
Irlande, 1991 © Elliott Erwitt/Magnum Photos
« Merci, je suis ravi que ça ait été si indolore. » C’est sur ces mots acides qu’Elliott Erwitt concluait l’entretien donné à France Culture en décembre 2014. Durant sa carrière, le photographe, disparu la semaine dernière à l’âge de 95 ans, s’est toujours plié de mauvaise grâce à l’exercice de l’interview. Du genre taiseux, il déjouait volontiers les attentes des journalistes en répondant par une pirouette et en les gratifiant d’un sourire imparable. Même Adriana Lopez Sanfeliu, sa proche collaboratrice, a dû faire face à son mutisme et en a fait le cœur de Silence sounds good, drôle et émouvant documentaire dont on peut voir la bande-annonce ici (en attendant une rediffusion sur Arte ?). Elliott Erwitt préférait laisser ses images parler pour lui. Il faut voir ou revoir la projection qu’il donna le 5 juillet 2012 aux Rencontres d’Arles (partie 1, partie 2). Le photographe y livre ses commentaires au compte-goutte, il sait que ses instantanés canins feront le reste. Ça ne manque pas : dès les premières minutes, les rires fusent dans la foule. Une fois le public conquis, on passe aux choses plus sérieuses : les reportages politiques, les portraits de célébrité, les tendres clichés de famille, la condition humaine toute entière. L’homme était malin. Dans Elliott Erwitt, il y a « wit », l’esprit, note finement Pauline Vermare dans l’introduction de l’album de Reporter sans frontières paru il y a un mois. Il va sans dire que nous en conseillons vivement l’achat, tout comme nous conseillons aux Lyonnais et Lyonnaises la visite de la rétrospective présentée actuellement à la Sucrière (entrée gratuite ce jeudi 7 décembre de 17h à 19h).
Bonus : les livres de chevet d’Elliott Erwitt, une interview de 1991 en français dans le texte et quelques notes de jazz.
La nouvelle édition de « Planches Contact » a été l’occasion de réunir sur un même plateau deux photographes aux antipodes (géographiquement parlant) : l’Australien Max Pam et le Français Bernard Plossu. Les deux hommes entretiennent une relation épistolaire depuis plus de cinquante ans et nourrissent une passion commune pour le voyage et les appareils cheap (Instamatic, Diana, etc.). « Avec un appareil photo à 5 €, explique Max Pam, on se fond plus facilement dans la masse, on n’a pas l’air d’un professionnel, plutôt d’un touriste venu de Bucarest ». Invité l’an passé en résidence de création à Deauville, le photographe australien a dépassé les attentes des organisateurs du festival et produit plus de 70 diptyques aujourd’hui exposés aux Franciscaines. L’affiche du festival « Planches Contact » met en avant un autre travail réalisé en résidence, celui d’Elina Brotherus, photographe finlandaise au parcours passionnant et au français quasi parfait, comme vous pourrez vous en rendre compte en écoutant l’émission « Affaires culturelles ».
• Un kangourou faisant du air guitar… cette description, digne d’un prompt sur Midjourney, concerne la photo lauréate du Comedy Wildlife Photography 2023.
• Le Red Bull Illume salue, pour la première fois en 17 ans, le travail d’une photographe, en l’occurrence l’Australienne Krystle Wright (belle présence française au palmarès avec trois prix sur dix possibles).
• Le pain était au menu du Festival international de la photographie culinaire. Laurent Rodriguez s’en est régalé.
• Si vous êtes du genre anxieux, pas sûr que le palmarès du Environmental Photographer of the Year vous rassure.
• Coorganisé par l’Assemblée nationale et LCP, le premier Prix de la photographie politique récompense Ludovic Marin (et un peu Rembrandt).
• Les résultats du Wildlife sont connus de longue date, mais vous pouvez apporter votre pierre à l’édifice en votant pour le People’s choice award.