Petits secrets d'oiseaux

Démarré par Roland Ripoll, Novembre 25, 2022, 08:58:37

« précédent - suivant »

Seb65

Merci pour toutes ces infos précieuses  !  :)

Roland Ripoll

Merci à vous tous !

6 .Les oiseaux infidèles ?

   La monogamie et la grande fidélité des oiseaux ne seraient pas si évidentes que cela... S'il est vrai que 90% des espèces sont monogames, ce n'est peut être qu'en apparence. Même si on pense que quelques espèces comme l'oie des neiges, l'albatros, la cigogne et les cygnes seraient fidèles, elles restent toutefois des exceptions.



De récents tests ADN ont en effet montré que, pour 70% des passereaux, l'infidélité était plus ou moins un fait établi et plutôt d'un usage courant. Conséquence: les œufs d'une même couvée ne sont pas toujours du même père...





On a longtemps cru que le pinson des arbres était un joyeux monogame, on a eu tort. Le mâle est un coureur invétéré, et la femelle ne l'est pas moins. Elles auraient hérité ce trait de caractère de leurs pères biologiques. Ce gène de l'infidélité, transmis de père en fille, est baptisé "gène de Casanova" par les chercheurs allemands.



Souvent infidèles, les femelles n'hésiteraient donc pas à chercher d'autres partenaires, plus forts, en meilleure santé, dotés d'un plumage plus vif et d'une plus belle voix. C'est le cas, par exemple, de la mésange charbonnière qui, si d'aventure un mâle autre que le sien chantait d'une manière assez convaincante,  ne se priverait pas d'une petite liaison de "derrière les buissons..."



Ce comportement, en apparence volage, viserait à les prémunir contre la stérilité de certains mâles et  à assurer une meilleure survie de l'espèce. Les femelles désirant s'accoupler de préférence avec des mâles  « de qualité » pour donner plus de chances à leur progéniture.

Pas étonnant alors que 14% des jeunes moineaux ne sont pas issus du mâle « officiel » et que 18% des pontes chez le Canard colvert  sont de plusieurs mâles.

Le risque de consanguinité justifierait également l'infidélité, comme pour le chevalier guignette ou le gravelot à collier interrompu. Chez ces espèces d'oiseaux côtiers, les femelles multiplient les accouplements lorsque leur partenaire ''légitime'' est génétiquement trop proche d'elles, afin d'avoir la meilleure progéniture possible. Reste à se demander comment les oiseaux reconnaissent cette proximité génétique ?





Chez certaines espèces d'oiseaux chanteurs, les femelles sont fréquemment infidèles. Mais le partenaire "cocufié" n'est pas dupe pour autant. Les mâles nourriraient moins bien les petits qui ne sont pas d'eux.

Des chercheurs de l'Université de Fribourg ont effectué des tests ADN sur 500 oisillons de bruant des roseaux afin de vérifier si le père était bien l'oiseau vivant en couple avec la mère. Et il
s'est avéré que 39% des rejetons étaient issus d'infidélités de cette dernière.



Les conséquences de ces infidélités sont moins bien connues. Les biologistes constatent que les bruants mâles se rendent compte de la tromperie et la sanctionnent. Lorsque la couvée comporte de nombreux rejetons qui ne sont pas d'eux, ils apportent nettement moins de nourriture au nid... Mais on ignore totalement comment les bruants font pour savoir que certains oisillons ne sont pas d'eux...
Etre simple pour être vrai

Lautla

Encore merci pour ce fil.

Je me suis permis de t'envoyer un mail

Clic-Clac 51

C'est top ::) ::) ::)
Bravo Roland
Amicalement Denis ;)

Larchi

Ces enquêtes sont passionnantes et enrichissantes, sans oublier les belles images qui les illustrent !
J'aimerais bien savoir comment sont menées ces recherches. C'est une question qui me vient souvent en lisant ou visionnant les documents expliquant la vie sauvage. "Comment ont-ils fait pour déduire tel ou tel fait scientifique ?"
Merci Roland, tu alimentes ma curiosité tout en rassasiant mon savoir !

Jean-Jacques Groult

Toujours au top, toujours aussi passionnant. Merci Roland pour ce fil !
Amicalement. JJ

iago

Citation de: Roland Ripoll le Décembre 06, 2022, 09:13:04
Merci !
Il faut savoir que les canards colverts sont une des rares espèces d'oiseaux à posséder un pénis. Les autres espèces n'ont qu'un cloaque. Et ce pénis n'est pas banal, puisqu'il mesure plus de 20 cm en érection, qu'il est en forme de spirale et qu'il peut jaillir en une demi seconde


C'est bien connu des amateurs de contrepèterie... "l'aspirant habite Javel"...

agl33

De bonnes informations que vous partagez là, merci beaucoup

Charly 84


Il faut savoir que les canards colverts sont une des rares espèces d'oiseaux à posséder un pénis. Les autres espèces n'ont qu'un cloaque. Et ce pénis n'est pas banal, puisqu'il mesure plus de 20 cm en érection, qu'il est en forme de spirale et qu'il peut jaillir en une demi seconde

Très impressionnant !!

ChrisC06

Encore une série très intéressante, Roland... avec des images superbes, en plus...  ;)
Chris

Ludo37

Citation de: ChrisC06 le Décembre 10, 2022, 19:01:20
Encore une série très intéressante, Roland... avec des images superbes, en plus...  ;)
Comme Chris ! Bravo Roland.
Amicalement.
Ludo

thieum

D'excellentes photos et des infos passionnantes, un grand bravo pour ce fil!! ;)  ;)

Roland Ripoll

Merci !

8. Vols au-dessus d'un nid de coucous...

Les oiseaux sont à l'origine de nombreux accidents aériens. 800 incidents sont au total dénombrés chaque année en France pour les avions civils et 400 pour les avions militaires. On appelle cela  « le risque aviaire ».

Les oiseaux  constituent donc danger permanent et notamment près des aéroports car  dans la plupart des cas, les collisions se produisent au décollage ou à l'atterrissage. Les services de l'aéroport de Nice ont ainsi ramassé 465 mouettes tuées lors de l'atterrissage d'un Airbus A-320 !



Les aéroports attirent de nombreux oiseaux parce que ce sont de vastes zones peu fréquentées par l'homme qui, de surcroît, sont  protégées, clôturées et où il n'y a pratiquement pas de prédateurs...

Tous les oiseaux ne constituent pas une menace directe pour l'aviation. Seules certaines espèces par leur comportement grégaire ou leur taille représentent un risque réel.
Des études statistiques ont été faites et ont montré que les rapaces  comme le Faucon crécerelle, la Buse variable ou le milan noir sont impliqués dans 33% des cas.







Les mouettes et les goélands causent 19% des accidents.





Les hirondelles et les martinets 13 %. Les vanneaux huppés en causent 10 %.



Les pigeons, perdrix et faisans sont responsables de 8% des collisions et occasionnent très souvent des dommages sérieux sur les appareils. Les corneilles ou les choucas  ne sont comptabilisés que dans  3% des impacts, surtout en juillet-août, au moment de l'envol des jeunes.

90 espèces au total, parmi lesquelles les étourneaux, les hérons cendrés sur les 350 présentes en France, ont déjà  été responsables d'un accident.
Etre simple pour être vrai

Charly 84

Une superbe série, comme d'habitude on va dire  :) tes explications sur l'impact des oiseaux sur le trafic aérien, je connaissais le problème, mais pas avec d'aussi petits oiseaux, sauf évidemment avec la buse ou encore le milan.

465 mouettes sur le même avion ??? incroyable

Seb65

Le portrait du royal est superbe !
Pour parfaire ce thème sur les collisions oiseaux/avions, on peut retenir qu'une telle avarie s'est produite avec un Vautour de Rüppell à11300m d'altitude, établissant ainsi le record du vol le plus élevé pour un oiseau !  :)

agl33

Très belle cette dernière série

Ludo37

Oui encore une superbe série ! Un grand bravo.
Amicalement.
Ludo

Clic-Clac 51

C'est un régal pour les yeux et en plus on apprend
Merci Roland de partager
Amicalement Denis ;)

jmr87

Quelle belle idée que ce type de présentation avec ces images toujours remarquables!

ChrisC06

Encore très intéressant, Roland...  ;)
A côté de l'aéroport de Nice, à l'embouchure du Var, quasiment en bout de pistes, il y a une réserve ornithologique !
Chris

tidoud

Salut Roland,

Ton fil est exceptionnel !!

Tu nourris notre savoir avec le résultat d'études comportementales qui plus est accompagnées de magnifiques photographies.

Merci vraiment de partager tout ça, merci pour le temps que tu prends pour le faire.
Très sympa.


Jean-Jacques Groult

Citation de: Seb65 le Décembre 14, 2022, 09:23:55
Le portrait du royal est superbe !
Pour parfaire ce thème sur les collisions oiseaux/avions, on peut retenir qu'une telle avarie s'est produite avec un Vautour de Rüppell à11300m d'altitude, établissant ainsi le record du vol le plus élevé pour un oiseau !  :)

C'est ce que j'allais dire pour le milan.  Toujours des infos très utiles, merci Roland.
Amicalement. JJ

laverdure


DarkBlues

Très beau fil, textes et photos.
Celle du milan (entre autres) est superbe.
Olivier

Roland Ripoll

Merci à vous tous !

9. Les plaques incubatrices

Chez certains oiseaux, les plaques incubatrices nous renseignent précisément sur le nombre d'œufs pondus par la femelle. Les plaques incubatrices sont des zones dénuées de plumes et de duvets sur la poitrine ou l'abdomen et qui a pour fonction de permettre une meilleure transmission de la chaleur lors de l'incubation.

Une expérience tentée au XVII° siècle a consisté à retirer à une femelle d'hirondelle les œufs au fur et à mesure qu'elle pondait. Le résultat fut qu'elle en pondit 19 au lieu des 5 habituellement.





D'autres expériences menées sur d'autres espèces ont depuis donné des résultats similaires. Un moineau domestique, par exemple,  peut ainsi pondre 50 œufs au lieu de 4 ou 5 !





On a également découvert que pour certaines espèces, comme le  vanneau huppé, le retrait des œufs ne changeait absolument rien au nombre total d'œufs habituellement pondus.





Ces expériences ont permis de démontrer que ce sont les plaques incubatrices qui règlent la ponte. Si on ôte les œufs à mesure qu'ils sont pondus, il n'y a pas de stimulation tactile de ces plaques et donc aucun message n'est envoyé au cerveau de l'oiseau pour limiter la ponte.

Si les œufs restent en place, les récepteurs tactiles des plaques incubatrices décèlent leur présence et déclenchent un  processus hormonal qui ne va permettre que le développement du nombre "normal" d'œufs dans l'ovaire.

En ornithologie, on distingue donc les oiseaux en deux catégories; les pondeurs déterminés comme le vanneau huppé et les pondeurs indéterminés, comme l'hirondelle ou le moineau ou... la poule.

Tout le monde aura compris que c'est le même processus qui nous permet d'avoir des œufs au poulailler pratiquement toute l'année...
Etre simple pour être vrai