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Selon un rapport publié en mars dernier par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), “la production mondiale de déchets électroniques augmente cinq fois plus vite que leur recyclage ». Sachant que, pour la seule année 2022, 62 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques ont été produits dans le monde, autant dire que l’on va bientôt être submergés. Enfin, quand on dit « on », on ne parle pas des pays européens, ceux-ci étant plutôt du genre à expédier au loin leurs déchets… Dans le cadre de la 13e édition du Prix Carmignac du photojournalisme, le Ghanéen Muntaka Chasant et la Française Bénédicte Kurzen ont uni leurs talents pour réaliser un travail documentaire sur ces déchets électroniques. Épaulés par Anas Aremeyaw Anas, journaliste d’investigation et militant anti-corruption, les deux photojournalistes ont suivi, du port de Rotterdam aux décharges à ciel ouvert d’Accra, le circuit parfois opaque de l’e-waste. Mêlant photos, vidéos, enregistrements sonores et reportages écrits, cette enquête transfrontalière est-elle en mesure de faire bouger les lignes ? Elle s’en donne en tout cas les moyens puisque l’exposition “E-waste in Ghana : sur la route des déchets électroniques” sera présentée durant l’été au siège de l’ONU (et aussi à Arles).
Chaque année, le Prix Carmignac du photojournalisme aborde une nouvelle thématique. Pour sa 15e édition il s’agira de la surpêche en Asie du sud-est, envisagée sous l’angle écologique et humain. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 19 août. Plus de précisions ici.

Légendes mosaïque

1. Ghana, Accra, Zongo Lane, printemps 2023. Zongo Lane ressemble à une caverne d’Alibaba. Des centaines de petites boutiques de composants électroniques, de modules et de pièces détachées en tout genre peuplent les rues étroites de ce vieux quartier d’Accra. Réparateurs et souvent vendeurs de pièces détachées. Les appareils électroniques cassés sont démontés et réutilisés. Des Ghanéens, mais aussi des Nigérians, travaillent ici. C’était aussi le marché des équipements électriques et électroniques usagés (UEEE) en provenance d’Europe, mais les rues étroites ne permettaient pas à tous les conteneurs de se garer et de se décharger sans créer une situation de trafic compliquée. Alors qu’en Europe les réparateurs indépendants ont quasiment disparu, c’est tout un écosystème économique qui survit grâce à cet artisanat.
© Bénédicte Kurzen pour la Fondation Carmignac / NOOR

2. Ghana, Accra, Tema, 2023. Image aux rayons X capturée sur l’écran des douanes ghanéennes dans le port de Tema. L’image montre des systèmes de sonorisation empilés. Les différentes couleurs indiquent les divers éléments qui composent le chargement. Au port de Tema, à Accra, au Ghana, les autorités ont déployé les technologies et les systèmes les plus récents pour faciliter le contrôle par rayons X des importations et des exportations transitant par le port. Le portique à rayons X est capable de contrôler 100 à 120 véhicules par heure à la recherche d’explosifs, de drogues et d’armes, et de vérifier les manifestes afin de réduire le nombre d’inspections manuelles. Le port de Tema scanne 100 % des conteneurs qui y transitent. © Bénédicte Kurzen pour la Fondation Carmignac / NOOR

3. Old Fadama, Accra, Ghana, 7 février 2023. Téléphones mobiles en fin de vie collectés localement et vendus pour leurs pièces détachées et leur recyclage. © Muntaka Chasant pour la Fondation Carmignac

4. Pays-Bas, Rotterdam, juin 2023. Rotterdam était de loin le port de l’UE ayant la plus grande activité au quatrième trimestre 2022, avec 111 millions de tonnes de poids brut de marchandises manutentionnées. Rotterdam était le principal port de l’UE pour tous les types de marchandises, à l’exception des unités mobiles Ro-Ro. © Bénédicte Kurzen pour la Fondation Carmignac / NOOR

MOTAZ AZAIZA À L’HONNEUR

Depuis qu’il a été évacué de Gaza en janvier dernier, Motaz Azaiza ne peut plus exercer son métier de photojournaliste mais il saisit les opportunités qui s’offrent à lui pour témoigner de ce qu’il a vu. Ainsi a-t-il fait le tour des universités américaines et britanniques en avril avant de se rendre à Caen pour y recevoir, le 4 juin dernier des mains de Patrick Chauvel, le Prix Liberté 2024. Cette récompense a suscité la réprobation d’une partie du personnel politique français, d’aucuns accusant Motaz Azaiza d’être proche du Hamas. Sur le plateau d’À l’air libre, l’émission en accès libre de Médiapart, le photographe est revenu sur ces accusations, mais a surtout raconté les bombardements israéliens, le manque d’eau et de nourriture, bref la survie au quotidien.

FRANCHIR LE PAS (OU PAS)

Si vous êtes atteint de métathésiophobie ou si, tout simplement, vous avez dû mal à saisir ce qui distingue les appareils hybrides des reflex, on vous invite à écouter l’épisode de Faut pas pousser les ISO de jeudi dernier. Durant 1h47, Arthur Azoulay, Benjamin Favier et leurs invités (Marie Courtel de Miss Numérique et Pierre-Marie Salomez de Chasseur d’Images) débatent des mérites et inconvénients des deux systèmes, le tout étayé par les témoignages de photographes acquis à l’un ou à l’autre. Si l’écoute vous convainc de passer à l’hybride, on vous rappelle qu’un numéro hors-série de Chasseur d’Images vient de sortir, dans lequel vous trouverez les tests complets de tous les appareils sortis depuis octobre 2021 et des tableaux comparatifs qui devraient vous aider à affiner votre choix. 

EN BANDES ORGANISÉES

La photo de rue est un habile mélange d’audace, d’opiniâtreté et de hasard. Prenez cet instantané d’Elsa Lebaratoux. Interpellée par la veste d’une dame qui marche devant elle sur un passage piéton, la photographe déclenche mais ça ne donne rien. Elle se dit qu’elle va retenter sa chance au passage piéton suivant, mais, là encore, chou blanc. La dame avançant très lentement, Elsa Lebaratoux ne se voit pas la suivre indéfiniment. Elle reprend donc ses flâneries photographiques dans le quartier. Et c’est seulement un quart d’heure plus tard qu’elle retombe par hasard sur la passante au gilet rayé. Ni une, ni deux, elle déclenche à nouveau et, là, les planètes rayures s’alignent ! Cette anecdote, la photographe l’a racontée à l’occasion d’une interview donnée au podcast « Dans l’œil du photographe ». À écouter ici.

De zéro à l'infini (ou presque)

0

C’est le nombre de réglages proposés par l’appli photo Zerocam.

4

C’est le nombre de membres (deux journalistes, deux photographes) de Relief, nouveau collectif lyonnais qui travaille sur les questions d’environnement, de santé et les problématiques sociales.

8

C’est le nombre de candidats aux Zooms 2024 du Salon de la photo, prix ouvert aux votes du public jusqu’au 11 septembre.

9'33

C’est la durée de cette archive de l’INA où l’on suit une jeune Françoise Hardy (23 ans alors) du studio photo de Jean-Marie Perrier aux feux de la scène. Pas dupe du manège de la célébrité et déjà lucide sur ses priorités : « Les galas, les photos, les interviews, tout ça n’est pas très important, mais ça dévore tout mon temps. »

28

C’est le nombre de prix décernés dans le cadre du Pink Lady Food Photographer of the Year (dont beaucoup sponsorisés par des marques).

40

C’est le nombre de photos de l’exposition « Instants de campagne » de Nicolas Lérault, chauffeur de camion-poubelle qui avait de saines lectures lors de son service militaire.

79

C’est l’âge jusqu’auquel Georgette Apol Douwma s’est adonnée à la plongée sous-marine, pour en rapporter des images kaléidoscopiques.

90

C’est l’âge auquel est mort William Anders, l’astronaute qui, le premier, a changé notre vision de la Terre.

103

C’est l’âge de Christian Lamb, doyenne des Wrens, branche féminine de la Royal Navy dont Robin Savage a photographié les dernières représentantes.

129

C’est, en secondes, la durée de l’emballante bande-annonce d’Uncropped, documentaire sur James Hamilton produit par Wes Anderson.

200

C’est, en euros, le prix d’un pack de 5 lectures de portfolios lors des Rencontres d’Arles (inscriptions jusqu’au 18 juin).

240

C’est le nombre de pages du roman-enquête que Nicolas Le Nen consacre au Vest Pocket emporté par George Mallory lors de son ascension de l’Everest en 1924.

544

C’est le titre d’une série de cyanotypes de Sarah Ketelaars, un work in progress visant à rendre hommage à des patients psychiatriques assassinés par les nazis en 1941 en Lettonie.

549

C’est le nombre de journalistes détenus à travers le monde selon le dernier recensement de Reporters sans frontières, ONG dont vous pouvez soutenir les actions en achetant le dernier (et excellent) album « 100 photos pour la liberté de la presse : Regards sur le Japon ».

1942

C’est l’année de naissance d’Oliviero Toscani, photographe italien volontiers provocateur dont une rétrospective est actuellement présentée à Zurich.

1981

C’est l’année de création du Réverbère, galerie lyonnaise de référence qui fermera ses portes en fin d’année.

3000

C’est, en euros, la somme remportée par Fiora Garenzi, lauréate du Prix Saif x Les femmes s’exposent pour sa série « Djinns et dragons ».

34 221

C’est, en mètres carrés, la surface du Lishui Photography Culture Center, gigantesque complexe (dix fois la MEP !) qui sera inauguré en octobre prochain.

56 180

C’est le code postal de Porcaro, village breton et haut-lieu de pèlerinage de motards, comme a pu le constater Romain Ruiz.

1 560 000

C’est, en euros, le prix atteint aux enchères le 8 juin dernier par un Leica MP2, rare boîtier fabriqué à seulement 27 exemplaires.

la petite Musique de fin

Pour célébrer la réédition de Dancehall, livre de Beth Lesser documentant la scène reggae jamaïcaine des années 1980, on se quitte sur un classique de circonstance (même s’il a été produit durant la décennie précédente), écrit par Freddie McLean et interprété ici par Phyllis Dillon.

People said I’m a fool to say goodbye to you
But believe me, your picture’s still hanging on the wall

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.