un dp1 ou un tamron 10-24mm?

Démarré par shaqbest, Août 12, 2009, 11:46:55

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shaqbest

je souhaite m'acheter un objectif pour faire du paysage, mais j'hésite entre ces 2 solutions, qui ont des avantages et inconvénients.

les+ du sigma dp1.

1: qualité du capteur, le rendu des couleurs me plais bcp
2: qualité de l'objectif
3: je suis trop souvent frustré de passer à coter d'un beau paysage d'une belle lumière car je n'ai pas mon reflexe sur moi, je pourrais avoir le dp1 en permanence sur moi.

les -

1: ouverture limitée. (quoique pour du paysage)
2: réactivité de l'AF.
les + du tamron

1: très grand angle (range intéressant)
2: je fais beaucoup de panoramique.

les -

l'inverse de la 3 pour les plus du sigma.


Abbazz

Je ne connais pas le Tamron 10-24, mais j'ai de nombreux objectifs très grands angulaires et fish-eye, ainsi qu'un DP-1.

Il est assez difficile de comparer un zoom équivalent 15-36mm sur un réflex et un compact équipé d'une focale fixe équivalent 28mm mais je vais essayer.

D'abord le plus facile, l'ouverture prétendument "limitée" de l'objectif du Sigma. Ce n'est absolument pas le cas. L'ouverture de f/4 pour un grand angle est en général suffisante, surtout pour faire du paysage (ce que tu semble envisager). Le Tamron a une ouverture glissante de f/3.5 à f/4.5, ce qui n'est pas mieux (on gagne 1/2 diaph à 10mm, là où c'est le moins utile, mais on les reperd à 24mm). A la focale équivalente de celle de l'objectif du Sigma, le Tamron ouvre aussi à F/4. La différence, c'est que F/4 sur l'objectif du Sigma est une ouverture pleinement utilisable, car l'objectif est déjà excellent à pleine ouverture, alors que, si j'en crois les tests, le Tamron est très mou à moins de fermer le diaphragme de deux ou trois crans. Cela confirme d'ailleurs mon expérience avec les autres super grands angulaires pour réflex, qui ont des problèmes de résolution dans les angles à pleine ouverture. L'objectif du DP-1 a une conception différente (il est très peu rétrofocus, car il est monté près du capteur, n'ayant pas de miroir de visée à laisser passer) qui a permis aux ingénieurs de chez Sigma d'optimiser les performances à pleine ouverture. A mon avis, pour la qualité optique pure, y'a pas photo, l'objectif du Sigma est bien meilleur (en gardant à l'esprit qu'il est moins souple car ce n'est pas un zoom).

Maintenant, parlons du reste. Le boîtier du DP-1 est un peu poussif au niveau des performances : écran LCD arrière de qualité très moyenne, autofocus neurasthénique, temps d'écriture des fichiers excessif... Bref, rien de rédhibitoire, mais c'est un appareil pour ceux qui aiment faire des photos en prenant leur temps (là encore, pas de problème pour le paysage). On peut surmonter la plupart de ces défauts : suppléer aux déficiences de l'écran en montant un viseur optique, court-circuiter l'autofocus en faisant la mise au point à la main et apprendre à ne pas mitrailler pour ne pas saturer le processeur poussif. J'utilise souvent mon DP-1 tenu à la taille et en visant au jugé pour faire des photos à la sauvette, ça marche très bien en utilisant l'hyperfocale (facile avec un grand angle). Mais il est évident que n'importe quel réflex actuel est plus réactif que le boîtier du Sigma DP-1.

Enfin, en ce qui concerne les images, le DP-1 est capable de résultats magnifiques, mais il faut savoir les mériter. Il est conseillé de photographier en Raw pour tirer la meilleure part du capteur Fovéon. Mais, même comme cela, il y a des limitations dont il faut être conscient. D'abord, et c'est le plus gênant pour moi, il y a un phénomène d'éblouissement du capteur dès que le soleil ou une source lumineuse intense se trouve dans le champ ou à proximité immédiate. Le résultat est une espèce de matrice rouge-violacée qui vient se superposer à une partie de l'image. C'est extrêmement disgracieux et fort difficile à supprimer en post-traitement. Ce phénomène provoque aussi parfois l'apparition de dominantes colorées sur une partie du ciel en paysage. Ensuite, le capteur Fovéon est à la peine en basse lumière. Le DP-1 est limité à 800 ISO et, même si l'on peut bidouiller pour arriver à sortir des images à 3200 ISO à partir de fichiers raw "poussés", c'est vraiment du sauvetage. Il faut bien voir que les fichiers natifs du Sigma sont petits (4.5 MPix), ce qui est largement suffisant pour imprimer en A2 quand la qualité d'image est irréprochable. En revanche, dès qu'il y a un peu de bruit dans les images, il n'est plus possible d'agrandir du tout...

Bref, je dirais que le DP-1 est un peu comme une Ferrari, capable du meilleur entre de bonnes mains mais trop pointu pour M. Tout-le-monde. J'adore le mien, et je l'ai toujours avec moi, justement pour ces photos-que-l'on-regrette-de-ne-pas-pouvoir-faire-faute-d'avoir-emporté-son-réflex, mais il m'a mis hors de moi plus d'une fois avec ses caprices de diva !

Amitiés,

Abbazz