Visible jusqu’au 14 janvier sur le site d’Arte, Trois femmes reporters au cœur de la guerre raconte le second conflit mondial tel que l’ont vu et vécu Lee Miller, Martha Gellhorn et Margaret Bourke-White. Le fil choisi par Luzia Schmid, la réalisatrice du documentaire, est chronologique mais le commentaire, qui entremêle articles, lettres et notes personnelles des trois photographes, requiert un minimum d’attention. Au-delà des mots et des images (photos des trois reporters et extraits de films tournés par les alliés), on mesure l’audace de ses trois femmes parties couvrir la guerre en dépit des obstacles. Et ils furent nombreux. Des exemples ? L’armée US met des bâtons dans les roues de Margaret Bourke-White quand elle entreprend de couvrir des missions militaires (réservées aux reporters masculins). À quelques semaine du débarquement, Collier’s weekly reprend son accréditation à Martha Gellhorn pour la donner à son mari, un certain Ernest Hemingway. Lee Miller, enfin, est renvoyée à Rennes après s’être rendue sur le front sans autorisation. Malmenées, refoulées, elles retourneront sur le terrain et en rapporteront des images dont la valeur testimoniale ne saurait être contestée.

 
PENDANT CE TEMPS…
Loin des délibérations de la COP28, Madagascar se débat contre le kéré, famine endémique du sud du pays considérée comme la première de l’histoire directement provoquée par le dérèglement mondial du climat. En collaboration avec des ONG, Ivanoël Barreto s’est rendu sur place pour témoigner, à travers deux séries, « Jaune Kéré » et « Rouge Kéré », de cette catastrophe sanitaire. Pourquoi cette distinction par couleurs ? Vous le saurez en écoutant l’interview qu’il a donnée à RFI.
 

EN BREF

• Rédacteur en chef du magazine Le Photographe durant 25 ans, directeur des Rencontres d’Arles en 1977, correspondant de l’Académie des Beaux-Arts depuis 2009 (entre autres casquettes), Bernard Perrine nous a quittés le 15 décembre à l’âge de 85 ans.
• Vous venez d’acheter un Rolleiflex SL66 et peinez à l’utiliser ? Le pdf du mode d’emploi de l’appareil (et de 72 autres moyens formats) est en libre téléchargement sur le site galerie-photo.com.
• Sur ses 7,68 cm² une carte SD comporte nombre d’inscriptions et de symboles. Un fouillis d’informations qui mérite quelques rappels
• Les belles prises de pêche méritent de belles prises de vue… mais dans le respect de l’animal.
• Plongeuse certifiée en eaux profondes depuis seulement trois ans, Kim Bruneau s’est fait tirer le portrait par Pia Oyarzun à 40 m de profondeur, établissant un nouveau record du monde.
• Une autre pornographie est-elle possible ? Tout est question de regard
• Souhayl A, dont avez pu découvrir le travail dans C.I.376, lance un projet de livre autour de ses photos de gangs.
• Des Alpes de Haute-Provence à la province chinoise de Shanxi, les champs de panneaux photovoltaïques ne cessent de s’étendre, comme le montre ce portfolio de The Atlantic.
• Depuis 2017, Søren Solkær sillonne l’Europe pour enregistrer les murmurations des étourneaux.
• Parce qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Flo Verhulst a choisi la voie de l’autoportrait pour traiter le thème de la non-binarité.
 
ENGAGEMENT TOUT TERRAIN
Amber Bracken situe son travail « à l’intersection de la photographie, du journalisme et du service public ». Cet engagement lui a valu des gardes à vue (notamment lorsqu’elle a couvert en 2021 les manifestations contre le pipeline Coastal GasLink) mais aussi les honneurs de la profession, puisqu’elle a été primée à deux reprises au World Press Photo (en 2017 pour un reportage sur l’opposition à l’oléoduc Dakota Access et en 2022 pour une image honorant la mémoire d’enfants décédés dans l’ancien pensionnat de Kamloops). On ne serait pas surpris de voir son nom figurer à nouveau au palmarès du prestigieux prix avec ce récent sujet réalisé pour The Narwhal. Sur la terre comme au ciel, Amber Bracken y documente l’exploitation des sables bitumineux à Fort McMurray, dans la province d’Alberta (Canada). On y voit comment les excavations redessinent le paysage et, en filigrane, les dégâts causés sur les populations locales, le taux de cancers des voies biliaires étant, selon le gouvernement d’Alberta, supérieure à la moyenne nationale.
 
À PAS DE LOUP
À discret, discret et demi. Pour réussir à photographier le loup, Sébastien de Danieli s’est fondu dans ses pas. Une école de la patience qui lui aura permis, après plusieurs années et grâce à des caméras automatiques installées à des endroits stratégiques, d’accomplir sa quête. « Il faut fatiguer la chance », explique-t-il dans un intéressant documentaire diffusé sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes. Olivier Larrey et Yves Fagnart ont eux aussi dû redoubler de patience avant de pouvoir photographier et dessiner les loups de Finlande, mais grâce à une caméra thermique et une carcasse placée à bonne distance de leur affût, ils sont arrivés à leurs fins. De leur expérience Tanguy Dumortier a tiré un documentaire, L’Affût aux loups, visible sur les sites de la RTBF et de la RTS.
 

EN BREF (bis)

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• Il est des sujets qui demandent plus de tact que d’autres, comme le montre ce reportage de Matthieu Zelwegger sur le métier d’assistant sexuel.
• De l’utilisation de la surimpression photographique pour illustrer la charge mentale qui pèse sur les aidants.
• Happée par les ambiances du stade Bollaert, l’autodidacte Manon Cruz voit aujourd’hui ses images traverser la Manche.
• Pour accompagner (justifier ?) la sortie de son film i-Type Round Frame Retinex Edition, Polaroid s’est fendu d’une vidéo d’animation illustrant une théorie de son créateur, Edwin H. Land.
• Au Pinail comme dans d’autres réserves naturelles, les dispositifs de sciences participatives se multiplient. Un bienfait, même si les données récoltées sont à prendre avec des pincettes.
• Également à prendre avec des pincettes : ce classement des appareils photo les plus appréciés, basé sur les images les plus « likées » sur Flickr.
• Face à la mauvaise réception d’une photo dans Le Journal du Centre, la médiatrice du quotidien s’est fendu d’un billet explicatif bienvenu.
• L’ouverture des JO approchant, Madou Daaramé a tenu à photographier ceux qui, chez lui en Seine-Saint-Denis, travaillent sur les chantiers.
• Amadou Diaw raconte la création du Musée de la photographie de Saint-Louis du Sénégal, musée au concept inédit puisque réparti sur neuf sites (bientôt dix).
• En 2024, ne loupez aucun festival photo nature grâce à cette carte créée par faunesauvage.fr
• Eh, photographe, regarde mon doigt !
 
MUSIQUE
William Eggleston remet ça ! Cinq ans après Musik, le maître de la photographie couleur sort un nouvel album mêlant compositions originales et reprises de standards. Nommé d’après son numéro d’appartement à Memphis et réalisé avec la complicité notable de Brian Eno, 512 est en écoute sur la page Bandcamp de l’artiste.
 
 
 
 
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images. 
CC se met en pause le temps des fêtes, rendez-vous en 2024 !