Comme ça lui arrive parfois, Reporters sans Frontières fait une infidélité à la photographie pour son album de saison. Le prochain volume, à paraître ces jours-ci, mettra à l’honneur le Studio Ghibli. Faut-il y voir un pied de nez aux détournements éhontés dont ont été victimes les auteurs du studio, et Hayao Miyazaki en particulier ? Petit rappel des faits : au printemps dernier, l’ingénieur américain Grant Slatton eut l’idée de demander à ChatGPT de transformer une de ses photos de famille dans le style Studio Ghibli. Partagée des millions de fois sur les réseaux, l’image créa une mode virale, au mépris de tout respect du droit d’auteur (aucun accord de licence n’avait été passé entre OpenAI et le studio japonais). Comme l’explique cet épisode du Dessous des images, on peut parler de « braquage ». À ces images obtenues en deux clics, on est en droit de préférer le travail minutieux de Xenia Lau, photographe barcelonaise dont une série de portraits rend hommage aux héroïnes de Miyazaki, de Mononoke à Ponyo en passant par Chihiro. « Miyazaki, dit-elle, nous a toujours montré une belle image de femmes fortes, gentilles et courageuses dans chacun de ses films. C’est pourquoi j’ai voulu incarner ces personnages féminins fantastiques dans des filles bien réelles. » 

UNE PIONNIÈRE AU FRONT

Actuellement mise à l’honneur par le musée national de la Marine à Port-Louis (Morbihan), Germaine Kanova fut l’une des premières photographes de guerre en France. Au sein du Service cinématographique de l’armée, elle couvrit au printemps 1945 la reddition de la Poche de Lorient et réalisa un reportage sur la découverte du charnier de la citadelle (soixante-neuf victimes). Plus qu’une reporter, Germaine Kanova était une véritable maquisarde. « On a une lettre assez émouvante, dit ainsi Anne Belaud-de-Saulce, commissaire de l’exposition, où elle raconte qu’elle rampait dans la boue, l’appareil photo sous son pull pour pouvoir photographier les lignes allemandes, et qu’elle se tenait prête à le jeter à tout moment si elle se faisait arrêter. » Un parcours inattendue (et inspirant) pour celle qui, avant-guerre, tirait le portrait d’Arletty ou Jean Cocteau. 

UN CENTENAIRE BIEN PORTANT

Dans le dernier numéro de Chasseur d’Images, on vous dit tout de l’histoire des cabines photographiques, des premiers prototypes inventés à la fin du XIXe siècle jusqu’aux déclinaisons les plus récentes. Car, loin d’être tombé en désuétude, ce dispositif aujourd’hui centenaire accompagne, voire devance les attentes des clients. À Montauban, par exemple, le Dubu Self Photo Studio, inspiré des photobooths sud-coréens, rencontre un succès certain. Inévitablement, l’IA s’est aussi invitée dans les cabines et l’on peut désormais demander un portrait de soi en joueur du PSG ou en personnage d’heroic fantasy.  

pose ludique

Salut les nerds ! Cette semaine, on a déniché sur Digital Camera World deux quiz qui devraient vous plaire. Dans le premier, vous devez déduire le nom d’un appareil photo à partir d’une vue partielle du boîtier. Le second est plus généraliste même s’il réserve quelques questions techniques assez pointues.

En bref et en vrac...

Membre du du Club Niépce Lumière, Rémy Lecolazet s’apprête à sortir un livre sur les premiers reflex 24×36. Fruit de cinq années de travail, l’ouvrage raconte sur 300 pages l’histoire de toutes les familles d’appareils produits entre 1936 et 1959. De quoi séduire les collectionneurs chevronnés comme les jeunes fraîchement tombés dans l’argentique. La parution de 24×36 mm SLR – Le temps des pionniers est prévue pour décembre. Une souscription est lancée jusqu’au 31 octobre sur le site du Club Niépce Lumière.
En partenariat avec Gulf Photo Plus, Magnum Photo organise une vente de tirages mettant en avant les œuvres de photographes palestiniens. Tous les profits leur seront directement reversés.
Ce samedi 4 octobre à Lille, les Ateliers de La Pouponnière ouvrent leurs portes. L’occasion de découvrir le tirage lith avec Laëtitia Galita.
Lauréat en 2022 du PictoLab, Lucas Leffler a le goût de l’expérimentation, comme le montre cette vidéo où on le voit tirer ses images sur de la boue riche en sels d’argent.
Mario Del Curto est passé par « Côté Jardins » (RTS) pour parler de son travail photographique autour des champignons, un monde fascinant car en partie invisible.
Vous attendez un deuxième enfant et craignez que l’aîné(e) fasse une crise de jalousie ? Comme Victoria Yost, offrez-lui un appareil photo.
Au détour d’un énième article sur un photographe passionné d’oiseaux, on apprend qu’il existe un classement des plus grands cocheurs européens (dominé par le Français Pierre-André Crochet).
Jérémie Villet est le héros d’Alaska Highway, la première bande dessinée des Baladeurs. Les illustrations sont l’œuvre de Marie Larrivé.
Comment décontracter un modèle un peu crispé ? En lui pulvérisant de l’eau au visage, bien sûr. C’est l’un des nombreux enseignements de L’Amour sous le citronnier, rom-com où l’on suit Beck, aspirante photographe qui ambitionne de remporter un prestigieux concours et qui, se faisant, – attention, big spoiler – va trouver la limonade l’amour.

verbatim

Il y a vraiment beaucoup de photographes qui sont juste dans le business de la mode pour être proches de jeunes filles et profiter de cela et de leur pouvoir. J’ai eu plusieurs expériences similaires de ce genre, dont une beaucoup plus grave où le photographe a profité de la situation et du fait que j’étais dans une ville étrangère où je ne connaissais personne. (…) Il y a des hommes bizarres dans cette industrie et dans le monde.

Lydia WALDROP, mannequin

Je me dis qu’on ne se rend pas compte à quel point il est important que les prochaines générations puissent se référer à des personnes issues de l’immigration. Que ces personnes puissent se dire ‘oh, il fait de la photo et il s’appelle Amir’, ils pourront se dire : il est Algérien, Africain, issu de l’immigration, donc moi aussi je peux le faire.
Amir BELKHIR

la petite musique de fin

Dave Rowntree, batteur de Blur, vient de publier un livre photo sur les débuts du groupe. L’objet, a priori, n’a d’intérêt que pour les fans de la première heure, Rowntree avouant lui-même que la photographie était alors un loisir passager (les flous étaient-ils nombreux ?), mais il introduit parfaitement ce titre chanté en solo par Damon Albarn, le leader de Blur.

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