclairage pièce 12 Lux et point noir à 0.3 cd/m² pour maintenir la réduction de contraste dans les bas niveaux à une valeur inférieure à 20 %

- luminance du point blanc à 100 cd/m² pour obtenir un contraste global théorique de 333:1 supérieur à la valeur PCS ICC de 287:1 (contraste global réel 270:1) ainsi qu'un bon niveau de discernement des valeurs de luminance, avec dans ce cas 444 niveaux de luminance discernables perceptuellement. 100 cd/m² reste également une valeur qui n'occasionne pas trop de fatigue visuelle contrairement au maximum recommandé de 120 cd/m².

C'est le réglage que j'ai adopté récemment et qui semble bien me convenir pour la photo. J'ai également abandonné l'étalonnage gamma 2.2, pour lui céder un sRGB, L* ou DICOM qui donnent tous trois un meilleur résultat dans la perception des bas niveaux.

Évidement avec un éclairage pièce à 12 Lux, ne comptez pas sur la lumière ambiante pour comparer les tirages à l'écran. Boite à lumière ou éclairage local d'appoint indispensable, dont l'intensité et la température de couleur sera adaptée au point blanc de l'écran pour obtenir une similitude entre le point blanc papier et le point blanc écran.

Enfin avec une luminance écran à 100 cd/m² et un éclairage pièce à 12 Lux, selon ISO 12646:2004 il ne faudrait pas dépasser 10 cd/m² sur les surfaces environnantes, ce qui ne devrait pas poser de problème même pour des murs blancs car le coefficient de réflexion permis est de 0.83 pour les surfaces environnantes avec un éclairage de 12 Lux.

Quelques coefficients de réflexion pour se faire une idée :

Peintures :   
blanc   0,70 à 0,80
jaune   0,50 à 0,70
vert   0,30 à 0,60
gris   0,35 à 0,60
brun   0,25 à 0,50
bleu   0,20 à 0,50
rouge   0,20 à 0,35
noir   0,04
Bois :   
bouleau clair, érable   0,55 à 0,65
chêne vernis clair   0,40 à 0,50
chêne vernis foncé   0,15 à 0,40
   
   
acajou, noyer   0,15 à 0,40
Papiers peints :   
très clairs (blanc, crème)   0,65 à 0,75
clairs (gris, jaune, bleu)   0,45 à 0,60
foncés (noir, bleu, gris, vert, rouge)   0,05 à 0,36

MBe

Citation de: olivier1010 le Octobre 21, 2015, 12:40:32
Oui, le problème de l'étalonnage à distance, c'est qu'il faut s'assurer que l'éclairage ambiant ne porte pas d'ombres ou n'induise pas des réflexions spéculaires sur l'écran qui pourraient largement fausser la mesure avec un résultat moins bon qu'une mesure traditionnelle. Je ne savais pas que la sonde Discus pouvait effectuer ce type de mesure. En tout cas il me semble que les sondes qui peuvent le faire sont toutes des sondes très haut de gamme vendues à des prix difficilement compatibles avec les arts graphiques et la photo.

Mais en théorie c'est la méthode à employer, et c'est d'ailleurs mentionné dans le standard DICOM.

En pratique les logiciels d'étalonnage proposent une compensation mathématique, comme le flare-correct de chez Xrite :

https://www.xrite.com/i1profiler-i1publish/support/kb5485

La méthode me semble valide, à condition que l'éclairage ambiant soit homogène, c'est à dire qu'il induise une réflexion homogène sur toute la surface de la dalle. La casquette peut d'ailleurs faire plus de mal que de bien je pense lorsqu'on recherche une bonne homogénéité des réflexions induites par l'éclairage ambiant.

Oui il faut un éclairage homogène, mais il faut également faire attention à la couleur des murs et objets qui sont dans l'environnement du poste de travail, la casquette de l'écran également comme tu le mentionnes. Avec un éclairage ambiant faible, sur mon écran, l'ombre portée est vraiment très faible, à peine discernable dans la journée, un peu plus quand il fait nuit. Mais les ombres portées sont toujours problématiques.
Pour l'instant, à  mon poste de travail j'ai un éclairage zénithal, en indirect qui éclaire le plafond, classique tungstène (environ 2600k) qui donne une ambiance lumineuse que je qualifie de faible ( environ 25 cd/m² mesuré sur une feuille "blanche" de papier d'impression posé sur mon bureau). J'ai également à proximité une lampe ~D50 (tube Daylight) pour faire la lecture des impressions, mais elle est allumée que pendant ces lectures.
J'envisage d'améliorer cette ambiance lumineuse. Les éclairages de type led D50 présentent une raie dans le bleu vers environ 420 nm, ils me semblent pas vraiment adaptés, les tubes "daylight" n'ont pas un spectre vraiment continu, il reste à ma connaissance les lampes Solux 4700k en 35 et 50 W, 12V, mais avec un faisceau assez étroit (Lampe type GU5.3).

Ton éclairage D50 est réalisé comment?

Sur ce fil, j'ai trouvé des choses intéressantes : http://forum.luminous-landscape.com/index.php?topic=102190.80

MBe

Citation de: olivier1010 le Octobre 21, 2015, 15:19:26
Augmenter le niveau du point noir écran n'est pas raisonnable non plus, à 32 Lux il faudrait l'augmenter à 0.8 cd/m2 pour limiter la réduction de contraste à 20 %. Ce qui occasionnerait un point blanc à 230 cd/m² pour maintenir le contraste global théorique à 287:1. Le contraste global réel serait alors de 233:1. Cette valeur de 230 cd/m² serait fatigante pour les yeux et de toutes façons impossible à atteindre pour un écran de type arts graphiques.

Personnellement j'ai 2 profils avec les mêmes valeurs cibles, sauf pour le niveau de référence de noir, un avec le noir natif de l'écran pour un usage courant, et un autre avec un ratio d'environ 250:1 (environ 0,3 cd/m²) que j'utilise pour le softproofing et les "comparaisons" écran /tirages.
Je vois quand même nettement la différence entre ces 2 profils dans les zones à faible luminosité.
En relation avec mon post précèdent, et les éclairages, voir également ce lien que l'on retrouve dans le fil cité au-dessus:  http://pics.fishcreekstudio.com/Other/Spectrum-11/i-jmTctVD

olivier1010

Citation de: MBe le Octobre 21, 2015, 22:47:13
Oui il faut un éclairage homogène, mais il faut également faire attention à la couleur des murs et objets qui sont dans l'environnement du poste de travail, la casquette de l'écran également comme tu le mentionnes. Avec un éclairage ambiant faible, sur mon écran, l'ombre portée est vraiment très faible, à peine discernable dans la journée, un peu plus quand il fait nuit. Mais les ombres portées sont toujours problématiques.
Pour l'instant, à  mon poste de travail j'ai un éclairage zénithal, en indirect qui éclaire le plafond, classique tungstène (environ 2600k) qui donne une ambiance lumineuse que je qualifie de faible ( environ 25 cd/m² mesuré sur une feuille "blanche" de papier d'impression posé sur mon bureau). J'ai également à proximité une lampe ~D50 (tube Daylight) pour faire la lecture des impressions, mais elle est allumée que pendant ces lectures.
J'envisage d'améliorer cette ambiance lumineuse. Les éclairages de type led D50 présentent une raie dans le bleu vers environ 420 nm, ils me semblent pas vraiment adaptés, les tubes "daylight" n'ont pas un spectre vraiment continu, il reste à ma connaissance les lampes Solux 4700k en 35 et 50 W, 12V, mais avec un faisceau assez étroit (Lampe type GU5.3).

Ton éclairage D50 est réalisé comment?

Sur ce fil, j'ai trouvé des choses intéressantes : http://forum.luminous-landscape.com/index.php?topic=102190.80

Pour l'éclairage j'ai des tubes Philips TL-D 950, ils sont tri-phosphores, voir les résultats ci-dessous (mesure réalisée avec Babelcolor CT&A et un spectro i1 pro). Ce n'est pas parfait mais largement suffisant je pense pour l'éclairage ambiant. Ce n'est pas aussi proche de D50 que les tubes Normlicht mais c'est moins cher de mémoire :)

J'ai mis cet tubes à plusieurs mètres sur les cotés du moniteur, sans vue directe, afin d'obtenir un éclairage très diffus par réflexions sur les parois et le sol de la pièce. En fait la casquette de l'écran ne me sert pas à grand chose, je pense même l'enlever.

Sinon une boite à lumière Juste Color-Match en D50 pour l'épreuvage écran des tirages avec des tubes quadri phosphore Normlicht.

J'ai aussi la possibilité d'allumer d'autres tubes Philips 950 au dessus d'une table, pour obtenir les 500 Lux des conditions de visualisation ISO P2, afin de voir un peu plus de détails dans les ombres :)

Il y a des éclairages LED en D50 pour l'imprimerie depuis une paire d'années je crois, mais c'est cher... Et non réparable soi-même...

Merci pour les liens, je vais regarder ça.

Effectivement les murs doivent être gris neutre de préférence et aucun objet de couleur surtout dans le champ visuel pouvant perturber l'adaptation chromatique. C'est spécifié dans la norme ISO 3664-2000 :

CitationThe area immediately surrounding the displayed image shall be neutral, preferably grey or black to minimize flare.

CitationThe monitor shall be situated so there are no strongly coloured areas (including clothing) directly in the field of view or which may cause reflections in the monitor screen. Ideally, all walls, floors, and furniture in the field of view should be grey and free of any posters, notices, pictures, wording or any other object that may affect the viewer's vision. All sources of glare should be avoided since they significantly degrade the quality of the image.

 
Et pour la luminance des surfaces autour de l'écran on a dans la norme ISO 12646-2004 :

CitationThe ambient illumination level, when measured at the face of the monitor, shall be less than 32 lux. The surrounds shall be no more than 10% of the maximum luminance of the screen.