Anecdotes d'un conducteur de bus parisien

Démarré par rail77, Mai 07, 2013, 23:55:06

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RG1945

"Paris en lignes" "Paris à la ligne" ou ton titre du fil "Anecdotes d'un conducteur de bus parisien" et je verrais bien un schéma par ligne, comme pour une rando, on prends le bus et on regarde.

ce dont parle FC existe depuis le surréalisme, Breton Desnos et autres.

J'attends avec impatience, moi qui suis Marseillais! ( je sauterai le passage du Parc des Princes)
Amicalement  Roger

rail77

Bonjour.
Je remonte ce fil que j'avais quelque peu laissé tombé,  ce qui est dommage car j'ai quelques nouvelles histoires en stock qu'il faudra que je partage avec vous dans un proche avenir.
Sinon cet après-midi sur la ligne 20 j'ai eu l'excellente surprise en arrivant à l'Opéra de voir un voyageur venir vers moi, lequel était en fait un chassimien suivant ce fil et monté par hasard dans mon bus.
Il se reconnaîtra et cela m'a fait très plaisir de pouvoir ainsi se saluer dans la vraie vie.
En tout cas il m'a donné envie de relancer cette discussion.
Amitiés.
Pierre.

Yadutaf

CitationJe remonte ce fil que j'avais quelque peu laissé tombé,  ce qui est dommage

Je ne te le fais pas dire.  >:(

CitationEn tout cas il m'a donné envie de relancer cette discussion.

Qu'il en soit remercié.  :D
Thierry

jdm

dX-Man

rail77

#279
Capucines
Bus 20, 42 et 52
Le boulevard des Capucines doit son nom à un ancien couvent de religieuses franciscaines.
Ces dernières étaient venues de Naples au XVIème siècle à la demande de la duchesse de Mecoeur afin d'exécuter les décisions testamentaires de sa sœur, Louise de Lorraine, veuve du roi Henri III.
Mais c'est Louis XIV en personne qui les installa à ses frais dans un couvent situé dans ce quartier très huppé de la capitale, dans la chapelle duquel ont été enterrés Louvois et la Marquise de Pompadour.
Nadar habita au numéro 35.
Pour l'anecdote, le Croque-Monsieur a été inventé dans les brasseries du boulevard des Capucines vers 1910.
En effet, le quartier était très fréquenté par des hommes d'affaires qui le midi avaient souvent un petit creux.
Absorbés par leurs affaires, ils voulaient manger rapidement, mais chaud.
ils demandèrent donc aux restaurateurs locaux de trouver une idée pour résoudre leur problème, d'où l'invention du Croque Monsieur qui doit donc son nom au fait qu'à l'origine il était mangé par des "Monsieur".
Ensuite, on créa le Croque Madame avec un œuf dessus et mon fils lorsqu'il avait 5 ans dit un jour : "dis papa, si on mange tata Odile en la mettant entre deux tranches de pain, cela fais un "Croque Odile" ! (ma sœur aînée s'appelle vraiment Odile !).

rail77

Alexandre Prince
Pas de bus, enfin si, il y a les lignes 24, 57, 61, 63, 89 et 91, mais pour trouver ce passage, il vous faut descendre à la Gare d'Austerlitz et vous rendre à l'intérieur de celle-ci, face à la voie 14.
Le passage Alexandre Prince rend hommage à un épisode peu connu de la guerre de 1870 et dont l'issue, si elle avait été différente, aurait pu changer le cours de l'Histoire.
De plus, le photographe Nadar y a joué un rôle important.

Alexandre Prince était un marin et un aérostier.
Pendant la guerre de 1870 contre les Prussiens, la ville de Paris a été assiégée.
Toutes les communications avec l'extérieur étaient coupées.
Plus moyen d'entrer ou de sortir de la ville.
Le photographe Nadar a alors l'idée d'utiliser les ballons.
Il créée de son propre chef la "Compagnie des Aérostiers Militaires".
A son initiative, un atelier de fabrication est installé dans la Gare du Nord et un second dans la gare d'Austerlitz.
Comme il n'y avait plus de trains, on se servit donc de la large place disponible pour les ballons.
Ceux-ci étaient gonflés au gaz d'éclairage, hautement inflammable, ce qui n'était pas sans poser quelques questions au niveau de la sécurité.
Mais c'était la guerre et les ballons, avec les pigeons voyageurs, constituaient le seul lien avec l'extérieur.
C'est ainsi que Gambetta quitta Paris le 7 octobre 1870.
C'était le premier cas d'acheminement du courrier par voie aérienne.
Mais faute d'aérostiers disponibles dans Paris, on recruta des marins et des gymnastes volontaires.
N'ayant aucune expérience, ils étaient formés de manière expéditive, au sol, sur les rudiments de l'aérostation.
Cela ne fut pas sans conséquences sur la qualité de la navigation et sur celle des atterrissages.
Mais tant bien que mal, 66 ballons ont décollé, transportant 164 passagers, 381 pigeons (destinés à recevoir les informations en sens inverse), 5 chiens et 2 millions de lettres, soit environ 11 t de courrier.
Cinq ballons ont été capturés par l'ennemi, un, le "Ville d'Orléans", arriva en Norvège et deux disparurent en mer.
Mais aucun ballon ne souffrit de défaillance technique, tous les accidents ayant été causés soit par l'absence de système de navigation efficace, soit par des atterrissages ratés.
Pour éviter la détection des ballons par les prussiens, les vols se sont effectués de nuit à partir du 18 novembre 1870.
Le 28 novembre, c'est au tour du "Jacquart" de décoller depuis la gare d'Austerlitz.
A son bord, il emportait le duplicata (sous forme de microfilm) de l'ordre de "marche en avant" destiné à l'armée de la Loire, ordre perdu trois jours plus tôt par le ballon "Ville d'Orléans", parti s'égarer en Norvège (voir plus haut).
L'aérostier s'appelait Alexandre Prince.
Né en 1843 à Jurançon, près de Pau, il était matelot des équipages de ligne du port de Toulon.
Depuis quelques jours, la météo était particulièrement mauvaise avec un anticyclone positionné en Europe orientale qui envoyait des vents forts sur la France avec un froid sibérien.
Les vents, qui venaient du nord-est, poussaient les ballons vers l'ouest et vers l'océan Atlantique.
Compte-tenu des conditions exécrables, on ne donna pas à Alexandre Prince les deux compagnons de voyage désignés pour partir avec lui.
Il se retrouva donc seul dans le ciel et à cause de l'absence de lune et de la présence de nombreux nuages, le malheureux Alexandre Prince s'égara dans les ténèbres.
Il ne fut pas en mesure d'apprécier le moment où il devait descendre et il s'abîma en mer.
Au matin du 30 novembre, le ballon qui flottait dans les eaux froides de la mer d'Irlande, fut repéré par des pêcheurs au large du cap Lizzard.
Mais on n'a jamais retrouvé le corps d'Alexandre Prince, ni les dépêches qu'il transportait, dépêches dont la perte a retardé les opérations militaires et détruit les dernières chances qui restaient peut-être encore à la France pour contrer l'avancée inexorable des armées prussiennes, ce qui conduisit au désastre de Sedan.
C'est donc en souvenir de ce marin reconverti en aérostier que le passage Alexandre Prince, situé au cœur de la gare qui l'a vu partir vers son funeste destin, est ainsi baptisé.

Cette histoire est trop longue pour pouvoir être racontée aux voyageurs d'un bus le temps d'un feu rouge, mais je l'aime bien et j'avais juste envie de vous la faire partager.
Et quand vous passerez par la gare d'Austerlitz, comme je le fais tous les jours lorsque je viens d'Orléans où j'habite pour conduire mon bus dans Paris, j'espère que vous aurez une petite pensée pour Alexandre Prince, qui paya de sa vie sa témérité et son manque d'expérience dans la manœuvre des ballons.

A bientôt.
Pierre

Depstich

J'adore ce fil !  Et si vous vous étiez trompé de vocation, vous ferez un guide parisien (ou autre) passionné !  Merci pour ce fil que je dévore. Malheureusement j'ai pas l occasion de prendre le bus surtout dans paris.

Quelle histoire ce prince.
Merci.

Julian


Diapoo®

Moi aussi je l'adore  8)

A Pierre "Rail77" : je trouve que ce fil mériterait d'être immortalisé par un  livre. Avec un titre accrocheur, il pourrait faire un tabac ... au minimum à Paris  :)
Nage au clair de lune avec ...

jojo63


stratojs

Une fois de plus, un grand merci à Pierre de partager ici ses anecdotes, toujours intéressantes et bien souvent inconnues.
Un guide, oui pourquoi pas? Et peut-être se faire éditer par le service com de la RATP, ou lui vendre un produit fini?..

Tigremou

Citation de: rail77 le Décembre 07, 2016, 23:07:43
Capucines
Bus 20, 42 et 52
Le boulevard des Capucines doit son nom à un ancien couvent de religieuses franciscaines.
(...)
Merci d'avoir repris cet excellent fil.
On peut signaler qu'au 14 bd. des Capucines se trouvait le Grand-Café, entré dans l'histoire le samedi 28 décembre 1895. Son Salon Indien a accueilli les premières projections publiques de cinématographie, au prix d'un franc par spectateur. La recette de la première représentation fut de 33 francs. La projection des huit à dix films durait une vingtaine de minutes. Le succès vint très vite et le propriétaire du Grand-Café qui avait loué son sous-sol pour une somme forfaitaire de 30 francs par jour regretta de ne pas avoir accepté les 20% de la recette qui avaient été proposés comme loyer.

rail77

Bonsoir à tous et merci pour vos commentaires et vos encouragements.
Pour le livre, le regretté Elgato avait déjà émis l'idée quelques temps avant son décès (voir sur ce fil un peu plus haut)..
Je ne suis pas contre mais il me faudrait du temps et par ailleurs les projets actuels de restructuration du réseau des bus (prévu pour une application en septembre 2018) me compliquent la tâche car on ne sait pas encore exactement ce qui va changer ou non.

Pour en revenir à nos histoires, en voici une nouvelle, que je n'ai encore jamais raconté dans mon bus :

Trac
Bus 20, 38, 39, 47

Le Théâtre de la Renaissance, situé juste à côté de la Porte Saint-Martin, a été créé en 1838 par Victor Hugo et Alexandre Dumas.
Le théâtre actuel date de 1872 et a été construit sur les ruines d'un restaurant détruit par un incendie pendant la Commune de Paris en 1870.
L'architecte de ce bâtiment désormais classé aux Monuments Historiques était Charles Delalande, assistant de Charles Garnier (celui de l'Opéra).
Depuis son ouverture, le succès a souvent été au rendez-vous.
Par exemple, c'est là qu'en 1886 Feydau créa sa première pièce, "Tailleur pour Dames", qui fut aussi son premier grand succès.
La grande Sarah Bernhardt a dirigé le théâtre de 1893 à 1899.
Je ne sais pas si cela se passait au théâtre de la Renaissance mais il parait qu'un jour une jeune comédienne se vantait auprès de Sarah Bernhardt de ne jamais avoir le trac.
Cette dernière lui aurait alors répondu :
"Ne vous en faites pas, le trac, cela viendra avec le talent...".

Amitiés
Pierre

Pauluxo

Cher Rail77, vous êtes un merveilleux conteur: j'ai pris beaucoup de plaisit à lire votre fil presque d'une traite... Et de plus j'apprends beaucoup.

Merci !

rail77

Capharnaüm
Bus 22, 28, 32, 43, 80, 84
De nombreuses personnalités vécurent rue La Boétie.
C'était le cas par exemple de Pablo Picasso au numéro 23 qui y eut son atelier à partir de 1918.
En 1932, le célèbre photographe Brassaï est ainsi venu faire le portrait du peintre.
Il dira à propos de ce lieu qu'il s'agissait en fait d'un "véritable capharnaüm plutôt sale".

rail77

Mannequin
Bus 22, 28, 32, 43, 80, 84
Toujours rue La Boétie, mais cette fois-ci au numéro 3, se trouvait la demeure du couturier anglais Charles Frederick Worth (1825 - 1895).
Jusqu'à présent, les couturiers répondaient aux demandes et aux commandes de leur clientèle.
Mais sous le Second Empire, dans les années 1860, Worth bouscule tous les codes établis.
Désormais il créée des modèles inédits selon son inspiration.
Et pour les présenter, Worth utilise un modèle vivant, en se servant de sa propre épouse, en lieu et place des poupées utilisées jusqu'alors.
Marie Vernet-Worth deviendra ainsi le tout premier mannequin professionnel de l'histoire.
Il est le premier à organiser des défilés de mode, en mettant en scène ses créations, les personnalisant pour chaque cliente et avec des modèles différents selon les saisons.
Worth est donc le père de la mode et de la haute-couture, dont les principes, défilés avec des mannequins, collections hiver/été, etc... sont toujours en vigueur de nos jours.

rail77

Leclerc
Bus 28 et 38
L'avenue du Général Leclerc, ancienne avenue d'Orléans, rend hommage au héros de la Deuxième Division Blindée, qui était entré dans Paris par cette avenue, le 25 août 1944.
Logiquement, elle devrait s'appeler avenue du Maréchal Leclerc.
Mais ce dernier, n'a obtenu son bâton de maréchal à titre posthume qu'en 1952.
Ce n'est donc pas une erreur car au moment où l'avenue a pris son nom actuel, en 1948, il était toujours Général.

Maintenant, je sors du cadre habituel de mes courtes histoires destinées à mes voyageurs le temps d'un feu rouge, afin de vous relater une anecdote montrant la vraie personnalité de Leclerc. On la doit au journaliste Roger Bourgeon, que mon père, qui a fait toute sa carrière professionnelle à Radio Luxembourg, devenu ensuite RTL, a bien connu.

En 1946, travaillant alors pour la Radiodiffusion Française, Roger Bourgeon et le metteur en ondes (on dit aujourd'hui réalisateur) Manuel Poulet se voient confier la réalisation d'une émission spéciale destinée à fêter le deuxième anniversaire de la Libération de Paris.
Ils décident d'y aller au culot et de demander au Général Leclerc de faire une déclaration, alors que ce dernier n'avait jusqu'à présent parlé qu'une seule et unique fois devant un micro, à Fontainebleau, le jour de ses adieux à la 2ème DB.
L'audace a payé et le 12 août 1946 Roger Bourgeon part en compagnie de deux techniciens chez le Général Leclerc dans son château de Tailly, près d'Amiens.
Le Général Leclerc leur réserve un accueil chaleureux et lit le texte qu'il avait préparé, relatant son entrée dans Paris à la tête de la 2ème DB.
Mais le ton est monotone et Roger Bourgeon, alors tout jeune journaliste, ose timidement lui dire : "Mon Général, accepteriez-vous de faire une seconde version... un peu plus vivante ?".
Leclerc est surpris, mais il accepte, tout en prévenant qu'il ne fera pas de troisième tentative.
Cette fois-ci le Général Leclerc s'applique et l'enregistrement est parfait.
Une fois celui-ci terminé, Leclerc s'inquiète alors :
- Où allez-vous déjeuner ?
- On trouvera bien une auberge sur la route.
- Je ne pense pas. Vous allez partager notre déjeuner familial, vous et vos amis.
Et c'est ainsi que Roger Bourgeon se retrouve à suivre le héros de la Seconde Guerre Mondiale, qui est aux petits soins pour lui, le précédant vers le cabinet de toilettes, lui ouvrant la porte, cherchant une serviette dans une armoire, la dépliant et la lui tendant.
Quelques minutes plus tard, assis entre l'épouse du Général et l'un de leurs enfants, Roger Bourgeon écoute Leclerc raconter l'épopée de la Deuxième DB, mettant toujours en avant ses compagnons d'arme mais jamais lui-même, dans un mélange d'humilité et de droit de réserve poussés à l'extrême.

Après la mort de Leclerc dans un accident d'avion le 28 novembre 1947, Manuel Poulet et Roger Bourgeon réaliseront une nouvelle émission, consacrée cette fois-ci à l'épopée complète de la 2ème DB. Celle-ci a ensuite fait l'objet d'une publication sous forme de disques 78 tours dont j'ai la chance, grâce à mon père de posséder un exemplaire.
C'est vraiment un document exceptionnel et émouvant. Et si vous avez la chance de le trouver dans une brocante je ne saurai trop vous recommander de casser votre tirelire et de l'acheter.

Sinon, malgré de longues recherches, je n'ai pas réussi à savoir ce que sont devenus Manuel Poulet et Roger Bourgeon. Mais j'espère qu'ils sont toujours vivants et en bonne santé, malgré leur âge désormais avancé. En tout cas mon père les tenaient en haute estime. Et le comptable qu'il était a toujours apprécié l'extrême honnêteté de ces deux personnages de l'histoire de la radio, avec qui il n'avait jamais de problème quand au respect des règles concernant leurs notes de frais. Le seul souvenir que je possède est une carte d'abonnement SNCF à demi-tarif de 1960, que Roger Bourgeon, qui connaissait la passion de mon père pour les trains, lui avait offerte après utilisation.
Si l'un d'entre vous possède des informations à leur sujet, j'avoue que je suis preneur.
A bientôt.
Pierre


Tigremou

A défaut de trouver l'incontournable Dictionnaire historique des rues de Paris (1963) de Jacques Hillairet (qui a d'ailleurs sa rue à Paris !), voici de quoi mettre sous le sapin dans quelques jours ...

JMS

M'enfin c'est quoi cette avenue de l'Opera...sans avenue ?  ;D ;D ;D

stratojs

... Ben vi, et sans aucune animation, piétons, chevaux, etc, y a encore du Photoshop là dessous!!  :D

rail77

Bonsoir.
Pour l'Hilairet je l'avais vu chez Gibert : 150 € pour les deux tomes en occasion.
Hors budget pour moi.
Sinon il y a le Bernard Stéphane qui est très bien. Dictionnaire des noms de rues.
20,50 €. Éditions Menges.
Pas d'anecdotes à mes voyageurs aujourd'hui : j'ai une terrible extinction de voix.
Je ne peux plus parler !
Si vous saviez comme j'étais malheureux cet après-midi !
J'espère que cela ira mieux lundi après le week-end.
Car je ferai du 91 et comme je ne vais pas souvent sur cette ligne cela me permets de varier un peu mes histoires.
A bientôt.
Pierre

rail77

Leçon de géographie
Bus 24, 42, 52, 72, 73, 84, 94
La conception de la place de la Concorde, au XVIIIème siècle, est due à Ange-Jacques Gabriel.
Mais d'importants travaux d'embellissement et de réaménagement ont été confiés à Hittorff en 1836.
C'est à cette occasion que l'obélisque de Louxor a été érigé au centre de la place et que sont apparues huit statues représentant chacune une ville française : Brest, Rouen, Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Bordeaux et Nantes.
Et bien si vous vous placez au niveau de l'obélisque de Louxor et que vous regardez en direction de chacune des statues, cela vous donne approximativement la direction qu'il faut suivre pour rejoindre ces villes depuis Paris.
Voilà donc une manière simple et originale pour réviser sa géographie.

rail77

#297
Maîtresse oh ma maîtresse
Bus 24, 42, 52, 72, 73, 84, 94
Restons sur la place de la Concorde et concentrons nous maintenant sur la statue représentant la ville de Strasbourg.
Celle-ci, œuvre de Pradier, a en effet une histoire particulière.
La statue représenterait Juliette Drouet, qui avait été la maîtresse de Pradier, avant de succomber au charme de Victor Hugo !
Par ailleurs, cette statue a longtemps été voilée d'un crêpe noir et fleurie, en rappel du deuil de l'Alsace et de la Moselle, annexés par l'Empire Allemand en 1871.

rail77

Les femmes du 6ème étage
Bus 20 et parfois 63
Dans mon bus, il m'arrive d'emmener quelques célébrités.
J'ai une tendresse toute particulière pour une femme d'une gentillesse extrême, qui à chaque fois qu'elle monte dans mon bus apprécie mes histoires et vient toujours discuter quelques instants en ayant un mot gentil et en prenant systématiquement des nouvelles de mon fils, dont elle se rappelle le prénom, qu'elle avait rencontré un jour qu'il m'accompagnait.
Il s'agit de l'actrice espagnole Carmen Maura.
Egérie de Pedro Almodovar depuis son premier film, elle a tourné avec les plus grands et sa carrière est jalonnée de succès (Volver, Le Bonheur est dans le pré...) et de récompenses, dont notamment trois Goya de la meilleure actrice et un autre de meilleur second rôle féminin en Espagne (c'est l'actrice la plus distinguée de ce pays), deux Félix de meilleure actrice européenne, un prix d'interprétation féminine à Cannes pour le film Volver et enfin un César de meilleure actrice dans un second rôle en 2012 pour Les Femmes du 6ème étage qui est un l'un de mes films préférés, d'où le titre de cette anecdote.
Je me permets donc de lui rendre ici hommage, car malgré sa notoriété et tous les hommages qui lui ont déjà été rendu dans le monde, Carmen Maura, francophone avertie, est un exemple de simplicité et c'est avec un grand plaisir que je l'accueille régulièrement dans mon bus.

rail77

Alfred Pennyworth
Bus 20

Voici une autre personnalité que je vois également régulièrement dans mon bus.
Il s'agit de l'acteur Jacques Ciron.
Ce Monsieur fort sympathique et souriant est aujourd'hui âgé de près de 90 ans mais il a toujours bon pied bon œil.
Spécialiste des seconds rôles au théâtre et au cinéma, il est aussi l'une des figures du doublage.
Son curriculum vitae est d'ailleurs un véritable roman et une vraie référence, car il a joué et il a tourné avec les plus grands : Bardot, Gabin, ou encore Belmondo pour n'en citer que quelques uns.
D'Au Théâtre ce soir, à Mayerling, de Et Dieu créa la femme, aux Ripoux en passant par le Cerveau, sa carrière est exceptionnelle, d'autant plus qu'elle s'accompagne de nombreux doublages de films (Crocodile Dundee, Barry Lindon, Rocky 2, Indiana Jones et la dernière croisade...) et de dessins animés (par exemple, le Chapelier Fou dans Alice au Pays des Merveilles, c'est lui)
Jacques Ciron n'est jamais avare d'anecdotes sur le monde du spectacle et il m'a avoué que l'une des choses qu'il préfère, c'est de faire les voix des dessins animés, avec une préférence pour le personnage du serviteur de Batman, Alfred Pennyworth (qu'il a d'ailleurs aussi doublé pour les films de cinéma).
Très copain avec Annie Cordy, il me donne aussi régulièrement des nouvelles de cette dernière.
Sinon, je ne sais pas pourquoi, mais quand il est là j'ai toujours un trac fou au moment où je raconte une histoire à mes voyageurs et il m'arrive alors régulièrement de bafouiller lamentablement ou de buter sur des mots, ce qui ne se produit pas habituellement.
Quoi qu'il en soit, comme Carmen Maura, il vient systématiquement discuter quelques instants avec moi et c'est aussi toujours avec beaucoup de plaisir que je l'accueille régulièrement dans mon bus.