Orchidées de l'Aude...et autres fleurs

Démarré par Caloux, Mai 05, 2019, 16:43:59

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M13

Merci encore Caloux pour toutes ces explications,
On a déja échangé sur un autre fil au sujet des ''pourpres''!
Pour mes sériapas, ce n'est pas dans le 13 mais dans le Bas Quercy ou Quercy Blanc dit aussi ''Pays de Serre''!
Sur une ancienne propriété agricole familiale, j'ai conservé 12ha de friches, jachères et prés à vache également répartis. Il y a environ une vingtaine d'espèces d'orchidées et comme les jachéres datent d'une bonne trentaine d'années, les sériapas ont collonisé une grande parcelle mais il préfèrent la bonne terre et évitent les parties très calcaire où il y a des rochers. Je pense que c'est l'influence atlantique qui les a emmenés!
Les premières orchidées sont les ''bouffons'', suivis des ''mâles'' puis des ''ophrys'' qui sont pour moi les durs à identifier malgré tous les ouvrages en ma disposition! donc merci encore pour ces magnifiques images!

dx-Man - Nikon d300s d700 d850

jmr87

C'est un enchantement de parcourir ce fil passionnant avec des images de grande qualité.

Seb65

Des textes à la hauteur des images ! Bravo Caloux !  :)

Caloux

38 Cephalanthera longifolium

Merci Seb et JMR87, je varie un peu plus cette année les prises de vues en intégrant plus de fleurs dans leur "jus" même si je fais encore beaucoup de gros plans (ce que j'appelle les portraits d'orchidées), j'espère que ça plaira.
Amitiés. Pascal

Caloux

Citation de: M13 le Mai 15, 2019, 10:09:02
Merci encore Caloux pour toutes ces explications,
On a déja échangé sur un autre fil au sujet des ''pourpres''!
Pour mes sériapas, ce n'est pas dans le 13 mais dans le Bas Quercy ou Quercy Blanc dit aussi ''Pays de Serre''!
Sur une ancienne propriété agricole familiale, j'ai conservé 12ha de friches, jachères et prés à vache également répartis. Il y a environ une vingtaine d'espèces d'orchidées et comme les jachéres datent d'une bonne trentaine d'années, les sériapas ont collonisé une grande parcelle mais il préfèrent la bonne terre et évitent les parties très calcaire où il y a des rochers. Je pense que c'est l'influence atlantique qui les a emmenés!
Les premières orchidées sont les ''bouffons'', suivis des ''mâles'' puis des ''ophrys'' qui sont pour moi les durs à identifier malgré tous les ouvrages en ma disposition! donc merci encore pour ces magnifiques images!
Oui bien sur !  :D mais tu n'avais pas évoqué je crois les serapias. On avait parlé de l'usage raisonné du mouton quant à l'entretien des champs. Il est certain que les vaches ou les chevaux sont mieux adaptés car ils tirent moins sur les végétaux en broutant et sont donc moins susceptibles d'arracher l'orchidée avec sa racine. Mais le pire ennemi de l'orchidée est le sanglier qui va chercher les bulbes d'orchis sous terre !
Dans ta région, il y a aussi le Serapias cordigera à labelle très pourpre et plus large, ce qui fait 4 espèces au total dans le genre.
Pour le terrain, les colonies de serapias préfèrent les espaces herbeux en effet. Je mentionnais avoir rencontré des serapias à peu près partout où je m'étais arrêté pour prospecter mais à chaque fois en découvrant 1 à 2 pieds seulement. Les colonies, je ne les ai rencontré que dans des champs ou en bordure de route, donc en effet dans des milieux riches et humides.
Pour les Ophrys, les guides se contredisant entre eux parfois ou étant illustrés imparfaitement, une marge d'erreur est inévitable.
J'aime la précision et reste souvent frustré aussi mais je me console en contemplant la richesse de formes, de couleurs que nous offrent les orchidées, impossible de s'en lasser puisqu'elles savent se renouveler avec un talent certain !
Au diable la précision et vive la diversité ! :)
Amitiés. Pascal

Caloux

Citation de: Roland Ripoll le Mai 15, 2019, 09:22:14
Un fil sérieux et didactique, richement illustré et qui, malgré sa spécialisation, s'avère très intéressant.
.
Tu sais aussi explorer longuement tes sujets et les commenter. Nous illustrons différemment nos fils mais avons cette passion en commun  ;)
Amitiés. Pascal

photographe33

N'étant pas spécialement "fleurs" j'ai évidemment un faible pour 31 et 32 et ce magnifique ascalaphe ... et pour la 33 et son élégant graphisme
Amicalement, Jean claude

M13

Merci beaucoup Caloux pour tout ce développement...
Mes sérapias sont donc des vomeracea, j'ai le guide ''Delachaux et niestlé'' sous les yeux et je constate que la pilosité de mes plante est blanche (à la base de l'onglet)!
Cordialement
dx-Man - Nikon d300s d700 d850

Clic-Clac 51

bravo...et encore merci de partager ces images et ta connaissance du sujet
Denis ;)

Mex (alias Jmc)

Oui là c'est du grand du beau du très beau avec la série ascalaphe qui ne gâche pas notre plaisir!
revoir ton fil Orchidées me plait,je suis en extase quand je tombe sur une d'elle alors là tu peux imaginer mon plaisir
même si je ne suis pas une pointure dans la matière Caloux  :D
j'aime beaucoup ton travail bravo encore et merci du partage,cela m'aide beaucoup pour les identifications!
Jean mi

Caloux

Merci à  vous tous et particulièrement à ceux qui laissent des commentaires me permettant aussi d'année en année de progresser (on a toujours une marge, n'importe quel patron vous le dira  ;)).

Jmc, Denis, M13 et Photographe 33, j'espère que la suite vous plaira.

M13, les prés pâturés sont à prospecter et tu le confirmes par ton expérience personnelle. Les orchidées n'aiment pas la concurrence et s'effacent (au même titre que d'autres espèces) dès que la végétation devient étouffante ou que la lumière vient à manquer.
Voici donc quelques vues réalisées dans un pré bien entretenu par une tonte régulière. Mais quelques petits chênes, ajoncs piquants ou genêts accueillent à leur base ophrys et orchis.
L'espèce la plus visible est l'incontournable Orchis pourpre (Orchis purpurea) avec pour celle ci un relatif embonpoint au niveau du labelle.

39 Orchis purpurea
Amitiés. Pascal

Caloux

Toujours l'Orchis militaire (Orchis militaris), légèrement hybridé avec l'orchis pourpre

40 Orchis militaris
Amitiés. Pascal

Caloux

et peut être avec l'Orchis anthropophora aussi (avec ses bras tombants et un peu tentaculaires)

41 Orchis militaris hybride
Amitiés. Pascal

Caloux

#88
Deux vues d'ambiance de l'Orchis pourpre pour conclure cette MAJ. Retour ensuite aux Ophrys...

42 Orchis purpurea
Amitiés. Pascal

Caloux

43 Orchis purpurea
Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Un + pour les plans serrés des 39 et 41 !
Etre simple pour être vrai

M13

Merci encore Caloux, je reste admiratif des images et très curieux de faire la connaissance de ces orchis hybrides!
Il faut que je compare mon seul orchis militaire à vos spécimens!
Cordialement
dx-Man - Nikon d300s d700 d850

Clic-Clac 51

Bravo Pascal...c'est a consommer sans modération
Denis ;)

Berzou

Superbe !
Et ces cadres originaux sont du plus bel effet

Caloux

Merci Berzou, Denis, Roland et M13.

Focus sur les Ophrys : c'est un genre "récent" d'environ 5 millions d'années et centré sur l'Europe méridionale. C'est à dire que les limites de l'aire sont l'Asie mineure à l'est et l'Atlantique à l'ouest. On en trouve en Scandinavie au nord et au Maghreb au sud. Les Ophrys ne s'hybrident pas avec d'autres genres mais au sein des Ophrys, c'est la fête ! Donc en dehors de certaines espèces très typées (avec des caractères particuliers) et d'isolement de populations, les identifications sont parfois problématiques.
Les Ophrys préfèrent les terres calcaires et bien drainées généralement (trop parfois, ce qui donne des fleurs peu épanouies qui accentuent encore la difficulté des déterminations). Les plantes sont généralement petites (10 à 20 cm), les fleurs peu nombreuses ont une longueur de 1 à 2 cm et sont pour beaucoup peu colorées. Il faut avoir l'œil exercé pour les rencontrer.
Ces fleurs sont des leurres visuels pour les insectes pollinisateurs (souvent de la famille des guêpes). Il ne faut pas se fier aux noms vernaculaires (ophrys abeille, mouche, bombyle, guêpe etc...) quant aux insectes réellement impliqués.
La pseudo ressemblance avec des insectes a encouragé cette croyance que les insectes viennent copuler avec les fleurs en croyant trouver une femelle de leur espèce. Ce phénomène s'il est réel est très probablement du aux phéromones que dégagent les fleurs plus qu'à cette "ressemblance". Si on considère que chaque Ophrys a plusieurs pollinisateurs d'espèces différentes (de formes et livrées différentes) et que quelques uns sont nocturnes, on voit bien les limites du leurre visuel qui ne suffit donc pas à expliquer seul le comportement "reproducteur" des hyménoptères en face d'un Ophrys. 

C'est d'ailleurs la diversité des insectes en contact avec les Ophrys qui explique les nombreux hybrides car 1 seul couple fleur/insecte ne donne pas d'hybride. Les taxonomistes s'en sont donné à cœur-joie pour identifier de nouvelles espèces d'Ophrys mais de nombreux caractères sont sujets à caution. D'un point de vue strict d'ailleurs, une espèce a suffisamment de caractères génétiques propres pour ne pas s'hybrider avec une autre et lorsque cela arrive, les croisements donnent des individus stériles alors que les hybrides d'Ophrys sont fertiles le plus souvent.

Prenons donc les Ophrys pour ce qu'ils sont : de petits bijoux discrets, de formes et couleurs très diverses et à la détermination parfois hasardeuse...

Le sud de la France est le meilleur territoire à prospecter, La Corse, l'Aveyron, l'Aude entre autres départements.

44 Ophrys scolopax (Ophrys bécasse)
Amitiés. Pascal

Caloux

45 Ophrys lutea (Ophrys jaune) parfois bien dissimulée...
Amitiés. Pascal

Caloux

#96
Je ne suis pas coutumier des clés de détermination mais parfois un dessin (ou une photo) peut être plus explicative. Voici quelques précisions concernant les Ophrys qui engagent ces clés de détermination  :

- Le labelle est un pétale qui s'est transformé en piste d'atterrissage. Il est convexe, ce n'est donc pas une forme pleine. Il peut être ceinturé de jaune (pas d'autre couleur à ma connaissance)
- Le dessin plus ou moins caractéristique de l'espèce est le macule (une forme de H souvent)
- Les gibbosités sur le côté sont des sortes de bras atrophiés plus ou moins développés selon les espèces.
- La coloration des pétales latéraux, la hauteur du sépale dorsal sont aussi des éléments déterminants.
- L'appendice peut être absent chez certaines espèces.
Amitiés. Pascal

Clic-Clac 51

Ayant encore appris des choses en passant ici...je me coucherai moins bête :D :D :D
Encore bravo Pascal...un fil référence dans le domaine
Denis ;)

Caloux

Merci Denis,
être bête compte tenu de nos passions respectives, c'est loin d'être un défaut  ;)
Amitiés. Pascal

Caloux

Voici maintenant le "cauchemar" de l'orchidophile : un Ophrys qui ne ressemble à rien ! Rien dans la forme ou dans la couleur ne permet une identification. Tout juste peut-on dire qu'il appartient à la section "aranifera". Certains connaissent l'Ophrys sphegodes (ou anciennement sphecodes) et maintenant souvent dénommé aranifera du nom de la section de regroupement.

46  Ophrys aranifera non déterminé    Photo pour illustration (elle est d'ailleurs légèrement floue)
Amitiés. Pascal