Un tirage photo numérique peut-il prendre de la valeur comme un tableau ?

Démarré par Cheese, Novembre 23, 2016, 21:40:07

« précédent - suivant »

dimartinol

L'art pour l'art n'existe pas du moment qu'il a un prix! ;) Pour rien au monde je ne vendrais un tableau qui me touche. Certains artistes ont d'ailleurs essayé de vendre leurs œuvre en calculant le temps de travail passé dessus... Hélas les artistes ne sont pas les principaux bénéficiaires des prix qui s'envolent dans le marché de l'art, et l'opacité qui entoure les transactions en marges des grandes foires en dit assez sur l'intérêt des acheteurs.

Franciscus Corvinus

Citation de: dimartinol le Novembre 26, 2016, 15:47:09
L'art pour l'art n'existe pas du moment qu'il a un prix! ;)
Ah, c'est déja différent, et pas qu'un peu. La théorie sociale de l'art n'est pas si simple que ca. Ton point de vue renvoie au doux marxisme de John Barrell dans "The Political Theory of Painting from Reynolds to Hazlitt", dont tu peux lire une revue ici:
http://www.persee.fr/docAsPDF/rvart_0035-1326_1988_num_80_1_347720_t1_0095_0000_001.pdf
et ici:
http://www.lrb.co.uk/v09/n06/thomas-crow/a-republic-of-taste
Le truc c'est que tu ne peux pas empecher qu'une oeuvre soit valorisée (van Gogh, qui peignait pour lui-meme, donnait ses toiles a son aubergiste en guise de loyer), ni que les modes affectent cette valeur.

Citation de: dimartinol le Novembre 26, 2016, 15:47:09
Pour rien au monde je ne vendrais un tableau qui me touche.
Tu n'as jamais crevé de faim ou simplement arrangé une succession avec une fratrie en essayant de rester équitable...

Citation de: dimartinol le Novembre 26, 2016, 15:47:09
Certains artistes ont d'ailleurs essayé de vendre leurs œuvre en calculant le temps de travail passé dessus...
C'est tout autant se fourvoyer que de donner un prix a n'importe quel objet ou service en ignorant la loi de base de l'offre et de la demande. C'est d'autant plusl vrai quand une piece est unique et a une utilité qui dépend fortement d'un acheteur a l'autre.

Citation de: dimartinol le Novembre 26, 2016, 15:47:09
Hélas les artistes ne sont pas les principaux bénéficiaires des prix qui s'envolent dans le marché de l'art, et l'opacité qui entoure les transactions en marges des grandes foires en dit assez sur l'intérêt des acheteurs.
Ca n'est pas vrai, dans l'ensemble. Certains artistes bénéficient directement de leur réputation (Damien Hirst), et la spéculation sur les marchés secondaires leur rapporte a terme. Les prix ne font d'ailleurs pas que s'envoler, mais on ne parle pas de ceux qui redescendent. Pourtant ils le font tous a un moment ou a un autre. Quant a l'opacité, c'est un mot quie beaucoup mettent sur leur manque d'information. Mais l'information est la. Les échanges se font dans les foires, dans les galeries et dans les ventes aux encheres. Rien de particulierement obscur.

Goelo

J'aime ces questions, qui ouvrent des portes derriére lesquelles se trouvent des développements inattendus.  :D

Bitere et Madkno t'ont apporté des réponses concrètes : pour être légalement considérées comme oeuvre d'art, les tirages photographiques doivent être numérotés, et inférieurs à 30 exemplaires.
ce nombre est un maximum, et certains photographes se limitent à beaucoup moins, volontairement parce qu'ils protègent la valeur de leurs tirages vendus, ou involontairement parce qu'ils ne se trouve pas toujours 30 acheteurs...  ;)
Il arrive, pour certains photographes (grands noms et plutôt chevronnés) qu'ils éditent une nouvelle série de la même photo, retirages identiques ou légèrement différents, série à nouveau limitée à 30 exemplaires... c'est légal, mais "limite" sur le plan du commerce de l'art (ce sont souvent les héritiers qui se lancent dans les retirages).
Le nombre de 30 tirages ne stipule pas le format, et certains photographes proposent une même photo dans des formats (très) différents.

Il y a à présent un grand nombre de collectionneurs de photographies, et pas mal de galeries spécialisées.
Les prix ne se comparent pas, la plupart du temps, aux prix des tableaux
Le cas d'Andreas Gursky (et quelques compères) est souvent cité en exemple pour les prix astronomiques, mais il convient de rappeler que ses oeuvres sont particulières, à mi-chemin de la photographie et des arts plastiques, par le fait qu'il assemble un nombre parfois important de prises de vues (chambre moyen format) pour aboutir à un fichier numérique unique, représentant une image qui n'a jamais existé dans réalité.

Et oui, les tirages des grands photographes prennent de la valeur. Ils sont dans les grands musées (MoMA etc.) et chez les grands collectionneurs, "prescripteurs" qui ont tendance à orienter le marché de l'art.