Sabot de Venus

Démarré par Caloux, Juin 04, 2017, 18:26:00

« précédent - suivant »

PMT Photograhies

CitationLe nord de la Côte d'Or où on la trouve encore se trouve près de Langres réputé pour son climat plutôt frisquet malgré une altitude somme toute modérée de 300 m.

300m étant donnée comme son altitude minimale.
Il y a un site en Bourgogne (que je ne connais pas) qui est un des plus gros sites pour le Sabots de Vénus en France.
Ici et ailleurs - Photographie

PMT Photograhies

Citation de: Mig74 le Juin 14, 2017, 07:59:44
Pour ma part, dans le nord du 74, à 900m d'altitude, un seul pied en fin de floraison, 2 ou 3 pieds fanés, et une centaine de pieds dont les fleurs sont fanées et tombées. Donc vraiment la fin de la floraison de cette superbe plante qu'il faut protéger.
En effet, de mon côté bien que j'en ai vu des centaines encore ne fleurs, on sent qu'elle est sur la fin de son cycle de floraison.
Ici et ailleurs - Photographie

Caloux

Il y a plusieurs sites en Côte d'Or entre Chatillon sur Seine et Langres mais aucun d'après ce que j'en sais (discussions avec les personnes du conservatoire ou consultation des sites spécialisés) avec une population qui excéderait les 400 ou 500 pieds par site.  Ce qui en fait est extrêmement peu car pour des raisons multiples, naturelles ou non, un site peut disparaître en quelques saisons.
Certains sites ont du être rachetés pour éviter une pression immobilière, un déboisement, des extensions de carrières, etc... On préserve ainsi le milieu naturel mais en aucun cas on ne peut se prémunir d'un dégât climatique éventuel ou de la bêtise de certains cueilleurs ou collectionneurs.
La lecture de n'importe quel guide régional sur les orchidées permettra de se rendre compte du nombre d'espèces qui ont disparu régionalement en l'espace de 30 ou 40 ans. Aucune des espèces française n'est à ce jour menacée d'extinction et aucune n'a disparu nationalement depuis qu'on a une connaissance exhaustive des espèces abritées sur le territoire, mais toutes voient leur aires géographiques de présence se réduire au fil des ans.
A l'échelle de temps qui est la notre, le danger d'une extinction de plusieurs espèces fragiles n'existe peut être pas. Mais après que les botanistes du 19 ième et 20 ième nous ont donné la connaissance a priori exhaustive de la flore française - les dernières espèces d'orchidées découvertes en France l'ont été au début du 20 iéme siècle seulement - le 21 ième siècle risque fort de s'achever sur  la disparition d'une poignée de celles ci par contre.
Amitiés. Pascal

PMT Photograhies

Dans un de mes bouquins sur les orchidées il est mentionné le Moloy en Côte d'Or ; peut être que tu connais ?
Ici et ailleurs - Photographie

Caloux

Oui, la commune de Moloy abrite dans une combe une petite colonie sous la protection de l'ONF. Mais je n'ai pas idée de la population exacte.
Des participants à la sortie que j'ai faite s'étaient aussi rendu à Moloy dans les jours précédents et confirmaient bien en avoir aussi vu. Mais comme il est généralement de mise de rester discret sur le sujet, beaucoup de données sont soient inconnues, soit mésestimées. Tant mieux pour l'espèce !
Amitiés. Pascal

bopixel


FETAN

Très belle orchidée très  bien mise en valeur. Merci pour ce partage et toutes les explications. Ce n'est pas une fleur facile à voir  du fait de son milieu et de la période de floraison... :)
Dominique

siger05

De bien jolies images de cette fleurs si prisée. Ma participation avec ce Sabot de Vénus trouvé et photographié en début de semaine.

Amicalement

Régis

Sabot De Vénus by N03/]Régis B, sur Flickr

Caloux

Merci de vos visites (ainsi que sur le fil de PMT).

Je viens de dénicher sur le site de la BNF un texte de 1895 de la société d'horticulture de Bourgogne assez intéressant : en synthèse pour ceux que le texte entier rebute :
- La passion pour cette orchidée ne date d'hier ! Et les prélèvements dans la nature non plus...
- Une théorie à confirmer : en Côte d'Or, son implantation serait artificielle. Ce ne serait pas une première puisque Goodyera repens a aussi essaimé dans toute la France en accompagnant de nouvelles plantations de résineux (notamment en forêt de Fontainebleau)

Voici le texte dans sa quasi intégralité :
"Une des plus précieuses richesses de la flore, non seulement de la Côte-d'Or, mais encore de la France, est cette belle plante, si renommée, si recherchée et connue sous le nom de Sabot de Vénus.
Un globe jaune, comme diaphane, et de la grosseur d'une noix, attaché au centre d'une croix de pourpre ; une tige svelte, portant en décor de belles feuilles amples et d'un beau vert, tel est l'aspect de notre précieuse plante.
Il nous semble intéressant de suivre le développement de la fleur du Cypripedium.
D'abord, au sommet d'une tige qui s'est allongée en quelques jours, on sent, à la pression, un bourrelet qui annonce l'apparition prochaine de la fleur. Puis, du milieu d'une spathe qui va devenir un berceau, se montre une sorte de tête d'oiseau, penchée et enveloppée d'une tunique d'abord verte, destinée à la protéger des rigueurs de la saison. Plus tard, on dirait un cocon d'un vert olive renfermant une vulgaire chenille. Mais bientôt cette tunique se teinte de pourpre ; dans l'entrebâillement du bec formé par les lobes du calice futur, on aperçoit une sorte de langue jaune remplissant la cavité buccale : c'est une perle qui se forme dans l'ombre et qui se revêt des plus riches parures. Enfin la tunique s'entrouvre, ses voiles s'écartent et laissent apparaître Cypris resplendissante de grâces, de couleurs et de parfum. Il n'est pas jusqu'aux étamines, placées comme une couronne nuptiale, avec la suave odeur d'oranger qu'elles exhalent, qui ne rappellent Cythère et les plaisirs qui s'y rapportent. Dans le parfait développement de la fleur, on dirait une reine assise sur un trône et invitant les passants à la contempler.
Feuilles d'un vert foncé, ovales-elliptiques, acuminées, de 8-10 cent, de longueur sur 7-9 cent, de largeur engainantes à leur base, finement pubérulentes, scabres et ciliolées. Elles ressemblent aux feuilles du Veratrum, à celles du Gentianalutea (mais plus petites) et a celles de diverses espèces d'Epipactis. Les nervures des feuilles du Cypripedium, examinées à la loupe, sont légèrement pubescentes, ainsi que le sommet des tiges.
Fleur d'une grandeur remarquable, terminale, penchée, portée sur un long pédicule. — Périanthe formé de 4 divisions brunes, striées de pourpre et de vert, aiguës, très ouvertes et étalées en croix. Les deux segments, le supérieur et l'inférieur soudés, se croisant avec les deux latéraux, ceux-ci couverts de poils courts et blancs à leur jonction, et imitant de fines moustaches naissantes ; l'inférieur est plus ou moins bifide à son extrémité. — Labellum ventru, vésiculeux, ovoïde-comprimé, rétréci à son ouverture et ressemblant en quelque sorte plutôt à une amygdale qu'à un sabot. La couleur de ce labellum est d'un jaune citrin, marqué à l'intérieur de stries longitudinales pourprées et accompagnée de cils blancs. L'entrée du labellum est fermée par de longs poils touffus et semblables à ceux des divisions latérales du périanthe.
Tournefort, dans le langage primitif et imagé de la botanique, décrit ainsi le fruit du Cypripedium.
a Lorsque la fleur est passée, le calice devient un a fruit semblable à une lanterne à trois côtes. Dans la « réunion de ces côtes sont enchâssés les panneaux « dont la face intérieure est chargée d'une bande veloutée, formée par plusieurs semences semblables à « de la sciure de bois. »
Nous préférons ce langage si simple et si vrai aux descriptions si barbares de notre style moderne.
HABITAT. — Le sabot de Vénus croît dans les bois du calcaire jurassique. Notre pays du Châtillonnais est fier de le posséder et avec une profusion qu'on ne trouve nulle part en France. Il est regrettable que des horticulteurs et des « centurions » destructeurs soient venus, dans un but de spéculation ou de fausse science, anéantir, pour ainsi dire, la végétation de cette plante dans le vallon du Val-des-Choux. Dans ce lieu, où autrefois on la récoltait « à pleines mains » elle est devenue d'une grande rareté, et on ne l'y rencontre de nos jours que par pieds isolés. Toutefois,elle est encore abondante dans les bois de Voulaines : aux Thermes, à la Chapelle et surtout dans les bois de la Combe Bonneau, et, comme partout ailleurs, sur les coteaux exposés au nord. Elle existe sur la rive droite de l'Ource, à Vanvoy, au lieu dit « les Combes», où nous l'avons récoltée pour la première fois, en compagnie de MM. Çhargrasse, Lochot et Wéber. On l'a recueillie au nord-ouest de Vanvey, à la « combe Vermont ».
Cette plante est rare dans les autres stations de la France. On la signale dans le Languedoc et à la Pessine près de Montpellier. Nous l'avons recueillie dans plusieurs localités des environs de Grenoble : à la Grande Chartreuse, à Chalais et à Sassenage. Elle est indiquée aux environs de Gap, aux monts Sainte-Victoire (Provence), dans l'Ain et en Alsace. On dit qu'elle a été trouvée dans la forêt d'Eu (Banchi) et dans celle de Crécy.
D'après une tradition qui nous a été racontée il y a bien des années par M. Devisme — ancien garde-général en retraite à Villers-le-Duc et botaniste aussi savant qu'intrépide — le Sabot de Vénus aurait été importé dans nos parages par des moines de la Grande Chartreuse qui l'auraient cultivé à la Chartreuse de Lugny, puis au Val-des-Choux d'où elle s'est échappée et naturalisée.
Il est à remarquer que le Cypripedium habite toujours la même zone d'altitude que le Pyrola rotundifolia. Cette remarque peut servir aux botanistes qui vont à la recherche du Sabot de Vénus. Mais si le Sabot de Vénus croît en compagnie du Pyrola, il ne s'ensuit pas qu'ils croissent toujours ensemble : cette observation n'est que pour la station du Val-des-Choux et de ses environs.
FLORAISON. — Le Sabot de Vénus fleurit dans le Châtillonnais dès la fin de mai. C'est donc à tort qu'il est signalé par Lorey et Durey, et, ce qui est plus inexplicable, par M. Royer, et ensuite par MM. Viallanes et d'Arbaumont, comme fleurissant en juin-juillet. Oui, pour les Alpes, mais non pour le Châtillonnais. Nous tenons à signaler cette erreur, afin d'éviter bien des déceptions aux botanistes qui arrivent dans nos parages à ces époques de l'année : ils trouvent le Cypripedium en fruit et quittent nos contrées déçus et mécontents.
La fleur du Sabot de Vénus exhale une odeur douce, à peine sensible par pied isolé, mais bien prononcée de fleurs d'oranger lorsqu'elle est réunie par poignée et renfermée dans un appartement. On croit retrouver la base de ce parfum dans la liqueur de la Grande Chartreuse... de là, dit-on, le secret de la fameuse recette.
On dit que la racine de cette plante contient une farine mucilagineuse et nutritive (Gilibert). La rareté du Cypripedium en France ne permet ni de vérifier l'exactitude de cette assertion, ni surtout d'en faire usage en temps de disette.  
E. MAGDELAINE.
Amitiés. Pascal

urka

Très belle photo, Régis!
Merci, Caloux, pour ces récits/rapports concernant LE Sabot de Vénus§
J'apporte ma contribution avec 3 images prises en Languedoc sur le même site où je vais habituellement. J'ai eu la chance de trouver 2 pieds encore en état (les autres étaient fanés) dont 1 avec 2 fleurs.

urka

2é-

urka

3è- Ces photos ont été faites lundi dernier  ;).

Roland Ripoll

Superbes ces dernières ! On sent la passion derrière toutes ces images...
Etre simple pour être vrai

Caloux

Merci pour ces nouvelles contributions !
Amitiés. Pascal

siger05

Très sympa tes Sabots Urka, des images très lumineuses et bien contenues.

Amicalement

Régis

PMT Photograhies

Très belles images Urka !!!
Ici et ailleurs - Photographie

ChrisC06

Superbes images d'une fleur pas si facile à mettre en boîte...  ;)
Bravo !
Chris

bopixel

Bravo urka ! Belles compos !  ;)

Caloux

En route pour mon lieu de vacances, je me suis arrêté sur le site qu'on m'a fait découvrir début Mai.
En ce début de Juillet, les fleurs sont fanées mais la capsule de graines (encore verte comme les feuilles) est bien présente pour les fleurs qui ont été fécondées. On n'est cependant pas encore à totale maturité et rien n'est joué au final. Toutes les orchidées (pour celles que je connais en tout cas) ont ce point commun : quelle que soit la forme de la fleur qui pourrait parfois faire douter qu'elles sont du même genre, on trouve toujours cette capsule de graines en fin de floraison.
Amitiés. Pascal