Microstock - Un vrai amateur peut-il vendre ses photos - Chapitre 3

Démarré par OuiOuiPhoto, Janvier 29, 2010, 11:53:37

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Zouave15

Citation de: youri le Avril 16, 2010, 11:26:06
personnellement , je suis sur les MS pour vendre !! pas pour avoir de la reconnaissance .  Après si pour certain je suis un couillon , no problem , quand a la vaseline ...   no comment.  mes virements paypal m'en dispense :D

Eh bien, tu es clair et c'est très bien. Si tu as lu mon propos, je ne disais pas qu'il était couillon d'être sur les MS mais qu'il était couillon d'y être en espérant la reconnaissance.

Zouave15

Citation de: pphilippe le Avril 16, 2010, 10:11:31
Vivre de l'art a toujours été très difficile, seule une minorité y arrive. La photo n'échappe pas á la règle.

Soit, le droit d'auteur est là pour permettre au photographe (ou autre) de développer son travail, mais comme tu le précises, tout en survivant. Et survivre n'est pas vivre.

Le photographe auteur fait une grave erreur á vouloir se considérer comme  une espèce á protéger, parce que garant d'un haut niveau de culture et de création. Si tel est le cas et s'il ne veut  vivre  que de son art et de sa passion, il doit assumer pleinement ses choix, en d'autre termes accepter de galèrer,  ne pas se plaindre et aussi  ne pas compter sur la mise en place d'un système proche de celui des intermittents pour le soutenir, qui ne serait autre que de l'assistanat.

Une autre solution s'offre lui, faire comme Elfrankito ou comme Olivier, faire de l'alimentaire. En photographie comme Elfrankito ou avec une autre activité comme Olivier.


Philippe

Je pense Philippe que tu n'as pas une vision exacte de la chose. Les auteurs ou/et artistes sont très nombreux de par le monde et ils apportent quelque chose de singulier et hors les modes. La société dans son ensemble en a besoin, et il n'y a aucune raison que la société ne les protège pas. Les lois sont faites pour organiser le marché, ce qu'elles font déjà ; par exemple, le statut auteur, la TVA à 5,5 et diverses facilités qui sont là pour organiser ce marché, tenir compte de sa structure et de ses besoins propres.

Assumer ses choix, personnellement je le fais au quotidien, et je suis loin d'être le seul. Mais, pour moi, assumer ses choix ne signifie pas se taire et encore moins accepter de se laisser plumer par de peu scrupuleux, qui recherchent un maigre bénéfice dont le but est uniquement de justifier leurs dépenses photo aux yeux de leur conjoint, ou dont le but est de se faire mousser, ou d'avoir le plaisir d'une diffusion (souvent illusoire, mais là n'est pas le sujet) ; ou tout simplement, se faire parfois plumer indirectement par des gens qui n'ont pas bien réfléchi à la question.

Assumer ses choix ne signifie pas pour moi tout accepter au nom de ces choix.

Assumer ses choix ne signifie pas nécessairement en assumer facilement toutes les conséquences. C'est une nuance que peu comprennent, mais que je vais faire comprendre peut-être un peu brutalement, mes excuses d'avance.

Imaginons Philippe que nous adressions à quelques cadres sup, à la situation plus qu'enviable, et que nous soyons sur un forum santé. L'un parlerait de son infarctus, l'autre d'un cancer, un troisième serait en fauteuil suite à un accident cardiovasculaire, d'autres seraient épuisés, et d'autres divorcés ou autres.

Te viendrait-il à l'idée de dire à ces gens, je te cite : « assumer pleinement ses choix, en d'autre termes accepter de galérer [remplacer par : être malade ou crever],  ne pas se plaindre et aussi  ne pas compter sur la mise en place d'un système proche de celui des intermittents [remplacer par Sécurité sociale, hôpital et autre] pour le soutenir, qui ne serait autre que de l'assistanat » ?

De la même manière que je peux aider un malade (de plein de manières différentes, et d'ailleurs il m'arrive même de le faire professionnellement - certaines de mes anciennes activités), malade qui pour moi l'est uniquement par conséquence de ses choix, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas aider un artiste ou un auteur qui en a besoin.

La solidarité consisterait-elle à assumer collectivement les erreurs (ou choix) des uns et pas celles des autres ?

Ou si je prends un exemple plus brutal, face à un motard en fauteuil roulant, qui proposerait de lui enlever la sécu en lui disant un « de toute façon, c'est de ta faute, assume-tes choix » ? Idem avec les fumeurs, les alcoolos, les toxicos et tutti quanti.

Assumer ses choix passe par le fait d'assumer que leurs conséquences puissent nécessiter de l'aide.

stougard

Citation de: Zouave15 le Avril 16, 2010, 11:48:05
De la même manière que je peux aider un malade (de plein de manières différentes, et d'ailleurs il m'arrive même de le faire professionnellement - certaines de mes anciennes activités), malade qui pour moi l'est uniquement par conséquence de ses choix, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas aider un artiste ou un auteur qui en a besoin.

T'as pas l'impression de pousser le bouchon carrement trop loin ?

Sans compter qu'aider un auteur, encore, pourquoi pas. Mais quand ce meme auteur dit sur son site : "Aucune photo ni texte n'est libre de droit (mentions légales). Usage des textes et photos interdit sur internet hormis pour présenter mon travail. Tout usage non autorisé de texte ou de photo sera surfacturé 250 €".

J'ai pas l'impression que le dit auteur qu'il faudrait soit disant "aider" soit lui meme dans une culture du don et de l'aide de son prochain.


Lictor

Citation de: Zouave15 le Avril 15, 2010, 20:16:47
Bien sûr, c'est un risque réel... tant que l'Urssaf ne met pas son nez dedans, car il est certain qu'elle requalifiera le tout en salaire. Et que de fait, il y a contrat de travail.

Peu probable : elle est payée par un service public. C'est comme pour les permittents d'ailleurs, on en trouve énormément chez les chaines de télé publiques... A ma connaissance, l'Urssaf n'y a jamais rien trouvé à redire et ça fait plus de dix ans que ça dure et que c'est connu...

CitationLe modèle économique de l'auteur est très bien étudié, et la courbe des revenus est basse et faite de pics brefs. La question qui se pose est de savoir s'il faut ajouter au pot pour que les auteurs ne se paupérisent pas, avec le risque de l'assistanat ; mais un système comme celui des intermittents est envisageable.

Euh, le système des intermittents est à l'abandon. Le MEDEF et le gouvernement veulent sa peau et semblent bien partis pour l'avoir. Un système qui permet à des précaires de s'en sortir en imposant des conditions aux employeurs, c'est dangereux! Depuis la réforme, l'intermittence marche surtout bien pour les employeurs qui en abusent. Par contre, pour les gens auquel il s'adresse vraiment (acteurs et techniciens du spectacle vivant), il devient de moins en moins possible d'en vivre, les abus sont légions (du genre, je te déclare mais je ne te verse aucun salaire) et il faut de plus en plus tricher pour pouvoir s'y maintenir.
Je ne souhaite donc pas vraiment ça aux photographes...

Par contre, tu devrais jeter un oeil sur le statut d'artiste en Belgique. Le frère de ma compagne est plasticien et a quitté la France pour Bruxelles, et le statut dont il bénéficie semble marcher un peu près correctement.
Il y a donc déjà des statuts sociaux adaptés aux artistes en dehors du spectacle vivant, simplement pas en France...

Zouave15

Citation de: Lictor le Avril 16, 2010, 12:33:45
Il y a donc déjà des statuts sociaux adaptés aux artistes en dehors du spectacle vivant, simplement pas en France...

Ça serait intéressant que tu développes. Je citais les intermittents pour donner un exemple, mais à vrai dire je ne suis pas trop favorable aux aides. La situation actuelle me va en France, sauf en ce qui concerne les expositions, difficiles à financer.

Lictor

Citation de: pphilippe le Avril 16, 2010, 10:11:31
ne pas compter sur la mise en place d'un système proche de celui des intermittents pour le soutenir, qui ne serait autre que de l'assistanat.

L'intermittence n'a rien à voir avec l'assistanat!

C'est un investissement. Le spectacle vivant rapporte énormément d'argent pour des investissements très bas - il suffit de voir l'économie globale des festivals. L'intermittence permet de rendre le système viable pour la production de culture vivant afin que celle-ci puisse rapporter beaucoup à l'industrie touristique.

Et surtout, l'intermittence est avant tout un régime destiné aux employeurs - tout comme l'intérim! Il ne faut pas oublier que la spécificité du régime, c'est avant tout de permettre des dérogations au droit du travail français. Le régime d'indemnisation de l'intermittence n'est qu'une compensation et une adaptation à cette dérogation. C'est le même principe que l'annexe d'à côté, l'intérim : on autorise par dérogation une exception aux lois sur le travail mais cette dérogation est compensée par un régime spécifique qui permet d'en compenser la précarité.
Il ne faut pas inverser les liens de causalité et y voir de l'assistanat...

S'il y a assistanat dans l'intermittence, c'est principalement en direction des employeurs! En effet, le régime leur permet d'employer des gens qui ont des caractéristiques de profession libérale (recherche d'emploi permanente, pas de sécurité de l'emploi, formation continue non payée par l'employeur...) tout en les payant à un salaire comparable à un simple salarié qui ne supporte pas ces charges...

Katana

Je souhaite juste apporter mon soutien a la position de Lictor, connaissant quelques personnes ayant ce statut ( pas des acteurs connus, juste de simples techniciens) et ils prefereraient volontiers un autre systeme a celui ci, vu la façon dont il a été perverti par les employeurs.

Ce que je trouve juste choquant dans ce statut, c'est quand il offre a des gens connus, qui touchent de très fortes sommes pour tourner un film, c'est de pouvoir bénéficier des largesses du systeme, alors qu'ils n'en ont vraiment pas besoin par rapport au petit personnel (je ne me veux bien sur pas péjoratif en employant ce terme)

Lictor

Citation de: Katana le Avril 16, 2010, 15:30:45
Je souhaite juste apporter mon soutien a la position de Lictor, connaissant quelques personnes ayant ce statut ( pas des acteurs connus, juste de simples techniciens) et ils prefereraient volontiers un autre systeme a celui ci, vu la façon dont il a été perverti par les employeurs.

C'est vrai pour les techniciens, mais moins pour les acteurs. A moins d'augmenter colossalement leur salaire ou de faire du théâtre comme loisir en plus d'un vrai boulot ou d'avoir une fortune familiale, l'intermittence est pour eux le seul choix. De toute façon, aucun théâtre ne va passer des comédiens en CDI aux 35h....

Le métier des comédiens est très différent, parce qu'une bonne partie de l'activité n'est pas rémunérée. En fait, on est très proche de l'activité en indépendant, mais avec une facturation bien moindre. Je vois par exemple sur mon père :
- frais pour les gamins qui explosent. Par exemple, il n'y a à Paris qu'une seul crèche qui assure les gardes jusqu'à 22h. Ce qui est de touche façon insuffisant, généralement on est à la maison vers 1h du matin quand on joue. Donc, 1 soir de jeu = 4-5h de baby sitter.
- pas d'avantages sociaux comme les tickets restos ou le remboursement de la carte Orange
- pas de mutuelle employeur. Par exemple, mon père doit payer une mutuelle indépendante qui lui coûte plus d'une centaine d'euros pour une couverture ridicule (100% et pas grand chose en optique et dentaire) comparée à ma mutuelle à 40€ (400% + gros forfaits sur optique et dentaire)
- les heures d'apprentissage du texte sont faites à la maison et non rémunérées
- les heures de recherche et d'appropriation du rôle ne sont pas payées
- les heures passées à chercher les costumes ne sont pas rémunérées (les costumier, c'est pour la Comédie Française)
- les heures de "stage" ne sont pas rémunérées. Pour ceux qui ne connaissent pas, on transforme par exemple 15j de répétitions (payées) en "stage de formation" (non rémunéré). On ne paye que les soirs de jeu.

Au final, il y a facilement 50% du temps de travail qui échappe à toute rémunération. L'intermittence vient en fait rémunérer ce temps de travail officieux.

CitationCe que je trouve juste choquant dans ce statut, c'est quand il offre a des gens connus, qui touchent de très fortes sommes pour tourner un film, c'est de pouvoir bénéficier des largesses du systeme, alors qu'ils n'en ont vraiment pas besoin par rapport au petit personnel (je ne me veux bien sur pas péjoratif en employant ce terme)

Oui et non. C'est en tout cas moins choquant que le régime général par exemple.

Sur le régime général, tu peux avoir un très très bon chômage si tu avais un bon salaire. Et encore plus avec le jeu des primes. Par exemple, je m'étais retrouvé au chômage avec des indemnités supérieures à mon salaire habituel, simplement parce que j'avais reçu une prime de 60.000 francs dans l'année.

Avec l'intermittence, le montant des cachets pris en compte est plafonné. Au delà du plafond, les cachets supplémentaire alimentent nettement moins ton indemnisation. Du coup, si tu gagnes beaucoup, tu reçois en proportion beaucoup moins que le type qui gagne peu.
En tout cas, c'était le système avant 2000. Les différentes réformes ont cassé cet aspect des choses. Avant 2000, des gens comme Depardieu gagnaient des sommes symboliques de l'intermittence (ce qui est à mon avis une bonne chose : quand on cotise, on doit recevoir). Grâce aux réformes, ils ont effectivement la possibilité de gagner maintenant des sommes significatives.

Katana

Voila qui est éclairant, je me coucherait moins bête ce soir, merci Lictor.

Elfranckito

c'est toujours très sympa les sujets franco français. vive l'Europe :)

Lictor

C'est un sujet européen ;)

Par exemple, l'exception culturelle française à une époque a attiré énormément d'étrangers en France! Dans les années 90, quand on fréquentait les milieux de la danse ou du théâtre, on croisait énormément de gens venu d'Angleterre, d'Allemagne, de Belgique ou d'ailleurs. C'est comme ça que ma belle-mère allemande s'est retrouvée à vivre en France et à épouser un français.
Du coup, la France a vraiment été à l'avant-garde à une époque au niveau du spectacle vivant (danse, théâtre, arts de la rue), tout simplement parce que son exception culturelle (intermittence, mode de financement, théâtre public) était extrêmement attractive pour les artistes des autres pays.

Depuis les années 2000, la France est en train de sacrifier l'exception culturelle. L'intermittence est quasiment morte (sauf pour les entreprises qui en abusent où elle se porte très bien), le ministère de la culture ne finance presque plus la création et oriente ses fonds vers le patrimoine et les régions n'ont plus d'argent. Du coup, on assiste au mouvement inverse : les artistes étrangers sont rentrés chez eux, et se sont maintenant les artistes français qui vont travailler à l'étranger (dans des villes comme Bruxelles, Berlin ou Lisbonne).
Et du coup, la France est en train de disparaitre au niveau de la création artistique, à la fois pour le spectacle vivant mais aussi dans d'autres domaines (à cause de l'immobilier et du coût de la vie notamment).

En fait, c'est donc très européen comme sujet...

Zouave15

C'est un sujet mondial ;)

Moi aussi, je croyais que c'était un sujet franco-français, aussi je ne parlais pas de tout ça ; le droit d'auteur me préoccupe depuis la première fois où je me suis fait avoir dans les grandes largeurs, en 1990, puis plus fort encore en 1995, car ça portait sur l'équivalent aujourd'hui de près d'un M€ (si, si).

Puis, en étudiant la question, je me suis aperçu que c'était traité au niveau européen, par la Commission elle-même, qui rend de nombreux rapports à ce sujet. Il me semble d'ailleurs qu'Argos en sait pas mal sur ce sujet.

J'ai ensuite constaté que, contrairement aux légendes urbaines, le droit d'auteur n'évolue pas vers le droit américain, et qu'au contraire c'est le droit américain qui s'inspire du nôtre. Certes, il y a une différence fondamentale de conception, mais ça n'empêche pas des rapprochements.

La Commission européenne estime que les droits d'auteurs constituent un enjeu économique majeur de la période à venir.

Seuls les chinois posent problème car ils voudraient bien pouvoir copier ce qu'ils veulent... et ensuite s'arroger les droits dessus. Là encore, différence de culture, différence de préoccupations économiques, mais des convergences à venir (plus tard, certes).

Si un jour il y a un droit mondial du droit d'auteur, il sera certainement inspiré du droit d'auteur à la française, avec des aménagements, déjà en cours, dans le droit français.

Le droit d'auteur tend même à sortir de son pré carré, et de plus en plus de choses qui étaient brevetables sont également protégées par le droit d'auteur, autrement dit le créateur est protégé au lieu que ce soit une multinationale qui empoche la mise.

Des réflexions sont en cours car les brevets empêchent les petits créateurs d'œuvrer, or il sont souvent très créatifs. Là, on se heurte au fait qu'une idée n'est pas protégeable mais seulement la forme ; néanmoins, un brevet qui serait décrit devrait pouvoir entrer dans le registre du droit d'auteur.

Et donc s'il y a un enjeu, il n'est pas franco-français, mais entre le droit d'auteur et les brevets ; il semble que le droit d'auteur ait un avantage, mais les brevets rapportent.

Le droit d'auteur, c'est la protection du pot de terre contre le pot de fer, et ceux qui prônent le libre ou/et le gratuit pour tout, et non pas seulement sur des bases de service (comme le logiciel) sont les idiots utiles du pot de fer ; ils n'ont tout simplement rien compris aux enjeux.

Je rappelle une fois de plus que le libre fonctionne en logiciel, est même assez logique, car le développement de l'informatique est collaboratif. On pourrait comparer au savoir, chacun a un petit bout de savoir, et tous ensemble nous construisons quelque chose.

Or, nul besoin de créer des licences libres pour la savoir puisque par définition, il est déjà libre. En effet, si quelqu'un écrit un article sur un sujet qu'il connaît, seul l'article est protégé, les idées et les informations pouvant être reprises par quiconque. Évidemment, il faut se fendre d'un nouvel article.

Le libre permet de reprendre l'article tel quel, c'est une flemme et une mauvaise idée pour la création. Alors que le droit actuel conduit à intégrer les idées dans les siennes et à pondre un nouvel article. Là, il y a création, ou démultiplication de l'information, et vulgarisation si le nouvel article est plus simple.

Lictor

Citation de: Zouave15 le Avril 18, 2010, 11:06:19
Je rappelle une fois de plus que le libre fonctionne en logiciel, est même assez logique, car le développement de l'informatique est collaboratif. On pourrait comparer au savoir, chacun a un petit bout de savoir, et tous ensemble nous construisons quelque chose.

Or, nul besoin de créer des licences libres pour la savoir puisque par définition, il est déjà libre. En effet, si quelqu'un écrit un article sur un sujet qu'il connaît, seul l'article est protégé, les idées et les informations pouvant être reprises par quiconque. Évidemment, il faut se fendre d'un nouvel article.

Euh, non. Je rappelle qu'en informatique, le "savoir" est brevetable aux USA... De plus, avec les dysfonctionnements de l'office des brevets, il est possible de breveter tout et n'importe quoi (voir par exemple le cas où une variété de pommes avait été breveté par erreur au nom de Microsoft). La plupart des brevets en informatique sont complètement ridicules. Mais ils existent tout de même, représentent des enjeux de milliards d'euros et permettent à des entreprises d'attaquer l'innovation.

C'est la raison de l'existence des licences libres en informatique. Sans ces licences, le premier industriel de l'informatique venu peut récupérer tout ça à son compte puis poser un brevet sur le résultat et privatiser ce savoir. Les licences libres ont pour but de pouvoir être défendues devant un tribunal (et elle le sont, voire l'attaque du GNU contre Free).

De plus, le but des licences libres n'est pas de libérer le savoir n'importe comment, mais bien de contrôler la façon dont un savoir pourra être utilisé! Par exemple, certaines licences vont empêcher des usages que l'auteur désapprouve (par exemple par l'industrie militaire ou par des religions). Certaines licences vont également être contaminante et obliger à un partage en retour. D'autres vont imposer la reconnaissance de la paternité.

Il ne faut surtout pas confondre licence libre et domaine public! Les deux n'ont strictement rien à voir et sont même contradictoires dans pas mal d'aspects...

Zouave15

Lictor, je parlais bien du libre et pas du domaine public, et j'opposais le système marchand au droit d'auteur qui protège l'œuvre indépendamment de sa valeur commerciale.

Il me semble qu'on est d'autant plus d'accord que j'avais résumé les raisons du libre en logiciel (ce que tu dis, en gros), libre qui n'a pas de raison d'être pour des domaines différents (car le savoir est libre).

Lictor

Le problème, c'est que la distinction entre savoir, savoir faire et simple observation est très floue. Et va le devenir de plus en plus - après tout, une certaine partie du savoir actuel n'est que de la recombinaison de savoirs antérieurs. Mais l'on peut également dire la même choses des oeuvres protégées par le droit d'auteur, il n'y a quasiment plus d'oeuvres qui soient des créations complètes.

C'est au coeur du débat sur les brevets en informatique. C'est également au coeur du problème des brevets sur le vivant. Actuellement, on dépose quantité de brevets sur des savoirs voire même, dans le cas du vivant, sur de simples constatations.
Le savoir est de moins en moins libre... Sans même parler du problème du financement de sa création.

Le droit d'auteur souffre également du même problème de définition. A partir de quand y-a-t'il auteur? Et quand il y a auteur, qu'est-ce qui défini une oeuvre?
On retrouve ce problème en informatique. En Europe, il n'y a pas (encore?) de brevets sur le logiciel. Du coup, le logiciel y est protégé plus ou moins par le droit d'auteur. Et là, on nage souvent dans le n'importe quoi, parce qu'on navigue en permanence à la limite du droit d'auteur... On va par exemple pouvoir déposer du design. Il y a également des tentatives de déposer du code source, la suite de signes correspondant à un oeuvre littéraire.

Dans les deux cas, on risque de toute façon de retomber sur le même problème. Dès qu'un droit devient flou, ce qui compte, ce n'est plus de l'avoir mais d'avoir la capacité juridique de le défendre...

Zouave15

Là, Lictor, je pense que tu ne connais pas bien le droit, et que tu n'as pas exactement compris de quoi il retourne. Ce que tu dis pourrait induire en erreur et c'est, pour la plupart de tes affirmations, faux ou mal exprimé.

La distinction entre savoir, savoir faire et simple observation est très nette, au contraire. On ne peut pas protéger une observation, éventuellement la méthode qui a permis de l'avoir, ou la méthode qui permet de l'exploiter.

Dans certains cas et pour certains savoirs et observations très techniques, ça peut être ennuyeux mais, par exemple, rien ne pourra empêcher quelqu'un de faire un article dessus. Même pour un brevet, rien ne t'empêche d'expliquer ce que tu en connais, sauf s'il s'agit d'un secret industriel (et que donc tu as eu des informations confidentielles).

Les brevets protègent des inventions, et une invention se définit comme la mise en pratiques d'idées.

Prenons un cas concret, auquel j'ai été confronté. J'ai créé une méthode de structuration des idées, fondée sur de l'existant, mais très largement novatrice car intégrant des recherches d'auteurs sur d'autres sujets (c'était en 1990). J'ai voulu la déposer.

Impossible en tant que méthode constituée d'idées. Seule la forme est protégée, et automatiquement, par le droit d'auteur, et donc rien n'empêche quelqu'un de proposer une méthode proche, avec quelques innovations ; après tout, comme j'ai fait.

Pour breveter la méthode, il faudrait qu'elle ouvre une application concrète, par exemple un logiciel d'aide à la structuration (ce qui serait assez facile à concevoir, d'ailleurs).

Admettons que quelqu'un veuille le faire, il m'embauche pour. Il me paye et c'est normal car je mets à son service mon expérience, et je sais très précisément comment il faudrait procéder (à lui ensuite d'en faire un logiciel).

Il serait alors logique de déposer un brevet car, outre la création, il y a un travail (énorme) d'application.

Mais dans tous les cas, je resterais l'auteur, et je ne déposerais pas moi-même le brevet.

Quant à l'informatique en général, la loi et surtout la jurisprudence définit assez précisément ce qui est protégé de facto par le droit d'auteur et ce qui ne l'est pas.

D'une manière plus générale, on est auteur dès lors que l'œuvre est créée, l'article écrit, que la photo existe, etc. Indépendamment de la valeur de la création. La seule limite, l'œuvre doit être originale ; mais là, c'est plutôt à la partie adverse de montrer en quoi elle n'est pas originale, et bonjour...

Même une compilation est jugée originale dès lors qu'elle prend un point de vue.

En gros, on peut créer sans crainte, sauf qu'un autre fasse quelque chose de proche. C'est pourquoi je conseille ma femme, qui crée des méthodes, et dans ses livres elle décrit précisément ce qu'elle invente mais sans donner les sources, elle nomme tout. Une idée, un nom, telle est la bonne façon de se protéger (car ainsi on protège la forme).

Les autres ont alors deux choix, au moins : soit ils demandent l'autorisation de réutiliser ou de développer, soit ils créent leur système ; vu qu'elle est connue, ils perdraient leur temps en choisissant la seconde solution ; sauf s'il s'agit pour eux d'un troisième choix, le seul vrai choix, qui consiste à créer autre chose.

En photo, tu peux toujours refaire une photo, elle sera probablement différente. Le plagiat peut exister si la photo est vraiment spécifique, mais si c'est juste une façon de cadrer de l'existant, il n'y aura jamais plagiat. C'est pourquoi on ne montre pas certaines photos sur internet, on attend qu'elles aient été publiées (et donc rentabilisées, et avec une date certaine).

La notion d'originalité est souvent contestée en photo, mais la jurisprudence considère que prendre une photo résulte de trop de choix pour qu'il n'y ait pas création, quand bien même d'autres pourraient faire pareil. Même certains avocats ne comprennent pas cette affaire d'originalité.

Par exemple, suite à une journée d'informations, les gens d'un Parc naturel pensaient que lorsqu'un chargé de mission faisait une photo en mission, il n'y avait pas droit d'auteur, du fait qu'il s'agissait juste de « constater ».

Outre que c'était une mauvaise interprétation, c'était une mauvaise idée : les agents ont refusé de faire des photos, au motif « qu'ils se donnaient du mal pour bien faire et trouver un cadrage original ».

Bref, le droit d'auteur est parfaitement clair mais il serait dangereux d'y toucher sans avoir le recul nécessaire, et ces lois sont trop récentes pour qu'on ait ce recul.

stougard

Citation de: Zouave15 le Avril 18, 2010, 11:06:19
Le droit d'auteur, c'est la protection du pot de terre contre le pot de fer, et ceux qui prônent le libre ou/et le gratuit pour tout, et non pas seulement sur des bases de service (comme le logiciel) sont les idiots utiles du pot de fer ; ils n'ont tout simplement rien compris aux enjeux.

Encore une fois, tu montres que tu n'as strictement rien compris que le petit bout de ta lorgnette.

Le droit d'auteur est comme tout systeme, il est corruptible et il est totalement corrompu. Le Libre est la seule veritable protection contre le pot de fer parce qu'il change les regles du business et qu'il n'est pas appropriable par le pot de fer. Ainsi, un livre Libre n'est plus l'exclusivite d'aucun editeur, il en va de meme d'une musique, d'une chanson ou d'une photographie. Les oeuvres et leur createurs peuvent etre diffusees avec ou sans les editeurs, si ils sont Libres, ils ne peuvent plus etre l'exclusivite d'un et par voie de consequence ne peuvent plus etre bloqués.

En informatique, ca nous a garantie que l'informatique mondiale n'appartienne pas a un acteur unique (ca serait le cas sans le logiciel Libre). Il est en train de se passer exactement la meme chose en musique, la musique Libre permet aux createurs de parler en direct avec les utilisateurs et de court-circuiter directement le pot de fer (les editeurs).

En photographie, c'est grace a des technologies Libres (L'Internet) que les photographes peuvent maintenant diffuser leur travail sans tomber dans le piege de l'edition classique. Mieux en diffusant Librement, ils peuvent meme se retrouver edites dans des medias Libres (Wikipedia est l'un d'entres eux, mais depuis que j'edite je l'ai ete dans bon nombres de revues et magazines Libres ou gratuits).

Le Libre rend l'utilisateur plus Libre et le createur plus fort. L'editeur n'est plus LE media oblige entre les deux. Il n'est plus qu'un prestataire qu'on peut utiliser ou pas dans un objectif particulier.

sbouilland

effectivement, l'éditeur n'a son importance que si tu veux gagner un peu d'argent... Je suis sûr qu'en cherchant bien, tu peux même te diffuser encore plus en payant de ta poche ! C'est super la liberté...

pphilippe

Citation de: sbouilland le Avril 22, 2010, 17:01:28
effectivement, l'éditeur n'a son importance que si tu veux gagner un peu d'argent... Je suis sûr qu'en cherchant bien, tu peux même te diffuser encore plus en payant de ta poche ! C'est super la liberté...

Rien ne t'empéche de mettre en ligne un livre que tu aurais écrit. Cela ne doit pas couter trés cher. Ensuite le lecteur a la possibilité de le lire sur son écran ou de l'imprimer. non?
Sinon, tu as aussi www.lulu.com qui te permet d'éditer gratuitement.

Philippe

sbouilland

Oui, c'est tout à fait çà... Et tu en vendras surement bien une centaine...

Eric34

"Le Libre rend l'utilisateur plus Libre et le createur plus fort"

Et surtout le photographe plus pauvre, en tout cas celui qui espère vivre de ses images, qui curieusement, est souvent le plus piraté ou sollicité pour des images gratuites... ;D

Diffuser des oeuvres est effectivement devenu très facile, en vivre, beaucoup plus. Les musiciens s'en sortent  (?) en se rattrapant sur les spectacles, les informaticiens sur le service et le consulting, mais les photographes , comment font-ils avec le libre pour vivre de leurs images ? Se montrer partout, c'est cool, mais si c'est pour que d'autres gagnent de l'argent avec mon travail sans que rien ou presque ne me revienne, au bout d'un moment, çà fatigue.
On peut tout offrir gratuitement, sauf quand on a besoin d'en vivre ...

Marrant comme les ordinateurs, les abonnements internet ou des trucs aussi triviaux que le logement ou l'alimentation ne sont jamais gratuits ... :o

pphilippe

Citation de: sbouilland le Avril 22, 2010, 18:43:51
Oui, c'est tout à fait çà... Et tu en vendras surement bien une centaine...

pourquoi parceque tu crois que tu peux devenir millionnaire en vendant un livre via une maison d'edition traditionnelle. Premiere chose y étre publié.

Philippe

Zouave15

Citation de: pphilippe le Avril 22, 2010, 19:07:49
pourquoi parceque tu crois que tu peux devenir millionnaire en vendant un livre via une maison d'edition traditionnelle. Premiere chose y étre publié.

Philippe

Bah en même temps, si tu n'y arrives, tu peux te poser des questions...

sbouilland

Citation de: Zouave15 le Avril 22, 2010, 19:49:54
Bah en même temps, si tu n'y arrives, tu peux te poser des questions...
Etre publié, on y arrive, c'est pas facile, mais c'est possible.
Après, à toi d'être clair sur tes objectifs. tu veux que tes photos soient publiés parce qu'elles sont bonnes ou parce qu'elles sont gratos ?
"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" comme disait l'autre...

Cedric_g

Citation de: Eric34 le Avril 22, 2010, 19:06:17
"Le Libre rend l'utilisateur plus Libre et le createur plus fort"

Et surtout le photographe plus pauvre, en tout cas celui qui espère vivre de ses images, qui curieusement, est souvent le plus piraté ou sollicité pour des images gratuites... ;D

Diffuser des oeuvres est effectivement devenu très facile, en vivre, beaucoup plus. Les musiciens s'en sortent  (?) en se rattrapant sur les spectacles, les informaticiens sur le service et le consulting, mais les photographes , comment font-ils avec le libre pour vivre de leurs images ? Se montrer partout, c'est cool, mais si c'est pour que d'autres gagnent de l'argent avec mon travail sans que rien ou presque ne me revienne, au bout d'un moment, çà fatigue.
On peut tout offrir gratuitement, sauf quand on a besoin d'en vivre ...

Marrant comme les ordinateurs, les abonnements internet ou des trucs aussi triviaux que le logement ou l'alimentation ne sont jamais gratuits ... :o

+1000

Cela résume simplement ma pensée sur ce sujet brûlant. Certains n'ont TOUJOURS pas compris que le SERVICE en photographie N'EST PAS APPLICABLE DANS DE NOMBREUSES SPÉCIALITÉS (au hasard : l'animalier...) ; on est auteurs, on n'est pas artisans !