Espèces invasives, si on en parlait !

Démarré par marray, Octobre 02, 2016, 09:53:35

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marray

Citation de: castanea le Octobre 03, 2016, 09:17:51
Je n'ai que des questions, dont celle du miscanthus, très en vogue, qui me brule les doigts
Je comprends que la question du Miscanthus puisse te brûler les doigts. Mais si nous l'abordions ici nous sortirions du sujet annoncé par le titre de ce fil. Ce qui ne retire pas l'intérêt que pourrait avoir un autre fil, dont tu pourrais prendre l'initiative, sur les espèces importées au cours des siècles, celles dont nous ne pourrions plus nous passer aujourd'hui, mais aussi celles d'importation plus récente et qui pour certaines font l'objet d'expérimentations (avec + ou - d'interventions génétiques ou de simples hybridations) et sur lesquelles le public est assez mal informé. S'agissant du (des) Miscanthus, tu conviendras avec moi que la fixation du carbone par des plantes  C4 qui en outre résistent beaucoup mieux à la plasmolyse par grande sècheresse que celles dites C3, est en soi un sujet d'étude incontournable face à l'évolution de notre climat. Vaste sujet qui sort peut-être de notre épure... ???

Sebmansoros

Citation de: Ajyx le Octobre 02, 2016, 12:02:48
...Si tu es d'accord, je veux bien préparer un petit texte sur une espèce invasive introduite, complètement inconnue du public et de beaucoup de naturalistes : la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus).

...Une photo perso de cet Anoure (plaine des Maures, Var) :

Son chant est des plus agaçant, ricanement, contrairement aux autres grenouilles. J'en ai dans ma mare et j'ai passé des nuits blanches à cause d'elle.

coval95

Citation de: Sebmansoros le Octobre 03, 2016, 13:53:50
Son chant est des plus agaçant, ricanement, contrairement aux autres grenouilles. J'en ai dans ma mare et j'ai passé des nuits blanches à cause d'elle.
Adopte un héron, il te débarrassera des grenouilles...  ;D

PS le héron cendré est beaucoup plus présent en Ile de france (et ailleurs en France ?) que par le passé, ne serait-il pas invasif lui aussi ?

Ajyx

Citation de: buzoqueur le Octobre 03, 2016, 09:57:16
Ma question du jour : 277 espèces de poissons introduites en France est-ce juste ?

...Bonjour Buzoqueur (et merci de tes appréciations sur cette section)

...Tu as mal lu  :)

...J'ai écrit qu'il s'agit du nombre d'espèces de poissons introduites en Europe et depuis l'antiquité  ;)
André

Ajyx

...Bonjour à toutes et tous,

...Comme promis, voici un petit développement sur une espèce classée envahissante, que personnellement, je considère comme invasive : la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus).

...Cette Grenouille appartient à la catégorie biogéographique eurasiatique d'affinité continentale. Sa répartition naturelle historique allait de l'Allemagne jusqu'en Asie centrale, Allemagne dont elle débordait très légèrement dans l'Est de la France (cours du Rhin).

...Appartenant au groupe des grenouilles vertes (genre Pelophylax), comme elles, il s'agit d'un Anoure dit aquatique, c'est-à-dire vivant dans et aux abords immédiats de l'eau toute l'année contrairement aux autres Anoures indigènes français connaissant tous une longue phase terrestre en dehors de la période de reproduction et du cycle larvaire.

...A partir des années 1970, la Grenouille rieuse a commencé à être introduite dans plusieurs régions de France. Ces introductions étaient soit volontaires (introduction par les pêcheurs de grenouilles, lâchers des labos de physio en fin d'année universitaire...), soit involontaires (échappées de fermes d'élevage (à des fins culinaires), de centres de stockage, têtards déplacés lors d'importations de plantes aquatiques par les jardineries...). C'est à partir des années 1980 que les populations formées ici et là sur le territoire ont commencé à entrer dans une phase rapide d'augmentation des effectifs et d'expansion géographique, colonisant rapidement les régions avoisinantes pour arriver aujourd'hui à occuper la majeure partie du territoire français, même dans des étages bioclimatiques et des zones biogéographiques auxquelles l'écologie initiale de l'espèce ne la destinait vraiment pas, telle la zone méditerranéenne où elle est maintenant présente partout, de la montagne jusqu'en bord de mer. Cette invasion subite prouve que l'animal a su modifier rapidement son écologie et s'adapter aux fortes contraintes de certaines zones biogéographiques difficiles. En effet, alors qu'elle occupait initialement de grands plans d'eau pérennes en secteur continental, en biome méditerranéen, elle a su modifier son préférendum écologique pour être capable de s'installer dans des milieux de taille bien plus réduite et à la mise en eau temporaire. Pour cela, comme les espèces locales, elle peut estiver lors des assecs de la saison chaude.

...Cette colonisation est donc le résultat conjugué d'introductions (toujours d'actualité) et de sa potentialité à adapter son histoire de vie à de nouveaux milieux mais également à son fort pouvoir de dissémination, notamment au stade immature où elle est capable de grands déplacements terrestres pour s'établir dans des points d'eau très isolés comme par exemple sur les photos perso suivantes où un tout petit trou d'eau (2 m²) alimenté par suintement et situé en plein maquis, à 2 km du premier milieu aquatique, hébergeait 4 immatures cet été.
André

Ajyx

.../...

...Un des immatures :
André

Ajyx

.../...

...Les problématiques écologiques engendrées par l'espèce :

...La Grenouille rieuse est massive et affiche la plus grande taille parmi le groupe des grenouilles vertes françaises, les femelles pouvant atteindre 130 mm de longueur de corps (mâles en général légèrement plus petits). C'est un prédateur vorace et performant, capable d'ingurgiter de grosses proies et présentant un large spectre alimentaire : Invertébrés (Insectes, Arachnides, Gastéropodes, Vers...) et Vertébrés (Poissons de petite taille, Amphibiens à tous les stades de développement, petits Reptiles...). Elle prédate même les juvéniles de sa propre espèce qui adopte un système de défense bien connu chez d'autres espèces-proie : ils se regroupent pour former une masse plus imposante trop grosse pour attirer la convoitise de ce prédateur, comme le montre la photo perso suivante :
André

Ajyx

#32
.../...

...Mes observations et les expériences que j'ai pu mener montrent des capacités étonnantes en matière de prédation : la Rieuse sait capturer les têtards et petits Poissons quand ils viennent en surface ou dans des endroits de très faible profondeur d'eau. Pour cela, elle emploie une technique particulière : la tête légèrement sous la surface, au passage de la proie elle ouvre brutalement sa grande gueule, créant ainsi un appel d'eau lui permettant d'aspirer sa proie. Elle est capable de capturer des Insectes en vol (Diptères, Hyménoptères (dont elle ne craint pas les piqûres), Odonates, Lépidoptères...) en effectuant des bons prodigieux pour sa taille, même quand elle se trouve dans l'élément liquide, grâce à ses puissantes pattes arrière et sa forte palmure. Son comportement dans un point d'eau lui permet de faire barrage à tout ce qui entre ou sort du milieu liquide. En effet, elle se positionne en grand nombre sur la totalité du linéaire des berges, formant ainsi une barrière qui va ''filtrer'' tout ce qui passe et systématiquement capturer tout ce qui peut être avalé. Enfin, les expériences en captivité que j'ai menées m'ont montré que les néoformés de Rieuse, bien que de taille à peu près identique à celle de néoformés d'autres espèces métamorphosés en même temps (Grenouille rousse et Crapaud calamite), grandissent beaucoup plus vite. En deux mois, ils étaient 4 à 5 fois plus grands que les autres et, bien que copieusement nourris, ils ont englouti la totalité des autres juvéniles !

...Ces stratégies comportementales et de prédation ont un impact considérable sur les autres espèces d'Amphibiens. A l'occasion de plusieurs opérations de génie écologique auxquelles j'ai participé, j'ai pu vérifier, fait connu, que l'arrivée de Rieuses dans une biocénose aquatique faisait immédiatement chuter les populations locales d'Anoures, voire entraînait la disparition de certaines espèces. Dans la plaine de Maures (Var), par exemple, où la Rieuse est omniprésente, le Pélodyte ponctué, commun dans le département, est devenu pratiquement introuvable alors que les milieux lui sont particulièrement favorables.
André

Ajyx

#33
.../...

...La seconde problématique écologique engendrée par la Rieuse vient du fait qu'elle s'hybride avec les autres espèces françaises de grenouilles vertes en donnant une descendance fertile appelée klepton (noté kl. entre le nom de genre et d'espèce) et élevée au rang d'espèce. Je ne développerai pas ce phénomène complexe nommé hybridogénèse mais, pour faire court, quand la Rieuse arrive par exemple dans un point d'eau occupé par la Grenouille de Lessona (Pelophylax lessonnae), elle se croise avec celle-ci pour donner un klepton nommé Pelophylax kl. esculenta. Ce klepton, de taille intermédiaire entre la petite Grenouille de Lessona et la grosse Rieuse, va s'implanter de plus en plus au détriment de la Lessona qui tendra à disparaître sous la pression des deux espèces plus plastiques et résistantes. Cette pollution génétique conjuguée à la compétition écologique engendrée par les deux autres espèces (qui s'hybrident pour donner le même klepton) met ainsi en péril Lessona qui devient de plus en plus rare.

...J'avais choisi volontairement de parler de la Grenouille rieuse car je voulais indiquer que ce taxon, à cause de son indigénat historique sur une minuscule portion de territoire français, n'est pas classé espèce invasive mais seulement considéré comme une espèce envahissante. Or, ce critère d'indigénat est bien subjectif à mon sens puisqu'il ne repose que sur des frontières administratives pouvant fluctuer. En effet, il y a peu de temps (eu égard au temps biologique), la zone française qu'elle occupait historiquement était allemande. Si son introduction avait daté de cette époque, elle aurait été classée invasive. Mais l'Histoire en a voulu autrement et ce taxon est actuellement protégé et même listé en annexe 5 de la Directive Habitats-Faune-Flore.

...Je pense qu'il faudrait revoir les textes et supprimer ce critère d'indigénat pour le remplacer par une approche plus pragmatique. En effet, la Rieuse est initialement une espèce eurasiatique continentale or, son introduction, sa prolifération, son expansion et les problèmes écologiques qu'elle engendre dans d'autres compartiments biogéographiques auraient dû suffire à la considérer comme exotique et à la classer invasive.
André

coval95

Très intéressant, ce que tu écris là, André. Intéressant et inquiétant...

Cela m'inspire la question suivante au sujet des espèces invasives : la lenteur de prise de conscience et les lenteurs administratives pour prendre en compte et essayer de traiter les problèmes rendent-elles ces processus d'invasion irréversibles (parce que traités trop tard quand ils sont traités) ou quoi qu'on fasse, ces phénomènes d'invasion sont-ils la plupart du temps inéluctables (même si traités précocément) ?

Ajyx

...Le problème, Corinne, c'est que pour qu'une espèce soit déclarée invasive, il faut d'abord savoir si elle est envahissante. Or, pour cela, il faut du temps : le temps de voir sa "réponse" écologique à son introduction. Va-t-elle proliférer, stagner ou s'éteindre ?

...Et malheureusement quand le constat est fait, il est souvent trop tard. Comment veux-tu éradiquer une espèce qui prolifère, surtout en milieu aquatique. La Grenouille taureau par exemple, bien que la réaction des autorités, des naturalistes et des associations ait été relativement rapide, ne sera à mon avis jamais éradiquée de France.
André

coval95

Je viens de repenser à une émission vue à la télé il y a quelques mois où l'on montrait des actions menées dans diverses régions du monde pour réparer des erreurs passées ayant conduit à de telles invasions. Et ça passait généralement par des moyens biologiques et des résultats probants ont été obtenus. Mais malheureusement ma mémoire me fait défaut et je ne me souviens plus du détail.  :-\

Sebmansoros

Citation de: Ajyx le Octobre 02, 2016, 12:02:48
...Si tu es d'accord, je veux bien préparer un petit texte sur une espèce invasive introduite, complètement inconnue du public et de beaucoup de naturalistes : la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus).

...Une photo perso de cet Anoure (plaine des Maures, Var) :

Quels sont les critères qui permettent de la reconnaitre à coup sur par rapport aux autres grenouilles. Ca m'intéresse pour pouvoir faire un inventaire de ce que j'ai dans ma mare.
Merci par avance.

Ajyx

Citation de: coval95 le Octobre 03, 2016, 16:06:32
Je viens de repenser à une émission vue à la télé il y a quelques mois où l'on montrait des actions menées dans diverses régions du monde pour réparer des erreurs passées ayant conduit à de telles invasions. Et ça passait généralement par des moyens biologiques et des résultats probants ont été obtenus. Mais malheureusement ma mémoire me fait défaut et je ne me souviens plus du détail.  :-\

...Je suis assez perplexe : contenir une espèce invasive, d'accord, mais l'éradiquer, je n'y crois pas. Pour la Rieuse, il suffit de voir sa carte de répartition en 2005 (époque où elle se nommait encore Rana ridibunda), répartition qui s'est encore agrandie depuis (les points d'interrogation sont maintenant largement comblés), pour comprendre que l'on n'y pourra plus rien !
André

Ajyx

#39
Citation de: Sebmansoros le Octobre 03, 2016, 16:10:07
Quels sont les critères qui permettent de la reconnaitre à coup sur par rapport aux autres grenouilles. Ca m'intéresse pour pouvoir faire un inventaire de ce que j'ai dans ma mare.
Merci par avance.

...Morphologiquement, il est pratiquement impossible de la distinguer sûrement de certaines autres grenouilles vertes sinon qu'à examiner des critères assez subtiles (couleur des sacs vocaux des mâles, forme du tubercule métatarsien et des dents vomériennes) et à doubler le tout par des mesures biométriques assez lourdes et pratiquées sur de nombreux individus. Et cet examen sera souvent pollué par les kleptons qui présentent des morphologies intermédiaires entre les deux espèces parentes. Après, il reste la génétique (impossible pour toi) ou la bioacoustique (analyse des oscillogrammes des chants nuptiaux des mâles).

...Si tu veux vraiment identifier tes grenouilles, tu enregistres ces chants nuptiaux au printemps (à ne pas confondre avec les cris) et tu me les transmets par mail (Ajyx [at] aol.com)  :)
André

coval95

Citation de: Ajyx le Octobre 03, 2016, 16:39:49
...Je suis assez perplexe : contenir une espèce invasive, d'accord, mais l'éradiquer, je n'y crois pas. Pour la Rieuse, il suffit de voir sa carte de répartition en 2005 (époque où elle se nommait encore Rana ridibunda), répartition qui s'est encore agrandie depuis (les points d'interrogation sont maintenant largement comblés), pour comprendre que l'on n'y pourra plus rien !
Probablement que c'étaient des problèmes plus localisés (dans un lac en Amérique par exemple) et il a fallu y mettre les moyens (recherche de solutions par des scientifiques + mise en application de ces solutions, ça a forcément un coût).

buzoqueur

Bonsoir,
Ici à Montpellier pour rire ça elles rient bien, seraient-elles la proie favorite des mouettes rieuses ?  :) :) :)

Pour le nombre d'espèces de poissons d'eau douce en France le site fishbase.org donne entre 100 à 121 espèces.
voir :
http://www.fishbase.org/Country/CountryChecklist.php?c_code=250&vhabitat=fresh&csub_code=&cpresence=present

Si il y a eu 277 introductions beaucoup ont du se solder par un échec, par exemple la truite arc en ciel Oncorhynchus mykiss ne "semble" pas s'être acclimatée en dehors des piscicultures. En Normandie il était noté des présences de truites arc en ciel près des embouchures de rivière se jetant dans la Seine, type l'Austreberthe.Elles descendaient comme les saumons mais la remontée ??? Maintenant des lâchers en eau fermée, lac de montagne, sans exutoire les maintiennent en place et elles vont prendre le pas sur les autres salmonidés.
Le poisson chat, le silure, la perche soleil et autres acquisitions récentes ( carpes asiatiques ) qui s'acclimatent sont des pestes.

Cordialement
RAW - Traité ;)

buzoqueur

A Montpellier il y a le Bassin Jacques Cœur, résidu d'un projet avorté de créer un port, et maintenant un lieu propice pour les espèces invasives :)
On note, ce que j'ai pu voir :
le ragondin
la tortue de Floride
l'écrevisse de Louisiane
le black bass
la perche soleil
la grenouille rieuse
manque la perruche verte présente dans Montpellier
et peut-être quelques moustiques type tigre
Bref c'est la diversité :) :)
Cordialement
RAW - Traité ;)

Sebmansoros

Citation de: Ajyx le Octobre 03, 2016, 17:04:50
...Morphologiquement, il est pratiquement impossible de la distinguer sûrement de certaines autres grenouilles vertes sinon qu'à examiner des critères assez subtiles (couleur des sacs vocaux des mâles, forme du tubercule métatarsien et des dents vomériennes) et à doubler le tout par des mesures biométriques assez lourdes et pratiquées sur de nombreux individus. Et cet examen sera souvent pollué par les kleptons qui présentent des morphologies intermédiaires entre les deux espèces parentes. Après, il reste la génétique (impossible pour toi) ou la bioacoustique (analyse des oscillogrammes des chants nuptiaux des mâles).

...Si tu veux vraiment identifier tes grenouilles, tu enregistres ces chants nuptiaux au printemps (à ne pas confondre avec les cris) et tu me les transmets par mail (Ajyx [at] aol.com)  :)

Ok merci, j'essaierais au printemps.

Ajyx

Citation de: buzoqueur le Octobre 03, 2016, 18:30:26
...Si il y a eu 277 introductions beaucoup ont du se solder par un échec, par exemple la truite arc en ciel Oncorhynchus mykiss ne "semble" pas s'être acclimatée en dehors des piscicultures. En Normandie il était noté des présences de truites arc en ciel près des embouchures de rivière se jetant dans la Seine, type l'Austreberthe.Elles descendaient comme les saumons mais la remontée ??? Maintenant des lâchers en eau fermée, lac de montagne, sans exutoire les maintiennent en place et elles vont prendre le pas sur les autres salmonidés.
Le poisson chat, le silure, la perche soleil et autres acquisitions récentes ( carpes asiatiques ) qui s'acclimatent sont des pestes...

...Rââââh Buzoqueur, je t'ai indiqué dans mon post précédent qu'il s'agissait du nombre d'espèces de poissons introduites en Europe et non en France et ce, depuis l'antiquité  ???

...Et effectivement, ce chiffre comptabilise l'ensemble des espèces introduites, même celles n'ayant pu faire souche. Par contre, ce même bouquin, très sérieux car écrit par des scientifiques et destiné aux étudiants de premier et second cycle universitaire, détaille également les introductions d'espèces d'autres groupes taxinomiques (Mammifères, Amphibiens, Reptiles...) et donne aussi les chiffres des espèces s'étant acclimatées.

...Pour les introductions de poissons en Europe, le tableau indique les chiffres pour chaque décennies à partir de 1850 dans plusieurs grands groupes taxinomiques (Salmonidés, Corégonidés, Cyprinidés, Centrarchidés, Cichlidés et autres) mais je ne peux tout retranscrire, se serait vraiment trop long.
André

buzoqueur

Merci Ajyx. Eh bien cela prouve que l'homme a bien aimé transporter avec lui ses bestioles, ses plantes et ses maladies...
A bientôt au plaisir de lire l'aide à l'identification et de m'instruire par la même occasion.
Cordialement
:)
RAW - Traité ;)

marray

Citation de: Ajyx le Octobre 03, 2016, 15:26:38
Je pense qu'il faudrait revoir les textes et supprimer ce critère d'indigénat pour le remplacer par une approche plus pragmatique.
Bonsoir Ajyx. Je viens de relire encore une fois ton excellente présentation de ce cas. Il ne serait peut-être pas nécessaire de supprimer l'indigénat, mais à coup sûr d'en adapter la formule lorsque son application "à la lettre" conduit à des incohérences comme celles que tu viens de souligner. Certes il ne faut pas trop s'illusionner sur l'impact que peuvent avoir nos échanges dans ce forum sur le cours des événements. Mais les observations qui y sont relatées, les idées qui y sont avancées nourrissent quand même la réflexion des lecteurs (dont le compteur montre qu'ils peuvent être nombreux) et qui sont autant de vecteurs pour les faire cheminer.

Ajyx

...Merci Marray pour ton appréciation de ce petit "résumé" ; ça me touche particulièrement  :)

...Pour le critère d'indigénat, je pense qu'effectivement il est très important dans la plupart des cas mais ne doit pas être "dogmatique" car cela peut induire des situations compliquées, comme c'est le cas avec cette grenouille.

PS : En fait, j'ai parlé d'une grenouille mais il aurait été plus judicieux de parler d'un complexe d'espèces car le taxon "Rieuse" regroupe au moins 3 espèces très proches introduites : Pelophylax ridibundus (la Grenouille rieuse), Pelophylax bedriagae (la Grenouille de Bedriaga) et Pelophylax kurtmuelleri (la Grenouille des Balkans). Mais la systématique n'est pas encore claire sur leur statut notamment en ce qui concerne kurtmuelleri qui ne pourrait être qu'une sous-espèce de la Rieuse. De plus, P. ridibundus présentant deux lignées génétiques distinctes (orientales et occidentales), certains auteurs compliquent la donne en considérant que l'élévation au rang d'espèce de P. kurtmuelleri contraindrait alors P. ridibundus aux populations les plus orientales (Asie centrale) et que la lignée occidentale (européenne) serait en fait une autre espèce : Pelophylax fortis. Je n'ai donc pas voulu compliquer les choses et rallonger ce texte me semblant déjà un peu lourd à "digérer" pour la plupart des lecteurs.
André