Onychogomphus ?

Démarré par Michel Didier, Juillet 16, 2019, 14:17:11

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Michel Didier

Onychogomphus forcipatus qui plus est ?

Bouare proche de l'Allier, sud de Moulins, ± 240 m, 13 juillet.





[at] +
Michel
Le sot sait, le sage cherche.

alyte

Amicalement Pierre

michel77


Michel Didier

Le sot sait, le sage cherche.

andreP

Le nombre de cellules dans le triangle anal (1ere photo) ainsi que les dessins de l'abdomen et du thorax permettent même d'aller à ssp. unguiculatus.
André

Michel Didier

Citation de: andreP le Juillet 16, 2019, 16:33:48
Le nombre de cellules dans le triangle anal (1ere photo) ainsi que les dessins de l'abdomen et du thorax permettent même d'aller à ssp. unguiculatus.
Alors là, chapeau ! Merci André !

Cdt
Michel
Le sot sait, le sage cherche.

Ajyx

Citation de: andreP le Juillet 16, 2019, 16:33:48
Le nombre de cellules dans le triangle anal (1ere photo) ainsi que les dessins de l'abdomen et du thorax permettent même d'aller à ssp. unguiculatus.

...Malheureusement, ce ne sont pas des critères fiables. Il faut examiner les appendices anaux des mâles pour pouvoir déterminer la sous-espèce. Or, la seconde photo de ce mâle montre une lame supra-anale dont la dent subterminale est verticale et la dent subbasale penchée vers l'arrière => Onychogomphus forcipatus forcipatus.

...Le crop de la seconde photo du fil suivi d'une photo montrant les critères de la sous-espèce forcipatus (http://www.galerie-insecte.org/galerie/view.php?ref=173343)
André

Michel Didier

Désaccord d'Andrés (merci André  :D), O. forcipatus forcipatus alors ?

Question de béotien : comment détermine-t-on qu'un critère est décisif ou qu'il ne l'est pas (ou parfois ne l'est plus  ::)) ? Au départ, c'était sans doute totalement empirique basé sur de l'observation je suppose, mais après, comment ça évolue pour aboutir à la grande valse des taxons à laquelle on assiste en permanence ?

Cdt
Michel
Le sot sait, le sage cherche.

andreP

Le roi du zoom a encore sévit, bravo André  ;)

Après avoir validé mon post j'ai eu un doute en revenant sur cette 2eme vue, mais c'était trop tard !  Comme quoi ... il faut toujours tourner son doigt 7 fois autour de la touche "Entrée" de son clavier avant de valider  >:(
André

Ajyx

Citation de: Crazy Squirrel le Juillet 16, 2019, 17:40:16
...Question de béotien : comment détermine-t-on qu'un critère est décisif ou qu'il ne l'est pas (ou parfois ne l'est plus  ::) ? Au départ, c'était sans doute totalement empirique basé sur de l'observation je suppose, mais après, comment ça évolue pour aboutir à la grande valse des taxons à laquelle on assiste en permanence ?

...Par des études morphométriques, voire génétiques, doublées d'études écologiques, chorologiques, éthologiques, phénologiques... ;D
André

pierr07

Citation de: Crazy Squirrel le Juillet 16, 2019, 17:40:16
Désaccord d'Andrés (merci André  :D), O. forcipatus forcipatus alors ?

Question de béotien : comment détermine-t-on qu'un critère est décisif ou qu'il ne l'est pas (ou parfois ne l'est plus  ::) ? Au départ, c'était sans doute totalement empirique basé sur de l'observation je suppose, mais après, comment ça évolue pour aboutir à la grande valse des taxons à laquelle on assiste en permanence ?

Cdt
Michel
André a raison. Les dessins thoraciques autrefois utilisés ne sont pas fiables. Le seul critère utilisable actuellement est l'angle de la dent. De plus la ssp unguiculatus a une distribution bien plus méridionale dont la limite nord se situe en gros au milieu du département de l'Ardèche.
Pierre

Michel Didier

Citation de: Ajyx le Juillet 16, 2019, 17:44:51
...Par des études morphométriques, voire génétiques, doublées d'études écologiques, chorologiques, éthologiques, phénologiques... ;D
Patrimoines génétiques différents donc, mais les 2 ssp restent très proches. Sont elles "hybridables", et si oui, les hybrides sont-ils fertiles, auquel cas, peut-on réellement parler de ssp différentes ...
Aïe ma tête ! J'ai bien fait de ne pas faire de recherche en entomo ... O0

Citation de: pierr07 le Juillet 16, 2019, 17:45:03
André a raison. Les dessins thoraciques autrefois utilisés ne sont pas fiables. Le seul critère utilisable actuellement est l'angle de la dent. De plus la ssp unguiculatus a une distribution bien plus méridionale dont la limite nord se situe en gros au milieu du département de l'Ardèche.
Pierre
Par exemple, j'ai une dentition irrégulière, avec un implantation un peu en vrac. Ca ne fait pas de moi une ssp   ??? >:D ;D ?!!??!

Cdt
Michel
Le sot sait, le sage cherche.

marray

Citation de: Crazy Squirrel le Juillet 16, 2019, 16:58:29
Alors là, chapeau ! Merci André !
Cdt
Michel
Et andreP qui comptait que tu allais lui payer à "bouare" !  :D
Tiens, à ce sujet, toute ma vie j'ai écrit "boire" pour désigner ces bras morts de la Loire (ou peut-être la "Louare" !). Etais-je dans l'erreur ?  ???

Michel Didier

Citation de: marray le Juillet 16, 2019, 18:17:42
Et andreP qui comptait que tu allais lui payer à "bouare" !  :D
Tiens, à ce sujet, toute ma vie j'ai écrit "boire" pour désigner ces bras morts de la Loire (ou peut-être la "Louare" !). Etais-je dans l'erreur ?  ???
Tu as sans doute raison pour la Loire, mais là, c'est l'Allier. Où ça de la mauvaise foi ? Non, pas du tout !  :P :D ;D

Cdt
Michel
Le sot sait, le sage cherche.

marray

#14
Citation de: Ajyx le Juillet 16, 2019, 17:44:51
...Par des études morphométriques, voire génétiques, doublées d'études écologiques, chorologiques, éthologiques, phénologiques... ;D
Certes, il y a bien un recours à tous ces aspects de la connaissance et de la recherche mais, parce que certains priment sur d'autres, ils ne me semblent pas cités dans le bon ordre et surtout cela ne répond pas vraiment à la question de Crazy Squirrel. Mais ça, le smiley d'Ajyx montre qu'il le savait très bien. ;)

Michel Didier

Citation de: marray le Juillet 16, 2019, 18:34:07
Certes, il y a bien un recours à tous ces aspects de la connaissance et de la recherche mais, parce que certains priment sur d'autres, ils ne me semblent pas cités dans le bon ordre et surtout cela ne répond pas vraiment à la question de Crazy Squirrel. Mais ça, le smiley d'Ajyx montre qu'il le savait très bien. ;)
Tu as peut-être une réponse toi ?
Citation de: pierr07 le Juillet 16, 2019, 17:45:03
André a raison. Les dessins thoraciques autrefois utilisés ne sont pas fiables. Le seul critère utilisable actuellement est l'angle de la dent. De plus la ssp unguiculatus a une distribution bien plus méridionale dont la limite nord se situe en gros au milieu du département de l'Ardèche.
Pierre
tu as peut-être (sûrement ) une réponse toi ?
Le sot sait, le sage cherche.

marray

Citation de: Crazy Squirrel le Juillet 16, 2019, 23:10:54
Tu as peut-être une réponse toi ?
tu as peut-être (sûrement ) une réponse toi ?
Bonjour Crazy Squirrel,
Ta question ne concerne pas que l'espèce Onychogomphus forcipatus forcipatus, et le problème qui consiste à repérer un critère comme discriminant, simple dans sa définition, est forcément lié à l'état des connaissances du moment où ce critère est identifié. 
Cette situation est identique, quel que soit le niveau (famille, genre, espèce etc.)
Pour plus de clarté, limitons nous ici à l'espèce et à un seul critère discriminant.
Plusieurs cas de figure peuvent alors se présenter où le caractère discriminant se trouve invalidé et donc à redéfinir:
1) Si on reste dans la systématique classique  donc sans le recours à des analyses génétiques :
    a) des observations nouvelles révèlent que ce critère n'est pas permanent ou qu'il est partagé par une autre espèce (nouvelle ou très anciennement et sommairement décrite et redécouverte etc.)
    b) lors d'une révision de genre, une espèce se trouve divisée en deux espèces et le même critère ne peut pas être discriminant pour les deux
2) Révisions à partir d'analyses génétiques (où le cas b ci-dessus peut également se présenter):
     Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans le détail des opérations et des protocoles mais pour une espèce donnée il est nécessaire de rassembler un grand nombre d'individus (vivants ou conservé dans l'alcool absolu), identifiés selon la systématique classique et de provenance géographique aussi variée que possible.
     Ce sont ces travaux qui, aujourd'hui, apportent le plus grand nombre de modifications (changement de famille, de genre, éclatement ou regroupement  d'espèces). Et on dispose aujourd'hui d'une banque de codes barres pour un nombre de plus en plus important d'espèces.
Mais comme nous avons besoin de faire des identifications de terrain ne serait-ce que pour les suivis nécessaires à la gestion de la biodiversité, il est nécessaire de disposer de clés qui, dans l'état actuel de l'outillage qui peut être proposé aux prospecteurs, ne peuvent être basées que sur ces critères discriminants.
Il est donc indispensable que les auteurs de ces révisions, une fois la séparation phylogénétique réalisée, fassent ce travail de repérage et de publication de nouveaux critères discriminants observables avec les outils optiques disponibles. C'est parfois un peu long à obtenir.
Pour en revenir à Onychogomphus forcipatus forcipatus, j'ignore si cette espèce a fait l'objet d'un barcoding mais pierre07 le sait certainement. Ce qui est certain c'est que, le genre Onychogomphus n'existant pas à l'époque de Linné, ce dernier a dû décrire cet animal dans le genre Libellula (comme toutes les araignées dans le genre Aranea) et que le critère déterminant n'est certainement pas à chercher dans cette description. :)

Michel Didier

Donc, si on résume, plus on a de réponses, plus on a de questions, plus on se remet en question, ce qui renvoie à ma signature ...

J'envie parfois les " mandarins " pleins de certitudes qui, depuis toujours, pensent que la (leur) science a résolu tous les mystères de la nature, quitte à nier certaines évidences si leurs schémas académiques n'en expliquent pas le fonctionnement. On ne peut pas le prouver, donc ce n'est pas. Exemple flagrant récemment avec l'homéopathie, l'argumentaire "on ne peut pas prouver que c'est efficace" établissant plus la carence des moyens de mesure (et éventuellement l'efficacité du lobbying des labos allopathiques) que l'absence d'efficacité ... Ils me font un peu penser aux médecins de Molière, rien n'a vraiment changé depuis quelques siècles !

C'était la minute philosophique d'un écureuil dérangé  8) ...

Cdt
Michel
Le sot sait, le sage cherche.

Ajyx

...Merci Marray pour cette réponse : je ne me sentais pas d'entrer dans les détails de ces procédures car les cas sont multiples et souvent complexes.

...La publication du ou des critères discriminants observables à l'œil nu ou à la loupe est bien sûr primordiale quand il(s) a (ont) été défini(s) sur un grand nombre et validé(s) (par la génétique notamment).

...Néanmoins, des cas restent au "placard" comme par exemple la découverte récente d'une nouvelle espèce d'Orvet grâce à la génétique : l'Orvet de Vérone (Anguis veronensis) présent dans l'extrême sud-est de France continentale. Or, aucun critère discriminant visuel fiable n'a pu être mis en évidence.

...Conclusion : à part faire de la génétique sur les Orvets capturés lors d'inventaires, impossible de savoir de manière certaine si l'on a affaire à l'Orvet fragile (Anguis fragilis) ou à l'Orvet de Vérone (A. veronensis???
André

coval95

Citation de: Ajyx le Juillet 17, 2019, 13:38:43
...Merci Marray pour cette réponse : je ne me sentais pas d'entrer dans les détails de ces procédures car les cas sont multiples et souvent complexes.

...La publication du ou des critères discriminants observables à l'œil nu ou à la loupe est bien sûr primordiale quand il(s) a (ont) été défini(s) sur un grand nombre et validé(s) (par la génétique notamment).

...Néanmoins, des cas restent au "placard" comme par exemple la découverte récente d'une nouvelle espèce d'Orvet grâce à la génétique : l'Orvet de Vérone (Anguis veronensis) présent dans l'extrême sud-est de France continentale. Or, aucun critère discriminant visuel fiable n'a pu être mis en évidence.

...Conclusion : à part faire de la génétique sur les Orvets capturés lors d'inventaires, impossible de savoir de manière certaine si l'on a affaire à l'Orvet fragile (Anguis fragilis) ou à l'Orvet de Vérone (A. veronensis???
Je serais bien curieuse de savoir comment on sépare 2 espèces à l'aide la génétique ? Y a-t-il un (ou des) critère(s) absolu(s) ou est-ce pifométrique ?

Et concernant ces 2 espèces d'orvets, sont-elles interfécondes et si oui, la descendance est-elle stérile ? Et si la réponse à ces questions est connue, comment l'a-t-on obtenue ? Y a-t-il eu des élevages d'orvets en laboratoire ?

marray

Citation de: Crazy Squirrel le Juillet 17, 2019, 12:45:57
Donc, si on résume, plus on a de réponses, plus on a de questions, plus on se remet en question, ce qui renvoie à ma signature ...
J'envie parfois les " mandarins " pleins de certitudes qui, depuis toujours, pensent que la (leur) science a résolu tous les mystères de la nature, quitte à nier certaines évidences si leurs schémas académiques n'en expliquent pas le fonctionnement. On ne peut pas le prouver, donc ce n'est pas. Exemple flagrant récemment avec l'homéopathie, l'argumentaire "on ne peut pas prouver que c'est efficace" établissant plus la carence des moyens de mesure (et éventuellement l'efficacité du lobbying des labos allopathiques) que l'absence d'efficacité ... Ils me font un peu penser aux médecins de Molière, rien n'a vraiment changé depuis quelques siècles !
C'était la minute philosophique d'un écureuil dérangé  8) ...
Cdt, Michel.
Ah ! Je ne m'attendais pas à cette conclusion. Mais peut-être n'était-ce que celle du développement parallèle concernant l'homéopathie. Car je ne vois pas, dans l'évolution des méthodes et des outils de recherche que j'ai évoquée, ainsi que dans les avancées de la connaissance qui en résultent, l'autorité souterraine de mandarins archaïques et sûrs d'eux comme tu les décris. Je n'en rencontre pas. La question était de comprendre pourquoi et comment on devait établir ce qui rendait un critère discriminant et pourquoi il pouvait être sujet à révision. Je croyais au contraire avoir laissé entendre qu'il y avait du changement, notamment le souci de recourir à des outils qui n'existaient pas naguère, et tenté de le justifier. J'ai peut-être mal exposé mon sujet.  :(

marray

#21
Citation de: Ajyx le Juillet 17, 2019, 13:38:43
...Merci Marray pour cette réponse : je ne me sentais pas d'entrer dans les détails de ces procédures car les cas sont multiples et souvent complexes.
...La publication du ou des critères discriminants observables à l'œil nu ou à la loupe est bien sûr primordiale quand il(s) a (ont) été défini(s) sur un grand nombre et validé(s) (par la génétique notamment).
...Néanmoins, des cas restent au "placard" comme par exemple la découverte récente d'une nouvelle espèce d'Orvet grâce à la génétique : l'Orvet de Vérone (Anguis veronensis) présent dans l'extrême sud-est de France continentale. Or, aucun critère discriminant visuel fiable n'a pu être mis en évidence.

...Conclusion : à part faire de la génétique sur les Orvets capturés lors d'inventaires, impossible de savoir de manière certaine si l'on a affaire à l'Orvet fragile (Anguis fragilis) ou à l'Orvet de Vérone (A. veronensis???
Cette information est à nuancer. La découverte de l'espèce Anguis veronensis n'est pas due à la génétique. Selon la littérature disponible, l'espèce a été découverte en 1818 en Italie par Pollini, puis redécrite par Risso sous le nom d'Anguis cinerea en 1826, laquelle fut mise en synonymie avec veronensis pour cause d'antériorité.
Et je lis :

"Selon Gvoz & al. (2010) un certain nombre de caractères permettent d'identifier A. veronensis :
•La tête de A. veronensis est plus massive que celle d'A. fragilis.
•Sa queue est également plus longue avec un nombre d'écailles sous-caudales supérieures:
•Chez 28% des spécimens étudiés par Gvoz & al. (59 spécimens), les écailles préfrontales ne sont pas en contact, un caractère bien plus rare chez A. fragilis (6% des 63 spécimens étudiés).
•Les caractères liés à la coloration doivent être vérifiés (coloration noire au niveau de l'abdomen)".


Les populations italiennes d'orvets auraient évolué séparément à partir de la formation de la chaîne alpine et cela suffisamment longtemps pour qu'une séparation spécifique puisse être envisageable.
La génétique n'est intervenue que pour confirmer cette espèce, qui n'est donc pas si nouvelle!
Je ne connais pas (pas encore du moins) l'article publié en 2013 par  Gvoz & al.  (Molecular Phylogenetic and Evolution) et ignore donc pourquoi ils n'auraient pas pu, ou pas cru nécessaire, de donner des critères observables plus nets que ceux indiqués ci-dessus permettant une identification certaine d'A. veronensis;)


Michel Didier

Citation de: marray le Juillet 17, 2019, 14:53:46
Ah ! Je ne m'attendais pas à cette conclusion. Mais peut-être n'était-ce que celle du développement parallèle concernant l'homéopathie. Car je ne vois pas, dans l'évolution des méthodes et des outils de recherche que j'ai évoquée, ainsi que dans les avancées de la connaissance qui en résultent, l'autorité souterraine de mandarins archaïques et sûrs d'eux comme tu les décris. Je n'en rencontre pas. La question était de comprendre pourquoi et comment on devait établir ce qui rendait un critère discriminant et pourquoi il pouvait être sujet à révision. Je croyais au contraire avoir laissé entendre qu'il y avait du changement, notamment le souci de recourir à des outils qui n'existaient pas naguère, et tenté de le justifier. J'ai peut-être mal exposé mon sujet:(
Non, tu as très bien posé les données qui font avancer les choses : l'état de la connaissance au moment T est à un certain niveau, de nouveaux outils voient le jour en permanence et permettent d'affiner les voies de recherche, voire de faire demi-tour pour sortir d'impasses qui en leur temps ont pu passer pour des avenues prometteuses. Ça suppose d'être capable de remettre en cause l'enseignement qu'on a reçu, mis aussi pas mal d'humilité car il faut aussi être capable d'admettre qu'on a pu ne pas aller dans la bonne direction, et de discernement car dans les connaissances existantes, s'il y a des erreurs ou des imprécisions, il y a aussi beaucoup de vrai.

J'ai juste débordé assez largement du sujet initial et mis l'accent sur le côté obscur, tout ce qui freine la curiosité, veut figer les choses pour tout un tas de raisons, l'exemple pris n'est rien d'autre qu'une illustration du fait que des biais voire une certaine malhonnêteté intellectuelle peuvent émerger, souvent proportionnels aux intérêts personnels et/ou financiers en jeu.

Mais là, on sort complètement du sujet.
Le sot sait, le sage cherche.

Ajyx

Citation de: coval95 le Juillet 17, 2019, 14:28:05
Je serais bien curieuse de savoir comment on sépare 2 espèces à l'aide la génétique ? Y a-t-il un (ou des) critère(s) absolu(s) ou est-ce pifométrique ?

...Grâce à la distance génétique qui est la mesure du degré de parenté entre espèces en fonction des différences constatées entre les séquences de gènes homologues.

Citation de: marray le Juillet 17, 2019, 16:01:40
Cette information est à nuancer. La découverte de l'espèce Anguis veronensis n'est pas due à la génétique. Selon la littérature disponible, l'espèce a été découverte en 1818 en Italie par Pollini, puis redécrite par Risso sous le nom d'Anguis cinerea en 1826, laquelle fut mise en synonymie avec veronensis pour cause d'antériorité.
Et je lis :

"Selon Gvoz & al. (2010) un certain nombre de caractères permettent d'identifier A. veronensis :
•La tête de A. veronensis est plus massive que celle d'A. fragilis.
•Sa queue est également plus longue avec un nombre d'écailles sous-caudales supérieures:
•Chez 28% des spécimens étudiés par Gvoz & al. (59 spécimens), les écailles préfrontales ne sont pas en contact, un caractère bien plus rare chez A. fragilis (6% des 63 spécimens étudiés).
•Les caractères liés à la coloration doivent être vérifiés (coloration noire au niveau de l'abdomen)".


Les populations italiennes d'orvets auraient évolué séparément à partir de la formation de la chaîne alpine et cela suffisamment longtemps pour qu'une séparation spécifique puisse être envisageable.
La génétique n'est intervenue que pour confirmer cette espèce, qui n'est donc pas si nouvelle!
Je ne connais pas (pas encore du moins) l'article publié en 2013 par  Gvoz & al.  (Molecular Phylogenetic and Evolution) et ignore donc pourquoi ils n'auraient pas pu, ou pas cru nécessaire, de donner des critères observables plus nets que ceux indiqués ci-dessus permettant une identification certaine d'A. veronensis;)

...J'étais au courant de l'historique de cette espèce mais j'ai fait court en disant qu'elle avait été découverte, en France, grâce à la génétique car aucun herpétologue ne l'avait jamais donnée.

...Et pour cause, la génétique a permis de "découvrir" cette espèce en France car les critères que tu énumères ne sont pas fiables et aucun herpétologue n'a été et n'est capable actuellement de dire s'il tient dans les mains un Orvet fragile ou un Orvet de Vérone, sauf à faire de la biométrie sur un grand nombre d'individus  :(
André

Ajyx

...Tiré de l'ouvrage de référence : Identifier les Reptiles de France métropolitaine (Muratet, 2015) :

..."d'après une récente étude phylogénétique de Gvozdik et al. (2013) et appuyée par Mezzalma et al. (2013) les Orvets d'Italie initialement assimilés à Anguis fragilis formeraient une nouvelle espèce, nommée Anguis veronensis Pollini, 1818 et déborderaient en France dans l'extrême Sud-Est.
Ayant une queue relativement plus longue, une tête légèrement plus massive et présentant des écailles préfrontales plus séparées en moyenne que la sous-espèce nominale, la diagnose phénotypique apparaît toutefois hasardeuse tant ces caractéristiques se chevauchent entre ces deux espèces."...
André

coval95

Merci André et marray pour vos réponses détaillées.  :)

Atriplex

Eh oui, la notion d'espèce n'est pas si évidente!   Et c'est pire pour les végétaux!...
Gérard

marray

#27
Citation de: Ajyx le Juillet 17, 2019, 17:10:35
...Tiré de l'ouvrage de référence : Identifier les Reptiles de France métropolitaine (Muratet, 2015) :
..."d'après une récente étude phylogénétique de Gvozdik et al. (2013) et appuyée par Mezzalma et al. (2013) les Orvets d'Italie initialement assimilés à Anguis fragilis formeraient une nouvelle espèce, nommée Anguis veronensis Pollini, 1818 et déborderaient en France dans l'extrême Sud-Est.
Ayant une queue relativement plus longue, une tête légèrement plus massive et présentant des écailles préfrontales plus séparées en moyenne que la sous-espèce nominale, la diagnose phénotypique apparaît toutefois hasardeuse tant ces caractéristiques se chevauchent entre ces deux espèces."...
Bonjour Ajyx,
Je suis bien d'accord avec cela, et j'espère n'avoir pas laissé penser qu'il était possible de parvenir à une détermination certaine avec les éléments que proposaient Gvozdik & al. et que j'avais cités.
Ce que je craignais, c'est que ta formulation: "...Néanmoins, des cas restent au "placard" comme par exemple la découverte récente d'une nouvelle espèce d'Orvet grâce à la génétique : l'Orvet de Vérone (Anguis veronensis) présent dans l'extrême sud-est de France continentale. Or, aucun critère discriminant visuel fiable n'a pu être mis en évidence", (dont on n'a su qu'après qu'il s'agissait d'un raccourci) n'attribue la responsabilité du manque de critères fiables au fait qu'il se serait agi à la fois d'une découverte récente d'espèce et cela grâce à la phylogénie cellulaire.
Des incertitudes semblables il en existe d'autres où la génétique n'est pas en cause et, lorsqu'au contraire c'est le cas, la découverte d'un élément pérenne observable, commun à des individus dont l'analyse génétique permet de les classer dans la même espèce, tarde d'autant plus à se présenter que leur repérage, comme dans le cas qui nous occupe, a échoué pendant deux siècles. ;)
Mais n'allons-nous pas faire oublier que le fil de Crazy Squirrel nous proposait un Onychogomphus forcipatus;D

Michel Didier

Citation de: marray le Juillet 18, 2019, 12:15:28
Bonjour Ajyx,
Je suis bien d'accord avec cela, et j'espère n'avoir pas laissé penser qu'il était possible de parvenir à une détermination certaine avec les éléments que proposaient Gvozdik & al. et que j'avais cités.
Ce que je craignais, c'est que ta formulation: "...Néanmoins, des cas restent au "placard" comme par exemple la découverte récente d'une nouvelle espèce d'Orvet grâce à la génétique : l'Orvet de Vérone (Anguis veronensis) présent dans l'extrême sud-est de France continentale. Or, aucun critère discriminant visuel fiable n'a pu être mis en évidence", (dont on n'a su qu'après qu'il s'agissait d'un raccourci) n'attribue la responsabilité du manque de critères fiables au fait qu'il se serait agi à la fois d'une découverte récente d'espèce et cela grâce à la phylogénie cellulaire.
Des incertitudes semblables il en existe d'autres où la génétique n'est pas en cause et, lorsqu'au contraire c'est le cas, la découverte d'un élément pérenne observable, commun à des individus dont l'analyse génétique permet de les classer dans la même espèce, tarde d'autant plus à se présenter que leur repérage, comme dans le cas qui nous occupe, a échoué pendant deux siècles. ;)
Mais n'allons-nous pas faire oublier que le fil de Crazy Squirrel nous proposait un Onychogomphus forcipatus ?  ;D
On  ne peut que se réjouir d'un élargissement du sujet d'une telle qualité ...
Le sot sait, le sage cherche.

mslicht

Vu que la discussion a fortement divergé vers l'orvet , je me permets une question. J'ai malheureusement blessé un orvet avec a tondeuse (pourtant réglée bien haut). Vaut il mieux abrégé les souffrances ou lui laisser la possibilité de guérir si la blessure n'est pas létale ?

Merci de vos discussions toujours fort intéressantes à suivre
cdlt

mslicht

Ajyx

...Le mieux est de l'amener chez un vétérinaire car je ne vois comment te répondre, ne sachant même pas la localisation et l'étendue de la blessure, si des organes vitaux ont été touchés...
André

Ajyx

Citation de: marray le Juillet 18, 2019, 12:15:28
Bonjour Ajyx,
Je suis bien d'accord avec cela, et j'espère n'avoir pas laissé penser qu'il était possible de parvenir à une détermination certaine avec les éléments que proposaient Gvozdik & al. et que j'avais cités...

...Bonjour Marray,

...Sachant tes grandes connaissances en la matière, je l'avais bien compris  :)

...Heureusement, la génétique permet actuellement de clarifier beaucoup de situations.

...Exemple avec la Mélitée du mélampyre (Melitaea athalia) qui, dans un premier temps était scindée en France en deux sous-espèces : la sous-espèce nominale (M. athalia athalia) et la sous-espèce M. athalia celadussa plus méridionale, ces deux taxons ayant été séparés par Reverdin en 1920 eu égard aux différences relevées dans l'armature génitale des mâles. En 1922, il publia une analyse détaillée de la répartition d'athalia et de celadussa.

...En 1953, Jean Bourgogne publia quant à lui le résultat de ses recherches sur la zone de transition entre les deux sous-espèces en constatant qu'elle était peuplée très majoritairement d'hybrides. Les auteurs de l'époque s'accordèrent tous pour continuer à considérer celadussa comme simple sous-espèce d'athalia. Néanmoins, Bourgogne considérait qu'il avait affaire à deux espèces distinctes car il avait remarqué que la zone d'hybridation était étroite et que de part et d'autre il ne trouvait plus qu'athalia au nord et celadussa au sud, ce qui laissait à penser que les hybrides n'étaient pas fertiles puisqu'ils n'arrivaient pas à diffuser hors de la zone de contact étroite.

...Ces deux taxons ont néanmoins continué a être considérés comme des sous-espèces. Et ce n'est qu'en 2009 que Julien Leneveu révéla d'importantes différences entre les ADN nucléaires d'athalia et de celadussa, d'avantage même qu'entre athalia et deione dont la séparation spécifique ne fait aucun doute.

...D'abord nommée Melitaea celadussa, cette espèce fut ensuite appelée Melitaea nevadensis et commence tout juste a être reconnue au plan spécifique.
André

Atriplex

Citation de: Ajyx le Juillet 18, 2019, 15:11:23
...En 1953, Jean Bourgogne publia quant à lui le résultat de ses recherches sur la zone de transition entre les deux sous-espèces en constatant qu'elle était peuplée très majoritairement d'hybrides. Les auteurs de l'époque s'accordèrent tous pour continuer à considérer celadussa comme simple sous-espèce d'athalia. Néanmoins, Bourgogne considérait qu'il avait affaire à deux espèces distinctes car il avait remarqué que la zone d'hybridation était étroite et que de part et d'autre il ne trouvait plus qu'athalia au nord et celadussa au sud, ce qui laissait à penser que les hybrides n'étaient pas fertiles puisqu'ils n'arrivaient pas à diffuser hors de la zone de contact étroite.
On est là dans la définition même de l'espèce. On considère classiquement que deux individus appartiennent à la même espèce s'ils peuvent se croiser et donner des descendants eux-mêmes fertiles. Donc, pour établir cela avec certitude, il faudrait faire le test pour toutes les espèces, et bien sûr en labo pour tout contrôler!!
Gérard

Ajyx

...Malheureusement, il y a des exceptions à la règle  :(

...Exemple (entre autres) : certains taxons du groupe des grenouilles vertes qui se croisent et donnent des hybrides fertiles élevés d'ailleurs eux-mêmes au rang d'espèce.
André

Atriplex

Citation de: Ajyx le Juillet 18, 2019, 17:35:47
...Malheureusement, il y a des exceptions à la règle  :(

...Exemple (entre autres) : certains taxons du groupe des grenouilles vertes qui se croisent et donnent des hybrides fertiles élevés d'ailleurs eux-mêmes au rang d'espèce.
Donc, voilà une source de discussion sans fin: selon la définition classique, ces taxons sont tous de la même espèce: ils se croisent (donc sont sympatriques)  leur descendance est fertile. Alors, pourquoi en avoir fait des espèces différentes? Est-ce bien raisonnable?  ;)
Gérard

coval95

Citation de: Atriplex le Juillet 18, 2019, 16:07:27
On est là dans la définition même de l'espèce. On considère classiquement que deux individus appartiennent à la même espèce s'ils peuvent se croiser et donner des descendants eux-mêmes fertiles. Donc, pour établir cela avec certitude, il faudrait faire le test pour toutes les espèces, et bien sûr en labo pour tout contrôler!!
Ben oui, c'était le sens de ma question :

Citation de: coval95 le Juillet 17, 2019, 14:28:05
...
Et concernant ces 2 espèces d'orvets, sont-elles interfécondes et si oui, la descendance est-elle stérile ? Et si la réponse à ces questions est connue, comment l'a-t-on obtenue ? Y a-t-il eu des élevages d'orvets en laboratoire ?

Je ne crois pas qu'André m'ait répondu sur ce point.  ???

coval95

Citation de: coval95 le Juillet 17, 2019, 14:28:05
Je serais bien curieuse de savoir comment on sépare 2 espèces à l'aide la génétique ? Y a-t-il un (ou des) critère(s) absolu(s) ou est-ce pifométrique ?

Et concernant ces 2 espèces d'orvets, sont-elles interfécondes et si oui, la descendance est-elle stérile ? Et si la réponse à ces questions est connue, comment l'a-t-on obtenue ? Y a-t-il eu des élevages d'orvets en laboratoire ?
Citation de: Ajyx le Juillet 17, 2019, 16:27:19
...Grâce à la distance génétique qui est la mesure du degré de parenté entre espèces en fonction des différences constatées entre les séquences de gènes homologues.
...
André, ta réponse soulève (pour moi qui n'ai pas de connaissances particulières en génétique) une autre question (qui ramène en fait à la précédente) : comment évalue-t-on la distance génétique qui doit séparer des individus d'espèces distinctes ? N'y a-t-il pas une part d'arbitraire dans cette évaluation ?
Etant donné que la définition initiale de l'espèce est celle qu'a rappelée Gérard un peu plus haut, on peut espérer que la génétique donne dans la majorité des cas les mêmes résultats sauf à devoir revoir en totalité la classification du monde vivant.

Citation de: coval95 le Juillet 17, 2019, 14:28:05
...
Et concernant ces 2 espèces d'orvets, sont-elles interfécondes et si oui, la descendance est-elle stérile ? Et si la réponse à ces questions est connue, comment l'a-t-on obtenue ? Y a-t-il eu des élevages d'orvets en laboratoire ?
Peut-on se contenter de la distance génétique pour considérer qu'il y a 2 espèces ? En le faisant, ne risque-t-on pas de voir un jour les faits contredire la théorie ?

Ajyx

Citation de: Atriplex le Juillet 18, 2019, 17:41:24
Donc, voilà une source de discussion sans fin: selon la définition classique, ces taxons sont tous de la même espèce: ils se croisent (donc sont sympatriques)  leur descendance est fertile. Alors, pourquoi en avoir fait des espèces différentes? Est-ce bien raisonnable?  ;)

...Parce que les espèce parentes sont suffisamment éloignées génétiquement (et morphologiquement, écologiquement et bioacoustiquement) pour qu'elles soient considérées comme des espèces valides. Et les hybrides viables sont considérés également comme des espèces puisque leur matériel génétique est différent des espèces parentes, leur morphologie ainsi que leur bioacoustique également (voire leur écologie) et qu'ils se reproduisent en formant des populations pérennes.

...Sinon, il faut savoir que la définition "classique" d'une espèce est très très dure à... définir  :D
André

Ajyx

#38
Citation de: coval95 le Juillet 18, 2019, 18:17:04
Ben oui, c'était le sens de ma question :

Je ne crois pas qu'André m'ait répondu sur ce point.  ???

...Je ne sais pas si des essais d'hybridation ont eu lieu mais, comme je viens d'en donner un exemple, deux espèces peuvent très bien se croiser en donnant des hybrides viables.

PS : Il y a trop de questions, je ne sais plus où j'en suis et ma fille me crie "tu viens manger Papa !". Je vais donc essayer de répondre un peu plus tard  :)
André

Michel Didier

Citation de: Ajyx le Juillet 18, 2019, 18:56:40
...Parce que les espèce parentes sont suffisamment éloignées génétiquement (et morphologiquement, écologiquement et bioacoustiquement) pour qu'elles soient considérées comme des espèces valides. Et les hybrides viables sont considérés également comme des espèces puisque leur matériel génétique est différent des espèces parentes, leur morphologie ainsi que leur bioacoustique également (voire leur écologie) et qu'ils se reproduisent en formant des populations pérennes.

...Sinon, il faut savoir que la définition "classique" d'une espèce est très très dure à... définir  :D
Ne faut-il pas alors s'interroger sur la pertinence d'un système de classification qui débouche sur autant de difficultés ?  :angel: ::)
Le sot sait, le sage cherche.

alyte

Citation de: Ajyx le Juillet 18, 2019, 18:56:40
...Parce que les espèce parentes sont suffisamment éloignées génétiquement (et morphologiquement, écologiquement et bioacoustiquement) pour qu'elles soient considérées comme des espèces valides. Et les hybrides viables sont considérés également comme des espèces puisque leur matériel génétique est différent des espèces parentes, leur morphologie ainsi que leur bioacoustique également (voire leur écologie) et qu'ils se reproduisent en formant des populations pérennes.

...Sinon, il faut savoir que la définition "classique" d'une espèce est très très dure à... définir  :D

d'accord avec André, je suis impressionné par le déroulement de certains "fils" on part d'une identification d'odonate pour passer à un orvet puis à la définition d'une espèce...bref un inventaire à la Prévert :) :) :) c'est un travail à plein temps de suivre toutes ces discussions :o :o :o très intéressant en tout cas...
Amicalement Pierre

Ajyx

...Je suis encore à la bourre et ne pourrai pas répondre ce soir aux questions de Corinne  :(

...Pour la notion d'espèce, cela me rappelle les longues discussions à ce sujet lors de mes études universitaires...

...Et comme l'indiquait Darwin :

..."Il est vain de croire que les biologistes pourront se mettre d'accord sur une définition universelle de l'espèce s'ils admettent une vision évolutionniste du monde vivant."...

...Quelques liens intéressants :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A8ce

http://www.maxicours.com/se/fiche/4/1/395841.html

https://www.universalis.fr/encyclopedie/espece-biologie/5-la-notion-d-espece-aujourd-hui/
André

coval95

Pas grave, André. Merci pour les liens.  :)
(Pas pu aller bien loin avec universalis, n'étant pas abonnée).

Ajyx

#43
Citation de: coval95 le Juillet 18, 2019, 18:40:58
André, ta réponse soulève (pour moi qui n'ai pas de connaissances particulières en génétique) une autre question (qui ramène en fait à la précédente) : comment évalue-t-on la distance génétique qui doit séparer des individus d'espèces distinctes ? N'y a-t-il pas une part d'arbitraire dans cette évaluation ?
Etant donné que la définition initiale de l'espèce est celle qu'a rappelée Gérard un peu plus haut, on peut espérer que la génétique donne dans la majorité des cas les mêmes résultats sauf à devoir revoir en totalité la classification du monde vivant.
Peut-on se contenter de la distance génétique pour considérer qu'il y a 2 espèces ? En le faisant, ne risque-t-on pas de voir un jour les faits contredire la théorie ?

...je vais essayer de te répondre du mieux que je peux, Corinne, car je ne suis pas généticien et n'ai suivi aucun cursus en la matière (à l'époque de mes études, ça n'existait pas). Mes misérables connaissances en génétique sont donc totalement autodidactes.

...En préliminaire, je me dois d'indiquer que l'impossibilité d'interfécondité entre deux espèces n'est pas un élément discriminant pour élever un organisme au rang spécifique. Par exemple, Le Grizzly et l'Ours polaire, deux espèces distinctes, sont néanmoins interfécondes (comme le Chameau et le Dromadaire).

...On considère donc actuellement que deux espèces ne peuvent être interfécondes que pour des raisons géographiques, écologiques, phénologiques, morphologiques... naturelles. Ont parle alors de coupure du flux génétique généré par la reproduction sexuée.

...Concernant la différenciation des espèces, la génétique permet de comparer le degré de ressemblance (ou de divergence) entre deux organismes mais généralement corrélé à des analyses anatomiques, morphologiques, chorologiques, phénologiques, écologiques... et comparé à d'autres distances génétiques obtenues avec des taxons du même groupe. Comme je l'ai expliqué plus haut, Melitaea nevadensis, outre les différences constatées sur l'armature des pièces génitales des mâles, est plus proche génétiquement de M. deione que de M. athalia dont elle était considérée comme simple sous-espèce. Il ne peut donc s'agir que d'une espèce à part entière. Malgré tout, elle n'a été reconnue que très récemment alors que la publication date de 2009. Tout n'est donc pas si facile... et tout change en fonction des avancées fulgurantes des connaissances en génétique, d'où cette valse actuelle de la nomenclature et de la taxinomie.

...Un exemple encore : la génétique vient assez récemment de montrer que l'arbre classique – Dinosaures donnant les Reptiles d'un côté et les Oiseaux de l'autre – était faux. En fait les Oiseaux sont plus proches génétiquement des crocodiles actuels que ces derniers ne le sont du reste des Reptiles vivants ! On devrait donc appeler les Oiseaux « Reptiles aviens » et sortir les Crocodiles de la branche des Reptiles, lesquels devraient être nommés Reptiles non aviens.

...La génétique permet également de dater l'époque de séparation de deux espèces : pour l'Orvet de Vérone, la séparation avec l'Orvet fragile a été estimée à 8000 ans (de mémoire).

...En espérant avoir répondu à tes attentes et, surtout, que d'autres questions ne viennent pas rallonger encore ce fil qui, au départ concernait l'identification d'un Odonate. De plus je ne pourrai aller plus loin par manque de connaissances et ne souhaite pas que ce fil continue à dériver et devienne interminable même si les discussions sont très enrichissantes : on est dans une section détermination  :)
André

marray

Les questions de Corinne couvraient un champ tellement vaste et si difficile à résumer sans quelques raccourcis discutables, que, bien qu'ayant fait quelques études tardives de biologie cellulaire et de barcoding de végétaux, j'étais soulagé qu'elle les ait dirigées vers Ajyx et surtout que ce dernier se soit proposé d'y répondre. Et comme je trouve qu'il ne s'en est pas mal tiré, je me permets de lui adresser des remerciements.  :)

coval95

Citation de: Ajyx le Juillet 19, 2019, 11:12:16
...je vais essayer de te répondre du mieux que je peux, Corinne, car je ne suis pas généticien et n'ai suivi aucun cursus en la matière (à l'époque de mes études, ça n'existait pas). Mes misérables connaissances en génétique sont donc totalement autodidactes.
Elles sont forcément plus grandes que les miennes. ;)

Citation de: Ajyx le Juillet 19, 2019, 11:12:16
...En préliminaire, je me dois d'indiquer que l'impossibilité d'interfécondité entre deux espèces n'est pas un élément discriminant pour élever un organisme au rang spécifique. Par exemple, Le Grizzly et l'Ours polaire, deux espèces distinctes, sont néanmoins interfécondes (comme le Chameau et le Dromadaire).

...On considère donc actuellement que deux espèces ne peuvent être interfécondes que pour des raisons géographiques, écologiques, phénologiques, morphologiques... naturelles. Ont parle alors de coupure du flux génétique généré par la reproduction sexuée.
Je me demande toujours comment on traite le cas du chihuahua et du grand danois (races canines artificielles) mais aussi du poney et du cheval de grande taille (la petite taille du poney étant peut-être d'origine naturelle dans certaines contrées au sol pauvre ?)...

Citation de: Ajyx le Juillet 19, 2019, 11:12:16
...Concernant la différenciation des espèces, la génétique permet de comparer le degré de ressemblance (ou de divergence) entre deux organismes mais généralement corrélé à des analyses anatomiques, morphologiques, chorologiques, phénologiques, écologiques... et comparé à d'autres distances génétiques obtenues avec des taxons du même groupe. Comme je l'ai expliqué plus haut, Melitaea nevadensis, outre les différences constatées sur l'armature des pièces génitales des mâles, est plus proche génétiquement de M. deione que de M. athalia dont elle était considérée comme simple sous-espèce. Il ne peut donc s'agir que d'une espèce à part entière. Malgré tout, elle n'a été reconnue que très récemment alors que la publication date de 2009. Tout n'est donc pas si facile... et tout change en fonction des avancées fulgurantes des connaissances en génétique, d'où cette valse actuelle de la nomenclature et de la taxinomie.
Merci bien, André, cette réponse me convient tout à fait.  :)

Citation de: Ajyx le Juillet 19, 2019, 11:12:16
...Un exemple encore : la génétique vient assez récemment de montrer que l'arbre classique – Dinosaures donnant les Reptiles d'un côté et les Oiseaux de l'autre – était faux. En fait les Oiseaux sont plus proches génétiquement des crocodiles actuels que ces derniers ne le sont du reste des Reptiles vivants ! On devrait donc appeler les Oiseaux « Reptiles aviens » et sortir les Crocodiles de la branche des Reptiles, lesquels devraient être nommés Reptiles non aviens.
J'étais au courant de cette proximité (découverte récemment) des oiseaux avec les crocodiles mais j'ai un peu de mal à suivre ton raisonnement : d'accord pour sortir les crocodiles de la branche des reptiles mais pourquoi vouloir appeler les oiseaux « Reptiles aviens » ?
Soit tu intègres les oiseaux aux reptiles et tu y laisses les crocodiles, soit tu exclus ces deux groupes des reptiles, non ?

Citation de: Ajyx le Juillet 19, 2019, 11:12:16
...La génétique permet également de dater l'époque de séparation de deux espèces : pour l'Orvet de Vérone, la séparation avec l'Orvet fragile a été estimée à 8000 ans (de mémoire).

...En espérant avoir répondu à tes attentes et, surtout, que d'autres questions ne viennent pas rallonger encore ce fil qui, au départ concernait l'identification d'un Odonate. De plus je ne pourrai aller plus loin par manque de connaissances et ne souhaite pas que ce fil continue à dériver et devienne interminable même si les discussions sont très enrichissantes : on est dans une section détermination  :)
Un grand merci, André, d'avoir passé du temps à satisfaire ma curiosité, mais, soit dit en passant, je doute que ça ait ennuyé les autres participants, bien au contraire.  ;)
Par contre je comprends très bien que tu n'aies pas que ça à faire ou que le sujet sorte de ton domaine de compétences qui est déjà très vaste et dont tu nous fais profiter pour notre plus grand plaisir.  :-*

Ajyx

Citation de: coval95 le Juillet 19, 2019, 17:35:24
...J'étais au courant de cette proximité (découverte récemment) des oiseaux avec les crocodiles mais j'ai un peu de mal à suivre ton raisonnement : d'accord pour sortir les crocodiles de la branche des reptiles mais pourquoi vouloir appeler les oiseaux « Reptiles aviens » ?...

...Une dernière réponse et puis j'arrête  :D

...Pour ça (tirée de https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_phylog%C3%A9n%C3%A9tique) :
André

coval95

Citation de: Ajyx le Juillet 19, 2019, 19:22:05
...Une dernière réponse et puis j'arrête  :D

...Pour ça (tirée de https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_phylog%C3%A9n%C3%A9tique) :
Vi, mais tu as tronqué ma réponse !  :D

Citation de: coval95 le Juillet 19, 2019, 17:35:24
...
J'étais au courant de cette proximité (découverte récemment) des oiseaux avec les crocodiles mais j'ai un peu de mal à suivre ton raisonnement : d'accord pour sortir les crocodiles de la branche des reptiles mais pourquoi vouloir appeler les oiseaux « Reptiles aviens » ?
Soit tu intègres les oiseaux aux reptiles et tu y laisses les crocodiles, soit tu exclus ces deux groupes des reptiles, non ?
...