Un exemplaire testable du Nikon D810 est arrivé à la Rédac’ en début de semaine. À peine était-il là qu’il rejoignait les bancs tests du CI Lab’.
Après insertion d’une carte SD et d’une carte CF, car il conserve les deux slots aux deux formats du D800 (nous aurions préféré le même format pour les deux cartes, les différences de vitesse d’écriture ne sont plus aussi à l’avantage de la CF qu’avant, et gérer deux formats de cartes est toujours un peu pénible), nous effectuons les premiers déclenchements. Et là, face au sonomètre, on a la confirmation de l’impression ressentie lors de la conférence de presse : le boîtier est vraiment, mais vraiment plus silencieux.
Le mode de déclenchement "vue par vue" est à 52 dB sur notre banc de mesure, alors que la même mesure donnait 61 dB pour le Nikon D800. C’est un réel progrès et Nikon en a profité pour ajouter un mode rafale silencieux (comme sur certains Canon) qui permet de déclencher de façon silencieuse (à peine plus de bruit que le mode vue par vue), mais à une cadence réduite à 3 i/s. Le mode rafale normale (5 i/s) est de toute façon lui aussi plus discret : 56 dB, 9 dB de moins que le D800.
Après le bruit de déclenchement, nous avons analysé le bruit présent dans les images et son évolution avec la sensibilité. Même si le capteur a la même définition que les D800 et D800E, Nikon l’annonce comme nouveau. En fait, il est plus probable qu’il s’agit du même capteur que le précédent mais amélioré (notamment au niveau des réseaux de microlentilles), car en deux ans il s’écoule suffisamment de temps pour une nouvelle génération de capteur. En plus, le nouveau processeur EXPEED 4 et les progrès dans les traitements antibruit font leur effet et cela se voit dès les premières mesures.
Sur le graphe, on voit que le bruit dans les images du D810 est encore plus discret que sur le D800. On gagne une sensibilité et cela sur toute la plage de valeurs possibles. Un D810 à 6400 ISO bruite comme un D800 à 3200 ISO. C’est donc avec raison que Nikon a poussé la sensibilité maximale du D810 jusqu’à 12800 ISO en standard avec deux positions H1 et H2 (25600 et 51200 ISO). La sensibilité nominale du capteur est maintenant de 64 ISO, avec une position étendue basse à 32 ISO.
Le nouveau processeur permet de gagner en vitesse de traitement des images et, du coup, en cadence de déclenchement. L’AF qui présente un nouveau mode "collimateurs groupés" est performant et suit sans problème le sujet. Le buffer est assez important même en Raw, malgré les 36 MPix qu’il avale pendant plusieurs secondes à la cadence de 5 i/s avant de fléchir et se stabiliser à 1 i/s. En Jpeg, il est encore plus confortable et, après saturation, la rafale est encore à 2,5 i/s.
Le Nikon D810 inaugure aussi le nouveau mode de réglage image "Picture Control 2". Une option inédite fait son apparition : "Flat", traduit en français par "Uniforme". Tout est alors à zéro, plat, pour avoir un Jpeg le plus riche possible en informations et ainsi faciliter le post-traitement de ce Jpeg sans trop dénaturer l’image. Ce mode n’a d’intérêt qu’en vidéo (cela constitue un simili Raw plus facile à traiter). En photo, le mode Raw est plus pertinent.
À noter aussi l’ajout d’un réglage supplémentaire "Clarté", judicieusement placé à côté de "Contraste" (l’alphabet fait parfois bien les choses). Son effet est proche de celui de la même fonction dans les logiciels de retouche comme Lightroom ou Capture One. Il renforce le microcontraste. Cette version 2 de Picture Control offre maintenant la possibilité de modifier les réglages de chaque réglage non plus par valeur entière mais de façon pus précise (fraction décimale).
Tout cela concourt à améliorer la qualité des Jpeg issus du boîtier et cela se constate sur les premières images réalisées avec le boîtier. D’ailleurs, les contrastes sont bons (ton foncé, ton moyen) et haute lumière douce, ce qui change par rapport à ce que nous constatons souvent sur les boîtiers Nikon. Serait-ce enfin l’avénement du Jpeg de qualité ?
La disponibilité des Picture control 2 n’est prévue que pour les boîtiers D810 et ultérieurs. On espère que, par une mise à jour de logiciel, ces réglages d’images seront accessibles à d’autres boîtiers antérieurs. Le Nikon D4s sorti il y a peu n’en est pas pourvu.
Pour conclure notre propos sur ce premier rapport technique concernant le D810, disons un mot du nouveau mode de mesure de lumière appelé "pondérée centrale avec prédominance des hautes lumières" (noté •* sur le boîtier). Il agit comme une mesure spot sur les hautes lumières de la scène mais sans avoir besoin de décadrer et de porter la cible de mesure sur les hautes lumières. L’automatisme expose en évitant toute surexposition dans l’image.
Nos premières images montrent que ce mode est intéressant et performant mais il est nécessaire de pousser un peu plus loin les investigations pour comprendre le fonctionnement et l’importance donnée à "la quantité de hautes lumières dans la scène".
Sur cette image où le ciel domine, ce mode (•*) de mesure de la lumière expose pour la portion de ciel proche des arbres. Le ciel est bien dense, mais les ombres trop. La mesure matricielle n’était pas loin du réglage idéal pour une image plaisante (Jpeg issu du boîtier). Un mode à domestiquer… en plaçant l’accès à ce mode sur la touche de fonction à l’avant du boîtier, son emploi se fera plus rapidement. L’usage du correcteur d’expo peut venir compléter le travail, mais corriger un automatisme nécessite d’être sûr de connaître son comportement. Et pour l’instant, on découvre…
Allez, il faut y retourner, le travail n’attend pas et les mesures sont encore nombreuses. Ah oui, c’est vrai !… Au niveau de l’image, le D810 pique fort. À première vue, la différence n’est pas flagrante avec le D800E, mais ça on s’en doutait.
Le CI lab’ n’a pas dit son dernier mot…
