Voila, "Autrement", tout est dit.
Ce sont les défauts du matériel qui donnaient, du temps de l'argentique, tout le charme à la photographie. Ou plutôt l'utilisation qu'en faisaient les photographes pour faire passer leurs émotions.
Déjà, le passage à la couleur a tué la poésie.
Parfaitement piquées, parfaitement exposées, une balance des blancs irréprochable et des couleurs fidèles, géométriquement corrigées, cropées pour un cadrage millimétré, photoshopées, les photos désormais ... se ressemblent toutes.
De plus en plus, le matériel se perfectionne. De plus en plus ... la photographie m'emmerde.
Hier, au pied d'un monument, un couple avec ses deux smartphones. Ils ne se regardaient pas. Ils tournaient le dos au monument, l'appareil levé au dessus de leurs tête. Je me suis demandé ce qu'ils étaient en train de faire. Et puis j'ai compris: Ils se photographiaient eux-mêmes, c'est moi là, sur fond du monument. "Martine à la ville", "Martine à la campagne". Avec, entre les deux, un instantané de l’assiette au restau. Moi je, sur les rézosocios. Selfie, qu'ils disent.
Il est mal barré, l'art de la photographie. Mal barré.
Je suis en grande partie d'accord et partage ton constat, notamment la fin de la citation...
Toutefois, le numérique permet aussi de "jouer" sur la qualité technique d'une image avec une latitude artistique intéressante je trouve.
Perso, en post-prod, j'ajoute souvent à mes clichés ce que d'aucuns appelleraient des "défauts" : granulation, dérives chromatiques, fuites de lumières, sur ou sous-expositions (globales ou localisées), vignettage...
Enfin bref ce qui a un moment donné pour telle ou telle photographie, me passe par la tête... si je souhaite le faire, et par rapport à mon sujet, à l'ambiance que je veux obtenir, l'effet, que sais-je encore.
Petite démonstration (vous allez comprendre où je veux en venir à la fin
)
Dernièrement, j'étais en Chine chez mes beaux-parents, et je me baladais de nuit dans le parc à côté de mon lieu de villégiature. Et je tombe sur un kiosque que je décide de photographier.
Kiosque banal, parc sympa mais banal, ambiance nocturne... nocturne
... sauf qu'un réverbère éclaire d'une manière intéressante la scène, je trouve...
Je cadre, je shoote, 5000 iso, f2.8 à 24mm, 1/8.
La photo "brut" me plait... puis je commence lors de la post prod à "jouer" avec des réglages perso que j'avais programmé dans DXO... et cela donne deux versions d'une photo... dont la scène "réelle" n'a strictement rien à voir, mis à part le sujet :
Une version "nettoyée", mais totalement fantaisiste quant au traitement chromatique.
Le Pavillon Rouge (clear and clean) by
N06/]Dave StarWalker, sur Flickr
et une version volontairement bruitée, granulée, tavaillée aussi dans le ciel, etc. :
Le Pavillon Rouge (dark and dirt) by
N06/]Dave StarWalker, sur Flickr
J'aime les 2, et cela me va, et j'aurai sans doute pu encore faire bien des variations
Mais là où c'est intéressant par rapport à la discussion :
1/ L'intelligence artificielle de mon smartfoune... elle aurait fait quoi ?
2/ Mes photos sont hébergées sur mon smartfoune Huawei P20 pro... qui a une fonction "intelligente" permettant de reconnaître les doublons de photos, les photos floues, etc. Et bien entendu, mon P20 pro très intelligent... considère que ces 2 clichés sont des doublons...
Et souvent les photos à grande ouverture sont considérées comme floues d'après cette fabuleuse I.A...
Voilà où je voulais en venir