Profession photographe: qui arrive aujourd'hui à vivre de sa photo ?

Démarré par imagineur, Novembre 05, 2014, 10:35:56

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JCCU

Citation de: vernhet le Novembre 07, 2014, 15:25:41
..
Quand on voit la rapidité avec laquelle le numérique, fossoyeur du métier,  s'est imposé...

Euh, je ne suis pas sur que tout vienne du numérique ....

Je cite:
Auteur photographe depuis 20 ans.
10 premières années, je gagnais peu, à peine le SMIC.
Depuis 10 ans, je n'ai plus de bénéfices, recettes = dépenses.
Depuis 3 ans déficit, en 2014, ce sera 10000 € de déficit
.
2014 moins 20 ans= 1994. A l'époque, le numérique n'existait pas .....

P!erre

Citation de: jmd2 le Novembre 07, 2014, 15:30:50
c'est pas vraiment le numérique qui tue le métier, c'est le manque d'exigences au niveau qualité des clients.

D'accord. Les clients deviennent moins exigeants et se rabattent sur des produits ou des service de moindre qualité qu'avant, c'est indéniable. Ce n'est pas toujours un choix, mais parfois une obligation (manque de finances). Quoique certains clients ont les moyens mais refusent d'investir pour maintenir leur marge (cas de certaines structures importantes en ce qui me concerne).

D'un autre côté, la clientèle moyenne pense que tout est moins cher, que les appareils font des photos de qualité tout seuls (regardez les photos utilisées pour la pub de n'importe quel boîtier). Résultat, votre client imagine que vous obtenez une superbe photo en 20 secondes. Donc, combien valent ces 20 secondes ?

Le numérique fausse un peu le prix de la photo car il n'y a pas forcément un support physique, donc le client ne comprend pas toujours clairement le coût. Comment quelque chose que l'on peut copier si facilement pourrait avoir tel coût (parfois des centaines de francs, voire des milliers) ? C'est le problème pour tous les produits qui deviennent dématérialisés (CD, livre, etc.). Quelle devrait être la baisse de prix juste pour l'acheteur ? Le numérique fausse le rapport que la majorité des gens a avec l’œuvre elle-même, faute d'éducation probablement.
Au bon endroit, au bon moment.

vernhet

Citation de: JCCU le Novembre 12, 2014, 10:54:44
Euh, je ne suis pas sur que tout vienne du numérique ....

Je cite:
Auteur photographe depuis 20 ans.
10 premières années, je gagnais peu, à peine le SMIC.
Depuis 10 ans, je n'ai plus de bénéfices, recettes = dépenses.
Depuis 3 ans déficit, en 2014, ce sera 10000 € de déficit
.
2014 moins 20 ans= 1994. A l'époque, le numérique n'existait pas .....
ptêt ça dépend du domaine d'activité photographique pro. Mais dans mon cas, la cause de la chute de revenus  c'est à 80 % "le numérique " au sens large englobant la prise de vue, la transmission, la diffusion etc (j'ai déjà maintes fois développé) ...Je veux bien imputer les 20% restants à la situation calamiteuse de l'essentiel de la presse papier et celle pas beaucoup plus reluisante des maisons de disques..
Mais comme le marasme qui les frappe a aussi pour cause..."le numérique", 80+20= 100% !
CQFD

Katana

Citation de: vernhet le Novembre 11, 2014, 01:01:38
mais comme la droite, créatrice dudit statut de totoentrepreneur est promise à un prochain retour aux affaires, y'a peu d'espoir de ce côté....

Oui, et en y réfléchissant bien, ces élus (quelque soit le bord) sont les donneurs d'ordres, donc ceux qui réclament des économies et poussent leurs administrations (mairie, CG, CR, OT, etc) a dépenser moins et donc acheter a moindre cout voire a cout zéro si possible.

De ce fait, je les voient mal prendre en compte ce genre de doléances, partant du principe que légiférer en ce sens reviendrait pour eux a se tirer une balle dans le pied (ce qu'ils font souvent , mais pour d'autres raisons  ;D).

Bon, c'est mal barré quoi  :( :(

parkmar

Citation de: Katana le Novembre 12, 2014, 17:43:43
Oui, et en y réfléchissant bien, ces élus (quelque soit le bord) sont les donneurs d'ordres, donc ceux qui réclament des économies et poussent leurs administrations (mairie, CG, CR, OT, etc) a dépenser moins et donc acheter a moindre cout voire a cout zéro si possible.

De ce fait, je les voient mal prendre en compte ce genre de doléances, partant du principe que légiférer en ce sens reviendrait pour eux a se tirer une balle dans le pied (ce qu'ils font souvent , mais pour d'autres raisons  ;D).
Bon, c'est mal barré quoi  :( :(
Je ne sais pas si tu as beaucoup fréquenté les donneurs d'ordre que tu cites mais les économies que tu évoques n'ont jamais été leur vrai souci :)

STB

StB

jdm

 ;D ;D

D'ici 20 ou 30 ans, ça ira mieux, faut rester optimiste  ;D
dX-Man

Bru

Je ne suis pas le seul à en vivre, j'ai ds collègues heureux.
C'est possible.
Mais pas facile.
Faut accepter la vache enragée au début et si la qualité est là (et un peu de chance), ça peut le faire.
Dyslexique ou Disslexyque ?

Katana

Citation de: parkmar le Novembre 13, 2014, 20:13:05
Je ne sais pas si tu as beaucoup fréquenté les donneurs d'ordre que tu cites mais les économies que tu évoques n'ont jamais été leur vrai souci :)
Mais si, ils font des économies sur tout ce qui ne les concerne pas directement, pour les dépenses qui les concerne eux, là, je suis d'accord avec toi, mais bon, c'est un autre sujet  ;D ;D

Katana

Citation de: Bru le Novembre 15, 2014, 00:08:35
Je ne suis pas le seul à en vivre, j'ai ds collègues heureux.
C'est possible.
Mais pas facile.
Faut accepter la vache enragée au début et si la qualité est là (et un peu de chance), ça peut le faire.

Si je comprends bien les propos de certains ici, la vache enragée, ce n'est pas qu'au début, c'est aussi plus tard, voire très tard dans la carrière  ;)

Mais bon, c'est comme partout, faut se battre, sans quoi, rien ne se passe non plus, mais cela doit être parfois décourageant, je veux bien l'admettre.

Bru

Le début peux être plus ou moins long.
Si avant de commencer, tu sais que c'est 1 an, 2 ou 10 (Voir toute ta vie?) tu y vas en connaissance de cause. Mais tu ne sais pas si la sauce va prendre ou pas.

Souvent, j'essaye de décourager les djeunes, si j'y arrive, c'est qu'ils n'ont pas les tripes pour faire le boulot.
Idem pour la presse écrite. C'est possible de se lancer aujourd'hui. Mais entre les petits boulots et la grande presse qu'on imagine, il y a beaucoup de temps.
Dyslexique ou Disslexyque ?

laurent.f

Citation de: Bru le Novembre 16, 2014, 15:41:06
Souvent, j'essaye de décourager les djeunes, si j'y arrive, c'est qu'ils n'ont pas les tripes pour faire le boulot.
Idem pour la presse écrite. C'est possible de se lancer aujourd'hui. Mais entre les petits boulots et la grande presse qu'on imagine, il y a beaucoup de temps.

Pourquoi les décourager ? Dans quel but ? On vit encore de ce métier à condition de se poser les bonnes questions : diffusion, territoire, compétence, mutualisation...

J'accueille des stagiaires bac pro photo pendant de longues semaines et j'essaie de leur montrer que le métier a plus d'une facette. Les plus motivés poursuivront et je n'ai pas le droit de les décourager mais de les parler, d'élargir leur culture photographique, de les encourager à travailler sur des projets photo même en dehors de la formation...

Alors on peut aussi avoir un discours positif !

jm_gw

Citation de: imagineur le Novembre 05, 2014, 10:35:56
Ben moi je me pose la question. Pour franchir le pas... Se déclarer pro...? Entre la crise économique, le numérique, le portable, la presse en berne, plus de photo d'identité ou de mariage (ou presque) etc... Je vois un peu partout la galère des photographes aujourd'hui. Les artisans souffrent gravent... Les autoentrepreneurs arrondissent leur fin de mois... Le débat est ouvert. J'attends vos remarques, retour d'expérience... Car je m'interroge : cela vaut-il le coup aujourd'hui de se lancer photographe pro ? Quel marché...??? (J'ajoute que je suis à Bordeaux)

bon le titre est le même que celui ci et vous devriez lire un peu certains commentaires : pas qu' on veuille vous doucher de suite mais  ...  http://www.profession-photographe.com/presentation/

P!erre

Citation de: Bru le Novembre 16, 2014, 15:41:06
Le début peux être plus ou moins long.
Si avant de commencer, tu sais que c'est 1 an, 2 ou 10 (Voir toute ta vie?) tu y vas en connaissance de cause. Mais tu ne sais pas si la sauce va prendre ou pas.

Pour rebondir, il y a quelques jours, j'ai discuté avec le patron d'un restaurant, environ 55 ans. Il m'a dit que, selon lui, faire se développer une enseigne, mettre les comptes à flots et assurer une bonne clientèle était un plan de dix ans, contre trois ans il y a deux décennies.

À ceux qui se plaignent de mauvais choix politiques qui auraient influencé négativement la photographie en France, je réponds qu'en Suisse la situation est la même. Du reste, depuis toujours, n'importe qui ici peut devenir indépendant et ouvrir son commerce : salon de coiffure, bureau de comptabilité, garage, photographe... Chacun fait ce qu'il veut, qu'il ait les compétences ou pas !
Au bon endroit, au bon moment.

Bru

Citation de: laurent.f le Novembre 17, 2014, 12:44:54
Pourquoi les décourager ? Dans quel but ? On vit encore de ce métier à condition de se poser les bonnes questions : diffusion, territoire, compétence, mutualisation...
...
Alors on peut aussi avoir un discours positif !

Quand je vois l'école où j'étais, on devait être 40 dans la classe. Dans ceux que je vois encore, 2 sont cameramans, et 2 sont photographes (A temps pleins), les autres font autres choses. 20 ans après.
C'est une réalité qu'il faut dire aux élèves. Avec le risque évidement qu'ils fassent autre choses, ce qui fera perdre au prof son travail, voir fermer l'école. Je ne dis pas que tu es malhonnête dans ta démarche. Je ne te connais pas, et je sais que certains profs sont vraiment méritants (Et je remercie encore ici mon prof de sensito et mon premier prof de studio). Les autres formaient (mal) des gens en sachant qu'ils ne trouveraient pas de boulots. Et ce n'est pas honnête de leur part je trouve. Et à mon avis tu ne seras pas d'accord avec moi.  ;)
Mais si tes élèves 20 ans après te disent "Merci", c'est que tu as fait quelque chose de bien. Et je te le souhaite, ainsi qu'à tes élèves.
L'école était pour mes profs un moyen de vivre correctement. Souvent, ils avaient raté leur vie de photographe.

Ah, j'allais oublier, un de ma classe est devenu prof. Comme élève, il était moyen, pour faire la fête il était très bon (Avec une définition de la fête un peu étrange), il était aussi très bon pour récupérer les photos des autres avant les examens. Il c'est lancé comme photographe, à fait faillite et est devenu prof. Comme il était sans emploi, l'école avait des subsides. Pitoyable. Mais on peut dire que ca fait un de plus qui vit de la photo.

Dans mon secteur (Actualité politique), plus personne ne c'est rajouté depuis 10 ans, certains viennent, essayent d'en vivre, et repartent ailleurs.

Ailleurs, certains arrivent à sortir leur épingle du jeux. J'ai une copine au Caire, qui casse la baraque (elle est vraiment bonne), un copain à Budapest s'en sort pas trop mal, alors que son collègue à quitter la profession.

Alors, oui, c'est possible. Mais il faut dire la vérité, telle qu'elle est.
Dyslexique ou Disslexyque ?

muadib

J'ai lu quelque part qu'il sortait chaque année quelque chose comme 4000 élèves des écoles de photo... Et à ça il faut ajouter ceux qui essaient de vivre de la photographie sans passer par une école de photo. Avant 2000, c'était déjà n'importe quoi, mais les élèves qui sortaient des meilleurs écoles (Les Gobelins, Vaugirard) étaient à peu près certain de trouver du boulot comme assistant ou dans les labos pros. Aujourd'hui ce n'est plus le cas.
Alors, suivre une école photo si on a le temps et les sous, pourquoi pas, mais penser que c'est une formation professionnelle au même titre qu'une formation de plombier, de coiffeur ou d'ingénieur, certainement pas. Ca me semble d'ailleurs un premier critère pour juger du sérieux de l'école. S'ils prétendent que vous trouverez du boulot en sortie, méfiance...

laurent.f

Citation de: Bru le Novembre 18, 2014, 00:21:55
C'est une réalité qu'il faut dire aux élèves. Avec le risque évidement qu'ils fassent autre choses, ce qui fera perdre au prof son travail, voir fermer l'école. Je ne dis pas que tu es malhonnête dans ta démarche. Je ne te connais pas, et je sais que certains profs sont vraiment méritants (Et je remercie encore ici mon prof de sensito et mon premier prof de studio). Les autres formaient (mal) des gens en sachant qu'ils ne trouveraient pas de boulots. Et ce n'est pas honnête de leur part je trouve. Et à mon avis tu ne seras pas d'accord avec moi.  ;)
Ah, j'allais oublier, un de ma classe est devenu prof. Comme élève, il était moyen, pour faire la fête il était très bon (Avec une définition de la fête un peu étrange), il était aussi très bon pour récupérer les photos des autres avant les examens. Il c'est lancé comme photographe, à fait faillite et est devenu prof. Comme il était sans emploi, l'école avait des subsides. Pitoyable. Mais on peut dire que ca fait un de plus qui vit de la photo.
Dans mon secteur (Actualité politique), plus personne ne c'est rajouté depuis 10 ans, certains viennent, essayent d'en vivre, et repartent ailleurs.

Quand ils viennent en stage dans mon Atelier, je veille aussi à ce qu'ils aient une bonne orthographe ! Là c'est une taquinerie matinale.
Rien ne nous autorise en tant que professionnels, à saper le moral d'élèves. Oui il y a de mauvaises formations, des boîtes à fric mais aussi d'excellents enseignants qui ne sont pas des photographes frustrés.
Si tu travailles sur le secteur de l'actualité politique (c'est bien vaste car cela va des sorties de conseils des Ministres jusqu'à la presse régionale où il y a toujours des photographes permanents), je suis étonné parce que tu dis car je vois aussi de jeunes confrères et consoeurs qui travaillent sur ce secteur mais pas seulement. Ce sont d'excellents photographes qui vont aussi bien couvrir des élections que d'autres sujets.
J'ai plutôt une bonne lisibilité de la profession en France dans ses différentes activités.

Allez j'arrête car les esprits blasés ou ceux qui tirent à vue sur des photographes voulant se former, cela a tendance à m'exciter de bon matin. Si ces jeunes se plantent, ils le vérifieront d'eux-mêmes et une bonne formation photo peut mener à plus d'un métier qui va de A comme agences pour les iconographes ou commerciaux jusqu'à Z photo-filmeurs dans les Zoos ! Je vais prendre un café pour me calmer.

laurent.f

Citation de: muadib le Novembre 18, 2014, 07:56:24
J'ai lu quelque part qu'il sortait chaque année quelque chose comme 4000 élèves des écoles de photo... Et à ça il faut ajouter ceux qui essaient de vivre de la photographie sans passer par une école de photo. Avant 2000, c'était déjà n'importe quoi, mais les élèves qui sortaient des meilleurs écoles (Les Gobelins, Vaugirard) étaient à peu près certain de trouver du boulot comme assistant ou dans les labos pros. Aujourd'hui ce n'est plus le cas.
Alors, suivre une école photo si on a le temps et les sous, pourquoi pas, mais penser que c'est une formation professionnelle au même titre qu'une formation de plombier, de coiffeur ou d'ingénieur, certainement pas. Ca me semble d'ailleurs un premier critère pour juger du sérieux de l'école. S'ils prétendent que vous trouverez du boulot en sortie, méfiance...

Il faut juste éviter les boîtes à fric mais s'appuyer sur des formations et des structures reconnues en initiale (bac pro et BTS dans les lycées professionnels, Arles, Gobelins...) ou continue (Gobelins, Efet, Arles, Louis Lumière, Etpa...). On dira plutôt qu'ils ne sont que quelques centaines à sortir de formations sérieuses où il manque peut être un peu d'économie du métier : business plan, analyse de marché, reprises d'affaires...

Bru

Ministres, députés,...
On peut en parler quand tu veux dans la vraie vie. Tu as l'air motivé par ce que tu fais. Et je t'admire pour ça.
Où j'étais, on était 3 ou 4 motivés (+ 2 profs), les autres: Les classes étaient chauffées ?

Si tu arrives à transmettre tes motivations à tes élèves, c'est bien. Franchement: Chapeau & respect.

Vu d'un autre côté, former 1000 photographes par an quand il y a de la place pour 10 (Proportions? ? ?) ce n'est pas honnête. Il y a des boulots, vendeur à la F..C, faire du pack shot à la chaine (j'ai fait du temps de l'argentique), du Minilab (métier disparu). Oui, c'est possible. Mais je n ele souhaite pas à grand monde.
Ou alors on forme des gens, ambiance photo club, qui se feront plaisir quand ils feront de la photo, et gagneront leur vie ailleurs?
Mais je ne nie pas que j'ai une vie, pas toujours facile, mais souvent enrichissante. Avec des reportages sympa. Là, je vais filer dans le sud, loin dans le sud, de l'autre côté (sans mon beschrelle  :P )
Dyslexique ou Disslexyque ?

Katana

Citation de: Bru le Novembre 16, 2014, 15:41:06

Idem pour la presse écrite. C'est possible de se lancer aujourd'hui. Mais entre les petits boulots et la grande presse qu'on imagine, il y a beaucoup de temps.

En ce qui concerne la presse (en général) elle risque d'aller de moins en moins bien, car là aussi, les progrès de la technologie vont faire mal au métier de journaliste.
J'ai lu un article sur Paris-Match qui traite de la robotisation et de logiciels capables de de traiter une énorme quantité d'infos, de digérer le tout, et ressortir une synthèse type fil d'actus AFP en moins de temps qu'il faut a un journaliste pour s'asseoir a son bureau.
Les Japonais sont a la pointe sur ce sujet, avec les robots qui diffusent des infos télévisés 24/24 et 7/7, jamais malades, jamais en grève, bref, le pied  ;) ;) ;) ;)

Ce n'est pas un avenir franchement engageant, il faut bien le reconnaitre non ?

laurent.f

Citation de: Bru le Novembre 18, 2014, 10:17:29

Si tu arrives à transmettre tes motivations à tes élèves, c'est bien. Franchement: Chapeau & respect.
Vu d'un autre côté, former 1000 photographes par an quand il y a de la place pour 10 (Proportions? ? ?) ce n'est pas honnête. Il y a des boulots, vendeur à la F..C, faire du pack shot à la chaine (j'ai fait du temps de l'argentique), du Minilab (métier disparu). Oui, c'est possible. Mais je n ele souhaite pas à grand monde.

Mais je ne nie pas que j'ai une vie, pas toujours facile, mais souvent enrichissante. Avec des reportages sympa. Là, je vais filer dans le sud, loin dans le sud, de l'autre côté (sans mon beschrelle  :P )

Je ne suis pas prof mais photographe professionnel qui accueille des stagiaires Bac pro notamment pendant leurs périodes de stages qui durent plusieurs semaines mais je leur parle business plan, économie du métier, logique de ne pas se brader, culture de l'image...

Tu as une vision réductrice du métier. La photo, ce sont plusieurs dizaines de métiers différents : iconographe, photographe social (mariage, portrait...), photographe pour une collectivité locale (j'en connais plusieurs qui sont permanents), photographe permanent en presse régionale (une dizaine de photographes permanents dans mon département au minimum sont à temps complet pour des quotidiens, donc sans doute près de 70 à l'échelle de la région), faire du tirage et pas seulement minilab, correspondance pour des agences ou des magazines en région (je connais des hebdomadaires spécialisés qui paient bien et n'arrivent pas à trouver des photographes dans certaines régions), spécialisation (décoration, animalier, architecture, gîtes, hôtellerie...), reprise d'une affaire en région notamment dans les petites villes où personne ne veut aller...et même pourquoi pas photo-filmeur sur les plages, etc... Je peux encore en citer comme cela d'autres métiers directement liés à la photographie.

muadib

Citation de: laurent.f le Novembre 18, 2014, 20:13:17
La photo, ce sont plusieurs dizaines de métiers différents : iconographe, photographe social (mariage, portrait...), photographe pour une collectivité locale (j'en connais plusieurs qui sont permanents), photographe permanent en presse régionale (une dizaine de photographes permanents dans mon département au minimum sont à temps complet pour des quotidiens, donc sans doute près de 70 à l'échelle de la région), faire du tirage et pas seulement minilab, correspondance pour des agences ou des magazines en région (je connais des hebdomadaires spécialisés qui paient bien et n'arrivent pas à trouver des photographes dans certaines régions), spécialisation (décoration, animalier, architecture, gîtes, hôtellerie...), reprise d'une affaire en région notamment dans les petites villes où personne ne veut aller...et même pourquoi pas photo-filmeur sur les plages, etc... Je peux encore en citer comme cela d'autres métiers directement liés à la photographie.

En 1970 ce discours aurait fait sens. Aujourd'hui, toutes ces spécialisations tendent à disparaître avec une population qui essaie d'échapper au chômage. Présenter ça comme l'avenir à des jeunes, ça me semble fou.

Les iconographes sont en voie d'extinction. Qu'est ce qu'être iconographe aujourd'hui ? http://upp-auteurs.fr/actualites.php?actualite=821
La presse régionale demande de plus en plus à ses journalistes de rédiger les articles et de prendre les photos et à ces correspondants locaux bénévoles d'envoyer des images.
Faire du tirage? Il reste combien de labos pros, et il leur reste combien de tireurs?
"reprise d'une affaire en région notamment dans les petites villes où personne ne veut aller..." Et pourquoi personne ne veut y aller? Pas parce que c'est une petite ville, mais parce que même en faisant en même temps poste, épicerie et café ça permet tout juste de survivre.
Photo-filmeur sur les plages? Soyons sérieux, en une semaine on peut former quelqu'un à cette activité qu'il ne pratiquera que le temps de trouver un "vrai" boulot comme serveur dans un café ou un restau.
J'ai oublié le mariage où même si beaucoup de futurs mariés choisissent souvent un pote vaguement photographe expert qui fera les photos pour rien, il reste du boulot payé correctement. Mais sur ce créneau, on retrouve tous les photographes qui vivaient des activités précédentes et qui essaient de rester à flot même si autrefois, jamais ils n'auraient fait de mariage.
Les "hebdomadaires spécialisés qui paient bien et n'arrivent pas à trouver des photographes dans certaines régions" permet moi d'en douter. Il y a plein d'excellents photographes en région qui n'arrivent plus à vivre décemment de leur métier. Même la presse spécialisée d'ailleurs commence à souffrir. Mais n'hésite pas à communiquer les coordonnées de ces hebdomadaires. C'est top bête lorsque l'offre ne rencontre pas la demande.

Alors faire une école de photo, pourquoi pas, mais comme on ferait les beaux-arts pour devenir sculpteur. Il y a probablement quand même encore un peu plus de débouchés en photo qu'en sculpture, mais le marché est terriblement encombré pour l'instant.

Une enquête qui vient de sortir: "Basculer dans le numérique - Les mutations du métier de photographe" de Sylvain Maresca aux Presses Universitaires de Rennes.

P!erre

Étonnant comme les interventions des uns et des autres sont différentes ! Muadib, je te rejoins dans ton commentaire ci-dessus. Il y a certes des niches où le photographe peut couler des jours agréables (j'ai vu une annonce en ce sens pour un poste à plein temps en Suisse dans une Université, photographier des objets et entrer toutes les données relatives, donc un peu de photo et beaucoup de texte, mais un salaire annuel de CHF 70'000 - 85'000). Ils ont du recevoir des centaines de postulations. Mais pour l'essentiel des postes, le marché est en déclin plus ou moins rapide pour les photographes.

J'ai lu dans le lien de muadlib, le texte suivait à propos des iconographes : Nous travaillons trop vite, donc nous travaillons mal. Nous cherchons du gratuit ou du bas prix malgré nous. Certains d'entre nous volent des images et collent des DR à tout va. De plus en plus souvent certains périodiques aussi bien pour la jeunesse que des magazines économiques, sortent avec 40% de photos gratuites, extraites du net ou transmises par des services de presse. Si nous ne le faisons pas, les maquettistes ou les rédacteurs s'en chargeront. Ils iront eux même trouver les images au hasard sur le net. Nous les mettons en garde contre d'éventuels procès qui leur coûteront plus cher que les photos. La réponse, « on prends le risque, il faut avancer. » L'iconographe évoque que les archives argentiques sont souvent numérisées en Inde, et sont complétées avec des informations approximatives : erreurs de lieux, de dates, de personnes... Comment imaginer concurrencer ici une tâche effectuée approximativement en Inde ? C'est perdu d'avance.

En Suisse, la formation de photographe a évolué récemment (il était temps). Le nouveau plan de formation intègre un nombre important d’heures de cours de «connaissances des marchés», et des crédits dévolus à «entretenir ses réseaux professionnels» et à l’«exécution des tâches administratives» pour «fournir aux futurs professionnels un maximum de cartes en main et les encourager à devenir de véritables entrepreneurs», dit le président de
l’Union suisse des photographes professionnels. Je me demande comment le président répartit les heures du photographes actuelles. Combien d'heures de photographie, et combien d'heures d'autres choses par semaine.

Quant aux "hebdomadaires spécialisés qui paient bien et n'arrivent pas à trouver des photographes dans certaines régions", comme dit laurent.f, eh bien je serai curieux de les connaître. Je vois surtout de plus en plus de mensuels, bi-mensuels etc. professionnels qui demandent des manuscrits pour publication non rémunérée, avec lequel l'auteur doit fournir des photographies également publiées sans rémunération. Tout cela pour un peu de visibilité. Mais que rapporte cette visibilité, spécialement pour le photographe si son nom n'apparaît pas ? Je tairai le nom d'une revue qui pratique ainsi et dont le numéro se vend plus de CHF 20.-
Au bon endroit, au bon moment.

Bru

Mais c'est possible d'y arriver.
En plus de ma copine au Caire, j'ai un copain Ricain, qui vit au Viet Nam de commande du NYTime, et surtout des mariages. On le paye même cher pour aller faire des mariages dans toute l'Asie, voir comme en septembre 2014 en Pologne (venant d'Hanoi ou de LA?).
Et une copine qui galérait pour s'en sortir en journalisme (presse écrite), semblerait avoir trouvé des piges pour un des Magasines nationaux et une télé,... + broutilles.

C'est possible, mais il ne faut pas uniquement être bon, voir très bon, il faut aussi avoir la "gnak" pour passer au dessus de la galère.
Dyslexique ou Disslexyque ?

imagineur

merci pour toutes ces interventions. Mon opinion rejoint le post de muadib. Si ce n'est pas noir, c'est bien gris pour la majorité des pros aujourd'hui. Je pense que les photographes qui s'en sortent le mieux sont hyper spécialisés (ex photo culinaire à Paris) et sont super pointus : surtout ils ont leurs clients et connaissent le réseau et le marché.

Je crois que ce qui tue le plus le métier c'est en effet toutes ces photos sur internet que les clients d'autrefois trouvent aujourd'hui gratos ou très peu chères.