chenille du sphynx du troëne ?

Démarré par rjp, Septembre 13, 2017, 18:35:41

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rjp

Bonsoir à tous ,
Découverte de cette chenille dans l'olivier de mon voisin dans les deux sèvres .

rjp


rjp

Dimensions de la  bête !

Ajyx

...C'est bien une chenille de Sphinx ligustri (le Sphinx du troène)  ;)

...Gros plan particulièrement réussi et impressionnant  ::)
André

Gil 54

Oui, il s'agit d'une deuxième génération tardive.

rjp


Gil 54

Le papillon vole à partir  de mai jusqu'à à fin juin, et les chenilles s'enterrent pour la nymphose fin juin à fin juillet-début août, et les chrysalides passent l'hiver pour éclore au milieu du printemps de l'année suivante.

Dans ce cas ci, la météo de cette année a certainement produit une deuxième génération partielle ; cela se produit de temps à autre.

Comme le troène est semi-persistant et même sempervirens, la chenille ne manque jamais de nourriture.

Ajyx

...Merci Gil pour la confirmation de l'espèce et, surtout, pour les précisions très intéressantes sur sa phénologie  :)

...Peut-être Rjp aura-t-il lu ces réponses  ???
André

Atriplex

A remarquer que rjp n'a même pas remercié André et Gilles pour l'identification... :(
Gérard

rjp

bonsoir ,
bonne remarque !
bien sûr  que je vous remercie  tous pour l'excellent travail que vous faites javascript:void(0);
J'ai encore une petite question : l'olivier fait donc partie de la nourriture de la chenille du sphinx du troène ?

Gil 54

L'olivier n'est pas repris dans ses plantes nourricières habituelles, mais de temps à autre, une femelle préfère cette essence par rapport à une autre, même quand la ou les plantes nourricière(s) habituelle(s) est/sont présente(s) dans les environs proches.

J'ai remarqué la même chose avec des chenilles de Acherontia atropos (le Sphinx à tête de mort).

Ajyx

...A noter que l'Olivier appartient à la même famille que le Troène : les Oleaceae. Cela peut éventuellement expliquer ce changement de choix chez certaines chenilles  :)
André

Gil 54

Citation de: Ajyx le Septembre 15, 2017, 23:10:33
...A noter que l'Olivier appartient à la même famille que le Troène : les Oleaceae. Cela peut éventuellement expliquer ce changement de choix chez certaines chenilles  :)

Tout à fait exact.

marray

Citation de: Ajyx le Septembre 15, 2017, 23:10:33
...A noter que l'Olivier appartient à la même famille que le Troène : les Oleaceae. Cela peut éventuellement expliquer ce changement de choix chez certaines chenilles  :)
Effectivement. J'ai au moins une observation qui va dans ce sens pour avoir élevé, il y a une quinzaine d'années, une chenille de ce Sphinx capturée dans mon jardin sur un Lilas.

vulpes

Citation de: marray le Septembre 16, 2017, 08:08:33
Effectivement. J'ai au moins une observation qui va dans ce sens pour avoir élevé, il y a une quinzaine d'années, une chenille de ce Sphinx capturée dans mon jardin sur un Lilas.

même observation : photographiée sur un lilas récemment (29-08-2017)
Impossible photographe....

Atriplex

Jolie photo, Renard!...

Citation de: Gil 54 le Septembre 15, 2017, 22:42:25
L'olivier n'est pas repris dans ses plantes nourricières habituelles, mais de temps à autre, une femelle préfère cette essence par rapport à une autre, même quand la ou les plantes nourricière(s) habituelle(s) est/sont présente(s) dans les environs proches.

J'ai remarqué la même chose avec des chenilles de Acherontia atropos (le Sphinx à tête de mort).

Pour le Sphinx tdm, tu veux dire, Gilles, sur des plantes d'une autre famille que les Solanacées?

Gérard
Gérard

Gil 54

Oui Gérard, en dehors de ses plantes habituelles que sont la Douce-amère ((Solanum dulcamara) ou la Morelle noire (Solanum nigrum),

Acherontia atropos se nourrit aussi d'autres essences, comme le troène, et même le frêne.

Personnellement, je l'élève toujours sur Fraxinus excelsior.

Mais quand il s'agit d'élever une génération tardive et que les frênes n'ont plus de feuilles, ont se sert alors de troène, mais j'ai remarqué que la tailles des individus issus d'élevages sur troène, est plus petite que pour les exemplaires élevés sur frêne ou sur solanacées. 

Atriplex

Merci Gilles.

Citation de: Gil 54 le Septembre 16, 2017, 13:45:56
Oui Gérard, en dehors de ses plantes habituelles que sont la Douce-amère ((Solanum dulcamara) ou la Morelle noire (Solanum nigrum),
... ou encore Pomme de terre, Tomate, Tabacs...
.
.
Citation de: Gil 54 le Septembre 16, 2017, 13:45:56
Acherontia atropos se nourrit aussi d'autres essences, comme le troène, et même le frêne.
Personnellement, je l'élève toujours sur Fraxinus excelsior.
Mais quand il s'agit d'élever une génération tardive et que les frênes n'ont plus de feuilles, ont se sert alors de troène, mais j'ai remarqué que la tailles des individus issus d'élevages sur troène, est plus petite que pour les exemplaires élevés sur frêne ou sur solanacées. 
Il faut croire que Frêne et Troène contiennent des molécules "appétentes" voisines de celles des Solanacées.
Mais là, tu me parles d'élevage. Ma question, pas assez précise sans doute, portait sur ce qu'on peut observer dans la nature: les femelles de Sphinx tdm pondent-elles sur des feuilles de Frêne ou de Troène?

Gérard
Gérard

Gil 54

Personnellement, je n'en n'ai jamais trouvé sur troène, mais sur olivier et sur frêne, oui.

Comme tu le précise, on trouve aussi des chenilles sur tabac voir les tomates, mais c'est plus rare ; par chez nous, c'est surtout   dans les champs de p.d.t. que l'on peut trouver la chenille ou la chrysalide. Autre plante aussi mangée par les chenilles d'atropos, l'aubergine.

Atriplex

Merci encore, Gilles.
Cette question de la spécificité des Papillons - et des Insectes phytophages en général- vis-à-vis de la (des) plante(s)-hôte(s) est bien intéressante. Je me demande s'il y a eu des recherches sérieuses sur ces questions...

Gérard
Gérard

Gil 54

Je ne sais si il y des études approfondies sur le sujet, mais il faut dire que les femelles de papillons (et sans doute aussi d'autres espèces d'insectes), semblent être de véritables laboratoires chimiques.

Tout au long de mes quarante années de prospection, j'ai eu plusieurs fois la chance d'observer des femelles pondeuses ; et bien, elles analysent systématiquement l'éventuel support nourricier avec leurs antennes et leur trompe, et ce, tant chez les diurnes que chez les nocturnes.

Il m'est arrivé de souvent me demander : "Mais pourquoi ne pond t'elle pas" ? Et bien, en scrutant les plantes en détails, je m'apercevais qu'il y avait déjà une autre ponte ; d'autres fois, il n'y avait pas de ponte, mais quelques jours plus tard, la plante était mourante.

J'en ai déduis que ces insectes choisissent leur plante hôte en fonction de la capacité de celle-ci à pouvoir nourrir sa progéniture.

Ceci ne vaut bien entendu que lorsqu'elles ont le choix ; si tel n'est pas le cas, c'est l'instinct de survie qui prendra le pas, et la femelle, surtout chez les nocturnes, aura toujours le réflexe de pondra avant de mourir.

marray

Citation de: Atriplex le Septembre 16, 2017, 15:09:07
Merci encore, Gilles.
Cette question de la spécificité des Papillons - et des Insectes phytophages en général- vis-à-vis de la (des) plante(s)-hôte(s) est bien intéressante. Je me demande s'il y a eu des recherches sérieuses sur ces questions..
Gérard
Il y en a. Il y a une bonne douzaine d'années, j'avais suivi, sans y participer, une étude menée par le CIRAD, qui cherchait à tromper les femelles d'une Tordeuse de la grappe pour les faire pondre sur d'autres plantes que la vigne. C'est assez extraordinaire ce que ces chercheurs avaient mis en place pour repérer d'abord dans le "cerveau" du papillon la zone antennaire, celle qui recevait les différents stimuli chimiques captés et transmis par les antennes, et ils réussissaient, grâce à un équipement de microscopie confocale à balayage laser, à en produire des images en 3 dimensions où l'on pouvait distinguer comme des glomérules qu'ils arrivaient à colorer selon les particularités de tel ou tel stimulus. Je pense que c'est surtout grâce à des projets comme celui-ci, dont la finalité était ici à la fois économique et écologique, que certaines avancées sont enregistrées, dont bénéficie la science fondamentale laquelle n'aurait pas obtenu les budgets pour en financer l'étude. Cet exemple n'est pas tout à fait dans le sujet que tu évoques car tu parlais d'appétence et on pourrait penser qu'il reviendrait à la chenille de l'apprécier puisque c'est elle qui mange alors que c'est au moment de la ponte que se fait le choix. Mais il est certain qu'au fil du temps, la femelle ayant elle-même été une chenille issue d'une femelle issue de chenille et cela depuis bien longtemps, il y a eu un moment où la reconnaissance de la bonne phéromone a dû s'inscrire dans quelque gène... ;)

Ajyx

Citation de: Atriplex le Septembre 16, 2017, 15:09:07
Merci encore, Gilles.
Cette question de la spécificité des Papillons - et des Insectes phytophages en général- vis-à-vis de la (des) plante(s)-hôte(s) est bien intéressante. Je me demande s'il y a eu des recherches sérieuses sur ces questions...

Gérard

...Petite synthèse des études qui ont été menées sur les mécanismes qui président à la détection de la bonne plante nourricière chez la femelle cherchant à pondre (études principalement menées sur la Piéride du chou vis-à-vis de son aspect économique) :

...Dans un premier temps, la femelle repère les « bonnes plantes » visuellement par une analyse fine des couleurs et des formes. A l'approche d'une plante adéquate, entre en scène l'odorat par le biais des antennes. Si la couleur, la forme et l'odeur correspondent, la femelle se pose sur la plante et entame un examen très précis où rentrent en compte les antennes, les palpes, les pièces buccales, l'ovipositeur ainsi que... les pattes.

...Les informations chimiques, la texture des feuilles et leur richesse en eau sont alors évaluées. Lors de cette recherche d'emplacement de ponte, la femelle inspecte visuellement les lieux alors que ses antennes vibrent, ce qui leur permet de capter plus facilement les molécules émanant de la plante.

...Mais les organes sensoriels généralement les plus importants dans cette phase sont ses pattes : leur extrémité porte en effet de minuscules épines qui déchirent la surface du limbe, libérant des substances qui excitent les organes sensoriels. Pour ce faire, les femelles piétinent la plante, piétinement appelé tambourinage qui permet également de fournir des informations de nature physique sur la texture de la plante. La Piéride du chou présente des organes sensoriels à l'extrémité de ses six pattes et, tant que l'une d'elles est intacte, elle peut continuer à choisir la bonne plante et y pondre. Si elle est amputée du bout des six pattes, elle devient incapable de détecter la bonne plante pour pondre. D'autres espèces n'ont de récepteurs que dans les deux pattes antérieures : leur amputation les empêche de pondre !

...Enfin, les femelles sont capables de repérer visuellement la présence d'œufs sur la plante, ce qui aura pour effet de l'abandonner. Elles agiront de même si des parties rongées par des chenilles sont détectées (chimiquement).
André

RF13

... André, ton récit est vraiment très intéressant et illustre une fois de plus les facultés prodigieuses de Dame nature.
Amicalement, Richard

Gil 54

Voilà une information qui complète magnifiquement ma réponse précédente.

Merci André.