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Le solstice d’été est un événement aussi anecdotique sous nos latitudes qu’il est important dans le nord-est de l’Europe. Chez les peuples slaves et baltes, la nuit de Kupala est l’occasion de fêtes traditionnelles étroitement liées aux forces de la nature et au culte du soleil. Comme chaque année, nombreux furent les photographes des grandes agences à s’y rendre. De son côté, Claudine Doury mène depuis 2010 un travail autour de ce moment particulier, tel qu’il est vécu à Saint-Petersbourg, Riga, Vilnius, Elektrènai ou dans la campagne polonaise : “Je souhaite ainsi rendre compte des forces invisibles qui traversent les lieux et les êtres pendant les nuits blanches”. Ce travail, qui se veut documentaire mais n’exclut pas une part d’imaginaire, est exposé tout l’été à la galerie In Camera.

ARLES : PREMIER BILAN

Les chiffres de fréquentation de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles sont tombés : entre le 1er et le 7 juillet, 20000 visiteurs et visiteuses ont pris part aux festivités nocturnes et/ou découvert l’une des 41 expositions présentées lors de cette 55e édition. Côté lauriers, la grande révélation se nomme Tshepiso Mazibuko, dont la série « Ho tshepa ntshepedi ya bontshepe » a remporté les suffrages du public (Prix Découverte Fondation Louis Roederer) mais aussi ceux de la critique (Prix Madame Figaro). Les autres prix distribués lors de cette semaine d’ouverture font la part belle aux femmes photographes, comme le souligne ce papier de Valérie Duponchelle. Les expositions restent évidemment visibles jusqu’au 29 septembre. Avis aux Parisiens et Parisiennes qui ne pourront se rendre à Arles cet été, Tshepiso Mazibuko sera à l’affiche du festival PhotoSaintGermain en novembre prochain (précisément à la galerie David Ghezelbash, dans le 6e).

VOUS AVEZ DIT BIZARRE ?

Sur son site, Ben Zank décrit son travail comme « une réaction spontanée à son environnement immédiat et un moyen d’exprimer des émotions lorsque les mots manquent ». Les mots nous manquent aussi au vu de ses images. Pour la plupart, il s’agit d’autoportraits à visage caché dans lesquels le photographe enroule son corps autour de poteaux, se dissimule derrière des panneaux de signalisation, se couvre de miroirs ou de chaises, se met à nu et à l’eau. Les amateurs d’absurde apprécieront.

LE SENS DES MOTS, LE CHOIX DES PHOTOS

Outil essentiel dans l’apprentissage du vocabulaire, l’imagier mise sur la simplicité : une image, un mot. Mais simplicité ne veut pas dire simplisme. Ces ouvrages pédagogiques sont le fruit d’une réflexion en amont (et même en aval) entre la maison d’édition et celle ou celui qui produit les illustrations. En dix ans, Nathalie Seroux a réalisé pour la Martinière huit volumes de la collection « Mon premier imagier photo ». Au micro de FranceFineArt, elle a raconté comment elle avait conçu son dernier opus en date, consacré aux engins. Et comment, avec la complicité de son éditrice, elle avait revu le format des précédents volumes afin qu’ils soient mieux adaptés aux petites mains.

COMMENT ÇA VOIT ?

À l’heure où vous lisez ces lignes, Guillaume Herbaut est sous les drapeaux – ou, plus exactement, dans les drapeaux. Le reporter, que l’on connaît surtout pour son travail sur l’Ukraineest actuellement en résidence photographique au musée de l’Armée pour y réaliser un projet inédit autour du drapeau, comme objet-symbole et miroir de l’Histoire. Pour le mener à bien il pourra s’appuyer sur la riche collection du musée (plus de 5000 emblèmes). En attendant de découvrir le fruit de ses recherches, l’association Gens d’Images a demandé au photographe « comment ça voit ? » C’est le nom en effet qu’a donné l’association organisatrice du Prix Niépce à un format d’interview vidéo dans lequel elle prend des nouvelles des anciens lauréats du prix. L’occasion de voir où en sont Jean-Louis Courtinat (primé en 1991), Luc Choquer (1992), Xavier Lambours (1994), Stéphanie Lacombe (2009), Laurence Leblanc (2016) ou Grégoire Eloy (2021).

la foire aux questions

Pourquoi faut-il absolument découvrir le photographe Yasuhiro Ishimoto ?
Que peuvent nous apprendre les photographies des barricades parisiennes de juin 1848 ?
Pourquoi votez-vous ?
Souris, Billy. Tu ne veux pas être beau pour la base de données de reconnaissance faciale ?
Cara, l’appli de partage de photos anti-IA, peut-elle concurrencer Instagram ?
Qui est Yama Ndiaye, lauréate du Prix Picto de la mode 2024 ?
Qu’est-ce qui est le plus flippant : un appareil photo qui vous met à nu ou une IA qui met en images vos souvenirs ?
Qui raconte l’histoire de nos aînées trans ?
Face à la guerre, devons-nous fermer les yeux ?
La main est-elle notre second visage ? (pour prolonger la réflexion et entendre Hannah Assouline, on vous conseille cet épisode du Book Club)
 Repartirez-vous de la MEP avec une surprise ?
Eh James, peux-tu rendre cette photo un peu moins révélatrice ?

la petite Musique de fin

La diversité et l’excentricité vestimentaire de sa population font de Peckham un quartier prisé par les photographes de rueComme il l’a confié à Little Black Book, Wouter Stoter s’en est directement inspiré pour réaliser le clip de « The Greatest », dans lequel on voit la chanteuse du groupe londonien Friedberg déambuler dans les rues de Peckham et changer de tenue à chaque fois qu’elle croise un passant.

Et si vous cherchez quelque chose d’un peu plus énervé, il y a le FMI.

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