Plumes d'automne

Démarré par GROSBEC, Novembre 05, 2016, 13:21:43

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GROSBEC

Bonjour à vous tous,

Je vous propose une petite contribution née de mes premiers souvenirs d'automne.
L'été indien se conjugue maintenant au passé, et nous sommes entourés de beaux nuages très gris.
Mais il a fait beau souvent depuis le 1er septembre, date du début de l'automne pour les météorologues, les ornithologues et, cela va de soit, pour tous les amis de la nature.

Amitiés,

Patrick

Comme bien d'autres saisons, l'automne a ses contrastes.
En France, selon la région, et parfois même sans quitter la sienne, on passe insensiblement des fastes de l'été indien aux cieux anthracite de novembre.
Pour nos oiseaux à plumes, quelques premiers mouvements témoignent, pour certains, d'un relatif empressement migratoire, tandis que d'autres se prélassent et prolongent leur séjour en des lieux accueillants.
Il est va ainsi dans la famille des Chevaliers, même si, pour l'un d'entre deux, les hasards de la phylogénie l'ont fait changer de camp.
Le Chevalier Sylvain rendu célèbre par les travaux de Luc Hoffmann se met en route dès les premiers jours de septembre. Il est l'un des rares limicoles à faire une migration de mue.
Venant de Falsterbö en Suède, il s'arrête sur la route qui le conduit au Maroc et plus au sud encore.
Ses trajets sont rapides, à raison de quelques centaines de kilomètres par jour, et ses étapes assez brèves.
En Camargue, essentiellement, il mue rapidement ses rémiges.

1 – Le Sylvain


2 – Un chevalier « doré »


On peut le rencontrer aussi ailleurs, alors qu'il croise son cousin le Chevalier Cul-blanc avec lequel il est souvent confondu.
Celui-ci est moins pressé, au point que certains, précoces, estivent, tandis qu'arrivent les premiers hivernants qui ne nous quitteront qu'en novembre rendant bien difficile à observer la frontière entre ses différentes populations.
A l'issue de son bain, il fait souvent de jolis bonds, et nous offre à la fois le spectacle et le critère infaillible qui permet de le distinguer du Sylvain : l'intérieur de ses ailes, noir de Jai.

3 – Merci pour ce bond


D'un marigot à l'autre, ces deux beaux chevaliers peuvent croiser la route d'un jeune oiseau, autrefois chevalier lui aussi, mais à présent varié et combattant.
Ce sont en effet des immatures, des oiseaux du printemps précédent, qui se prélassent encore sur nos terres humides, leurs ainés ayant déjà remis le cap au sud.
Eux aussi prennent des bains et font des bonds.
On les reconnaît à leurs couvertures écailleuses.
Parfois, en guise de bond, c'est d'un vol bref dont il s'agit, ce jeune gourmand n'ayant plus la patience de rejoindre ses proies futures à la seule force de ses pattes.

4 – Moi aussi, je bondis


5 – Vite ! A table !


Clic-Clac 51

Bravo
Comme toujours, tes fils sont riche d'information et joliment illustrés de belles réalisations
Un vrai régal
Amicalement Denis ;)

Roland Ripoll

Salut Patrick,

Content de te voir poster sur ce forum ! L'automne est en effet une saison particulière, qui hésite entre grisaille et couleurs, que certains  oiseaux vivent auprès de nous et d'autres sous d'autres latitudes ou une autre hémisphère (mais alors ce n'est plus l'automne...).

Un gros + pour le chevalier sylvain que tu as superbement saisi, notamment sur la 1.
Etre simple pour être vrai

Aubertin

Des commentaires très riches et des images de qualité, un fil à suivre!

RR NIKON

Salut Patrick,

Un bon moment que l'on ne t'avait vu poster !
De bonnes infos et les images qui vont avec, tout cela contribue à une meilleure connaissance des espèces de l'on peut être amené à photographier: une authentique démarche de partage, comme on les apprécie sur ce forum.

birba-g93

Un beau choix pour le début de ce fil composition, netteté et attitude.
J'apprécie le traitement global de cette série d'images. Bravo au photographe!

Amicalement.
Birba.

GROSBEC

Bonjour à vous tous,

Avant toute chose, je vous remercie Denis, Roland, Thierry, René et birba-g93.
Je vous propose une première suite, et il y en aura d'autres si vous y trouvez convenance.

Amitiés,

Patrick

Quelques semaines plus tôt, ce sont les Martins-Pêcheurs qui nous charment par leur splendeur.
Chez eux, la dispersion familiale est très rapide.  Les enfants de la première nichée sont prestement chassés par leurs parents quelques jours seulement après leur sortie du terrier.
Le joyau de nos rivières ne migre qu'à regrets, à la limite extrême.
Un hiver très froid peut entrainer la perte de 90 % de ses effectifs, voire pire.
C'est sa grande prolixité qui assure la pérennité de l'espèce.
On comprend la hâte des géniteurs qui entament aussi vite que possible une seconde couvée, et souvent une troisième en suivant.
Un Martin-Pêcheur est capable de se reproduire dès l'âge de 9 mois.
Voici qui éclaire le comportement précédent, comprenant bien qu'il n'y aurait plus longtemps assez de poissons pour tout le monde en procédant différemment.
Ces immatures doivent donc sans délais rechercher et conquérir un territoire, une zone de pêche, synonyme de lieu d'hivernage.
Des querelles éclatent par conséquent dès la fin de l'été, ou au tout début de l'automne, car les places sont chères et ce n'est qu'à force de volonté, de luttes bec et ongles, qu'elles seront conquises et préservées
Ensuite, le (ou la) propriétaire des lieux, fidèle à ses postes d'affût nous offre ses regards, magnifiquement variés et expressifs.

6 – Ici, c'est chez moi


7 – Prends garde, poisson


Au milieu de la balade, rarement aussi patient, l'Etourneau est là et se laisse admirer.
Cet oiseau a une riche histoire que bien trop le considèrent comme banal.
Dans ses dortoirs les plus fournis, il fait de superbes figures aériennes, au crépuscule et mérite pleinement le nom d'oiseau chorégraphe.
Mieux encore, il nous vante avec brio les avantages du grégarisme.
5000 paires d'yeux valent mieux qu'une s'il s'agit de repérer le Faucon Pèlerin en chasse.
Le danger venant du ciel est bien identifié, et le prédateur perd son objectif lorsque ce groupe éclate en de multiples directions.
Tout le monde reste sain et sauf, et seul le beau rapace passera une nuit de cauchemars, le ventre vide.
Pauvre Pèlerin.

8 – Modeste et fier de l'être


C'est le temps aussi du Grand Gravelot.
Lorsque l'automne arrive, ce sont surtout des immatures qui se présentent.
Très nombreux cette année, ils ont, comme de coutume, donné à voir leurs petites querelles d'adolescents.
Mais un jour, le comportement de certains d'entre eux a bousculé toutes les certitudes, et fait naître bien des questions qui restent sans réponse.
Trois oiseaux ont adopté sans prévenir l'attitude d'adultes en période de formation des couples et de nidification !
Légers combats car l'un d'entre eux était visiblement en surnombre.
Parades, simulations de nid...
Le plus fort de l'histoire est que ces oiseaux se trouvaient, au mètre près, sur les petites places choisies au printemps par les Petits Gravelots pour construire leur nid, pondre et couver.
C'était à n'en pas croire ses yeux.
En plein automne, tout de même...
Peut-être est-il plus sage de se satisfaire de l'étonnement et de l'émerveillement.
Comment expliquer la chose ?
Seule la longue série de fortes températures ininterrompue peut faire penser à une réaction hormonale donnant naissance à des réactions pour le moins prématurées.
Mais ce n'est qu'une hypothèse.
Une idée incertaine.
Même des ornithologues avertis, fréquentant les lieux assidument depuis plus de 40 ans ont déclaré qu'ils n'avaient jamais vu ça.
Il faudrait certainement être un oiseau pour comprendre.

9 – Un semblant de couple


10 – Le nid ?


Clic-Clac 51

Citation de: GROSBEC le Novembre 07, 2016, 13:56:26
Je vous propose une première suite, et il y en aura d'autres si vous y trouvez convenance.
J'espère bien qu'il va y avoir des suites...c'est toujours, pour moi, un plaisir de suivre tes fils
Bravo pour cette mise a jour
Amicalement Denis ;)

Jo Laudois

Des images splendides et un texte d'une qualité superlative : j'espère bien que ce fil aura une suite !
Une préférence pour le chevalier de la 1 et le Martin de la 6 saisi dans une posture que je n'ai jamais observée au cours de centaines d'affûts.
Bravo et encore merci de ce partage.

papytos

Cordialement. Jean-Pierre.

GROSBEC

Mille mercis à Denis, Jo, et Jean-Pierre
Changeons de taille, avec des oiseaux sensiblement plus grands.
Aujourd'hui sera le jour des hérons.

Amitiés,

Patrick

Chacun connaît  le fameux Corbeau de nuit cher à Paul Géroudet.
De mœurs crépusculaires, Le Bihoreau se montre souvent en plein jour, lors de l'été indien, et, pour  notre plaisir, consent à prolonger ses visites jusqu'à l'automne bien avancé.
Oiseau à la silhouette courte et massive, il pousse parfois de sortes de croassements qui l'apparentent au Corbeau. Ce sont des sortes d'aboiements qui n'ont rien de menaçant quoiqu'on ait pu en dire.
Migrateur, il hiverne volontiers dans notre cher Hexagone.
Fidèle au rendez-vous, il nous fait admirer son bel iris carmin, et, parfois, prend la pose.
C'est de lui que Konrad Lorenz qui le connaissait bien disait qu'il forme des couples sans amour.
Il faut avouer que lors de la formation des couples, la confusion règne.
La femelle qui pose pour la première fois les pattes sur le petit canton, est accueillie vertement, aussi plaisamment qu'un chien dans un jeu de quilles. Mais le temps passe, et, à l'issue de quelques petites semaines, le seigneur et maître, constatant son erreur, l'accueille enfin et remplace ses aboiements par des « vavava » qui indiquent à l'évidence que tout va bien.
Sans amour conjugal, peut-être, mais faisant preuve d'un amour paternel sans failles, le Corbeau de nuit justifie qu'on l'attende jusqu'à la nuit.
Il a fort à faire pour aider ses jeunes à grandir. Pour lui, les nuits sont trop courtes en été, et quand bien même il est très capable de pêcher la nuit, en bon nyctalope qu'il est, on comprend parfaitement qu'il s'accorde quelques pauses.

11 – Lors d'une pause


Quelques jours plus tard, alors que l'on vient le voir « à l'espère », comme disent si joliment les méridionaux, c'est son grand cousin, le Héron cendré qui est là, un plus tôt car ses mœurs sont sensiblement plus diurnes.
Il convient d'être au moins aussi patient que lui, et, plus encore serait mieux, car il songe et prend tout son temps, même s'il n'est pas en pêche.
Songeons donc avec lui.
En 1850, à peu près, l'homme a découvert la stupide notion de nuisible et a donc voué à toutes les gémonies, certains animaux, dont le Héron cendré, accusé de manger trop de poissons.
Riche percée conceptuelle, en vérité.
Il lui a fallu attendre 1968, année de remise en cause, pour qu'il accède au rang,  un peu moins détestable, de gibier. Et sept ans, encore, pour entrer enfin dans la liste des oiseaux protégés.
Il était temps, largement temps, car dès 1914, sa disparition se profilait à l'horizon.
Bleu, bien entendu, comme l'uniforme de nos soldats.
Il ne restait en France que 5 ou 6 héronnières en France ! Elles sont aujourd'hui plus de 700.
Trèves de balivernes, le héron a bougé...
C'était pour lui le moment de la toilette.
Bien que pourvu « d'un long bec emmanché d'un long cou », notre ami cendré peut nettoyer toutes les parties de son corps, à l'exception notable de la tête.
Imitant en cela les gentilshommes du passé, il se poudre. Non pour cacher les rides qu'il n'a pas, mais pour se défaire du mucus des poissons.
Possédant sur la face interne du doigt médian un véritable peigne, il puise de part et d'autre de sa poitrine et de son croupion, une sorte de talc produite par la désintégration de petites plumes  à la croissance constante.
Enfin, il se livre à ce que l'on appeler un nettoyage à sec.
Le procédé est assez courant chez les Ardéidés.

12 – Nettoyage à sec


13 – Etirement de fin de toilette


C'est le matin, plutôt, que l'on peut admirer sa cousine la Grande Aigrette, de taille similaire.
Toute de blanc vêtue, elle rend un peu jalouse sa sœur, l'Aigrette Garzette,  nettement moins grande Cette dernière a, en effet le bec noir et les pieds jaunes tandis que la grande a le bec jaune et porte des chaussures noires.
De quoi ruiner une carrière au cinéma...
L'automne est le moment, pour la Grande Aigrette, de prendre part aux pêches collectives en compagnie des spatules, des hérons cendrés et des Grands Cormorans.
Quelques migratrices font une petite halte et rejoignent les premières hivernantes déjà en place.
Baignée par des lumières plus douces, elle offre aux regards ses envols, ses amerrissages, et sa pêche, assez fructueuse, même lorsqu'elle reste individuelle.
Faut-il le dire.. ?
Bien évidemment, un peu plus tard, elle aussi procède à sa toilette, et, en bon « héron » qu'elle est, se sert de son peigne.

14 – Amerrissage


15 – Un brin de toilette


birba-g93

Très belle série d'images et de compositions, j'apprécie l'ensemble de cette dernière mise à jour
La netteté est parfaite, mais ma préférence pour les deux hérons.

Amicalement.
Birba.

PRIMELLE

Merci aux cieux anthracite de novembre, Patrick, de nous permettre de lire, bien au chaud, ces chroniques d'automne où se côtoient, sous ta plume précise et légère, documentée et poétique et tes images lumineuses et belles, les chevaliers bondissants, le martin pêcheur en majesté, l'étourneau posant, les grands gravelots au comportement intrigant, et ces hérons qui nous offrent là, sous ton objectif, de si belles attitudes!  :) Je m'abonne et j'attend la suite!  ;)
Je t'embrasse,
Amicalement,
Joëlle

Speedy51

Merci pour ces belles images et leurs explications.

Amicalement, Speedy51
Amicalement, Cathy

Clic-Clac 51

Que dire de plus que bravo...ah oui...merci de partager tes observations
Amicalement Denis ;)

Michel Didier

Poétique, didactique, esthétique, dis donc : il est super bien ton fil !
Le sot sait, le sage cherche.

BR30



Très belle promenade; on en redemande !

Cdt

Bernard

robsou

Un très joli fil : de la proximité, de jolies attitudes et une variété d'espèces, le tout agrémenté d'un texte très instructif!

Robert

GROSBEC

Merci infiniment Birba, Joëlle, Speedy 51, Denis, Michel, Bernard, et Robert pour vos visites et vos commentaires sympathiques.
Les nuages ne cèdent pas un pouce de terrain.
C'est un temps idéal pour vous proposer une petite mise à jour.
Je duplique ici la mise à jour que j'ai tenté de faire avec un nouveau fil.
Ceci est dû au fait que les fonctionnalités dont je dispose sont très incomplètes par rapport à ce qui est montré dans l'aide : je ne peux notamment pas modifier mes sujets, et il m'est également impossible d'envoyer des messages privés. Le mal persiste malgré une nouvelle inscription que j'ai faite récemment avec ma seconde adresse mail.
Si un modérateur passe par ici, ses conseils seront les bienvenus.

Amitiés,

Patrick

Rejoignons vite les rives du marais, et l'eau, douce ou saumâtre, selon l'endroit.
Une avocette faisait la sieste dans les salicornes, ce matin-là et prenait visiblement plaisir à l'exercice.
Le temps de patienter jusqu'au réveil de l'oiselle permet de se rappeler quelques morceaux de sa vie.
Les premiers hivernants sont en place dès l'automne et leur nombre va croissant pour culminer en janvier.
D'autres populations viendront occuper la place laissée vacante au printemps, cette fois-ci pour nicher.
Ces chassés croisés permettent de la voir pratiquement toute l'année sur ces lieux.
L'été est bien la seule saison pendant laquelle elle brille par son absence ; et encore...
Quelques retardataires se rappellent parfois à notre bon souvenir en lançant quelques notes.
Les souvenirs affluent, par exemple la naissance d'un premier poussin photographiée en direct.
La sieste est terminée.
L'Avocette fait admirer son plumage aux nuances subtiles pour un oiseau noir et blanc, et son bec retroussé, pétri d'élégance. Son nom est loin d'être usurpé, et ses hautes pattes bleues ajoutent à son costume une gracieuse touche de couleur.
Elle entame une toilette et puis part à petits pas pour parcourir son domaine.


16 – Eveil


17 – Le tour du propriétaire


Du côté de l'eau douce, les limicoles sont là, et l'automne est la saison dont ils profitent pour prendre des bains encore plus fréquents qu'à l'habitude.
Ces bains sont pour eux un moment de joie et ne peuvent que réjouir leurs admirateurs.
Un jeune vanneau, coutumier du fait, s'est peu à peu approché de l'emplacement idoine et, après quelques minutes de réflexion, s'est totalement abandonné aux plaisirs de l'onde.
Montre en mains, sa baignade a duré 10 bonnes minutes !
Il en était visiblement ravi, tellement heureux qu'il a bondi à son tour.
Sans doute émoustillée par la démonstration, une des bécassines habituées de l'endroit a rapidement enchainé par une jolie trempette, et, ne voulant sans doute pas être en reste, l'a terminée, comme il se doit, par...un bond.


18 – Vanneau à l'eau


19 – Bondissant


20 – La bécassine et son bond


serge bour


Jo Laudois

De splendides images que ces échassiers ! Et un texte d'une qualité rare...
Amicalement, Jo.

PRIMELLE

Sous ta plume et ton objectif, Patrick, le petit monde de ce coin préservé, vit, frémit, pose, prend son bain, bondit, saute et on ne se lasse pas de les admirer!  :)
Je t'embrasse,
Amicalement
Joëlle

Clic-Clac 51

Quelle suite encore ::) ...bravo Patrick
Amicalement Denis ;)

Gypaete barbu

superbe  :o
merci du partage
GB
eos 1 eos 3 eos 7d ..X1,2

GROSBEC

Merci Serge, Jo, Joëlle, Denis, et Gypaète Barbu.
Vos visites et appréciations m'ont fait très plaisir.

Amitiés,

Patrick

On a beau croiser les doigts, faire des prières ou allumer des cierges, les nuages n'en démordent pas.
En attendant, néanmoins, avec l'espoir du retour de la lumière, je puise dans mes souvenirs pour alimenter un peu ce fil.
Cet épisode  se situe un peu avant l'automne...
Un oiseau rare, rarissime même, avait perdu sa route. Il n'est pas aisé de comprendre pourquoi, lui, l'asiatique ou le sibérien a, un beau jour, posé les pattes ici, au Teich.
On n'en voit qu'un en France, les bonnes années.
Le lendemain de son arrivée, je l'ai attendu pendant 4 heures en compagnie de jeunes « cocheurs ».
Nous étions tous fort loin de nous douter que sa halte allait durer près de 3 semaines.
Fatigué par une route aussi longue, il a passé cette première journée à dormir. Loin des fenêtres, il ne s'est redressé qu'en de rares occasions pour les besoins d'entretien de son plumage et nous prouver qu'il était bien là.
L'observateur était content, le photographe un peu frustré.
Le paradoxe est que, par la suite (ardemment désirée) il est devenu bien plus difficile de le voir à une certaine distance que proche, parfois trop, à toucher l'objectif, ou presque.
Avait-il donc perdu le cap, comme il arrive à de nombreux oiseaux, ou bien suivi une troupe de Pluviers dorés, des cousins rencontrés dans son errance ?
Qui saurait donc le dire ?
Il a, c'est certain, consacré beaucoup de temps à se nourrir, passant des vers polychètes à gros insectes qui lui ont, pour ces derniers, donné un peu de fil à retordre.
On peut légitimement penser qu'il devait constituer des réserves, avant de rejoindre les iles du pacifique pour y passer un hiver confortable.
Il a offert ainsi des heures à ses admirateurs.
Parfois, houspillé par un vanneau, il se rasait dans l'herbe juste avant l'arrivée de l'agresseur.
Amusant spectacle qui l'a conduit, à plusieurs reprises, à quitter les lieux, pour y revenir assez promptement sans se décourager.
Les Vanneaux font pourtant bon ménage avec les Pluviers dorés. Celui-ci aurait-il donc décelé l'étranger, l'intrus ?
En bon limicole qu'il est, notre invité surprise n'a pas manqué de porter fréquemment le regard vers les cieux, surveillant l'éventuel prédateur.
Très légèrement plus petit que le Pluvier doré, le Fauve a le bec plus fin et plus long ; ce sont surtout ses pattes qui attirent l'œil, avec un long tibia qui leur donne de la hauteur. De la nuque à l'angle des scapulaires court un large trait blanc de toute beauté. Les tâches d'or sur le manteau sont plus amples et généreuses. Mais le trait diagnostique réside à l'intérieur des ailes, blanc chez lui, alors qu'il est gris pour son cousin.
Encore faut-il qu'il le montre !
Ce sont de merveilleux souvenirs, c'est une certitude.

21 – Fier d'être pluvier


22 – Tête à tête


23 – Visite aux salicornes


24 – Je t'ai à l'œil, faucon


25 – Au cœur du faisceau