Chacun se souvient de la grande campagne photographique lancée dans les années 1930 par la Farm Security Administration afin de documenter les conséquences de la Grande Dépression sur la vie des Américains. Bien moins connu est « Documerica », projet lancé en 1970 par l’Agence environnementale américaine afin de rendre compte des problèmes écologiques touchant les États-Unis. L’initiative était en avance sur son temps et bénéficiait de moyens conséquents : une centaine de photographes impliqués (dont Arthur Tress, Boyd Norton ou Danny Lyon), quelque quatre vingt mille clichés réalisés… mais au final, pas un n’est passé à la postérité à la manière de la Migrant mother de Dorothea Lange ou du Fermier et ses fils d’Arthur Rothstein. Comme le montre Documerica, les images oubliées de l’Amérique, la qualité des photographies produites n’était pas en cause. Au pire peut-on leur reprocher d’avoir outrepasser la consigne de départ : faute de cadrage, ce qui devait être un vaste reportage environnemental s’est transformé en portrait géant de la société de consommation. Une dérive somme toute logique, car comme le dit l’un des intervenants, « le projet Documerica a mis en lumière que deux grands mythes nationaux, celui d’une nature sans limites et celui d’un progrès inébranlable, étaient en conflit l’un avec l’autre. » 

SPORTS EN TOUT GENRE

Tendance de fond ou simple coïncidence, on voit fleurir depuis quelques années des projets photographiques montrant la réappropriation de certaines pratiques sportives par des femmes. On pense évidemment aux lutteuses boliviennes (les fameuses « flying cholitas ») immortalisées par Luisa Dörr ou encore aux « Boxing queens » tanzaniennes que Delphine Blast a fait poser fièrement dans leur salle d’entraînement. Benjamin Rasmussen, pour sa part, s’est rendu au Cameroun, pays où il est encore mal vu pour une jeune fille de vouloir pratiquer le football. En Éthiopie, l’émancipation passera-t-elle par le skate-board ? C’est en tout cas ce que tend à montrer le reportage réalisé à Addis Abeba par Chantal Pinzi

DANS LES FILETS D’ARDITUBE

On ne chantera pas ici les louanges de Thierry Ardisson, personnalité clivante s’il en fut. Nonobstant, une recherche sur la chaîne Arditube, pour peu qu’on se focalise sur les années 80-90, permet de faire émerger quelques moments photographiques, comme la visite de l’appartement (kitsch à souhait) de Pierre & Gilles (à partir de 34’10), l’interview « pinceau » de Thierry Mugler (56’34) ou celle, à sens unique, de Jean-Baptiste Mondino (1″23’38). C’est dans l’émission « Bains de minuit » qu’on trouve les perles les plus notables : une brève rencontre avec Elaine Ellman, photographe des nuits new-yorkaises (42’56), une double interview de Maurice et Bettina Rheims (47’55) ou, last but not least, une conservation au comptoir avec Dominique Issermann et Leonard Cohen (27’30). Maigre pêche au final, compte tenu de la longévité télévisuelle de l’homme en noir.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de six lettres en lien avec la photographie ?

En bref et en vrac...

Nul n’est prophète en son pays. Exemple chez nos cousins canadiens qui semblent découvrir Edward Burtynsky.
Photographie, broderie et voile se mêlent dans les compositions de Joana Choumali, artiste ivoirienne interviewée par BBC Africa.
La crème solaire et l’anti-moustique ne sont pas les amis de votre matériel photo.
De Paris à Berlin, Thibaut Drutel traque les effets de symétrie sur les quais du métro.
Il y a 150 ans commençait le chantier de la basilique du Sacré-Coeur.
Quentin Danel n’a pas perdu son âme d’enfant.
 En usant de l’infrarouge, Axelle de Russé ausculte les effets du réchauffement climatique sous les latitudes arctiques et antarctiques
Franc succès pour la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles, dont la fréquentation a bondi de 15% par rapport à l’an dernier. Rappelons que les expos sont visibles jusqu’au 5 octobre.
Daniel Costa raconte, en trois points, comment il a réalisé sa photo brume et or de la statue du Christ-Roi, à Lisbonne.
Agnès Geoffray et Vanessa Desclaux revisitent l’histoire des maisons de préservation à l’aune des luttes féministes actuelles.
10 choses que Carly Hughes-Horvath a apprises en travaillant dans un strip-club.
10 choses que vous ne savez peut-être pas concernant Elliott Erwitt.
Le reporter de guerre Patrick Chauvel a été promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur.
Le Monde a été lancé en 1944, mais il a fallu attendre cinq ans pour que soit publiée une première photographie dans les pages du quotidien.
Vous avez du mal à maîtriser Photoshop ? Dites-vous qu’il y a pire que vous.
Nul besoin d’habiter Perpignan pour visiter l’exposition « Freedom of movement », actuellement présentée au Centre International du PhotojournalismeUn site associant portraits, textes et vidéos permet son exploration en ligne.
Taxiphote, quéscao ? Réponse en deux minutes chrono.
Agnès Varda et Pierre Soulages étaient amis et partageaient un même goût pour la mer, d’où l’idée de présenter, sous l’intitulé « Je suis curieuse. Point. », des photographies marines de Varda au musée Soulages (Rodez).

verbatim

L’horreur, on peut la décrire avec des mots. Mais en photo c’est plus compliqué, surtout si on veut la décrire avec la manière. Toute ma vie, je me suis censuré parce que c’était trop violent, trop dur, parce qu’on atteignait la dignité des gens aussi. Et aujourd’hui je le regrette, j’aurais dû faire ces photos quitte à les sortir deux ans, cinq ans, dix ans plus tard. Mais qu’il reste une trace…

Éric BOUVET, photojournaliste

La complexité de la photographie, c’est qu’elle est très plurielle : elle est à la fois un art, avec une conception esthétique très forte, mais aussi un procédé qui est rentré dans des sphères plus économiques. Donc elle est partout, et le risque d’être partout, c’est qu’elle ne soit plus visible là où elle est. Le but du bicentenaire est de regarder la photographie, de se demander ce qu’elle forme comme cadre sur le monde.

Dominique de FONT-RÉAULX, directrice du Bicentenaire de la photographie

la petite musique de fin

Bouclons la boucle avec un extrait d’Ethel’s Documerica, spectacle multimédia conçu en 2013 par le quatuor à cordes Ethel et illustré par des séquences d’images extraites des archives Documerica. Une playlist intégrale est disponible ici.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.

Clique Clac se met en pause pour quelques semaines.
Bel été et bonnes vacances si vous en prenez !

l'anti-clique clac

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