Si Eadweard Muybridge et Étienne-Jules Marey vivaient de nos jours, sans doute s’appelleraient-ils Doris Mitsch et Xavi Bou. Comme leurs glorieux aînés, l’Américaine et l’Espagnol utilisent le procédé photographique pour capter en les décomposant les mouvements des animaux, en l’occurrence les oiseaux. Qu’elles soient réalisées dans la baie de San Francisco ou dans le ciel de Barcelone, ces chronophotographies 2.0 n’ont pas de visée scientifique, même si elles questionnent les limites de la perception humaine et donnent des infos précieuses aux ornithos. L’enjeu ici est avant tout de stimuler l’imaginaire – tâche dont elles s’acquittent très bien, comme pourront le vérifier les Strasbourgeois et Strasbourgeoises qui iront à La Chambre, où les « ornithographies » de Xavi Bou sont exposées jusqu’au 27 mars.

Aussi convaincu soit-on par la capacité du photojournalisme à dire le monde, il vient un moment où l’image n’opère plus, ou tout finit par se ressembler – pire, se confondre. La guerre entre l’Ukraine et la Russie nous offre un cas d’école. Pris dans le flux quotidien des images, on est incapable de faire le tri. Heureusement, d’autres le font pour nous : 6 Mois s’appuie sur une photo de Justyna Mielnikievicz pour raconter l’impossible consolation d’une veuve de guerre, Blind partage les témoignages de quatre reporters ukrainiens, The Art Newspaper dresse la liste des huit meilleurs photographes « vérifiés » sur la ligne de front, 9Lives sélectionne 30 comptes Instagram à suivre, et Konbini surenchérit en en proposant pas moins de 82… et nous voilà de nouveau submergés !

Connue pour ses portraits loufoques, Pauline Petit se présente avant tout comme une formatrice photo. Elle prodiguera d’ailleurs ses conseils de prise de vue lors de la 13e expo annuelle de Photolim87, dont elle est l’invitée d’honneur. Mais avant (ou à défaut) de vous rendre à Limoges dans les prochains jours, vous pouvez l’écouter parler de son parcours (le BTS agricole mène à tout !) et de ses aspirations dans cet épisode du podcast Fotostudio.


Parce que Twitter est sans doute l’endroit sur Terre où l’on se plaint le plus, l’équipe d’Electronics Hub a eu l’idée d’analyser 350000 tweets ayant trait aux outils technologiques afin d’identifier ceux qui suscitaient le plus de commentaires négatifs. Les produits domotiques et les smartphones arrivent nettement en tête, mais on trouve aussi quelques malaimés parmi les appareils photo.


Les spécialistes de la prise de vue animalière insistent souvent sur l’importance de se fondre dans le décor pour photographier leur sujet. Avec « Eyes as big as plates », projet mené par Karoline Hjorth et Riitta Ikonen, les rôles s’inversent : c’est au sujet de faire corps avec la nature.


À PART ÇA…

• 67 ans après Elliott Erwitt, Annie Gazé a fait de « l’effet rétro » sa marque de fabrique. C’est même le nom de sa boutique à Fécamp.
• Les légendaires studios Abbey Road lancent les MPA, les premiers prix de la photographie musicale.
• Éric Enjalbert dévoile ses petites planètes intérieures au Centres d’expressions musicales du Havre.
• Prenons de la hauteur et partons à la découverte de la photographe aérienne, pardon de l’anthropologue visuelle, Aya Okawa.
• Vous aimez quand une photo vous perturbe ? Cette sélection va vous plaire.
• Donnez une touche d’originalité à vos flous d’arrière-plan avec un cutter et du papier.
• Claire Maurer-Montauzé, directrice du musée de la Roche-sur-Yon, défend avec conviction l’exposition « 1976-1986, une décennie de photographie couleur ».
• Mieux que la série : les « peaky blinders » en vrai… et en couleurs !
• Etes-vous plutôt baobabs ou plantes carnivores ?
• Le métier de photographe fait toujours rêver, la faute sans doute à certaines légendes dont s’amuse Niels de Kemp dans cette courte vidéo.
• Que penserait Edwin H. Land de ce projet de Polaroid en Lego ?
• 76 ans après Elliott Erwitt, Elayne Massaini associe petons et toutous (et quelques chatons).
 

Celles et ceux qui sont passés au festival de La Gacilly en 2020 se souviennent forcément des « Flying Cholitas » de Luisa Dörr, pimpante série sur des lutteuses boliviennes qui combattent dans leurs habits traditionnels. Les jupes bouffantes (ou « polleras ») sont à nouveau de la partie dans « Imilla », récent travail de la photographe brésilienne qui prolonge le précédent en s’intéressant cette fois-ci à un collectif de jeunes skateuses boliviennes.


Mina et Raoul Berthelé ne se connaissaient pas, mais chacun à leur manière ils ont documenté la Grande Guerre, l’une en tirant le portrait des soldats passant par son village de Bourecq (Pas-de-Calais), l’autre en apportant un témoignage amateur mais riche d’enseignements sur la vie au front et à l’arrière-front.


À l’occasion d’une actualité chargée (collaboration avec Kamel Daoud à l‘Institut du monde arabe, exposition « Communes » au Pavillon populaire de Montpellier, grande rétrospective à Milan), Raymond Depardon fait le tour des médias. Dans la masse des interviews qu’il a données ces dernières semaines, on retiendra ce dialogue posé et instructif avec Yasmine Youssi autour de quelques-unes de ses photos algériennes.


Collectionneur d’instantanés anonymes et de photos vernaculaires, Peter J. Cohen a engrangé au fil des années plus de 60000 pièces classées en 130 catégories (des gâteaux d’anniversaire aux cactus en passant par les animaux domestiques). Plutôt que de les laisser dormir dans des cartons, le New-yorkais fait don de ses trouvailles aux institutions et aux musées. Une générosité dont a profité Chantal Anderson pour illustrer le clip du nouveau (et excellent) titre de Kevin Morby « This is a photograph ».

 


« Clique clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
Photo d’ouverture : Lockdown Vultures (Moab Mesa) © Doris Mitch